dimanche 7 juillet 2024 08:31

Un ancien reporter d'origine philippine du Washington Post, lauréat du prix Pulitzer de journalisme pour sa couverture de la fusillade de l'université de Virginia Tech en 2007, a révélé, hier, qu'il vivait en immigré clandestin aux Etats-Unis depuis 20 ans. Jose Antonio Vargas, 30 ans, a annoncé la nouvelle dans un article du New York Times Magazine. Arrivé à l'âge de 12 ans sur le sol américain, le journaliste raconte que quatre ans plus tard, alors qu'il tentait d'obtenir un permis de conduire, un fonctionnaire lui avait ordonné de quitter les lieux au motif que ses papiers étaient faux. «Ces 14 dernières années, j'ai été diplômé du lycée et de l'université, j'ai bâti une carrière de journaliste et j'ai interviewé certaines des figures les plus célèbres de ce pays», écrit-il. «Je me suis créé une vie parfaite en surface, j'ai vécu le rêve américain», poursuit-il. «Mais je suis et je reste un sans-papiers. Et cela signifie vivre une réalité différente (...) Cela signifie vivre avec la peur d'être découvert. Cela signifie n'avoir confiance en quasiment personne.» Jose Antonio Vargas, qui a quitté le Washington Post en 2009 pour rejoindre durant quelque temps le Huffington Post, dit faire aujourd'hui ces aveux pour «ne plus fuir» qui il est.

23/6/2011

Source : Infosoir

L’Union européenne a décidé ce vendredi soir de renforcer de façon drastique les contrôles de l’immigration à ses frontières, mais de façon temporaire et exceptionnelle.

Face à l’arrivée massive de clandestins venus de Tunisie et de Libye, les Vingt-Sept se sont octroyés la possibilité de rétablir des contrôles à leurs frontières nationales en cas de pression exceptionnelle.

Cécilia Malmström, la commissaire européenne en charge de l’Asile et des Migrations, s’est inquiètée des risques de dérive sécuritaire, dictée par les partis d’extrême droite et les mouvements populistes de plus en plus actifs dans l’Union européenne.

C’est le Danemark qui avait lancé le mouvement en menaçant de rétablir unilatéralement ses frontières

Mais Copenhague dit n’avoir aucune intention de remettre en cause l’espace Schengen dans son principe de libre circulation des personnes.

Lars Løkke Rasmussen, le Premier ministre danois : “si les frontières extérieures sont sous forte pression, nous devons pouvoir profiter d’une exception, de façon aussi à ce que les gens continuent de soutenir cette idée générale de Schengen.”

Le président français Nicolas Sarkozy a été le fer de lance de ce repli européen, proposant que les pays d’Afrique du Nord s’engagent à reprendre les migrants partis illégalement de leur territoire.

24/6/2011

Source : euronews

Nous avons construit ce rêve selon les exigences de l'immigration. Nous avons été choisies sur la base de notre niveau d'études, de notre profession et de notre connaissance du français.

Nous sommes des intellectuelles, nous travaillions, et pour beaucoup, nous parlons français. Nous avons obtenu les points nécessaires; on nous a assuré que le Canada avait besoin de nous. Ça tombait bien, nous avions aussi besoin du Canada. De sa qualité de vie et de sa tolérance. Nous nous sommes donc lancées dans la grande aventure de l'immigration.

Après trois ans d'attente, partagées entre l'appréhension et l'enthousiasme à la perspective des grands espaces canadiens, nous avons reçu notre billet d'entrée au paradis. Nous avons vite appris que ce n'était pas une simple balade qui commençait, mais un parcours de combattante.

D'abord, nous avons assisté à la séance d'information du ministère de l'Immigration, puis nous avons été référées au centre local d'emploi qui nous a envoyées au bureau des équivalences. Trois mois plus tard, nous avons reçu une lettre nous informant que notre diplôme avait perdu une partie de ses crédits en touchant le sol québécois.

Mais, ne nous décourageant pas, nous avons décidé de retourner à l'école, afin de retrouver les crédits perdus. Lors de notre inscription à l'université, nous avons appris qu'il était probable que ce retour aux études prenne plus d'un an et que l'équivalence émise précédemment ne serait pas reconnue. Celles qui en avaient le courage et les moyens ont repris les études et obtenu leur diplôme.

