L'Ille-et-Vilaine est le 3e département le plus touché par l'afflux de mineurs étrangers sans parents, avec une vingtaine d'arrivées par mois. Le président PS du conseil général, Jean-Louis Tourenne, somme l'Etat de prendre ses responsabilités, avec cet ultimatum : il ne prendra plus d'enfants en charge au 1er janvier.
Dominique Baudis, le nouveau défenseur des droits, a remis en début de semaine au président de la République son rapport sur les droits de l'enfant. Une partie de son travail est consacrée à la question des mineurs isolés étrangers. La France en compte officiellement 6.000. Elle est particulièrement touchée par l'augmentation des arrivées ces dernières années. En tête des départements touchés par cet afflux : Paris, la Seine-Saint-Denis et... l'Ille-et-Vilaine. Le président socialiste du Conseil général, Jean-Louis Tourenne, tire la sonnette d'alarme. Il explique à TF1 News pourquoi il ne peut plus faire face à ce "raz-de-marée" et pourquoi il appelle l'Etat à prendre ses responsabilités.
TF1 News : Combien de mineurs isolés étrangers (MIE) sont venus frapper à la porte du conseil général cette année ?
J-L.T. : Fin octobre, nous étions à 335 mineurs isolés étrangers arrivés dans le département. Quinze jours plus tard nous sommes à 349. Grosso-modo il en arrive une vingtaine par mois. Pour vous donner une idée, en 2000, ils n'étaient que cinq. Depuis le début, nous avons à cœur d'accueillir ces jeunes dans les meilleures conditions possibles, mais là, la situation devient intolérable. On ne sait plus la gérer. Nous avons créé 70 places supplémentaires en famille d'accueil et recruté 11 travailleurs sociaux pour faire face à ce raz-de-marée, mais là, on ne peut plus les accueillir dans de bonnes conditions.
TF1 News : D'où viennent ces mineurs isolés et pourquoi choisissent-ils votre département ?
J-L.T. : La majorité d'entre eux ont entre 14 et 18 ans. 68% viennent d'Afrique, 21% d'Asie, notamment de Mongolie et de Chine, et le reste des pays de l'Est et de l'Afghanistan. Leur arrivée est très organisée en amont. Les passeurs soit leur donnent les adresses de nos centres d'action sociale soit les déposent directement devant.
Avant d'être tentés par l'Ille-et-Vilaine, ils sont tentés par la France qui peut être perçue comme un Eldorado. Ensuite, il y a un certain nombre de centres d'accueil comme Sangatte qui ont été fermés, donc ils vont ailleurs. Comme leur destination finale est très souvent l'Angleterre, ils vont dans des départements qui servent de point de départ. La liaison Saint-Malo/Porthmouth, en Ille-et-vilaine, en fait partie.
TF1 News : Que faites-vous quand un de ces mineurs étranger se présente à vos services ?
J-L.T. : Le conseil général étant responsable de tous les mineurs présents sur son département et qui n'ont plus d'autorité parentale, qu'ils soient étrangers ou pas, nous les accueillons et nous les signalons à une plateforme d'orientation qui est complètement saturée ainsi qu'au procureur de la République. Ce dernier a normalement cinq jours pour se prononcer sur l'orientation que doivent avoir ces enfants. Trois cas sont possibles : ils sont mineurs mais peuvent être rapatriés car on a connaissance de la famille dans le pays d'origine, ils sont mineurs et doivent être placés dans un nos services, ou bien, ils sont majeurs et alors ils ne relèvent plus de nos services.
Le problème, c'est qu'au lieu des cinq jours prévus, cela prend entre trois et six mois car les services de la justice aussi sont encombrés. Du coup, ils font exactement comme les passeurs : ils les déposent devant nos services. Résultat, le département s'occupe de pléthore de jeunes dont il ne devrait pas s'occuper. Et cela a un coût important puisqu'il est de l'ordre de 13 millions d'euros par an.
TF1 News : Aujourd'hui, vous tirez la sonnette d'alarme pour que l'Etat prenne ses responsabilités...
J-L.T. : Oui, l'Etat ne s'inquiète absolument pas de cette question car pour lui le problème est réglé. Il nous dit : débrouillez-vous avec ces jeunes. Or, l'Etat est quand même le premier responsable de ces enfants. C'est l'Etat qui a signé la convention internationale des droits de l'Enfant et qui, par conséquent, a des comptes à rendre à la communauté internationale sur la façon dont ils sont traités. C'est l'Etat qui est responsable de la politique d'immigration, qui exerce les contrôles aux frontières et qui peut éventuellement en reconduire certains. Et c'est l'Etat, enfin, qui détermine quand un mineur devient majeur et comment il doit orienter ses services de justice. Malgré un rapport du préfet Landrieu en 2006, malgré le rapport de la sénatrice Isabelle Debré en 2010, et malgré le dernier rapport de Dominique Baudis, l'Etat n'a jamais assumé toutes ces responsabilités.
TF1 news : Sollicité le 20 octobre sur cette question des MIE lors du Congrès de l'Association des départements de France, le garde des Sceaux a annoncé le lancement prochain d'une réflexion interministérielle. Qu'en est-il depuis ?
J-L.T. : Il est gentil monsieur Mercier, c'est un adepte de la table ronde mais il n'en sort rien. Ce problème n'est pas nouveau. La façon dont il a décidé de régler le problème en Seine-Saint-Denis (ndlr : deuxième département le plus touché par l'afflux de MIE après Paris, avec plus d'un millier de mineurs déjà récupérés en 2011) avec le préfet et le procureur, est inacceptable. Ils ont décidé de dispatcher les enfants sur une dizaine de départements, un seul sur dix restant dans le 93, alors qu'il s'agit d'un problème de solidarité nationale. Nous, départements, acceptons de prendre nos responsabilités, mais l'Etat doit aider aussi, notamment au financement.
TF1 News : Vous avez lancé un ultimatum à l'Etat, disant qu'à partir de la fin de l'année vous ne prendrez plus d'enfant en charge, si rien n'est fait...
J-L.T. : Oui et je le maintiens. A partir de 2012, nous remettrons tous ces enfants directement à la justice, à qui il incombe de prendre des décisions. Nous, on ne peut plus. Matériellement, on n'a plus de place. Ca déborde de partout. A tel point que, malgré nos 850 familles d'accueil, nous ne sommes quasiment plus en mesure aujourd'hui d'appliquer les décisions judiciaires de placement prises pour des enfants originaires d'Ille-et-Vilaine. C'est tout le fonctionnement de l'aide sociale à l'enfance qui se trouve perturbé. Alors, s'il le faut, j'irai devant les tribunaux pour expliquer que l'on a des décisions mais qu'elles sont inapplicables par défaut de moyens.
