Du calendrier confus du débat se dégage une date: lundi 8 février, pour un séminaire gouvernemental censé «tirer les conclusions».
Débat identité nationale, fin annoncée ? Pas exactement. Repris en main par François Fillon, le laborieux «grand débat» lancé le 2 novembre par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale fera l'objet d'un séminaire gouvernemental, lundi 8 février. Au lieu du colloque prévu le 4 février, définitivement enterré donc. Une modification d'agenda intervenue «compte tenu de l’ampleur prise par le grand débat», a justifié le ministère il y a quelques jours.
Il s'agira lundi, a expliqué le Premier ministre ce matin sur Europe 1, de «tirer les conclusions»: «Nous allons examiner l’ensemble des propositions qui ont été faites tout au long de ce débat et puis on va sélectionner celles qui méritent d’être mises en œuvre et qui justifient des décisions.»
«Chaque ministre devra dire ce qu’il pense des propositions qui ont été faites.» Que se passera-t-il en cas de désaccord de l’un d’eux? «Il le dira, les ministres sont libres de parole et vous avez pu le constater depuis deux ans et demi», a rétorqué le Premier ministre.
Suivra, en principe, un arbitrage présidentiel, que Besson avait annoncé il y a un mois pour «la première quinzaine de février».
Ce qui n'empêchera pas le débat de se poursuivre «jusqu'à fin 2010, bien au-delà des élections régionales», ainsi que l'avait annoncé le ministre. Et tant pis si selon un sondage récent, seuls 22% des Français le jugent constructif.
Source : Libération.fr
Le secrétariat au logement est prié de revoir un décret de 2008 imposant des conditions de résidence pour les étrangers non communautaires pour invoquer le droit au logement.
La loi sur le droit au logement opposable est «discriminatoire», juge ce mercredi la Halde. En cause : un décret de septembre 2008, complétant la loi Dalo du 5 mars 2007, et imposant des conditions de résidence pour les étrangers non communautaires pour invoquer le droit au logement.
La loi Dalo impose en effet à l'Etat l'obligation de loger «toute personne résidant sur le territoire français de façon régulière» qui n'est pas en mesure d'accéder à «un logement décent et indépendant» par ses propres moyens ou de s'y maintenir.
Pour les ressortissants de l'Union européenne, la loi Dalo s'applique dans les mêmes conditions que pour les nationaux. En revanche, pour les étrangers non communautaires, le décret ajoute des conditions: soit être titulaire d'une carte de résident ou équivalent (réfugiés, personnes justifiant d'une résidence continue et régulière d'au moins 5 ans en France, etc.). Soit justifier d'au moins deux années de résidence ininterrompue en France sous couvert de certains titres de séjour, renouvelés au moins deux fois.
En pratique donc, les étrangers relevant de cette seconde catégorie ne peuvent pas se prévaloir du droit au logement pendant deux ans, et ce quels que soient l'urgence de leur situation ou le délai anormalement long fixé dans le département concerné.
Encore faut-il qu'il y ait des logements disponibles...
Dans ses attendus, la Halde estime que «la condition de résidence préalable de 2 ans (...) apparaît comme un traitement défavorable fondé sur la nationalité qui n'apparaît pas justifié et proportionné à l'objectif poursuivi par la loi Dalo qui est de garantir le droit à un logement décent pour les personnes les plus démunies».
La Halde demande au secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, «d'abroger cette restriction contraire à la Constitution et aux engagements internationaux de la France».
Jean-Baptiste Ayrault, président de l'association Droit au logement (Dal) voit là «une avancée», même si «tout être humain qu'il ait ou pas des papiers, devrait avoir droit à un toit et pas dormir dans la rue.»
Quand bien même le gouvernement se plierait à la délibération de la Halde, ce droit au logement opposable sera-t-il appliqué? Si Jean-Baptiste Ayrault se refuse à qualifier la loi Dalo «d'échec», il reconnaît que «15 000 ménages ont été relogés, autant voire plus sont toujours en attente... Faute de logement disponible.» Il conclut : «la loi a reconnu le droit au logement ; à charge au gouvernement de se donner les moyens pour la respecter.»