Mais une fois sur le marché du travail, surprise! Quelle est la question la plus fréquente? «Avez-vous de l'expérience pertinente?» Bien sûr! J'ai travaillé plus de 10 ans dans ce domaine dans mon pays d'origine, répondons-nous, naïves. Non! Ces années de notre vie n'existent plus; rayées, oubliées, balayées! L'expérience pertinente, c'est l'expérience canadienne, seulement celle-ci.

Nous comprenons l'importance d'acquérir de l'expérience dans la société d'accueil, mais alors pourquoi nous choisir sur la base de notre profession? Pourquoi nous faire croire que nous constituons un atout? Pourquoi ne pas nous offrir la possibilité d'acquérir cette expérience?

Nous nous sommes donc résignées à chercher un emploi qui ne correspond pas à nos compétences. En plus de la nécessité d'être bilingues, nous nous heurtons aux craintes de certains employeurs qui appréhendent les différences culturelles. En attendant, nous voulons vivre la tête haute et ne pas être à la charge de la société.

De guerre lasse, nous avons demandé l'assistance-emploi. Nous, avocates, professeures, médecins, découragées, seules, à la maison, reléguées aux travaux ménagers, bénévoles dans le meilleur des cas, nous avons l'impression d'avoir perdu une partie de notre identité; nous vivons une perte d'estime et de l'angoisse vis-à-vis de l'avenir, nous nous sentons inutiles et à la charge de la société québécoise.

Et pourtant! Il y aurait peu à faire pour améliorer les choses: informer les candidats des difficultés reliées aux équivalences. Pourquoi ne pas faire les équivalences chez nous? Nous passerions les examens nécessaires à la reconnaissance de notre diplôme dans notre pays. Cela nous épargnerait argent et angoisse, et permettrait au gouvernement de jouir de nos compétences, plutôt que de nous verser des prestations.

Nous pourrions aussi améliorer notre anglais si nous connaissions son importance pour le marché du travail québécois. Ensuite, arrivées ici, il pourrait y avoir, au moins pour celles qui ont obtenu une équivalence, des stages offerts.

25/6/2011

Source : Cyberpresse.ca

Les dirigeants européens ont négligé les questions des droits humains et ont axé leurs discussions sur le renforcement des frontières

Le sommet du Conseil européen qui s'est achevé le 24 juin n'a fait aucun progrès significatif dans la lutte contre les graves lacunes des politiques d'asile et migratoires de l'Union européenne, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Les dirigeants européens n'ont pris aucun engagement pour réformer les aspects injustes de la politique d'asile européenne, pour offrir une réinstallation aux réfugiés d'Afrique du Nord, ou pour intensifier les efforts visant à prévenir les décès de migrants traversant en bateau la Méditerranée, a indiqué Human Rights Watch. Au lieu de cela, les discussions ont porté presqu'entièrement sur la police des frontières et la gestion des migrations.

« Les attentes étaient faibles, mais il a quand même été décevant de voir les dirigeants européens s'en tenir à la stratégie du ‘gardez-les dehors' », a déclaré Judith Sunderland, chercheuse senior sur l'Europe de l'Ouest à Human Rights Watch. « Il y a un grand fossé entre les beaux discours de ces dirigeants au sujet du printemps arabe et la dure réalité sur leur propre continent. »

Dans ses conclusions, le Conseil européen a souligné la nécessité d'une gestion efficace des frontières extérieures et approuvé une proposition visant à permettre le rétablissement temporaire des contrôles aux frontières intérieures dans l'espace Schengen. Il a souligné la nécessité de partenariats avec les pays voisins orientaux et méridionaux de manière à « traiter les causes premières de la migration au niveau structurel ».

Le manque de clarté sur la façon dont les États membres feraient respecter la liberté de mouvement et le droit d'asile tout en imposant des contrôles aux frontières soulève des préoccupations concernant le recours des gardes-frontières au profilage ethnique pour tenter d'identifier les personnes qui ne sont pas des citoyens européens, a déclaré Human Rights Watch.

