mercredi 3 juillet 2024 06:54
dimanche, 12 mai 2024 10:11

CCME au SIEL : une rencontre sur les problématiques de la littérature et de la traduction dans le rapprochement culturel Spécial

Dans le cadre des activités du Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger à l'occasion de la 29ème session du Salon international de l'édition et du livre de Rabat, le pavillon commun a accueilli, samedi 11 mai 2024, une rencontre sur le thème « Le Maroc et l'Espagne. Littérature et traduction : un langage universel ». Il s’agit d’une discussion ouverte, « Une Carte blanche » donnée à l’écrivain Hispano-marocain Mohamed El Morabet à laquelle ont été invités Rocío Rojas Marcos, essayiste et professeure au département d’études arabes et islamiques de l’Université de Séville et Gonzalo Fernández Parrilla, professeur d’études arabes et islamiques de l’Université Autonome de Madrid.

La rencontre a pu mettre la lumière sur les différentes dimensions de la littérature et de la traduction entre le Maroc et l'Espagne, et à analyser les genres littéraires traduits afin d'explorer les moyens de rapprocher les cultures des deux pays qui ont déjà plusieurs traits en commun.

En ce sens, les participants ont été unanimes sur l'importance de la traduction pour inscrire le texte dans la culture à partir de laquelle il a été traduit, un acte à même de briser les barrières entre les nations et de permettre à chaque culture d’accéder au concours des littératures mondiales. Ils citent l’exemple de Kalila wa Dimna, qui, grâce à la traduction, est devenue une partie intégrante de la culture espagnole, car « la littérature locale est écrite par des écrivains, tandis que la littérature internationale est écrite par des traducteurs », une phrase de l'écrivain José Saramago, cité par M. Gonzalo Parilla.

Rocío Rojas Marcos a, pour sa part, souligné qu'il n'est pas possible de connaître l'autre sans traductions, comme l'Europe actuelle n'aurait pas pu se faire connaître sans les traductions arabes du Moyen Âge.

Mohamed Choukri sur les pas de Don Quichotte ?

Dans son allocution, Mohamed El Morabet compare la présence du personnage de Don Quichotte comme héritage littéraire espagnol dans la culture marocaine et l'absence d'une figure littéraire de cette ampleur dans l'imaginaire espagnol. Analysant ce constat, les deux universitaires espagnols ont estimé que la figure littéraire marocaine la plus proche des Espagnols est le personnage de Mohamed Choukri, qui a rapproché le public espagnol de la culture marocaine par la force de sa littérature et de son narratif. Sauf que les œuvres de Mohamed Choukri ont été traduites en français avant d'être traduit en espagnol, ce qui évoque une autre problématique littéraire entre le Maroc et l’Espagne liée à la langue de traduction.

Lire la littérature marocaine en Espagne passe la plupart du temps par la traduction du français vers l'espagnol. C'est quelque chose qui, même si cela contribue au moins à transmettre des œuvres marocaines au public espagnol, peut changer certains contenus culturels, puisqu’ils passent par un filtre qui change selon le traducteur.

Si Gonzalo Fernández Parrilla pense que cela est dû à la complexité de la traduction de la langue arabe vers la langue espagnole, Rocío Rojas Marcos estime que ce constat historique est surtout lié au positionnement de l’Espagne dans le contient européen, qui l'amène à orienter sa perspective culturelle davantage vers les pays de son continent que vers le Maroc, préférant traduire les œuvres marocaines publiée en France plutôt que des œuvres venant du Maroc.

Quid des écrivains d’origine marocaine en Espagne ?

Selon Gonzalo Fernández Parrilla, les écritures espagnoles d’origine marocaine ont traduit les préoccupations de la communauté : la littérature produite en langue espagnole par les écrivains d'origine marocaine qui a émergé au cours des deux dernières décennies s'est distinguée dans un premier temps par son intérêt pour les questions d'identité, d'enracinement et d'intégration dans le pays d'accueil. Une tendance dont les écrivains marocains en Espagne se seront rapidement « libérés », une fois que ces sujets ont été assimilés et plus ou moins dépassés, pour donner place à des sujets différents.

Une évolution qui peut se présenter comme « naturelle » pour Rocío Rojas Marcos qui estime que dans « toute œuvre littéraire, l’auteur cherche d’abord à expliquer sa position au sein de la nouvelle société ». Un avis que Mohamed El Morabet ne partage pas : « en tant qu'écrivain marocain en Espagne, je ne sais pas à l'avance ce que je vais écrire ni sur quel sujet, j'écris dans le cadre d'une recherche constante du sujet ».

CCME

Consulter sur le site du CCME :

Biographie de Mohamed El Morabet : CCME - Mohamed El Morabet
Biographie de Gonzalo Fernández Parrilla : CCME - Gonzalo Fernández Parrilla
Biographie de Rocío Rojas Marcos : CCME - Rocío Rojas Marcos

Dernière modification le dimanche, 12 mai 2024 10:15
Google+ Google+