Source : Libération.fr
La Suisse et le Kosovo ont signé mercredi à Berne un accord de réadmission qui pourrait concerner quelques dizaines de personnes à l'heure actuelle.
L'accord a été signé mercredi par la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf et le ministre kosovar de l'Intérieur, Zenun Pajiziti. (Photo: Reuters)
Des ONG demandent à l'Office fédéral des migrations (ODM) de renoncer à renvoyer dans ce pays des Balkans des membres de minorités, notamment les Roms.
L'accord a été signé mercredi par la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf et le ministre kosovar de l'Intérieur, Zenun Pajaziti, en visite officielle de travail en Suisse, a constaté l'ATS. Les deux pays ont également signé un protocole d'entente sur un partenariat migratoire.
Dans un communiqué commun, l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), Amnesty International (AI), la Société pour les peuples menacés et Humanrights.ch/MERS appellent à ne pas renvoyer des membres des communautés rom, ashkali et égyptienne.
La situation des Roms au Kosovo «est toujours caractérisée par la discrimination, les menaces et les tracasseries», écrivent ces ONG. Les attaques contre eux ont nettement augmenté depuis juillet dernier. Ils manquent de logements, d'emplois et leur liberté de mouvement est restreinte, selon les ONG. Plusieurs d'entre eux vivent dans des camps, dont certains à Mitrovica sont contaminés au plomb.
La diaspora kosovare en Suisse est forte d'environ 170 000 personnes. La majorité est au bénéfice d'un permis de séjour. Un certain nombre de personnes, déboutées de l'asile ou en situation irrégulière, sont susceptibles d'être renvoyées.
Depuis le 1er avril, le Kosovo, dont la Suisse a reconnu l'indépendance, fait partie des pays considérés comme sûrs par le Conseil fédéral.
Source : 20 Minutes.ch
Le bureau de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée (AOM) a décidé, mardi 2 février à Paris, d'appuyer la proposition marocaine appelant les Nations unies à reconnaître pleinement le rôle de l'Institution du médiateur en matière de protection des droits de l'Homme.
Lors d'une réunion présidée par Moulay M'hamed Iraqi, Wali Al Madhalim et président de l'AOM, en présence notamment de MM. Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République Française, et Mujica Herzog, Défenseur du Peuple Espagnol, les membres du bureau se sont engagés à ne ménager aucun effort, en usant de toutes les voies possibles, pour promouvoir l'initiative marocaine afin qu'elle soit adoptée lors de la 65ème Assemblée Générale de l'ONU.
Le bureau a également adopté l'ordre du jour de la quatrième rencontre de l'AOM qui aura lieu les 14 et 15 juin prochain à Madrid, sous le thème: "La problématique de l'immigration et le rôle des Ombudsmans dans la gestion de ce phénomène".
L'accent sera mis lors de cette rencontre sur la "situation des personnes mineures en situation migratoire".
Les membres du bureau se sont aussi accordés de tenir des réunions préparatoires de cette rencontre au siège de l'Association à Tanger et de le doter de la documentation nécessaire à son rayonnement.
Cette réunion du bureau de l'AOM s'est tenue en marge d'un colloque réunissant pour la première fois autour de la défense des droits de l'Homme les médiateurs ou représentants des organisations des droits de l'Homme des pays de la Ligue arabe et du Conseil de l'Europe.
Cette rencontre, organisée par le Médiateur de la République français, l'Université Panthéon Assas (Paris) et la Johns Hopkins University (Washington), a appelé, dans sa déclaration finale, à instaurer des mécanismes de dialogue entre l'Europe et les Etats arabes dans le domaine des droits de l'Homme et à encourager la recherche et l'échange d'expériences en la matière.
Les participants ont aussi plaidé pour la promotion de la culture des droits de l'Homme dans les systèmes éducatif et universitaire et le renforcement du rôle de la société civile active dans ce domaine.
Lors de ce colloque, auquel ont pris part également MM. Robert Badinter , sénateur et ancien ministre français de la Justice, Alvaro Gil Robles, ancien Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe et ancien Défenseur du peuple Espagnol, les participants se sont penchés sur les problématiques et les mécanismes relatifs aux droits de l'Homme à travers les différents instruments internationaux.