Le Conseil a approuvé les propositions de la Commission européenne de réviser plusieurs parties du système d'asile commun, notamment la Directive Accueil, qui couvre l'assistance aux demandeurs d'asile, et la Directive Procédures, qui traite des procédures d'asile, et a réaffirmé son engagement à créer un système commun d'ici 2012.

Certaines des modifications proposées semblent conçues pour parvenir à un consensus en abaissant les normes relatives à la détention, à l'accès à l'assistance sociale et aux soins médicaux, et aux procédures d'asile accélérées, selon Human Rights Watch.

Les dirigeants européens ont également omis de répondre aux préoccupations au sujet du règlement Dublin II, qui exige que les demandes d'asile soient entendues dans le premier État de l'UE atteint par les migrants, a ajouté Human Rights Watch. Cela fait peser un fardeau disproportionné sur les États situés aux frontières extérieures de l'UE, dont la Grèce, qui a un système d'asile dysfonctionnel et des conditions de détention abusives.

« Le Conseil parle du système d'asile commun, mais ne semble pas disposé à prendre les décisions difficiles pour y parvenir », a conclu Judith Sunderland. « Sans la réforme de Dublin, et une plus grande aide à la Grèce afin d'assurer que son système de migration et d'asile réponde aux normes internationales, un système commun d'asile ne sera qu'une utopie. »

Le Conseil a également omis de répondre à l'appel de la Commissaire européenne, Cecilia Malmström, à une plus grande « solidarité en action » à l'égard des personnes qui fuient les violences en Libye. Il n'a pris aucun engagement pour augmenter la réinstallation des réfugiés d'Afrique du Nord - moins de 1 000 personnes à ce jour - ou pour intensifier les efforts visant à prévenir les décès dans la région méditerranéenne.

24/6/ 2011

Source : HRW

Tout étranger condamné à une peine d’emprisonnement au Danemark sera désormais expulsé à sa sortie de prison. La loi a été adoptée au Parlement par une écrasante majorité. 97 députés ont voté pour, et seulement sept s’y sont opposés. Pour le ministre de l’immigration, membre de la coalition de centre-droit au pouvoir, cette loi est tout à fait logique:

“Seulement les gens condamnés à des peines de prison seront expulsés, et dans ce pays être condamné signifie que l’on a commis un crime. Ensuite, elle est conforme aux standards internationaux des droits de l’homme.” affirme-t-il.

Tous ne sont pas de cet avis. Les rares députés ayant voté contre la loi estiment au contraire que le Danemark pourrait être condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme:

“Le Danemark risque d‘être épinglé pour violation des droits de l’homme. La majorité le sait. Elle adopte une loi qui est susceptible de violer les droits des citoyens.C’est grotesque.” estime cette députée.

Le centre-droit dirige le pays depuis 2001, grâce au soutien du Parti du Peuple Danois, troisième force politique du pays. En échange de son soutien, il a toujours exigé un durcissement de la politique migratoire. Sous sa pression, le Danemark avait annoncé le mois dernier un renforcement des contrôles aux frontières avec ses voisins européens.

24/6/2011

Source : euronews

Toujours le même dilemme : le Front national est-il un parti comme les autres ? Faut-il débattre avec lui avec la même suavité, la même onctuosité, la même neutralité qu'avec les autres formations ? Ou bien, en exprimant son opposition de manière convaincue, quitte à paraître véhément, la transformer en victime de la "caste médiatique".

Lors de l'émission "Des Paroles et des Actes" hier soir sur France 2, il m'a semblé que la première position était intenable. J'étais invité comme éditorialiste, directeur d'un journal qui a toujours défendu des options rigoureusement opposées à celles du FN. Dès lors cette opposition devait s'exprimer, dans un esprit de vivacité démocratique, quitte à prendre le mauvais rôle aux yeux d'une partie des spectateurs.

Certes le FN n'est pas un parti fasciste, un repaire de putschistes en puissance, une organisation mussolinienne. Il joue le jeu électoral, respecte les lois et se garde d'user de violence. Il prodigue de louables efforts pour revêtir un manteau de respectabilité et joue du visage plutôt avenant de Marine Le Pen pour faire passer des thèses dont les scories antisémites et les provocations xénophobes ont été gommées.

