samedi 28 décembre 2024 07:05

Espagne/immigration : forte hausse des assauts à Melilla

Les tentatives de passages en force de migrants voulant pénétrer dans l'enclave espagnole de Melilla, au Maroc, ont "presque doublé" cette année, a annoncé son préfet mardi tandis que des ONG et des organisations religieuses s'inquiétaient de "l'usage disproportionné de la violence" pour les repousser.

"L'an dernier, il y a eu 38 assauts. Cette année 58. On peut dire que la pression sur la barrière a presque doublé", a déclaré à Radio nacional de Espana Abdelmalik el Barkani, préfet de Melilla, séparée du Maroc par l'une des deux seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique,

"Tout est bon pour atteindre l'objectif qui est d'arriver à Melilla", a-t-il ajouté : "ils se servent même de crochets (qu'ils utilisent pour escalader le grillage de la barrière, ndlr) afin d'intimider ou prononcent le mot Ebola et crachent", pour éviter que les forces de l'ordre ne s'approchent d'eux.

Le préfet a démenti tout usage abusif de la force par la Garde civile, après la diffusion par une organisation non-gouvernementale présente sur le terrain, Prodein, d'une vidéo montrant des policiers donnant des coups de matraque à un homme ayant franchi la barrière, haute de sept mètres.

Sur ce document, on les voit ensuite soulever son corps inanimé pour le déposer en territoire marocain. Une porte-parole en Espagne du Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies (UNHCR), Maria Jesus Vega, a déclaré lundi que de tels comportements étaient pour cet organisme une "source d'inquiétude".

"Nous comprenons qu'un contrôle soit nécessaire mais quelles que soient les raisons pour lesquelles ils (les migrants, ndlr) cherchent à entrer, il faut du respect. Or les vidéos démontrent que l'on n'a pas agi de manière appropriée", avait déclaré à l'AFP, Maria Jesus Vega.

Le préfet a cependant déclaré que ses services avaient visionné un enregistrement de la même scène d'une durée plus longue, une demi-heure, montrant une autre réalité, assurant que ses agents n'avaient fait que répondre à une "agression". "Lorsque l'immigrant est calme et n'oppose aucune résistance (...) on l'aide sans problème", a-t-il assuré.

Mais au-delà de ce cas ponctuel, plusieurs organisations catholiques ont exprimé mardi leur "inquiétude" et leur "consternation" face aux "atteintes aux droits de l'homme qui se produisent à la frontière méridionale" de l'Europe.

Si elles s'inquiètent aussi des nombreuses victimes au large de l'île italienne de Lampedusa, l'association caritative espagnole Caritas, le Secrétariat de la commission épiscopale sur les migrations, la Conférence espagnole de religieux (Confer) et le Service jésuite pour les migrants (SJM) dénoncent plus particulièrement "l'usage disproportionné de la violence à la frontière avec Melilla".

"Nous demandons que la protection et la surveillance de nos frontières se fasse à tout moment dans le respect le plus strict des droits fondamentaux, des législations nationale et européennes et des traités internationaux ratifiés par l'Espagne", écrivent ces organisations dans un communiqué.

Des centaines de migrants se livrent depuis des mois à des assauts contre ce dispositif frontalier sophistiqué à Melilla, qui est avec l'autre enclave espagnole de Ceuta, la seule frontière terrestre entre l'Afrique et l'Europe.

Madrid n'a de cesse de réclamer davantage de soutien à ses partenaires européens pour contenir ces vagues migratoires vers l'Union européenne. Une soixantaine de migrants d'Afrique sub-saharienne ont pu franchir la barrière lundi. Et environ 150 ont tenté un assaut. Le jour de l'incident rapporté par Prodein, ils étaient environ 300 à tenter leur chance.

21/10/2014

Source : AFP

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