Source : MAP
Les centres italiens destinés à accueillir les demandeurs d'asile ou détenir les clandestins avant leur expulsion fonctionnent dans l'urgence et manquent cruellement de moyens, selon une étude présentée mardi à Rome par Médecins sans Frontières (MSF).
La coordinatrice médicale de MSF en Italie, Alessandra Tramontano, a dénoncé devant la presse "la pauvreté de l'assistance sanitaire", s'étonnant de "l'inaction des autorités sanitaires locales et nationales".
"Plus de dix ans après l'institution des centres pour immigrés en Italie, leur gestion semble encore inspirée par l'urgence. En général, les services fournis par ces centres semblent conçus dans l'optique exclusive de satisfaire à grand-peine les besoins de base", a indiqué l'organisation humanitaire dans un communiqué.
Ce qui n'est même pas toujours le cas: Mme Tramontano a cité en exemple l'absence dans certains centres de papier hygiénique ou de savon, ou encore la présence de rats.
"La gestion des centres pour immigrés apparaît en grande partie inefficace", a conclu MSF dans son rapport, en estimant que ces centres ne sont pas en mesure de fournir une protection et assistance aux personnes vulnérables.
L'ONG a demandé la fermeture des centres de Trapani (Sicile) et Lamezia Terme (sud), "totalement inadaptés à abriter décemment des personnes".
L'étude de MSF a été conduite dans 21 centres entre décembre 2008 et août 2009. L'ONG s'est vu refuser l'accès aux centres de Lampedusa et Bari (sud).
"Le climat est de plus en plus hostile pour les immigrés en Italie, comme l'ont démontré clairement les événements de Rosarno" (Calabre, sud), a estimé le directeur général de MSF Italie, Kostas Moschochoritis, devant la presse.
En janvier, des affrontements entre immigrés --des ouvriers agricoles africains employés pour la plupart illégalement pour ramasser oranges et mandarines-- et habitants de Rosarno ont fait plusieurs dizaines de blessés parmi les étrangers, victimes d'une véritable "chasse à l'étranger".
Source : Romandie/AFP
"A proposito de mis vecinos, Claves para convivir con la otra orilla" , (A propos de mes voisins, clés pour vivre avec l'autre rive) de l'arabiste espagnol, Juan Castilla, est une ode au dialogue et à la convivialité et une invite à une meilleure connaissance mutuelle entre Espagnols et Marocains.
"La culture Marocaine qui est tellement proche de nous (Espagnols), est en même temps, paradoxalement totalement inconnue de l'Espagnol lambda", assure d'emblée Juan Castilla qui n'est autre que le Directeur de l'Ecole des Etudes Arabes de Grenade depuis 2005.
Selon cet amoureux des Lettres Arabes, "il y a tellement de préjugés et de méfiance pour tout ce qui nous parvient de l'autre côté de la Méditerranée. Et justement, ce livre entend contribuer un tant soit peu à détruire ces préjugés en narrant l'histoire d'une famille Espagnole qui découvre de nouveaux voisins: une famille Marocaine.
Pendant que le mari, Pablo, préfère se confiner dans ses préjugés et refuse de découvrir les nouveaux arrivants, la femme, Carmen, par contre, poussée par la curiosité, décide de connaître ses nouveaux voisins et "leurs us et coutumes". Elle va découvrir alors et non sans surprise, une culture richissime, des traditions similaires à celles des espagnoles, une gastronomie exquise et une musique différente mis si envoûtante, bref, elle découvre "une culture arabe pleine de curiosités".
"L'idée d'écrire ce livre, qui est destiné au citoyen Lambda, est née de la nécessité de jeter la lumière sur un vieux topique : la peur de connaître l'autre nous empêche de nous rapprocher d'autrui ", affirme, dans des déclarations aux Médias espagnols, Juan Castilla qui se targue d'avoir nombre d'amis Marocains au Maroc et en Espagne.