Alors ? Alors le principe de l'émission consistait à interroger Marine Le Pen sur son programme, à lui demander de préciser son projet pour la France. Il fallait donc le lire, avec attention, tout comme il fallait écouter les interventions précédentes de Marine Le Pen pour se former un jugement circonstancié sur "le nouveau FN". L'exercice fut donc fait. Il conduit à une conclusion nette : les questions économiques mises à part, il n'y a pas de "nouveau FN". Le Front national reste ce qu'il a toujours été : un parti nationaliste, héritier de l'extrême-droite française la plus traditionnelle, dont les propositions en matière d'immigration et de nationalité sont contraires à la tradition républicaine. Il n'est plus antisémite - même s'il compte dans ses rangs de solides ennemis des juifs - mais il est devenu anti-musulman, antipathie fondée essentiellement sur des préjugés, qu'il masque derrière un discours anti-communautariste et laïque.

1. On remarquera d'abord que Marine Le Pen, tout affichant une différence de principe avec son père, a refusé de le désavouer que quelque point que ce soit. Son discours est celui d'un héritière qui s'est donné pour mission de poursuivre l'oeuvre du fondateur sans rien renier des principes originels du Front. La seule différence qu'elle admet porte sur le rôle de l'Etat, à qui elle attribue une importance supérieure à celle que lui conférait l'ancien programme du FN. Pour le reste, c'est une approbation filiale et totale, quitte à employer pour maintenir ce cap les plus vieilles ficelles de la rhétorique politique. Quand David Pujadas rappelle les condamnations en justice infligées à Jean-Marie Le Pen, elle esquive en citant immédiatement la francisque de Mitterrand, sujet qui n'a aucun rapport et qui n'excuse en rien les dérapages de Jean-Marie Le Pen, alors qu'il eût été si simple de plaider l'erreur ancienne du père en lui trouvant une quelconque excuse. Mais non : le FN a toujours été calomnié, a-t-elle dit, il ne s'est jamais fourvoyé.

2. Le passage consacré à l'armée française et cité par Caroline Fourest existe bel et bien. Il suffit de le lire au chapitre Défense Nationale du FN. Il y est bien indiqué, en deux phrases qui se suivent logiquement à la fin du même paragraphe, que le niveau de recrutement de l'armée française est en baisse, dans la mesure où 20% des nouvelles recrues sont d'origine musulmane. Les musulmans, ainsi, sont tenus par le FN pour de mauvais soldats et de mauvais Français. Les familles des anciens combattants de Monte Cassino, âpre bataille gagnée en Italie contre les nazis par des troupes françaises composées pour l'essentiel de musulmans, apprécieront. Tout autant que les familles de soldats français musulmans tués en opération ces dernières années.

3. De la même manière, la première phrase du premier chapitre du même programme indique que l'immigration est à la source de la plupart des maux qui affectent le pays. Certes l'immigration est un problème et la gauche a grand tort de le nier trop souvent. Mais en faire la source principale de la crise française, c'est recourir à une outrance propagandiste inadmissible. La crise financière, la crise écologique, la crise industrielle, la crise du commerce extérieur, la crise de l'euro, n'ont rien à voir avec la présence d'immigrés en France. Par cette proclamation brutale, on assigne aux immigrés un rôle de bouc émissaire qui reflète avant tout un préjugé ethnique.

4. Les mesures prévues par le FN pour lutter contre l'immigration sont draconiennes, parfois cruelles et le plus souvent anticonstitutionnelles. La suppression des allocations familiales pour les familles étrangères en séjour régulier revient à s'attaquer aux enfants pour réduire le nombre des étrangers. La majoration des cotisations sociales des salariés étrangers instaure un apartheid dans le travail. La réduction à trois ans des titres de séjour aujourd'hui prévus pour dix ans, proposée par le FN, s'appliquerait, si on lit le texte, aux détenteurs actuels. Ainsi un étranger titulaire d'une carte de dix ans depuis trois ans serait aussitôt expulsable, aux termes d'une loi elle-même rétroactive, au mépris de la parole de l'Etat républicain.