23/11/2011, Alexandra Guillet
Source : TF1
Notre monde connaît aujourd’hui une triple mutation : démographique et géopolitique d’abord avec la montée des «émergents» que sont la Chine, l’Inde et le Brésil ; éthique ensuite, avec des interrogations sur les impacts sociaux et environnementaux de notre modèle de développement ; structurelle enfin, avec l’avènement de l’économie de la connaissance.
Ces mutations exigent des réponses à l’échelle mondiale qui seront conçues et mises en place par les élites de demain, autrement dit les étudiants d’aujourd’hui. Or, d’après les projections de l’Unesco, le nombre d’étudiants dans le monde aura doublé entre 2000 et 2015, passant de 100 à 200 millions environ, les trois quarts de cette hausse spectaculaire étant dus au seul continent asiatique. Dès lors, il convient de jouer un rôle actif dans la formation de ceux qui deviendront des ambassadeurs de France dans leurs pays mais aussi des repeaters dans le domaine touristique.
La capacité à attirer les meilleurs étudiants de la planète est un facteur déterminant de la puissance d’un Etat. Si nous continuons d’évoluer tout au long de notre vie, la période étudiante est cruciale. C’est alors que se fabrique notre vision du monde par l’acquisition de références philosophiques, politiques et artistiques. Ainsi n’est-il pas surprenant que le journaliste et essayiste indo-américain Fareed Zakaria qualifie, dans son ouvrage (The Post-American World, 2008), le système universitaire américain comme étant «la meilleure industrie des Etats-Unis». En ayant accueilli et formé les meilleurs étudiants du monde, les universités américaines ont été un vecteur de puissance et se trouvent encore aujourd’hui au cœur de la stratégie américaine dite de smart power (puissance intelligente). Car si les rapports de force militaires continuent d’occuper une place centrale dans le monde multipolaire qui se profile, le poids d’un pôle dépend de plus en plus de sa capacité à influer sur les normes qui régissent le monde.
Disposant d’une image attractive auprès des étudiants étrangers, la France est la première destination non anglophone avec près de 280 000 étudiants étrangers. Auparavant troisième, elle se classe désormais en quatrième position derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Aussi, la tentation de repli sur soi, instrumentalisée par une partie de la classe politique, est tout à fait dommageable : elle gangrène le débat démocratique à l’intérieur de nos frontières, elle traduit l’ignorance grave et coupable de nos dirigeants face aux enjeux mondiaux mais surtout elle nuit à l’image de la France. La circulaire du 31 mai restreignant les possibilités pour les diplômés étrangers de poursuivre leur carrière en France s’inscrit dans cette logique qui se donne comme finalité une baisse de l’immigration dans son ensemble. Ce positionnement démagogique est d’autant plus condamnable qu’il revient à séduire l’électorat d’extrême droite.
A rebours de ces tentations regrettables, il convient ainsi de saluer la volonté de la Conférence des grandes écoles de multiplier par trois, d’ici à 2020, le nombre d’étudiants étrangers formés par notre enseignement supérieur. Cette ouverture contribuerait au rayonnement de la France tout en confrontant les décideurs de demain à la complexité et à la diversité des expressions culturelles et politiques de notre monde.
L’accueil accru d’étudiants étrangers suppose néanmoins d’investir dans des infrastructures d’accueil adaptées (logements, transports…) et de recruter des personnels enseignants supplémentaires. Pour y parvenir en dépit du contexte actuel, nous pourrions facturer aux étudiants étrangers les formations de haut niveau. En s’alignant sur les prix mondiaux - atteignant 50 000 dollars pour une année universitaire à Harvard -, on s’apercevrait que l’accueil d’étudiants étrangers accroîtrait les moyens de notre système universitaire, moyens qui pourraient servir en partie à attribuer des bourses aux meilleurs étudiants étrangers sélectionnés mais dont les moyens financiers seraient insuffisants. Une autre partie de ces moyens permettrait de développer des projets académiques ambitieux pour attirer encore davantage les meilleurs étudiants et enseignants-chercheurs, et instaurer ainsi un cercle vertueux.
Par ailleurs, s’il est nécessaire de développer notre capacité à attirer les meilleurs étudiants étrangers, il faut aussi poursuivre les efforts consacrés aux programmes de mobilité des étudiants français. Les bienfaits d’une période d’expatriation, quelle qu’en soit la destination, sont en effet multiples : apprentissage de l’autonomie, enrichissement culturel, rayonnement de la France à l’étranger, prise de conscience de la valeur du modèle français, meilleure compréhension des modèles étrangers… Le programme Erasmus, qui a démocratisé la mobilité des étudiants européens, gagnerait par exemple à être élargi à l’ensemble du bassin méditerranéen. Alors que le continent européen devra faire face au vieillissement de sa population, le gouvernement choisit la stratégie de la petite politique interne pour répondre aux peurs populistes accentuées par la crise. Ce choix constitue d’ailleurs un paradoxe idéologique avec la politique économique du gouvernement qui rejette en bloc les arguments des partisans de la démondialisation et invite la Chine à racheter une partie des dettes publiques européennes. La schizophrénie semble devenir une norme en politique : on s’insurge contre toute mention de protectionnisme économique mais on n’hésite pas à invoquer un protectionnisme en matière de flux migratoires.
Enfin, et c’est peut-être le plus grave, l’image de la France continue à être écornée aux quatre coins du monde. L’image d’un pays en crise sur son identité, mais surtout qui trahit les principes qu’il a autrefois incarnés. Il est légitime de vouloir rompre avec l’arrogance occidentale consistant à vouloir imposer ses vues au monde. Mais cette rupture ne doit pas servir d’alibi pour abandonner les valeurs universalistes à l’origine de notre République ni pour réanimer la théorie culturaliste du «choc des civilisations». Promouvoir les valeurs auxquelles nous sommes attachés en respectant l’autre : voilà la ligne de crête qu’il nous faut emprunter si l’on veut profiter du meilleur point de vue.