" Nous devons admettre une réalité qui saute aux yeux : chaque jour, des personnes de l'autre rive viennent vivre en Espagne et il ne serait pas mal de conscientiser la société sur ce phénomène. Nous devons tous apprendre à vivre les uns avec les autres ".
Le livre, qui vient de paraitre aux éditions Almed, tente aussi d'apporter des éclairages sur la culture arabo-musulmane, sur les relations hispano-marocaines et cherche à démystifier certains préjugés qui façonnent les idées perçues sur les Marocains en Espagne.
"C'est un livre destiné à monsieur tout le monde pour qu'il apprenne plusieurs concepts sur la culture marocaine, sur la religion musulmane et sur les Marocains de façon générale. Des concepts qui sont totalement méconnus par la masse en Espagne ".
Pourquoi le racisme envers les Maghrébins est tellement patent en Espagne ?. Le livre tente également d'y apporter des réponses.
Selon son auteur, "il est curieux que lorsqu'on parle d'immigrant, l'Espagnol moyen pointe automatiquement du doigt les Maghrébins. Alors que les immigrés d'autres pays, on parle d'étrangers. Personne n'oserait appeler "Maure", une personnalité arabe de haut niveau et personne n'est raciste envers un footballeur comme Zidane, s'interroge Juan Castilla.
"Il est fort regrettable que dans les Médias Espagnols, le Marocain est toujours associé à l'immigration clandestine, à la drogue et aux délits de toutes sortes. Pourquoi ne parle-t-on pas des Marocains scientifiques, écrivains et musiciens entre autres. Pourquoi ne parle-t-on pas de ces Marocains qui maîtrisent les langues et qui sont mieux préparés que les Espagnols", s'indigne-t-il.
Il a, dans ce contexte, milité pour une meilleure connaissance de la langue arabe. "En plus d'étudier de façon approfondie la langue arabe, ce qu'il nous faut c'est une matière, un condensé de langue, d'histoire et de culture arabes, qui soit enseignée dans les écoles en Espagne. Ceci nous permettra de nous connaître et de comprendre un large pan de notre Histoire", a-t-il suggéré.
Source : MAP
Les «moutons noirs» sont de retour sous la Coupole. Ceux que l’UDC a choisis pour symboliser son initiative populaire «Pour le renvoi des étrangers criminels». Un support visuel qui a par ailleurs rimé avec victoire électorale en 2007. C’est aujourd’hui que la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats décidera si elle présente un contre-projet direct, comme le souhaitent le PLR et le PDC. Le peuple aurait alors deux options dans l’isoloir.
La leçon des minarets
Pour mémoire: déposé en mars 2008, avec plus de 210 000 signatures réunies en un temps record, le texte de l’UDC prévoit une privation de titre de séjour en cas de condamnation par un «jugement entré en force pour meurtre, viol ou tout autre délit sexuel grave, pour un acte de violence d’une autre nature, tel que le brigandage, la traite d’êtres humains, le trafic de drogue ou l’effraction; ou s’ils (les étrangers) ont perçu abusivement des prestations des assurances sociales ou de l’aide sociale.» Un des buts est aussi d’unifier la pratique en Suisse en créant un mécanisme automatique.
Estimant élevées les chances de victoire de l’UDC devant le peuple, qui plus est juste avant les élections fédérales de 2011, le PDC et le PLR veulent offrir un vrai choix au souverain, le contre-projet indirect du Conseil fédéral étant jugé insuffisant. «L’acceptation de l’initiative sur les minarets a fini de convaincre les sceptiques, reconnaît le conseiller national Hugues Hiltpold (GE). Sur un thème aussi émotionnel, nous devons répondre à certaines préoccupations, mais en apportant des réponses respectant notre Etat de droit. Ce qui n’est pas le cas de «l’initiative sur le renvoi.» La semaine dernière, les deux partis ont successivement présenté leurs idées, allant toutes dans les sens d’un durcissement par rapport aux lois actuelles, mais plus précises sur les délits menant à un renvoi.
Majoritaires au Conseil des Etats, le PDC et le PLR devraient trouver un terrain d’entente ce matin en commission. Si le plénum suit lors de la session parlementaire qui débute en mars, cette victoire ne pourrait être que d’étape. Car au Conseil national, ces deux partis, même s’ils font bloc, auront besoin d’une trentaine de voix supplémentaires. Une mission quasi impossible.