5. Le chiffrage du coût de l'immigration est si exagéré qu'il en devient farfelu. Marine Le Pen évalue à 60 milliards par an le déficit des comptes publics lié à l'immigration (plus même, selon ce qu'elle a dit hier soir). La plupart des spécialistes universitaires de la question arrivent à des chiffres très inférieurs. Beaucoup estiment que les immigrés rapportent aux comptes sociaux et budgétaires plus qu'il ne coûtent (voir l'étude de l'Université de Lille réalisée par le groupe Equippe, cohérente avec les résultats qu'on obtient généralement à l'étranger). Marine Le Pen se réfère au rapport Milloz, publié dans les années 90 et qui aboutit au chiffre de 60 miliards. Elle oublie de préciser que ce monsieur Milloz est un membre du Club de l'Horloge, think tank d'extrême-droite bien connu et qu'il est très proche du FN. C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy disait "ma politique est excellente, comme le démontre le rapport Guéant". Là encore, les immigrés sont des bouc émissaires.

6. Le programme de restauration du franc est très dangereux. Une dévaluation unilatérale ouvrirait une guerre des monnaies en Europe. Le lâchage de la Grèce entraînerait son défaut. Cette banqueroute peut provoquer une panique bancaire égale à celle qui a suivi la faillite de Lehman Brothers et qui a failli jeter bas l'économie mondiale. Marine Le Pen écarte ces arguments d'un revers de main. Il y a fort à parier que sa volonté de quitter l'euro n'est pas liée à son piètre bilan mais à ses convictions nationalistes qui lui font préférer - elle l'a dit hier soir avec une grande force - la souveraineté nationale à tout autre système de relations internationales.

7. C'est ainsi qu'elle a des mots très durs pour ceux qui soutiennent Dominique Strauss-Kahn mais trouve toutes sortes d'arguties pour regetter l'arrestation d'un Mladic, dont les crimes sont peu de choses à ses yeux à côté de l'abomination que constitue l'existence d'un tribunal pénal international. Marine Le Pen condamne toute intervention extérieure, serait-elle destinée à arrêter les menées du dictateur le plus sanguinaire. Les relations du FN avec Saddam Hussein ou avec les potentats de la fançafrique sont bien connues.

8. Tout cela forme un tout cohérent : une politique nationaliste, intolérante envers les étrangers, hostiles à tout projet européen, souvent contraire à la constitution et qui piétine allègrement les principes républicains qui sont les nôtres. Voilà pourquoi il fallait s'opposer avec vigueur à Marine Le Pen.

25/6/2011, Laurent Joffrin – Directeur de Le Nouvel Observateur

Source : Le Nouvel Observateur

Les MRE auront trois jours pour voter sur la constitution et pourront même le faire aux ports d’Algesiras et Almeria, où des bureaux de vote seront installés.

Les mesures annoncées par le ministère des Affaires étrangères rejoignent une série de dispositions entreprises par ce département pour permettre aux Marocains du monde de participer à l’opération de vote, et ce même si le référendum coïncide avec la période de transit.

En tout 520 bureaux de vote seront ouverts dans les ambassades et consulats du Royaume à l’étranger, où toute la logistique nécessaire aurait déjà été mise en place pour que le référendum se déroule dans de bonnes conditions. Des agents ont même 24 juin 2011 été dépêchés de l’administration centrale pour mener à bien cette opération.

24/6/2011

Source : Bladi.net

IDD, Immigration Développement Démocratie publie les actes de la rencontre du 13 au 16 janvier 2011 à Agadir. La rencontre a été organisée par le consortium associatif composé du réseau IDD, du IFAD/FMAS et de l’association Touya pour l’action féminine, dans le cadre du projet fédérateur « Associations migrantes, associations villageoises : une mise en réseau pour un développement local et solidaire au Maroc »…Suite

Après un doctorat en phytopathologie obtenu en Nantes, elle enseigne pendant six ans à l'Université d'El Jadida avant de rejoindre l'Université du Nevada. Portrait

FAUT-IL voir dans la nouvelle offensive commerciale du groupe Addoha, une réaction au ralentissement du marché intérieur de l'immobilier haut standing (30% de baisse des ventes entre 2009 et 2010), une volonté d'étoffer sa clientèle de Marocains résidant à l'étranger (83% des IDE dans l'immobilier en 2010) ou, les deux à la fois?...Suite

