vendredi 27 décembre 2024 00:59

GB : l'immigration, nouveau terrain miné au Parti travailliste

Désireux de rassembler après des mois de guerre intestine au Labour, le chef du principal parti d'opposition britannique risque au contraire d'attiser les divisions en défendant la poursuite de l'immigration dans un pays qui a voté en faveur du Brexit notamment pour dénoncer l'afflux d'immigrés.

Jeremy Corbyn, triomphalement réélu à la tête du Parti travailliste après la fronde orchestrée contre lui au lendemain du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, va appeler au rassemblement dans son discours de clôture du congrès du Labour à Liverpool (nord de l'Angleterre) mercredi après-midi.

Mais c'est l'inverse qu'il risque d'obtenir en refusant de s'engager à réduire l'immigration.

"Je comprends qu'il puisse y avoir des problèmes dans certaines régions, d'où ma détermination à créer un fonds pour aider les collectivités à gérer certaines conséquences de l'afflux migratoire", a-t-il déclaré dans la matinée à la BBC radio.

"Mais il faut aussi voir que nombre d'industries et de professions ont bénéficié de l'immigration, et en dépendent même", a-t-il ajouté.

Une position qui le met en porte-à-faux avec une opinion britannique qui veut voir l'arrivée d'immigrés en provenance de l'UE jugulée. Et avec son parti également, où d'aucuns dénoncent un homme déconnecté des préoccupations de la majorité des électeurs.

Le député Andy Burnham, son porte-parole sur les questions de politique intérieure, a ainsi estimé que la ligne des travaillistes devait évoluer sur le sujet.

"Le Labour doit admettre que des millions de nos sympathisants ont voté pour quitter l'Union européenne et pour qu'il y ait des changements au niveau de la politique migratoire", doit-il déclarer mercredi devant les délégués travaillistes, selon des extraits de son discours diffusés en amont.

Rachel Reeves, une autre responsable travailliste, a quant à elle souligné la montée des tensions communautaires, qualifiant certaines zones de "poudrières".

"Nous devons comprendre ça maintenant, parce qu'il y a des tensions croissantes dans ce pays qui, je le crains, risquent d'exploser", a-t-elle dit au cours d'une réunion en marge du congrès.

Si la ligne très à gauche de Jeremy Corbyn, sur l'immigration mais aussi l'économie, a permis de gonfler les rangs du parti, en y attirant notamment les jeunes, elle a en parallèle creusé un fossé avec sa frange la plus centriste, qui le considère incapable de remporter une élection et lui vaut de mauvais sondages.

Selon une récente enquête d'opinion, le Parti conservateur emmené par la Première ministre Theresa May est crédité de 41% des intentions de vote pour les prochaines élections législatives de 2020, contre 26% pour le Labour.

Réélu samedi avec 61,8% des voix des adhérents - deux points de plus qu'à son élection en septembre 2015 -, Jeremy Corbyn, 67 ans, a dit vouloir "faire table rase du passé", enjoignant les députés frondeurs de se ranger derrière lui.

Dans son discours de clôture, il doit à nouveau exhorter ses troupes à "mettre fin à la guerre de tranchées et travailler main dans la main pour renverser les conservateurs".

Mais le congrès de Liverpool a vu un parti manifestement toujours tiraillé, sur la question du renouvellement de la flotte des sous-marins nucléaires Trident -dont Jeremy Corbyn, pacifiste assumé, ne veut pas-, comme sur le processus de désignation des membres de sa Commission nationale exécutive (NEC).

Le chef adjoint du Labour Tom Watson a profité d'une intervention mardi devant les députés travaillistes pour mettre en garde les supporters de Jeremy Corbyn contre la tentation de faire table rase du passé et notamment de l'héritage des anciens Premiers ministres Tony Blair et Gordon Brown et de leur virage centriste.

"Critiquer notre propre bilan n'est pas la meilleure manière de redorer notre blason", a-t-il mis en garde, ajoutant : "Ce n'est pas comme ça que nous remporterons des élections. Or, nous devons en remporter".

28 sept 2016

Source : AFP

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