Résistance au National
A l’opposition tactique de l’UDC devrait s’ajouter celle de la gauche. «Il ne faut tout simplement pas voter, tranche le président des Verts, Ueli Leuenberger (GE). L’initiative est incompatible avec le droit international.» Un avis partagé par son homologue du PS, Christian Levrat (FR). Ueli Leuenberger ajoute: «Il est inacceptable d’expulser quelqu’un de la 2e génération vers son pays d’origine, qu’il ne connaît pas, alors qu’il est le fruit de notre société. Il faut une gradation dans la gravité des sanctions.»
En refusant tout contre-projet direct, la gauche n’offre-t-elle pas un triomphe facile à l’UDC? «De toute façon, même cette alternative est une victoire de l’UDC, assène Ada Marra (PS/VD). On s’attaque aux étrangers en général, même de 2e ou 3e génération qui n’ont connu que ce pays, plutôt qu’aux vrais problèmes. C’est-à-dire par exemple à la lutte contre des réseaux criminels.»
Cantons souverains
- Aujourd’hui, le renvoi des étrangers est du ressort des cantons, que les expulsions relèvent du droit pénal ou non. En 2009, le canton de Vaud a ainsi renvoyé 111 étrangers pour des raisons pénales: 44 relevant de la Loi sur l’asile et 67 de la Loi sur les étrangers. Au total, Vaud a donc expulsé 585 personnes, pour des raisons pénales ou «ordinaires».
- A Genève, l’Office fédéral de la population n’est pas en mesure de chiffrer les personnes expulsées en raison de motifs pénaux. On sait seulement que 813 ressortissants étrangers ont été effectivement renvoyés de Suisse: 610 personnes relevaient du domaine de la Loi sur les étrangers (permis B, C) et 203 du domaine de la Loi sur l’asile. Ces chiffres comprennent donc les requérants d’asile déboutés, les délinquants de passage, les clandestins ainsi que les personnes qui ont perdu leur droit de séjour en Suisse. A ceux-là s’ajoutent 581 personnes dont le renvoi a été prononcé, mais dont l’exécution n’a pu être contrôlée (personnes disparues).
Source : Tribune de Genève
Deux voitures carbonisées mises tête-bêche contre un tas de pneus usagés. A la sortie de Rosarno, sur la route qui traverse la plaine calabraise en direction de Gioia Tauro, ce sont les seuls signes visibles des affrontements qui, les 9 et 10 janvier, ont opposé une partie des immigrés africains à des habitants de cette petite ville calabraise de 15 000 habitants. Non loin, deux policiers surveillent l'entrée d'un immense hangar où, par centaines, les Africains passaient la nuit pendant la saison de la récolte des agrumes. Un peu de repos entre deux journées de douze heures, payées 25 euros.
Aujourd'hui, plus personne ne vient plus trouver refuge dans ces courants d'air. "C'est étrange de voir Rosarno sans ses Africains", se désole Damiano, 16 ans, élève du lycée La Piria. Avec sa copine Erika, il avait organisé des cours d'alphabétisation pour les immigrés et un spectacle à Noël. "Les immigrés se trouvaient bien à Rosarno, assure-t-il. C'est seulement une petite minorité qui a voulu les chasser." "Nous avons prévenu les autorités régionales, locales. Photos à l'appui, rappelle Don Ennio Stamile, délégué régional de la Caritas pour la Calabre, l'organisation catholique internationale à laquelle l'Etat italien semble avoir délégué une partie de sa politique sociale. Les conditions de vie des immigrés étaient insupportables, un jour ou l'autre cela devait arriver. Mais personne ne nous a répondu."
En deux jours de violences, Rosarno est devenue le symbole de l'infiltration mafieuse dans l'agriculture locale, de l'intolérance à l'égard des étrangers, d'une forme d'esclavage moderne et de l'impuissance de l'Etat. Président de la République, premier ministre, parlementaires défilent en Calabre. On vient à Rosarno pour comprendre. Pourquoi, dans un pays qui a vu émigrer 27 millions de ses habitants à travers le monde, 1 500 Africains ont-ils été terrorisés puis chassés à coups de chevrotine et de manches de pioche ?