24/11/2011, El Yamine Soum, Anas Jaballah
Source : Libération
Des représentants d'une soixantaine de pays africains et européens ont adopté mercredi à Dakar une nouvelle stratégie commune de gestion du phénomène migratoire, à l'issue d'une conférence sur l'immigration et le développement, a constaté un journaliste de l'AFP.
La conférence de Dakar, précédée mardi par une réunion d'experts et qui faisait suite à des réunions similaires tenues à Rabat en 2006 et à Paris en 2008, visait à relancer et donner un nouveau souffle au processus eurafricain en matière de migration et de développement solidaire, selon la secrétaire d'Etat française chargée de la Jeunesse et de la vie associative, Jeannette Bougrab.
Il est important que des dispositifs existent pour améliorer l'éducation et la formation des jeunes dans les pays africains. Il ne faut pas que les talents de l'Afrique soit pillés. L'Afrique a un joyau qui est la jeunesse, l'Afrique c'est l'avenir, a-t-elle affirmé à l'AFP.
La réunion de Dakar a évalué le programme de coopération triennal (2008-2011) signé à Paris par les pays membres du processus eurafricain, dit de Rabat, en référence à la première conférence organisée dans la capitale marocaine, selon des participants.
Elle a débouché sur l'adoption d'une nouvelle stratégie, dite de Dakar, qui fixe les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014, selon des documents distribués à la presse.
La Stratégie de Dakar repose sur trois piliers: organiser la migration légale, renforcer les synergies entre migration et développement et lutter contre la migration irrégulière.
Africains et Européens s'engagent avec cette stratégie à atteindre dix objectifs prioritaires, dont la garantie du respect des droits des migrants et des réfugiés, l'amélioration de la mobilisation des transferts d'argent des migrants au bénéfice du développement des pays d'origine, la facilitation des échanges entre les services chargés de la mobilité.
Dakar lance des projets et des initiatives. Il nous appartient dans les discussions (à venir entre Africains et Européens) de voir les moyens de mise en oeuvre, a indiqué le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Madické Niang, lors d'une conférence de presse à l'issue des travaux.
La migration demeure une réalité de plus en plus présente dans les rapports entre l'Afrique et l'Europe qui reste une destination majeure du mouvement migratoire africain, avait-il auparavant estimé.
Les mesures nationales, aussi strictes soient-elles, ne suffisent guère pour maîtriser le problème de la migration iourcerrégulière qui risque de perdurer si on ne créée pas les conditions nécessaires à la fixation des potentiels candidats chez eux, en agissant contre la pauvreté et le chômage persistants, avait-il dit.
23/11/2011
Source : Romandie/AFP
La crise n'a pas réduit l'afflux de travailleurs étrangers outre-Manche, notamment non Européens. Ni leur capacité à trouver du travail : plus flexibles sur les horaires et les salaires, ils sont toujours plus nombreux à exercer une activité, alors que de plus en plus de Britanniques se retrouvent eux au chômage.
L’immigration au Royaume-Uni n’a guère faibli pendant les années de crise avec, cependant, moins d’entrées au motif du travail mais un accroissement très important des entrées d’étudiants.
David Cameron avait promis de traiter la question migratoire dans son ensemble pour qu’il n’y ait pas de report et éviter l’abus du statut d’étudiant. Il n’a manifestement pas réussi. Entre juin 2009 et juin 2010, le nombre d’étudiants ayant reçu un visa est passé de 268 000 à 362 000, soit une augmentation de 35 %.
Si la migration en provenance des nouveaux entrants dans l’Union européenne s’est ajustée à la crise – le solde des entrées et des sorties est désormais très faible -, il n’en va pas de même pour le reste de l’immigration étrangère. Le solde migratoire annuel des étrangers, en moyenne mobiles, était encore supérieur à 200 000 en mars 2010, soit un niveau comparable à celui observé en mars 2006. Le repli de l’immigration en provenance des nouveaux entrants de l’UE a donc eu peu d’effet sur le niveau d’ensemble des flux.
Des travailleurs étrangers plus flexibles
L’Office national de la statistique vient de publier une statistique qui fait scandale. En un an, l’emploi des personnes nées à l’étranger s’est accru de 181 000 alors que celui des Britanniques nés au Royaume-Uni s’est effondré (-311 000). La motivation et l’acceptation d’horaires et de conditions de travail pénibles seraient plus grandes chez ceux qui viennent de l’étranger. Les employeurs trouvent les jeunes Britanniques trop feignants et démotivés.
Ces arguments ne sont pas nouveaux. Les employeurs préfèrent recruter des immigrés plus qualifiés que les natifs, ou alors plus disposés à accepter les conditions de travail et les salaires que ces derniers refusent. En 2008, le rapport de la Chambre des Lords sur l’impact de l’immigration faisait déjà part de ses craintes que ne "se développe une demande spécifique des employeurs pour des immigrants aux exigences faibles en matière de salaire et de conditions de travail". Nous y sommes. En période de crise, la situation semble sans doute encore plus choquante.
Par ailleurs, une pétition lancée par Migration Watch UK demandant à ce que l’immigration soit progressivement réduite afin de revenir à un solde migratoire ne dépassant pas 40 000 a été signée, en une semaine, par 100 000 personnes. Avec les statistiques publiées sur les créations d’emploi par l’ONS, nul doute que la pression va s’accroître sur le gouvernement britannique pour faire baisser l’immigration étrangère.
23/11/2011
Source : Atlantico
Dans le cadre de l'édition 2011 du Forum de Genshagen intitulé "Flux migratoires et intégration : défis nationaux, enjeu européen", la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne ont commandé une enquête d'opinion réalisée parallèlement dans nos deux pays par Harris Interactive et le dimap afin de nourrir la réflexion sur ces questions et l'enrichir du point de vue des citoyens allemands et français.
SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE
L'afflux de migrants en provenance du Maghreb ou encore les prises de position concernant la réintroduction du contrôle aux frontières au sein de l'espace Schengen ont relancé le débat public sur l'immigration et les politiques d'intégration en France comme en Allemagne. Cette actualité a également souligné les difficultés et les contradictions des politiques nationale et communautaire en matière d'immigration et d'asile.
