lundi 25 novembre 2024 14:41

Séminaire à Madrid sur les effets de la crise sur les Marocains en Espagne

Un séminaire sur les effets de la crise économique sur les Marocains établis en Espagne, a entamé ses travaux, mardi à Madrid, avec la participation de hauts responsables espagnols et marocains et d'experts en matière d'immigration des deux pays.

Organisé par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), le séminaire se propose de dégager une meilleure compréhension des conséquences sociales et économiques de la crise économique en Espagne sur les migrants marocains et de tenter d'élaborer une vision concertée sur les éventuels mécanismes et stratégies à adopter.

Le chômage en Espagne, l'un des pays les plus affectés par la crise en Europe, a atteint le chiffre record de plus de 4 millions de personnes sans emploi au premier semestre de l'année en cours, soit près de 20,5 pc de la population active, selon des données récentes. Mais si le chômage concerne tous les travailleurs, les immigrés sont les plus affectés avec un taux de chômage de 28 pc contre près de 16 pc chez la population active autochtone.

Intervenant à l'ouverture de ce séminaire organisé en collaboration avec la Fondation "Casa arabe" en partenariat avec la Direction générale de la citoyenneté espagnole à l'extérieur et la Direction générale de l'intégration des immigrés, le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, Mohamed Ameur, a, d'emblée, souligné l'importance de cette rencontre, une occasion pour exprimer "notre marque de solidarité" avec le collectif immigré marocain en Espagne, pays le plus touché par la crise et pour "réfléchir ensemble sur les moyens à même de l'aider à s'en sortir".

Les immigrés marocains résidant dans ce pays ibérique n'ont jamais connu "un contexte aussi difficile" né de la situation de crise économique qui frappe le pays et ses répercussions sur le marché du travail, a affirmé M. Ameur qui a tenu à saluer la force de résistance de ce collectif qui "ne baisse pas les bras".

"Pris dans une tourmente, qui fait vaciller bon nombre d'économies en Europe, mis à rude épreuve par le chômage, les réductions de salaires et les restrictions de toutes sortes, ils sont des dizaines de milliers de Marocaines et de Marocains à pâtir de cette conjoncture difficile avec courage et dignité", a-t-il fait remarquer.

Selon le ministre, le Maroc a été particulièrement vigilent dès l'apparition des premiers signes de la crise économique mondiale et a redoublé d'efforts pour préserver les droits et les intérêts de ses ressortissants à l'étranger, l'une des priorités de l'action gouvernementale, soulignant que son département accorde une attention toute particulière à la situation de la communauté marocaine établie en Espagne.

Ainsi, a-t-il dit, et en application des hautes directives de SM le Roi Mohammed VI, le gouvernement a consacré aux Marocains résidant à l'étranger un comité sectoriel au sein du comité de veille stratégique et a pris des mesures d'urgence qui ont permis de limiter les effets négatifs de la crise notamment en ce qui concerne ses aspects économique et social.

De son côté, s'est félicité M. Ameur, la diplomatie marocaine s'est également activée pour sensibiliser les pays d'accueil sur l'importance de protéger les communautés immigrées contre les dérives xénophobes qui s'exacerbent particulièrement en temps de crise.

Le ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger est conscient de la gravité de la situation que traverse les immigrés marocains en Espagne, a-t-il réitéré, d'où la tenue au Maroc de plusieurs rencontres sur l'impact de la crise sur la migration et la protection des droits des MRE en temps de crise, des rencontres qui ont permis de dégager nombre de recommandations ayant débouché sur d'importantes décisions pour concrétiser un programme de soutien aux catégories et aux personnes les plus démunies face à la crise.