Alessandro Campi, directeur scientifique de la Fondation Farefuturo, proche de la droite, interprète les événements de Rosarno comme "un signal". "Mais, interroge-t-il, comment intégrer des étrangers alors que le pays n'a pas encore trouvé son identité 150 ans après la naissance de l'Etat italien ? Nous restons profondément divisés, immobiles, accrochés à nos identités locales. L'intégration suppose une mobilité sociale et une forme d'unité autour d'un projet." A ses yeux, la société italienne n'a "ni l'un ni l'autre". "Nous nous contentons de gérer les urgences dans une forme d'éternel présent."
A Rosarno, on a d'abord pointé le rôle présumé de la 'Ndrangheta (la mafia calabraise). Une enquête est en cours pour tenter de savoir si les familles mafieuses qui règnent sur l'économie locale n'ont pas volontairement provoqué la "chasse aux Noirs" de Rosarno pour faire déguerpir ces immigrés devenus inutiles, dès lors que les subsides de l'Union européenne rapportent plus aux exploitants que la vente des oranges, des mandarines et des kiwis. La faute à la Camorra (la mafia napolitaine) avait-on dit, également, quand, en septembre 2008, à Castel Volturno (Campanie), sept Africains avaient été proprement exécutés.
La faute de voisins excédés, avait-on entendu après les incendies, au printemps et à l'été 2007, de plusieurs camps roms à la périphérie de Naples et de Rome... L'explication est en partie vraie. Mais il a fallu un article du quotidien du Vatican, L'Osservatore Romano, le 11 janvier, pour mettre les pieds dans le plat : "Non seulement écoeurants, les épisodes de racisme dont la presse se fait l'écho nous ramènent à la haine muette et sauvage envers une autre couleur de peau que nous croyions avoir dépassée (...). Nous n'avons jamais brillé par notre sens de l'ouverture, nous Italiens du Nord au Sud."
Vérone, 260 000 habitants, dans la très riche Vénétie, à 1 000 km au nord de Rosarno. Ici, règne le parti anti-immigré de la Ligue du Nord. A l'hôtel de ville, Flavio Tosi, le jeune maire leghiste, élu en 2007 avec 60 % des voix, vient d'être condamné définitivement pour propos racistes à trois ans d'interdiction de meeting. Y aurait-il un lien de cause à effet entre son discours et celui de son parti et les événements de Rosarno "La Ligue n'existe pas en Calabre. Pourquoi voulez-vous que nous soyons responsables ?"
Pourtant, c'est bien ce parti, fort de quatre ministres dont celui de l'intérieur, qui multiplie les provocations racistes. La "criminalisation" de l'immigration clandestine, passible aujourd'hui de six mois de prison, c'est la Ligue. La légalisation des "rondes citoyennes" pour faire régner l'ordre et la tranquillité ? C'est elle. L'opération "Noël blanc" dans une petite ville de Lombardie pour recenser et expulser les immigrés clandestins avant les fêtes ? Encore elle.
La thématique électorale est gagnante : la Ligue pèse près de 30 % des voix dans certaines provinces du Nord et son influence gagne du terrain. "Pour la première fois en Italie depuis le fascisme, des formes de racisme sont assumées au sommet des institutions, explique Enrico Pugliese, sociologue à l'université La Sapienza, à Rome. Cette légitimation de la xénophobie conduit à des orientations violentes et de plus en plus explicites."
Dans la ville de Romeo et Juliette, les immigrés représentent 13 % de la population. Ils sont devenus invisibles, relégués dans les quartiers périphériques. La paix sociale, pour le maire, repose sur un seul pilier : la règle. "Le maire précédent était trop laxiste, explique-t-il. Il a laissé les immigrés s'installer partout, dans les parcs et les jardins de la ville. Les habitants avaient peur. Nous, nous avons multiplié les contrôles. Les étrangers doivent savoir qu'ils ne peuvent pas vivre chez nous comme ils vivaient chez eux. L'Italie n'est pas un pays raciste, mais ceux qui ne sont pas en règle doivent être punis."
