vendredi 29 novembre 2024 17:36

Le migrant n'est pas une simple force de travail, mais "porteur de valeurs" et d'idées pour l'avenir

Le migrant "n'est pas une simple force de travail, mais il est porteur de valeurs, d'idées et de promesses pour l'avenir", a affirmé, mardi à Rabat, le ministre chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, Anis Birou.

"L'interculturalité est une opportunité qui nous est offerte pour nous découvrir nous-même en reconnaissant la différence de l'autre", a dit M. Birou qui s'exprimait à l'ouverture du 2ème Forum annuel de l'immigration, organisé sous le thème "Défis d'interculturalité et enjeux d'intégration".

Il a précisé qu'un débat public et une réflexion commune, sur la problématique de la gestion de la diversité culturelle et du mieux vivre-ensemble, seront lancés lors de ce forum, qui s'inscrit dans le cadre de l'exécution de la stratégie nationale de l'immigration et de l'asile.

La réflexion sur les diverses dimensions du mieux vivre-ensemble sera entamée, "en évaluant l'expérience d'autres pays et leurs politiques d'intégration culturelle des migrants, leurs acquis et leurs limites ainsi que les leçons à tirer de ces grands modèles", a-t-il ajouté.

Le forum sera aussi l'occasion d'échanger sur le concept de l'interculturalité, ses diverses constructions théoriques et ses résultats pratiques pour aboutir à un débat "sur les contours d'un modèle ajusté aux spécificités de la société marocaine et son capital historique", a fait savoir le ministre.
"Le Maroc a irréversiblement fait le choix d'une citoyenneté basée sur la valeur de l'être humain en tant que tel et non sur son appartenance ou sa croyance. Tel a été le message dominant de cette nouvelle politique migratoire (...), construite sur les principes universels des droits de l'Homme et mise en pratique avec une approche humaniste et une démarche privilégiant la concertation, l'esprit participatif et la responsabilité partagée", a-t-il souligné.

Pour sa part, le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, a affirmé que la transformation du Maroc, ces dernières années, en un pays d'accueil et de résidence des immigrés, surtout ceux venant de l'Afrique subsaharienne et portant des valeurs, traditions et représentations culturelles diverses requiert de l'Etat un esprit d'ouverture et de valorisation.

Tout cela doit être conforme à une approche d'intégration qui garantit l'acceptation et la fusion de ces couches dans le tissu associatif et culturel du Maroc et les considère comme un affluent riche qui renforce l'identité nationale unifiée, a estimé M. Sbihi.

L'Etat doit contenir ces expressions culturelles et les mettre en exergue dans le cadre de la politique publique de valorisation de la diversité culturelle afin qu'elle soit investie d'une façon optimale dans le cadre de la dynamique du développement économique, politique et socio-culturel, a-t-il ajouté.

Ceci requiert de grands efforts en matière de sensibilisation et de communication avec les immigrés, notamment les Africains, à travers les divers multimédias de formation et d'encadrement qui leur permettront une meilleure adhésion à la vie publique dans une ambiance d'échange et d'acculturation aisée avec les autres cultures nationales, a-t-il poursuivi.

De son côté, le président du Conseil national des droits de l'Homme, Driss El Yazami, a estimé que la diversité culturelle, accélérée par les tendances de la mondialisation, constitue une source de richesse et par conséquent l'on ne peut parler de la culture des pays du Nord sans penser aux auteurs étrangers qui enrichissent la culture de leurs pays.

Cette diversité culturelle peut aussi constituer une source de tension et de propagande, a indiqué M. El Yazami, relevant l'exploitation de cette diversité, dans certains pays européens, par les politiques dans les batailles électorales, surtout pour refuser l'intégration.

Après avoir affirmé que les pays du Nord et du Sud doivent affronter actuellement le défi de gestion démocratique de la diversité culturelle, il a regretté que certains pays européens d'accueil n'aient pas encore signé la Convention des Nations Unies sur la protection de tous les travailleurs migrants et de leurs familles que le Maroc avait déjà signée et s'engage à la mettre en œuvre.

Il a également évoqué certains principes du Droit international des droits de l'Homme consistant en l'égalité des droits et de l'intégration politique, précisant qu'il est temps pour l'Espagne et le Maroc de mettre en oeuvre les dispositions constitutionnelles des deux pays relatives aux droits civils des étrangers résidant d'une façon légale, notamment le droit de participer aux élections communales.

La secrétaire générale de l'Immigration et de l'émigration en Espagne, Marina Del Corral Téllez a, quant à elle, salué la politique migratoire du Maroc qui se base sur une approche humaniste et responsable, expliquant que les exigences du travail contribuent à la diversité et la complexité de la société.
Il ne s'agit pas uniquement de la contribution économique des émigrés ou des transferts de leur argent, mais plutôt d'un transfert de connaissances, de cultures et de modes de vie, a noté Mme Téllez, ajoutant que la diversité culturelle est considérée, selon l'UNESCO, comme un capital immatériel.
Le forum est marqué par trois séances portant notamment sur "la migration et la culture: approches théoriques et modèles pratiques des politiques migratoires internationales", "l'intégration culturelle des immigrés au Maroc: quels choix pour quelle société?" et "l'espace public et gestion de la diversité culturelle".

31 mars 2015

Source : MAP

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