Que pensent les citoyens français et allemands des processus d'intégration des personnes immigrées à l'oeuvre dans leur pays ? Quels sont selon eux les principaux obstacles à une meilleure intégration de ces populations ? Se prononcent-ils pour davantage d'action à l'échelle européenne en matière de politique d'immigration ? Ces réponses reflètent-elles un mouvement de repli national ou appellent-elles à une plus grande harmonisation des politiques d'immigration en Europe ? L'enquête d'opinion commandée par la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne révèle des différences importantes entre nos deux pays, non seulement dans le regard que portent les Français et les Allemands sur les populations immigrées et les mécanismes nécessaires à leur accueil et à leur intégration, mais également dans l'approche de l'immigration et des politiques migratoires dans leur dimension européenne.
Dans l'ensemble, les Allemands sont plus satisfaits des résultats de l'intégration que les Français. 42 % des Allemands interrogés considèrent que l'intégration des personnes immigrées fonctionne plutôt bien en Allemagne, alors que seulement 19 % des Français interrogés sont de cet avis pour leur propre pays. Notons également que seuls 9% des Allemands considèrent que l'intégration des personnes immigrées fonctionne très mal en Allemagne contre 31 % des Français interrogés. En revanche, pour un Allemand sur deux "le manque de volonté des populations immigrées" est l'un des principaux obstacles freinant l'intégration des immigrés au sein de la société tandis que cette réponse n'a été retenue que par 39% des Français interrogés.
Sur quoi faut-il faire porter l'effort en priorité pour améliorer le processus d'intégration dans nos pays ? Une grande importance est donnée en Allemagne à l'apprentissage de la langue (60 %), tandis que les personnes interrogées en France privilégient la connaissance des lois et des traditions du pays d'accueil (44 %). Modèle allemand de la "culture dominante" (Leitkultur) d'un côté, modèle républicain de l'autre ? Dans les deux pays, plus le niveau d'études des personnes interrogées est élevé, plus la nécessité d'améliorer l'intégration scolaire des populations immigrées est mise en avant. Par ailleurs, un Allemand sur quatre et un Français sur trois sont convaincus que leur pays n'a pas besoin d'immigration. Cette opinion est surtout répandue chez les personnes plus âgées et à faible niveau d'études.
En revanche, pour une nette majorité des enquêtés, la France et l'Allemagne sont des pays d'immigration. Français et Allemands affirment de manière unanime que la diversité culturelle et la responsabilité humanitaire constituent les arguments les plus importants en faveur de l'immigration. Cependant, les enjeux propres aux contextes nationaux – par exemple le poids du vieillissement démographique en Allemagne ou encore les difficultés d'accès au marché du travail en France – se reflètent dans les résultats de l'enquête. Ainsi l'immigration est-elle davantage perçue par les personnes interrogées en Allemagne comme une réponse au manque de main d'oeuvre qualifiée et comme un facteur d'équilibre des systèmes sociaux.
En outre, quel échelon est le plus pertinent aux yeux des Français et des Allemands pour faire face aux enjeux de l'immigration ? 50 % des Allemands se prononcent en faveur de compétences communautaires renforcées en matière de politique d'immigration, contre 45 % des Français qui estiment que la politique d'immigration devrait plutôt être du ressort de l'Union européenne.
A cette occasion, la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne ont également interrogé des échantillons représentatifs des populations allemande et française au sujet de la relation franco-allemande.
La France et l'Allemagne sont citées par 75 % des Allemands et 80 % des Français comme étant les principaux partenaires l'un pour l'autre au sein de l'Union européenne. Les Français et les Allemands divergent cependant sur l'avenir de l'Union européenne. Alors que les Allemands sont très partagés sur la question de la répartition future des pouvoirs entre le niveau communautaire et celui des Etats membres au sein de l'Union, une majorité relative des Français (40 %) se prononcent en faveur du maintien du statu quo actuel. Dans les deux pays, ce sont surtout les jeunes dont le niveau d'études et le revenu mensuel sont élevés, ainsi que les générations de l'après-guerre, contemporaines des débuts de la construction européenne, qui souhaitent un approfondissement de l'intégration européenne.
23/11/2011, Fondation Genshagen et Institut Montaigne
Source : Le Monde
Nicolas Sarkozy, le 24 octobre 2005, déclarait au Monde : "Je ne trouve pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter lors des élections municipales. J'ouvre un débat en faveur d'une mesure que je pense juste." Et comme il y a plusieurs droites à droite, une certaine "droite libre", "mouvement libéral-conservateur associé à l'UMP", lance sa propre pétition, associant, pour faire grand peur aux Français, danger islamiste et droit de vote des immigrés.
Et pourtant, recroquevillées dans leur château élyséen, nos droites se trompent en imaginant nos concitoyens plus xénophobes qu'ils ne le sont. Un sondage Harris Interactive réalisé les 28 et 29 octobre montre qu'une fois qu'ils ont été informés que les étrangers issus des pays membres de l'UE, installés en France, ont le droit de vote aux élections municipales (et européennes), 59 % se déclarent favorables à l'extension de ce droit aux étrangers résidents non-membres de l'UE. Et 56 % s'affirment également favorables à ce que tous les étrangers vivant en France puissent prendre part à l'ensemble des élections locales, contre 41 % qui s'y opposent.
L'octroi de ce droit, qui concerne plus de 3 millions de personnes, est sacrifié par la droite sur l'autel d'un nationalisme d'un autre temps. Nous sommes entrés dans une ère postnationale, où la citoyenneté ne peut plus être l'apanage des seuls nationaux. C'est en vain, nous l'espérons, que nos droites chauvines tentent de relancer leurs vieilles rengaines au parfum de terroir, pour occulter leur incapacité à innover. Quand le pays est au bord du gouffre, elles ne trouvent à nous servir que des poncifs éculés, espérant divertir le peuple, au lieu de lui insuffler énergie et espoir. Glorifier le passé - celui de la nation - ne "coûte pas cher". Construire l'avenir exige plus de volontarisme et d'inventivité.
L'intégration, tout le monde en parle ! Mais il ne saurait y en avoir sans que la société d'accueil s'engage, de son côté, à "intégrer". Or l'octroi du droit de vote serait, de ce point de vue, un acte positif. Il démontrerait à ceux, venus d'ailleurs, qui travaillent pour faire tourner la machine économique, qui élèvent leurs enfants dans notre pays et qui y paient leurs impôts, que les "nationaux" les reconnaissent comme leurs égaux et leur demandent à ce titre de participer à la vie de la République.