Sociologue et membre du Haut Conseil à l'intégration, Malika Sorrel-Sutter explique dans son nouveau livre que «sur l'intégration, la France a fait trop de concessions » et qu'il faut «rompre avec l'idéologie victimaire» en matière d'immigration….Suite

RÉFÉRENDUM Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération veut faciliter l'opération de vote pour les MRE. Des bureaux de vote seront placés dans les lieux de transit…Suite

 

Amnesty International critique le silence du Conseil national de transition. Le voile se lève peu à peu sur le sort des migrants africains dans la guerre civile libyenne. Ces Africains noirs, largement présents en Libye et depuis longtemps, à la fois comme travailleurs et comme personnes en transit...Suite

En avril, la France avait relancé le débat sur le rétablissement du contrôle des frontières intérieures à la suite de l'arrivée de migrants d'Afrique du Nord. Les États membres cherchent à s'entendre sur ce sujet qui divise.

Réunis à Bruxelles pour le Conseil européen, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne doivent se pencher ce matin sur l'aménagement de la gouvernance de l'espace Schengen. Un sujet crucial qui divise les pays membres. Les désaccords tiennent à un point précis : la possibilité de rétablir le contrôle d'identité aux frontières intérieures en cas d'afflux massif de migrants.

La convention de Schengen prévoit déjà des exceptions à la libre circulation entre ses membres. Un État peut rétablir ses frontières « lorsque l'ordre public ou la sécurité nationale l'exigent », pour une « période limitée ». Mais la France, qui a

lancé le débat, veut plus. Fin avril, l'Élysée évoquait une « suspension provisoire » de Schengen lors d'une « défaillance

» à une frontière extérieure. « Pour que Schengen vive, Schengen doit être réformé, avait précisé Nicolas Sarkozy. Si un pays défaillant a gardé les frontières des autres, qu'est-ce qu'on fait ? »

L'arrivée de migrants tunisiens en Italie depuis le début de l'année avait mis le feu aux poudres. Plus de 20 000 d'entre eux ont en effet pu prétendre à un « titre de séjour provisoire » dans ce pays, leur donnant le droit de circuler dans tout l'espace Schengen.

Au final, la France a-t-elle obtenu gain de cause ? Le texte des conclusions du Conseil, dont La Croix s'est procuré une version provisoire, souligne que la libre circulation, effective depuis 1995, est un « principe central » de l'Union européenne. Mais le

Conseil ménage la chèvre et le chou. Comme le souhaitait la France, il suggère la création d'un « mécanisme de sauvegarde » permettant de rétablir des contrôles temporaires aux frontières dans des « circonstances exceptionnelles ».

Deux circonstances sont mentionnées : une pression migratoire massive et inattendue sur une frontière extérieure ; la défaillance d'un État périphérique dans le contrôle de ses frontières.

Ainsi s'élargit le spectre des possibilités du rétablissement des contrôles.

Le texte se veut néanmoins très restrictif quant à l'utilisation du mécanisme, lequel ne pourra intervenir que « dans un périmètre et pour une période strictement limités », en fonction de critères précis. Le Conseil a dû écouter l'opposition de certains pays aux volontés françaises – la Pologne, la Lettonie, Malte et la Grèce, selon nos informations. «

Nous ne sommes pas partisans d'un changement du système actuel, ce qui existe est suffisant », avait déclaré, début juin, le porte-parole de la future présidence polonaise du Conseil de l'UE, Konrad Niklewicz.

Reste à savoir qui enclenchera le processus de réforme. La France et l'Allemagne sont partisans d'une décision prise entre gouvernements. D'autres, comme la Belgique, considèrent que la Commission doit jouer un rôle.

Un point que celle-ci devrait défendre dans ses propositions, plus concrètes, attendues à l'automne.

Marianne Meunier et Nathalie Vandystadt

Source : La Croix

La France et l’Italie ont-elles anticipé le vote par le sommet européen aujourd’hui du rétablissement des contrôles aux frontières à l’intérieur de l’espace Schengen ? C’est ce qu’affirment deux associations, le Gisti et l’Anafé qui ont réalisé une mission d’observation à la frontière franco-italienne mi-avril.

