Dans son projet pour les élections, la droite prône la création d'un poste de «commissaire à l'Immigration».
Comment l'Europe peut-elle reprendre le contrôle de sa politique migratoire? Six ans après l'adoption par l'Union européenne, présidée par Nicolas Sarkozy, d'un «pacte sur l'immigration et l'asile», la question n'est toujours pas réglée. «On n'est jamais passé du pacte aux actes», reconnaît Guillaume Larrivé, directeur de la campagne de l'UMP pour les européennes. Pour les élections du 25 mai, le parti repart donc à l'offensive en proposant une méthode et un calendrier précis de lutte contre l'immigration clandestine. Le sujet occupe l'essentiel du premier chapitre des propositions pour l'Europe que Jean-François Copé doit présenter jeudi. Le patron de l'UMP s'exprimera depuis le siège du parti, avec les binômes qui conduisent les listes métropolitaines. Ils devraient tous être là, sauf Rachida Dati, numéro deux en Ile-de-France, qui ne sera pas à Paris. «Jean-François et elle se sont parlé, assure un copéiste, il n'y a pas de problème entre eux.» L'eurodéputée sortante avait violemment critiqué la façon dont l'UMP avait rédigé son programme pour les européennes sur Twitter.
En revanche, elle s'était réjouie que le parti se soit «rassemblé sur ses fondamentaux», en citant en particulier la «réforme en profondeur de Schengen», dans une interview au Figaro, le 18 avril . Afin de garantir «une discipline commune aux frontières», un objectif censé être partagé par les 25 pays signataires de l'accord de Schengen (dont 22 membres de l'Union), l'UMP propose pour la première fois la création d'un poste de «commissaire européen à l'Immigration, qui serait à la tête d'une agence européenne de l'espace Schengen, chargée de l'harmonisation des politiques des visas, des échanges de données, du droit d'asile». Le dispositif constituerait un «gouvernement politique», à même de prononcer «la sanction, la suspension ou même l'exclusion d'un État défaillant».
«Interdiction de territoire»
«Nous souhaitons également rendre possible l'expulsion dans leur pays, hors Schengen, des délinquants récidivistes et des criminels, et prévoir dans le droit européen que cet éloignement puisse être assorti d'une interdiction du territoire pour une durée de trois ans», écrivent les rédacteurs de la plate-forme européenne de l'UMP.
En matière d'asile, le régime européen commun convient à la droite française - pourvu qu'il soit réellement mis en œuvre - mais elle juge «indispensable, pour éviter que l'asile ne devienne une nouvelle filière d'immigration illégale, d'adopter au plan européen une liste complète des pays d'origine sûrs permettant des procédures accélérées pour les demandes d'asile provenant de ces pays.» Les demandeurs concernés seraient ainsi plus rapidement déboutés. Au passage, l'UMP réitère son opposition à l'entrée dans l'espace Schengen de la Roumanie et de la Bulgarie, dont les frontières extérieures sont poreuses. En septembre 2013, François Hollande avait exprimé les mêmes réticences, relayées par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur.
L'exécutif socialiste est aussi critique que l'opposition sur le fonctionnement de Schengen. L'UMP veut marquer sa différence avec le pouvoir en proposant que la France suspende sa participation à l'accord si des «progrès sérieux» dans son application ne sont pas intervenus «dans les 12 mois». La menace est plus facile à agiter lorsqu'on est dans l'opposition. Et elle ne permettra pas à l'UMP de rivaliser avec le FN, qui veut rétablir des contrôles aux frontières françaises. «On ne va tout de même pas mettre un poste de douane sur le pont de l'Europe à Strasbourg», rétorque Guillaume Larrivé, qui refuse d'entrer dans «un concours Lépine de la proposition la plus trash» avec le parti de Marine Le Pen.
24/4/2014
Source : Le Figaro