lundi 25 novembre 2024 07:40

Le Danemark veut interdire de sortie les réfugiés

L'hiver dernier, le Danemark avait attiré l'attention internationale avec l'adoption d'une loi permettant la saisie de biens et d'argent des demandeurs d'asile arrivant dans le pays. Tout réfugié est désormais censé ne pouvoir conserver, au maximum, que l'équivalent de 1.340 euros en liquide, ainsi que les objets ayant « une valeur sentimentale ».

Le cash d'un montant supérieur et les autres objets de valeur doivent être saisis pour couvrir les dépenses engagées par l'Etat durant le séjour de leurs propriétaires. Dans les faits, il a fallu attendre près de cinq mois après l'entrée en vigueur de la loi pour que la police débusque des réfugiés y contrevenant. Le 28 juin, près de 10.700 euros étaient confisqués à l'aéroport de Copenhague, auprès d'un groupe de cinq Iraniens tentant d'entrer avec de faux papiers. Face aux critiques, le gouvernement libéral réitéra alors son message : « S'ils en ont les moyens, les demandeurs d'asile doivent payer. »

A peine cette controverse retombée, la classe politique réfléchit à d'autres moyens de régler certains problèmes suscités par l'augmentation, en 2015, du nombre de demandeurs d'asile (21.000 pour 5,6 millions de Danois). Le débat porte désormais sur la liberté de mouvement des jeunes réfugiés masculins. A l'origine, des plaintes déposées pour viol contre deux mineurs et attentat à la pudeur contre trois autres, à l'occasion d'un festival de musique. Ces jeunes sont âgés de 14 à 17 ans.

La fermeté prônée

Blâmée, la direction du centre les hébergeant a rétorqué que l'appel était fait trois fois par jour et qu'elle ne pouvait exiger plus. A moins d'interdire de sortie tous les jeunes réfugiés masculins susceptibles de comportements répréhensibles. C'est en tout cas l'idée avancée par les deux principales formations politiques : le Parti social-démocrate (opposition) et le Parti du peuple danois (DF), qui soutient le gouvernement minoritaire au Parlement. La ministre de l'Immigration, la libérale Inger Støjberg, y est également favorable. Selon elle, « la pédagogie n'est pas la bonne voie à suivre, il faut plus de fermeté ».

Les partis vont maintenant définir le profil de ceux qui seraient soumis à cette interdiction (a priori, les mineurs seulement), comment la mettre en place et la faire respecter. S'il existe une majorité au Parlement pour l'adopter, ce n'est pas le cas, à l'heure actuelle, d'une autre proposition de DF (21 % dans les sondages) : geler l'immigration en provenance des pays musulmans pendant cinq à six ans.

Antoine Jacob, Les Echos

08/08/2016, Antoine Jacob

Source : lesechos

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