lundi 25 novembre 2024 12:47

Merkel et Erdogan veulent coopérer pour l'intégration des Turcs en Allemagne

La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan se sont engagés samedi à faire davantage pour l'intégration des quelque 2,5 millions de Turcs en Allemagne, chroniquement dénoncée comme insuffisante.

"Concernant l'intégration, il y a encore clairement des problèmes que nous voulons résoudre", a reconnu Mme Merkel devant la presse après avoir reçu M. Erdogan.

"Du côté turc, il y a une forte volonté d'aider autant que possible, et d'être à notre côté de façon constructive", a-t-elle assuré.

"Je suis évidemment favorable à ce que les personnes turques présentes ici en Allemagne s'intègrent, pour leur propre bien-être et pour le bien-être et l'avenir de la société allemande", a déclaré pour sa part M. Erdogan.

"S'ils sont en Allemagne depuis 50 ans, c'est bien évidemment nécessaire, pour que tout le monde puisse vivre ensemble harmonieusement".

Les deux chefs de gouvernement ont annoncé vouloir profiter du 50e anniversaire de l'accord de 1961 sur les "travailleurs invités" (Gastarbeiter), qui avait largement ouvert les portes de l'Allemagne de l'ouest à l'immigration turque, désireuse de profiter de la reconstruction d'après-Guerre. M. Erdogan a indiqué qu'il reviendrait en Allemagne pour cet anniversaire.

"Nous proposons que dans chaque ville où il y a des personnes d'origine turque, nous profitions de cet événement pour faire le point, voir où on en est et ce qui doit encore être fait", a expliqué Mme Merkel.

Le Premier ministre turc a pourtant à plusieurs reprises défendu des positions qui ont provoqué un tollé en Allemagne.

"Personne ne peut exiger (des Turcs) l'assimilation", qui est un "crime contre l'Humanité" parce qu'elle revient à "obliger" une personne à abandonner sa culture et ses traditions, avait-il ainsi déclaré en février 2008 dans un discours à Cologne (ouest).

Samedi, il a pris soin de souligner la différence entre assimilation et intégration.

L'intégration des immigrés, particulièrement des musulmans, est un sujet brûlant en Allemagne actuellement, depuis la parution en août du pamphlet d'un ancien dirigeant de la Banque centrale allemande, où il estime notamment que les musulmans improductifs et mal éduqués rendent l'Allemagne "plus stupide".

Le gouvernement a reconnu des ratés dans l'intégration ces dernières années, des statistiques montrant les difficultés scolaires puis sur le marché du travail des immigrés, générant souvent un sentiment d'exclusion.

Le débat s'est à nouveau enflammé lorsque le président de la République, Christian Wulff, a déclaré que l'islam faisait partie de l'Allemagne, dans son discours à l'occasion des 20 ans de la Réunification, le 3 octobre.

Cette phrase lui avait valu de nombreuses critiques issues du parti conservateur CDU de la chancelière, dont il fait également partie.

Le chef de la CSU, aile bavaroise et plus conservatrice de la CDU, a déclaré dans l'hebdomadaire Focus paru samedi que son pays n'avait "plus besoin d'immigrants de pays aux cultures différentes, comme les Turcs et les Arabes", car s'intégrer "est au final plus difficile" pour eux.

Et cette semaine la presse ironisait sur le "match à l'extérieur", remporté 3 à 0 vendredi par l'équipe allemande de football face à la Turquie, dans un Stade olympique de Berlin rempli pour plus de la moitié de supporteurs aux couleurs rouge et blanc des visiteurs.

Source : AFP

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