On sort là de la très théorique promotion de l'"égalité des chances", ce dernier loto à la mode. C'est par le vote, d'abord, qu'on responsabilisera les immigrés résidant en France depuis au moins cinq ans, et au-delà, par l'exemple, leurs propres enfants, 23 % des Français issus de l'immigration déclarant ne pas être inscrits sur les listes électorales, contre 7 % des Français "d'origine". Une manière aussi, pour eux, de faire entendre leurs voix pour faire changer leur condition au quotidien et sensibiliser leurs concitoyens à leurs problèmes. Mettons plus de République dans l'immigration et plus d'immigration dans la République. C'est la démocratie qui y gagnera.
Le traité de Maastricht, en 1992, ébauchait la notion de citoyenneté européenne en accordant le droit de vote et l'éligibilité aux élections locales et européennes aux résidents étrangers des pays membres de l'UE. Ce n'est qu'aux élections municipales de 2001 que la France, traînant les pieds jusque-là, appliquera ce principe. Une certaine droite, à nouveau, freine des quatre fers, distinguant cette fois entre "bons" et "mauvais" résidents étrangers. Une discrimination flagrante que la France reste un des derniers pays européens à pratiquer.
Le droit qu'on prétend discuter encore faisait déjà partie des "110" propositions de François Mitterrand, candidat socialiste à la présidentielle de 1981. Presque vingt ans plus tard, entre octobre 1999 et janvier 2000, quatre propositions de loi sont déposées à l'Assemblée nationale par la gauche plurielle. Les Verts, qui, sur cette question, sont en première ligne depuis 1981, signent la première, qui sera discutée en séance publique, en avril 2000, et c'est le député Noël Mamère qui en est le rapporteur.
La loi est adoptée par l'Assemblée le 3 mai 2000, sous le gouvernement de Lionel Jospin. Elle ne permet pas aux étrangers non communautaires d'exercer les fonctions de maire ou de maire adjoint, ni de participer à la désignation des grands électeurs et à l'élection des sénateurs. La majorité sénatoriale, dominée par l'UMP, refuse de l'examiner. Cette majorité a basculé. Et cette même loi est désormais inscrite à l'ordre du jour du Sénat, conformément à l'engagement pris par son nouveau président socialiste, Jean-Pierre Bel. Elle sera discutée le 8 décembre. Et c'est à nouveau une parlementaire Europe Ecologie-Les Verts, Esther Benbassa, qui en sera la rapporteure.
Il serait choquant que ce projet ne réunisse pas, au-delà de la gauche et du centre, une bonne partie des suffrages de la droite républicaine. L'enjeu est clair : ce vivre-ensemble qui nous fait tant défaut, et que la participation politique peut contribuer à créer. Ne laissons pas une nouvelle fois passer le coche.
En Angleterre, des immigrés siègent dans les conseils municipaux dès les années 1970, les élites locales ayant compris l'intérêt de toucher ces nouvelles composantes de la population ; ces élus allaient jouer les intermédiaires pour les atteindre. Dans les années 1990, dans certaines villes, ils sont parfois même surreprésentés par rapport à leur poids démographique. Dans le même temps, le nombre croît de descendants d'immigrés, britanniques de plein droit, qui siègent au Parlement. Et, depuis le scrutin de 2007, la Chambre des communes en compte 14, auxquels s'ajoutent 22 lords et quatre députés européens.
Même si ce résultat-là reste modeste, il est plus élevé que chez nous, qui tardons, par conservatisme et en raison du cumul des mandats, à ouvrir nos assemblées aux Français dont les racines ne plongent pas dans le terroir. Nos élites ont besoin de diversité pour se renouveler. Et dans cette direction le droit de vote et d'éligibilité des immigrés non européens aux élections locales sera, si nous le voulons, un premier pas décisif.
23/11/2011, par Esther Benbassa (Editorial)
Source : Le Monde
Une délégation marocaine a pris part, mardi à Dakar, aux travaux de la 3ème "Conférence ministérielle euro-africaine sur la Migration et le Développement" qui connait la participation des ministres en charge de la migration dans les pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe.
Des représentants des ministères des affaires étrangères, de l'Intérieur et celui chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger ont entamé les travaux de cette rencontre par une réunion préliminaire de hauts fonctionnaires devant soumettre le document "stratégie de Dakar" à la rencontre des ministres compétents en matière de migration des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe qui devra se réunir ce mercredi.
Baptisée aussi "Processus de Rabat", la première Conférence ayant été tenue dans la capitale du Royaume en juillet 2006, cette manifestation euro-africaine procédera à l'évaluation du "Programme de Coopération Triennal de Paris" (2008-2011), ainsi qu'à l'adoption d'une nouvelle stratégie qui fixera les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014.
Cette 3ème conférence s'inscrit dans le cadre du "Processus de Rabat" qui a jeté les jalons de cette coopération Nord-Sud sur la question de la migration et qui a eu le mérite de développer une approche globale associant la lutte contre la migration illégale et la question du développement dans les pays du sud, a indiqué le chef de la délégation marocaine, Mohamed Bernousi, secrétaire général du ministère chargé des affaires de la communauté marocaine à l'étranger.
L'un des importants volets de cette conférence porte sur l'implication de la diaspora dans le développement des pays d'origine à travers des mécanismes appropriés, a souligné M. Bernousi, assurant que la délégation marocaine est très sollicitée par les partenaires du Processus compte tenu de l'expérience marocaine dans ce domaine.
Dans un contexte marqué par les drames humanitaires causés par les flux croissants de migrants en situation irrégulière depuis l'Afrique sub-saharienne vers l'Europe, les ministres de plus d'une cinquantaine de pays d'origine, de transit et de destination se sont réunis pour la première fois en 2006 à Rabat afin de répondre aux questions soulevées par les enjeux migratoires.
Les vues convergentes exprimées lors de ces assises ont révélé la nécessité d'appréhender les questions migratoires de façon équilibrée et dans un esprit de responsabilité partagée.
La déclaration et le Plan d'action adoptés lors de la Première Conférence de Rabat, témoignent d'un partenariat novateur caractérisé par une vision commune qui a jeté les bases d'un partenariat étroit entre les pays concernés par la "route migratoire africaine" comprenant les flux migratoires vers l'Europe en provenance du nord, du centre et de l'ouest du continent noir.
Deux ans plus tard, la deuxième Conférence Euro-Africaine sur la Migration et le Développement, organisée cette fois ci à Paris en 2008, confirmait la vitalité du "processus de Rabat" et opte pour l'adoption d'un ambitieux programme de coopération triennal (2008-2011) financé par l'Union Européenne et l'Agence Espagnole de la Coopération International et du Développement.