Deux axes prioritaires, l'un juridique et l'autre social, forment l'ossature de ce programme, a-t-il expliqué. Le premier concerne l'adoption d'un dispositif d'assistance juridique et judiciaire des ressortissants marocains à travers 22 pays de résidence en Europe, en Afrique Subsaharienne, en Asie et dans le monde arabe et qui sera supervisé par 12 ambassades et 48 consulats du Maroc. Alors que le second volet concerne la création au niveau des représentations diplomatiques et consulaires d'un mécanisme d'aide sociale.

Selon M. Ameur, une enveloppe de 10 millions de DH a été mobilisée pour la mise en oeuvre de la première phase des deux volets de ce programme ambitieux, qui profitera prioritairement aux ressortissants marocains résidant en Espagne.

Il n'a pas manqué de relever "la compréhension" des autorités espagnoles "particulièrement sensibles aux retombées humaines de cette crise" et qui font montre d'une grande impartialité dans l'application des règlements régissant l'emploi.
De son côté, le président du CCME, Driss El Yazami a souligné l'importance de la tenue de ce séminaire qui arrive à point nommé étant donné la conjoncture économique difficile que traverse l'Espagne où le taux de chômage, qui affecte aussi bien les Espagnols que les étrangers, a doublé en deux ans.

Cette situation et ses répercussions en termes de chômage s'est particulièrement fait ressentir chez les immigrés marocains, le plus fort collectif étranger en Espagne avec plus de 800.000 personnes légalement établies, a indiqué M. El Yazami dans une déclaration à MAP-Madrid.

Mais si le taux de chômage parmi la population espagnole est de 16 pc, selon les dernières statistiques, ce taux augmente à 47 pc chez le collectif immigré marocain dont 62 pc ont moins de 25 ans, a fait remarquer M. El Yazami.

Cette situation s'explique, selon le président du CCME, par la présence des travailleurs immigrés marocains dans des secteurs très touchés par la crise en Espagne tel que le bâtiment, l'hôtellerie, la restauration et le secteur agricole et manufacturier.

Après avoir rappelé que la croissance de l'économie espagnole, la plus forte d'Europe entre 1994 et 2008 avec la création de plus de 8 millions de postes d'emploi, n'aurait pas été possible sans l'apport de l'immigration, le président du CCME s'est dit étonné du nouveau discours qui commence à faire tâche d'huile en Europe et qui veut faire endosser à l'immigration la cause de la crise.

Pour sa part, la directrice générale pour l'intégration des immigrés en Espagne, Estrella Rodriguez Pardo, qui a passé en revue les efforts déployés par le gouvernement espagnol à travers le secrétariat d'Etat à l'Immigration, en matière d'intégration des immigrés avec des politiques concrètes, a affirmé que l'exécutif espagnol compte poursuivre cette politique en dépit de la difficile conjoncture économique que traverse le pays et son corollaire en termes de réduction des dépenses.

L'actuel contexte de crise économique en Espagne et ses répercussions sur le marché du travail affecte aussi bien les Espagnols que les étrangers établis en Espagne, a fait observer la responsable Espagnole, relevant toutefois que le collectif immigré marocain reste le plus touché par le chômage en Espagne, une situation qui s'explique par leur présence dans l'un des secteurs les plus affectés par la crise à savoir le bâtiment.

Elle a dans ce contexte préconisé la formation professionnelle et la formation continue comme moyen de favoriser la réinsertion des immigrés chômeurs dans le marché du travail.

Le séminaire, qui se tient sous le thème "Les effets de la crise sur les migrants en Espagne : le cas des Marocains", réunit des chercheurs marocains et espagnols, des représentants des syndicats espagnols et marocains (CDT, UMT, UGTM, FDT, UNMT), ainsi que de nombreux acteurs associatifs de l'émigration marocaine et des responsables du Ministère de l'Emploi et de la Formation et du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, dans le cadre de trois tables rondes sur l'"Etat des lieux et effets de la crise sur les migrants marocains", "Les mesures gouvernementales de réponse à la crise", et "Quelles nouvelles actions des pouvoirs publics et des acteurs sociaux ?".

Source : MAP

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