La France et l’Italie sont alors dans une cynique partie de ping-pong avec les migrants tunisiens arrivés depuis quelques semaines sur l’île de Lampedusa. C’est à qui récupérera la patate chaude... Le 5 avril, l’Italie marque un point en annonçant la délivrance de titres de séjour « à titre humanitaire » aux « citoyens de pays d’Afrique du nord », leur permettant de se déplacer dans l’espace Schengen. Colère de la France, qui accuse l’Italie de ne pas avoir contrôlé efficacement ses frontières externes et établie des critères supplémentaires, notamment de ressources, pour franchir la frontière entre les deux pays.

Le bouc-émissaire est tout trouvé : « Il faut une révision en profondeur de notre dispositif de surveillance des frontières dans l’espace Schengen » déclare le ministre de l’intérieur, Claude Guéant. C’est ce à quoi devrait s’atteler aujourd’hui les chefs d’États et de gouvernements des 27 pays de l’Union européenne réunis en sommet à Bruxelles. Si la crise grecque a quelque peu évincé le débat sur l’immigration, elle ne devrait pas empêcher l’ordre du jour de se tenir. Il est fort probable que le sommet adopte la proposition de la Commission européenne de rendre possible le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures en cas de « défaillance »d’un pays membre, ou lorsqu’un pays sera soumis à une « pression migratoire forte et inattendue ». Et ce alors même que les Vingt-Sept font du surplace sur la définition d’un régime commun d’asile.

Cette remise en cause de l’espace Schengen n’est pas sans soulever de vives critiques. Pour le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, les migrants risquent d’être les « grands perdants » de ce sommet européen. « Les textes fondateurs de l’Union européenne, qui posent le principe de la libre circulation entre les États membres, risquent-ils ainsi d’être remis en cause au gré des fantasmes sécuritaires de leurs dirigeants ? » s’interrogent le Gisti et l’Anafé. Lors des deux missions d’observation qu’elles ont organisées entre le 10 et le 18 avril à la frontière franco-italienne, les deux associations ont constaté la « multiplication des contrôles frontaliers non conformes aux règles fixées par le code« Schengen » et à caractère ouvertement discriminatoire ». Les deux associations menacent de saisir les instances européennes pour que soient sanctionnées ces infractions au droit communautaire.

23 juin 2011, Marie Barbier

Source : L’Humanité

 «Immigrées et filles d’immigrées : le recul des mariages forcés», affirme l’Institut national d’études démographiques (Ined). Cette étude de la chercheuse Christelle Hamel, menée conjointement avec l’Insee, fait partie de l’enquête «Trajectoires et origines», qui porte sur la diversité des populations en France. Elle a été rendue publique hier.

Plutôt que de mariages forcés, Christelle Hamel préfère parler de mariages non consentis. Sont  concernés les mariages «acceptés», pour lesquels la volonté individuelle est altérée par le conjoint, la famille ou le poids des normes sociales.

Chez les femmes immigrées, le pourcentage de mariages forcés est relativement important. 22% des 51-60 ans disent avoir été contraintes d’épouser un homme qu’elles n’avaient pas choisi. Dans les deux tiers des cas, il s’agit d’unions conclues dans le pays d’origine, avant la migration en France. Les personnes concernées sont principalement originaires du Maghreb, de Turquie et d’Afrique subsaharienne.

Dans le reste de la population française, cette pratique existe également. 5% des femmes de 51 à 60 ans évoquent une pression familiale sur le choix du conjoint.

Reste que les mariages non consentis ne concernent pas n’importe quelles femmes, ils vont de pair avec la faiblesse du niveau d’instruction du groupe.

Ces mariages finissent mal en général. 65% des immigrées mariées contre leur gré vivant en France divorcent. «Un signe clair, s’il en est, de leur désir d’autonomie», signale l’Ined. Preuve de cette quête de liberté : certaines choisissent ensuite le concubinage, choix impossible dans le pays d’origine s’il est musulman.

Parmi les filles d’immigrés, dont la majorité se marie en France, le pourcentage des unions non choisies est «marginal» : 1% ont été mariées contre leur gré et 3% avec un consentement éventuellement altéré.

Dans la moitié des cas, il s’agit de régulariser une relation prémaritale, voire une grossesse, qui ne serait pas tolérée par le groupe. 68% des filles d’immigrées mariées contre leur gré finissent, elles aussi, par divorcer.