La troisième conférence ministérielle Euro-Africaine sur la migration et le développement de Dakar intervient dans la continuité des deux premières afin d'évaluer la mise en oeuvre du programme de coopération et paver la route de la coopération future en matière de migration.
En parallèle à cette manifestation, un réseau des sociétés civiles du Nord et du Sud organise, depuis lundi à Dakar, un "Contre sommet citoyen". Une initiative qui se veut une tribune pour interpeller les officiels de la 3ème Conférence de Dakar sur la question de la migration et des droits des migrants et personnes déplacées.
Mobilisés autour du slogan "Des ponts, pas des murs", les voix de ce sommet citoyen ont concordé pour dénoncer "les conséquences de la politique européenne d'immigration et proposer des alternatives à une Europe qui se transforme en forteresse, une Europe source de déséquilibre entre le Nord et le Sud".
22/11/2011
Source : MAP
Quelque 150 ressortissants maliens faussement accusés par le nouveau pouvoir en Libye d'avoir été des mercenaires de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, sont rentrés mardi à Bamako et ont livré à l'AFP des témoignages accablants sur la manière dont ils ont été traités.
Ces Maliens, "accusés de mercenariat par les rebelles devenus nouvelles autorités libyennes" du Conseil national de transition (CNT), "ont été emprisonnés", a déclaré un responsable des services de la protection civile de Bamako, venu les accueillir à leur retour par un vol spécial de l'Office internationale des migrations (OIM).
"Après enquête, la Libye a su qu'ils n'étaient que de simples travailleurs et ils viennent d'être libérés", a-t-il ajouté,
Plusieurs de ces Maliens rapatriés ont affirmé à l'AFP avoir été "victimes de brutalité, de racket, d'injures" en Libye.
"Pour les rebelles libyens, tout ce qui est Noir est mercenaire de Kadhafi. Moi j'étais chez moi, ils sont venus m'arrêter et on m'a emprisonné", a ainsi témoigné l'un d'eux, Ali Kéita.
"Moi, avant de m'emprisonner parce que, pour eux, j'étais un mercenaire, ils ont volé mon argent, près de 600.000 FCFA (un peu moins de 1.000 euros) et mon portable. Vraiment, ils ont été méchants", confirme Samuel, seul catholique du groupe.
Selon un autre témoignage, tous les Maliens arrêtés se sont retrouvés dans une prison insalubre plusieurs semaines, avant de pouvoir rentrer.
"En prison, on avait deux morceaux de pain par jour, on ne voyait pas le soleil", raconte Mamoud Kanté, ajoutant: "Un jour, un militaire libyen pris de peur parce qu'on se dirigeait vers lui a même tiré sur nous et il y a eu des blessés".
Dans la cour de la direction de la protection civile de Bamako où ils ont été amenés, l'un de ces Maliens présente des signes de démence. "Oui, ce jeune touareg est fou, il est très traumatisé, et dès qu'il voit un homme en tenue militaire, il a peur", explique un agent de la protection civile.
"Vraiment, au temps de Kadhafi, c'était mieux. Même si les militaires de Kadhafi étaient parfois méchants, c'était mieux. Aujourd'hui, les +nouveaux militaires+ nous traitent comme des chiens", estime Bréhima Touré, autre Malien rapatrié de Libye.
"Il y a beaucoup d'autres Africains en prison en Libye. Il faut que l'Afrique pense à eux. Sinon, ils vont mourir ", ajoute-t-il.
22/11/2011
Source : AFP
Le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a plaidé mardi, pour l'octroi de la nationalité italienne aux enfants d'immigrés nés en Italie, appelant le parlement à adopter une loi dans ce sens.
"Il est insensé que les enfants d'immigrés qui sont nés en Italie ne peuvent devenir des citoyens italiens", a déploré le chef de l'Etat italien, estimant que l'octroi de la nationalité à ces personnes est "un droit fondamental parmi leurs droits".
"J'espère que le Parlement abordera également cette question. Le nier est une vraie folie, une absurdité. Ces enfants ont cette aspiration", a souligné Giorgio Napolitano lors d'une rencontre avec une association religieuse, au siège de la présidence italienne.
Dans ce cadre, le chef de l'Etat italien s'est félicité de la création pour la première fois, en Italie, par le Premier ministre, Mario Monti, d'un ministère de la coopération et de l'intégration sociale, en charge notamment, de l'immigration.
Le président Napolitano a émis le vÂœu que "cette initiative fasse prendre conscience de la nécessité d'insuffler une énergie nouvelle à une société (italienne) gagnée par la vieillesse (...)".
Le projet de loi accordant la citoyenneté aux enfants d'immigrants qui sont nés et ont grandi en Italie avait rencontré l'opposition du gouvernement précédent de Silvio Berlusconi, où siégeait la Ligue du nord, un parti autonomiste et anti-immigration.
Vendredi dernier, le leader du parti démocratique (gauche), Pierluigi Bersani, a évoqué cette question lors du débat sur le programme du gouvernement Monti.
"Chers membres de la Ligue, nous avons des centaines de milliers d'enfants d'immigrés qui paient les impôts, vont à l'école, parlent l'italien, et qui ne sont ni immigrés, ni Italiens et ne savent pas qui ils sont. C'est une honte", avait-il, alors déploré. 22/11/2011
Source : Agence algérienne (APS)
Sommet citoyen de Dakar: près de 14.000 africains morts sur les routes de la migration clandestine
Près de quatorze mille africains sont morts en empruntant les routes périlleuses de la migration clandestine vers l'Europe entre 2006 et 2011, ont annoncé des acteurs des sociétés civiles réunis lundi à Dakar dans le cadre d'un "sommet citoyen des sociétés civiles du Nord et du Sud sur la migration".
"Que font les Etats africains pour protéger leurs ressortissants, alors que les pays européens ne lésinent pas sur les moyens pour obtenir la libération d'un seul de leurs concitoyens enlevé", s'est insurgé le coordonnateur de la manifestation, Mamadou Diouf qui déplore que des milliers d'africains sont réduits à l'errance et aux souffrances sur les routes de la migration clandestine à travers les déserts et la périlleuse traversée de la mer pour rejoindre les côtes européennes.
Par ce "contre sommet", le réseau des sociétés civiles du Nord et du Sud veulent ériger une tribune pour interpeller les officiels qui feront le déplacement à Dakar sur la question de la migration, des droits des migrants et personnes déplacées et déposer un mémorandum à la Conférence des Ministres.
