Certains Français d'origine étrangère pourraient être élus lors des municipales...
Plusieurs Français d'origine étrangère pourraient être élus maires lors des prochaines municipales mais, paradoxalement, les partis politiques font profil bas sur cette percée de la «diversité», qui reste encore embryonnaire. Le PS a investi des candidats issus des «minorités visibles» dans plusieurs villes gagnables d'Ile-de-France: le député Razzy Hammadi à Montreuil, le vice-président de la région Abdelhak Kachouri à Neuilly-sur-Marne, Karim Bouamrane à Saint-Ouen, Sonia Dahou aux Ulis...
Peu de communication sur la diversité
A droite, l'ancienne ministre Rachida Dati devrait, selon les sondages, être réélue maire du 7e arrondissement de Paris. A Trappes (Yvelines), Othman Nasrou (UMP) aura la tâche plus difficile. Malgré ces ouvertures, les partis ne communiquent pas sur le sujet. Un ton qui contraste avec l'affichage, en 2008, d'une vingtaine de candidats de la diversité PS et d'une quinzaine d'UMP, tous investis dans des villes imprenables.
Entre-temps, «la question de la diversité a été abandonnée par les partis», regrette Kamel Hamza, président de l'Association nationale des élus locaux de la diversité (Aneld). «On nous dit que, si on parle de nous, ça va faire monter le FN, ça va faire croire qu'on joue la carte communautaire», ajoute cet élu de la Courneuve, où il va mener la liste UMP sans gros espoir de victoire.
6,68% du total des élus
Les élections de 2008 avaient déjà permis une progression des élus d'origines extra-européennes qui, dans les Conseils municipaux des villes de plus de 9.000 habitants, étaient passés de 1.069 à 2.343, selon une étude pour le Haut conseil à l'Intégration (HCI). Malgré ce doublement, les minorités visibles ne représentent toujours que 6,68% du total des élus et sont souvent cantonnées au second rôle. Les maires se comptent sur les doigts d'une main (Mohand Hamoumou à Volvic, Rafika Rezgui à Chilly-Mazarin...).
Une fois élus, ils se heurtent toujours à un racisme latent, selon une étude publiée en janvier: près de la moitié déclarent avoir essuyé des remarques xénophobes de la part d'habitants, d'autres élus et au sein même de leur famille politique. «Quand on fait entrer dans nos partis des jeunes issus de l'immigration, on rencontre des freins chez nos vieux militants», reconnaît Philippe Gauquelin, maire PS de Rillieux-la-Pape (Rhône) et président de l'association des maires Ville et banlieue.
A l'heure où deux tiers de la population jugent qu'il y a trop d'immigrés en France, les partis hésitent encore à oser la diversité. Haouaria Hadj Chikh, à Marseille, a le sentiment d'avoir fait les frais de cette frilosité. Elue en 2008 dans le 7e secteur de la Cité phocéenne, elle s'attendait à être désignée tête de liste par le Front de gauche, qui a préféré un autre candidat. «Nous sommes déterminés à lutter contre les discriminations en politique», a rétorqué Clémentine Autain, responsable d'une des composantes du FG. «Mais cette candidate ne pouvait pas mener la liste car elle a défendu l'intervention du Qatar dans les banlieues. On ne peut pas progresser au détriment de la cohérence politique», a-elle ajouté.
27/01/2014
Source :20minutes.fr Avec AFP