dimanche 24 novembre 2024 21:34

La position de Feu SM Mohammed V vis-à-vis de la politique antisémite du régime de Vichy, un point de lumière dans un moment ténébreux de l'histoire de l'humanité (colloque)

La position ferme de Feu SM Mohammed V vis-à-vis de la politique antisémite du régime de Vichy, qui a assuré le gouvernement de la France durant l'occupation du pays par l'Allemagne nazie, est un point de lumière dans un moment ténébreux de l'histoire de l'humanité, ont indiqué, dimanche à Essaouira, des chercheurs et acteurs associatifs.

Intervenant lors d'un colloque organisé, dans le cadre de la manifestation "2014, Année de Feu SM Mohammed V", par la fondation Mohamed Zerktouni pour la Culture et les Recherches, un panel de choix, composé de M. André Azoulay, conseiller de SM le Roi et président fondateur de l'Association Essaouira-Mogador, Mme Bahija Simou, directrice des archives Royales et MM. Jamaâ Baida, directeur des archives du Maroc et Amine El Kouhen, chercheur dans l'histoire des juifs marocains, a mis en avant le rôle de feu SM Mohammed V dans le soutien des Marocains de confession juive contre les lois antisémites que le régime de Vichy voulait appliquer au Maroc, alors sous protectorat français, répondant aux pressions exercées dans ce sens, que les juifs, tout comme les Marocains de différentes confessions, sont ses sujets et demeurent sous sa protection.

Dans ce sens, le regretté souverain a refusé de signer les Dahir entérinant ces lois et s'est opposé aux tentatives des autorités coloniales d'appliquer de facto les mesures anti-juives, ont souligné les conférenciers, relevant que les tentatives d'appliquer ces lois antisémites étaient doublées d'une campagne de propagande nazie visant à semer les clivages au sein de la société marocaine afin d'isoler les citoyens juifs et pouvoir, ainsi, mettre en marche leur machine discriminatoire à leur encontre.
Les intervenants sont également revenus sur un acte hautement symbolique par lequel feu SM Mohammed V a catégoriquement exprimé son rejet de cette politique qui allait à l'encontre des préceptes de l'Islam et des valeurs de la société marocaine, ainsi que de la mission de Commandeur des croyants et de sultan de tous les Marocains sans distinction.

C'est ainsi, rappelle-t-on, que le regretté Souverain invita à la Fête du Trône en 1941 les notables juifs qu'il plaça ostensiblement à proximité des officiels français et des membres de la commission d'armistice allemande en état de choc.

Entouré de rabbins et de notables juifs, Feu SM Mohammed V déclarait aux journalistes: "Je n'approuve pas du tout les nouvelles lois anti-juives et je refuse de m'associer à une mesure que je désapprouve. Je tiens à vous informer que comme par le passé, les Israélites restent sous ma protection et je refuse qu'une distinction soit faite entre mes sujets".

Par cette position audacieuse et historique, le regretté Souverain a évité l'irréparable, à savoir une politique de ségrégation qui allait tourner au carnage, comme les événements dans l'Europe allaient le démontrer, ont indiqué les intervenants.

En effet, ces lois portaient sur une série de mesures discriminatoires comme le recensement de la population de confession juive, l'exclusion des juifs de la fonction publique, le contrôle de leur accès au métier d'avocat, l'interdiction pour les juifs d'habiter dans les quartiers européens et l'obligation du port de l'étoile jaune afin de les distinguer du reste de la population.

Mais plus qu'une position honorable dans une phase historique critique, marquée par la lutte entre le nazisme et les défenseurs de la liberté et de la démocratie, il s'agissait d'une étape lumineuse dans le parcours du héros de la libération, jalonnée par plusieurs positions courageuses et visionnaires qui ont façonné, en grande partie, le Maroc d'aujourd'hui, affirme-t-on

Il suffit, à ce propos, de citer l'appel de feu SM Mohammed V au peuple marocain de s'aligner aux côtés de la France, pourtant pays colonisateur, et des alliés dans leur guerre contre l'Allemagne nazie, qui était, dans le fond, un choix pour la liberté des peuples et les valeurs humaines.

Les participants à ce colloque n'ont pas, également, manqué de souligner la dimension sociologique de cet événement, dans la mesure où les juifs constituent une composante indissociable de la société marocaine dans laquelle ils sont parfaitement intégrés et ont, tout au long de l'histoire du Maroc, joué un rôle important dans différents domaines.

Ils ont également été entourés, poursuit-on, de la sollicitude et de la protection des Sultans des différentes dynasties, comme le démontrent des manuscrits exposés lors de ce colloque et qui établissent la volonté des souverains du Maroc d'assurer à leurs sujets de confession juive la jouissance de leurs droits dans l'égalité, tout en respectant leurs particularités religieuse et culturelle.

Ils n'ont pas également manqué de mettre en relief le rôle des Marocains juifs dans le mouvement national et la résistance, citant à titre d'exemple, Edmond Amran El Maleh, Abraham Serfaty, Simon Levy ou autres anonymes qui ont contribué aux côtés de leurs concitoyens d'autres confessions à cette dynamique qui a conduit à l'indépendance du Maroc, sans oublier le répertoire artistique et culturel des Marocains juifs qui témoigne, à travers plusieurs œuvres, de leur attachement au Trône alaouite et leur aspiration à la liberté.

Ainsi, relèvent les conférenciers, la position de feu SM Mohammed V s'inscrit en droite ligne d'une longue tradition de cohabitation et de tolérance, lesquelles valeurs ont été perpétuées par feu SM Hassan II et SM le Roi Mohammed VI, qui entoure de sa haute sollicitude ses sujets de confession juive à tous les niveaux. La dernière illustration de cette bienveillance est la constitution de 2011 qui a intégré la composante hébraïque dans la définition de l'identité marocaine, ont-ils souligné.

Ce colloque a, en outre, été l'occasion d'insister sur l'impératif de multiplier les recherches et études sur l'histoire du Maroc, revisiter l'histoire contemporaine dans sa complexité et sa richesse, de se réapproprier et écrire les moments phares de l'histoire et les faire connaître aux jeunes générations.

Dans une déclaration à la presse à cette occasion, M. Azoulay a indiqué qu'il s'agit d'"une réunion fondatrice, dans la mesure où nous avons posé la première pierre d'un processus qui va éclairer cette partie de notre histoire trop longtemps ignorée, largement méconnue et qui mérite d'être aujourd'hui retransmise aux générations montantes".

"A travers ce processus, ces jeunes générations auront la possibilité de prendre la juste mesure de toutes les pages de notre histoire, notamment de ces années où tous les Marocains, musulmans et juifs, se sont mobilisés et se sont coalisés pour que notre pays retrouve à la fois sa liberté, sa souveraineté et la totalité de ses droits, y compris ceux pour nos communautés musulmanes et juives d'assumer leur citoyenneté pleine et entière", a souligné M. Azoulay.

Ce colloque s'est déroulé en présence de MM Jamal Makhtatar, gouverneur de la province d'Essaouira, Abderrahim Bouderra, représentant de la délégation du Haut-commissariat aux anciens résistants et membres de l'armée de libération à Safi-Essaouira et Abdelkrim Zerktouni, président de la fondation Mohamed Zerktouni pour la Culture et les Recherches.

05 mai 2014

Source : MAP

 

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