La 3eme "Conférence ministérielle euro-africaine sur la Migration et le Développement" se tient, mardi et mercredi à Dakar, avec la participation des ministres compétents en matière de migration des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe.
Lors de ce rassemblement d'acteurs associatifs du Nord et du Sud mobilisés autour du slogan "Des ponts, pas des murs", les voix ont concordé pour dénoncer "les conséquences de la politique européenne d'immigration et proposer des alternatives à une Europe qui se transforme en forteresse, une Europe source de déséquilibre entre le Nord et le Sud".
Les critiques ont particulièrement fusé contre le "Frontex" (l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l'Union) qui s'étend des côtes nord du Maghreb jusqu'à celle de l'Afrique de l'Ouest.
Les intervenants ont estimé que ce dispositif onéreux s'avère inefficace en se référant à la récente déferlante des migrants clandestins sur les côtes sud de l'Italie à partir de la Tunisie avec le lot de drames habituels.
Ils ont ainsi appelé à la suppression du Frontex qui s'est avéré inefficace et affecter plutôt son budget colossal à des projets de développement dans les pays du sud. Depuis que le Frontex a commencé à s'ériger en édifice entre l'Europe et l'Afrique, les migrants ont trouvé d'autres issues comme les pirogues qui empruntent la mer sur des distances de plus en plus longues avec un risque encore élevé, a-t-on expliqué à ce sujet.
Les organisations de la société civile ont également traité des accords de Cotonou sur la migration et particulièrement en son article 13 sur la réadmission des migrants clandestins refoulés.
Selon les activistes de la société civile, cet accord signé par l'Union Européenne et les pays ACP (Afrique-Caraïbes, Pacifique) est abusif pour les pays du sud qui sont obligés d'accepter la clause de la réadmission pour accéder à l'aide au développement.
Pour eux, l'aide européenne au développement ne doit pas être conditionnée au contrôle des flux migratoires, elle doit procéder d'une vision de solidarité et d'équité.
Par ce contre sommet, il s'agit de promouvoir une approche "Migration et développement " fondée sur les intérêts mutuels des migrants, des sociétés et des populations laborieuses du Nord et du Sud, indiquent les organisateurs, précisant que le contre-sommet de Dakar vise aussi à témoigner de "la mobilisation constante et sans faille des sociétés civiles face aux politiques migratoires des pays de l'Union Européenne".
Il est prévu que les travaux du sommet citoyen seront sanctionnés par un mémorandum qui sera adressé aux participants à la 3eme "Conférence ministérielle euro-africaine sur la Migration et le Développement".
Baptisée aussi "Processus de Rabat", la première conférence ayant été tenue dans la capitale du Royaume en juillet 2006, cette manifestation euro-africaine procédera à l'évaluation du "Programme de Coopération Triennal de Paris" (2008-2011), ainsi qu'à l'adoption d'une nouvelle stratégie qui fixera les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014.
22/11/2011
Source : MAP
Plusieurs rappeurs, comme La Fouine, Oxmo Puccino, Sefuy et Soprano, racontent leur premier contrôle policier dans la vidéo diffusée par le Collectif contre le contrôle au faciès. Ils ont visiblement de quoi nourrir leur récit: selon l'étude du CNRS «Police et Minorités Visibles : les contrôles d’identités à Paris» citée sur le site du collectif, «le fait d’avoir la peau noire entraîne un risque d’être contrôlé 3,3 à 11,5 fois supérieur selon les sites, et le fait d’avoir le type Maghrébin un risque 1,8 à 14,8 fois supérieur».
Pour l'égalité de traitement, le collectif a lancé une «action nationale, contre les contrôles d'identité abusifs»: «A chaque contrôle hors véhicule et sans motif, retenez la date, l’heure, le lieu, le contexte du contrôle, le motif annoncé, le déroulement et le comportement du policier», est-il expliqué sur le site. Il faudra ensuite envoyer toutes ces informations par SMS au 07 60 19 33 81, et «le Collectif vous rappellera en 24 heures pour faire valoir vos droits».
D'autres témoignages d'artistes ou de sportifs devraient suivre.
Le 29 octobre, une journée «Vos papiers» avait été organisée par les Indivisibles pour montrer l'inégalité des contrôles policiers. Le collectif demande une modification de l’article 78.2 du code pénal pour permette un recours en cas de discrimination lors d'un contrôle policier.
21/11/2011
Source : Libération
Avec 16 Marocains, 1 Algérien et 1 Tunisien naturalisés, l’Afrique du Nord concentre la majorité des demandes, devant l’Afrique subsaharienne : Congo, Mali, Cameroun…
Ils sont 116 cette année à avoir demandé et obtenu la nationalité française par la procédure de naturalisation. Cela représente un tiers des demandes déposées.
«La patrie, ce n’est pas seulement une carte d’identité et des droits. Ce sont aussi des devoirs et une adhésion du cœur et de l’esprit. » Hier, le préfet de l’Oise, Nicolas Desforges, a remis leur décret de naturalisation à 45 nouveaux Français. Appareils photo en main et sourire aux lèvres, ils laissent éclater leur joie et quelques-uns entonnent même « la Marseillaise ».
« Je suis heureux, c’est un grand jour pour moi », lâche l’un de ces nouveaux citoyens français.
Au 31 octobre, 116 personnes (les 45 nouveaux Français compris) ont vu leur demande acceptée par la préfecture de l’Oise alors que 333 sollicitaient la nationalité française. C’est un dossier sur trois en moyenne. « Il faut résider dans le pays depuis au moins cinq ans, sauf pour les réfugiés, pour lesquels cela peut être plus rapide, rappelle Sophie Deloison, chef du service immigration. Il faut prouver que l’on est bien intégré en France et qu’on y travaille. Ainsi un étudiant ne peut pas faire de demande. »
Une majorité d’origine africaine
Avec 16 Marocains, 1 Algérien et 1 Tunisien naturalisés, l’Afrique du Nord concentre la majorité des demandes, devant l’Afrique subsaharienne : Congo, Mali, Cameroun… « On reçoit beaucoup de demandes de personnes d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Asie. Mais quasiment jamais des continents américains », analyse Sophie Deloison.