Les punis, ces immigrés qui n'ont pour seuls papiers qu'un permis de séjour périmé et un avis d'expulsion, nous les retrouvons à Caserte (Campanie). La "Tente d'Abraham" est l'un de ces nombreux centres d'accueil pour quelques-uns de ces Africains qui sont parvenus à rejoindre l'Italie par la mer avant que la signature d'un accord de refoulement avec la Libye ne tarisse ce flux d'immigration. Coincé entre deux terrains vagues, ce bâtiment moche abrite 70 personnes alors qu'il est prévu pour en héberger une vingtaine. On y dort à 6 ou 8 par chambre.
Assim, arrivé du Togo il y a un an et demi, raconte : "Tous les jours, vers 4 h 30, nous nous rendons sur un des ronds-points de la ville. Les employeurs en bâtiment viennent nous prendre. D'autres fois, ce sont les exploitants des plantations de tabac. Les journées durent du lever du jour à la tombée de la nuit. Je suis payé 25 euros par jour." Le donneur de travail n'embauche jamais deux fois de suite les mêmes immigrés, de peur d'être reconnu et dénoncé. "Il vous arrive d'avoir des bons contacts avec eux ?", demande-t-on. "Ils nous prennent pour travailler, pas pour prendre de nos nouvelles", cingle Michel Djibo, un Ivoirien.
Sortir, avoir des contacts avec la population ? Trop risqué. Trop humiliant aussi. "Dans les bars, si on commande un café, il nous est servi dans un gobelet en plastique. Comme si on avait la maladie." Mamadou, Ivoirien, a des larmes plein les yeux : "La vie est trop difficile ici. Il faut un papier avant de pouvoir commencer à vivre, à travailler, à trouver un logement. Les Noirs vivent mal, mal, très mal. On est malheureux, emprisonnés. Les Italiens nous considèrent comme des chiens. Non, même pas. Les animaux sont mieux traités que nous." Gian Luca Castaldi, qui gère ce centre d'accueil, tente une explication : "Ce n'est pas forcément du racisme de la part des Italiens, mais de l'envie. Pour un jeune du coin, le maximum de l'ambition sociale est d'obtenir une indemnité de chômage. Ils voient arriver des types qui ont risqué leur vie pour faire des boulots dont eux ne veulent même pas. Au fond, ils envient leur courage."
Réduits à une forme d'esclavage, ces immigrés n'ont pas choisi l'Italie par hasard. Des secteurs entiers de l'économie, le bâtiment et l'agriculture, reposent sur l'exploitation des clandestins. Moins ils sont en règle, plus ils sont malléables et corvéables. "Les immigrés continueront à défier toutes les lois, même les plus restrictives, tant qu'ils sauront qu'en Italie il n'y a pas besoin de permis de séjour pour travailler", écrit l'économiste Tito Boeri, dans La Repubblica.
La situation ne fait qu'empirer. Alors que la loi prévoit un délai maximum de vingt jours pour obtenir le renouvellement du permis de séjour, les immigrés doivent désormais attendre entre cinq et dix-huit mois pour obtenir ce document. Volonté délibérée de la part de l'administration de laisser cette population dans la fragilité afin de l'exploiter davantage ? "La loi produit volontairement la clandestinité. C'est une forme de discrimination institutionnelle", répond Shukri Saïd, fondatrice de l'association Migrare, qui a mené une longue grève de la faim pour dénoncer les lenteurs de l'administration.
Directeur de l'institut d'études sociales Cencis, qui ausculte depuis plus de quarante ans la vie des Italiens, le sociologue Giuseppe de Rita assure, lui, que "les Italiens ne sont pas plus racistes que le reste des Européens confrontés à l'immigration, mais sont habités d'un sentiment de supériorité". "Les Napolitains, explique-t-il, ont essayé de rouler les Américains quand ils les ont libérés en 1943. Les Italiens s'imaginent toujours plus forts que les derniers arrivés."
Source : Le Monde
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