Selon la responsable, il existe deux profils types : d’un côté, des jeunes « qui sont arrivés en France après les années 1970 dans le cadre du regroupement familial » et qui font la demande de naturalisation une fois acquis la majorité et un travail. De l’autre, des personnes plus âgées qui ont fait le choix de venir travailler en France, « qui sont là depuis très longtemps et se décident un jour à devenir françaises ». Dans tous les cas, il se passe plus de six mois entre le dépôt de la demande et la décision de la préfecture.
22/11/2011, Adeline DABOVAL
Source : Le Parisien
La soprano marocaine Samira Kadiri et le poète, chercheur et traducteur palestinien Mohamed Hilmi Erricha ont été nommés personnalités de l'année 2011 dans le domaine culturel par le journal australien "The migrant".
L'artiste marocaine a été notamment récompensée pour ses actions au sein de la société civile marocaine et pour son parcours artistique qui est un message de dialogue et de cohabitation entre les peuples ainsi que pour sa gestion de la culture dans plusieurs pays.
Le poète palestinien a été primé en reconnaissance de son parcours de créatif foisonnant puisqu'il a publié 14 recueils de poèmes.
Il a été distingué aussi pour avoir traduit trois ouvrages de la poésie internationale.
"The migrant" a également désigné la militante yéménite Tawakkol Karman "personnalité de l'année" dans le domaine de la paix car elle est la première femme arabe à avoir remporté le prix Nobel de la paix.
21/11/2011
Source : MAP
Après avoir assaini ses comptes, le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) du Maroc veut accélérer sa transformation en banque universelle. Première étape : se rapprocher de la diaspora en ouvrant des bureaux à l’étranger.
Vendredi 21 octobre, Ahmed Rahhou a franchi une nouvelle étape. Patron du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) depuis 2009, il a inauguré à Marseille (France) le premier bureau de représentation de la banque à l’étranger. Avec l’espoir de grappiller quelques points de part de marché à ses grands concurrents : Attijariwafa Bank, Banque populaire et BMCE Bank. « La cible des Marocains résidant à l’étranger est stratégique : 20 % des dépôts au Maroc proviennent de cette clientèle. Notre objectif est de faire grimper notre part de marché à 2 % ou 3 % », explique Ahmed Rahhou.
À l’image de son patron, le CIH reste modeste. Fort de son partenariat avec le français BPCE, deuxième actionnaire de référence avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), il entend simplement déployer quelques bureaux en France afin d’établir des liens directs avec la clientèle marocaine. En réduisant au minimum le coût et les risques, la stratégie paraît gagnante, d’autant que la banque s’appuie sur des offres de transfert d’argent gratuit, d’aide à l’acquisition de biens immobiliers et, bientôt, de garantie de caution pour les étudiants marocains.
Après avoir assaini ses comptes, le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) du Maroc veut accélérer sa transformation en banque universelle. Première étape : se rapprocher de la diaspora en ouvrant des bureaux à l’étranger.
Vendredi 21 octobre, Ahmed Rahhou a franchi une nouvelle étape. Patron du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) depuis 2009, il a inauguré à Marseille (France) le premier bureau de représentation de la banque à l’étranger. Avec l’espoir de grappiller quelques points de part de marché à ses grands concurrents : Attijariwafa Bank, Banque populaire et BMCE Bank. « La cible des Marocains résidant à l’étranger est stratégique : 20 % des dépôts au Maroc proviennent de cette clientèle. Notre objectif est de faire grimper notre part de marché à 2 % ou 3 % », explique Ahmed Rahhou.
À l’image de son patron, le CIH reste modeste. Fort de son partenariat avec le français BPCE, deuxième actionnaire de référence avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), il entend simplement déployer quelques bureaux en France afin d’établir des liens directs avec la clientèle marocaine. En réduisant au minimum le coût et les risques, la stratégie paraît gagnante, d’autant que la banque s’appuie sur des offres de transfert d’argent gratuit, d’aide à l’acquisition de biens immobiliers et, bientôt, de garantie de caution pour les étudiants marocains.
21/11/2011, Frédéric Maury
Source : Jeune Afrique
Le Marocain Abdelilah Es Sabbar et son école des champions olympiques de Taekwondo ont marqué encore une fois l'histoire du Taekwondo québécois en s'adjugeant récemment le trophée de finaliste dans la catégorie Evénement sportif par excellence, lors de la 7ème édition du Grand Montréal Métropolitain (GMM) de Taekwondo.
Cet évènement tant attendu par le milieu sportif amateur, rend hommage à ceux et celles qui se sont distingués par leurs accomplissements sportifs entre le 1er septembre 2010 et le 31 août 2011.
Organisée par l'Ecole des Champions Olympiques de Taekwondo en collaboration avec l'Association Canado-Marocaine de la Promotion du Taekwondo, cette septième édition a accueilli des athlètes de différents âges et grades provenant de la grande région montréalaise ainsi que de la province québécoise.
C'est grâce à la qualité de son entraînement auprès des jeunes athlètes et à l'excellence de son leadership dans le domaine du Taekwondo que l'école des Champions olympiques a su, au cours des années, laisser sa marque sur la scène sportive aux niveaux régional et provincial.
L'école est affiliée à la Fédération québécoise de Taekwondo, à la Fédération canadienne de Taekwondo, la Fédération panaméricaine de Taekwondo ainsi qu'à la Fédération mondiale de Taekwondo.
Es Sabbar, ceinture noire gradée sixième dan, a fait ses débuts au Maroc avant de fonder en 2001, une année après son arrivée à Montréal, l'école des champions olympiques de Taekwondo qui compte aujourd'hui plus de quatre-vingt élèves.
Natif de Rabat, Abdelilah Es Sabbar, ancien membre de l'équipe nationale olympique marocaine de Taekwondo WTF et médaillé d'or national en 1982.
En 2002, il remporte la médaille d'or à la Coupe Chong Lee. De l'est à l'ouest du Canada, sa réputation ne tardera pas à se faire. Maître Es Sabbar fait actuellement partie de la troisième génération de Taekwondo au Québec, la première étant représentée par Maître Chong Lee (9ème Dan), fondateur de Taekwondo au Canada, et la deuxième par Maître Guy Labatt (7ème Dan).
Fondateur de l'Association canado-marocaine de promotion du Taekwondo, Maître Es Sabbar se consacre particulièrement à la formation des jeunes au Taekwondo et met également son savoir et sa compétence au service de programmes municipaux de prévention de la violence et de la délinquance juvénile.
21/11/2011
Source : MAP
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