Pour les moins de 30 ans, en revanche, le phénomène des mariages non consentis a totalement disparu.

Exception : les filles d’immigrés turcs, qui connaissent le même pourcentage de mariages forcés que leurs mères.

Le troisième plan de lutte contre les violences faites aux femmes, lancé le 13 avril par Roselyne Bachelot, prévoit notamment la réalisation d’études permettant de mieux évaluer l’ampleur de ce phénomène.

24/6/2011

Source : Libération

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a lancé ce jeudi une enquête sur la responsabilité éventuelle des Etats membres dans la mort cette année d'un millier d'immigrants noyés en tentant d'aborder les côtes européennes de la Méditerranée.

Cette mission a été confiée à Strasbourg à la sénatrice néerlandaise Tineke Strik, membre du parti écologiste Greenleft (Gauche verte).

35.000 Africains ont fui

«J'ai l'intention de voir comment ces bateaux sont - ou ne sont pas - interceptés par les différentes unités nationales de garde-côtes, par l'agence Frontex qui gère le contrôle des frontières extérieures de l'UE, voire par des navires militaires», a-t-elle expliqué à l'issue de sa nomination.

Les révolutions arabes en Tunisie et en Egypte puis la guerre civile en Libye ont poussé quelque 35.000 Africains à fuir leur pays pour tenter d'atteindre l'île italienne de Lampedusa.

Une polémique a éclaté le 8 mai quand le quotidien britannique The Guardian a affirmé que 62 migrants étaient morts de faim et de soif sur un bateau qui avait dérivé pendant 16 jours sans que ses appels au secours provoquent une réaction des bateaux militaires croisant sur la zone.

La France et l'Otan, visées par ces informations, avaient démenti toute implication.

23.06.11

Source : 20 minutes.fr/ Reuters

 

La cour d'assises du Haut-Rhin a condamné jeudi à 20 ans de réclusion criminelle, assortis d'une peine de sûreté de 13 ans, Emmanuel Rist, un néonazi repenti reconnu coupable d'avoir tué un marchand de tapis marocain dans une rue de Gundolsheim (Haut-Rhin) en 2001.

La cour n'a pas retenu la préméditation, contrairement à l'avocat général, qui avait requis 30 ans de prison dont 22 ans de sûreté.
Elle a par ailleurs rejeté la demande de confusion de peine de la défense. L'accusé, âgé de 41 ans, purge depuis 2009 une peine de dix ans de réclusion criminelle pour avoir grièvement blessé un retraité marocain en piégeant son cabanon à l'explosif en 2005 à Rouffach.

Rist a aussi été condamné à 30 mois d'emprisonnement en septembre 2007, pour la profanation du cimetière juif d'Herrlisheim en avril 2004.

L'avocat de Rist, Me Renaud Bettcher, a déclaré que son client ne ferait pas appel, et qu'il tâcherait d'obtenir la confusion des peines, "qui peut être demandée à tout moment, à partir d'un certain délai".

L'avocat général François Jurdey et Me Renaud Bettcher avaient ferraillé dans leurs plaidoiries jeudi sur la question de la préméditation, au centre des débats après qu'Emmanuel Rist eut reconnu lundi avoir tué d'une balle dans le tête le 22 mai 2001 Mohammed Madsini, un homme de 46 ans père de cinq enfants.

Pour l'avocat général, Emmanuel Rist a "manifestement" prémédité son geste. La semaine précédant son meurtre, il avait diffusé un tract signé de son "parti" où il promettait de mener des "raids punitifs" contre "la race inférieure".

"Il va mettre ses menaces à exécution, il va tourner dans les environs pour chercher un Maghrébin (...) Il est tombé sur ce pauvre M. Madsini, il l'a suivi, il l'a guetté. Il a garé son véhicule (...) il a cherché l'arme dans la boîte à gant, armé le pistolet, descendu la rue, il a chassé Madsini, il est arrivé derrière lui, il lui a tiré une balle dans la tête à courte distance", a-t-il relaté.

Scénario contesté par Me Renaud Bettcher, qui a soutenu que Mohammed Madsini, à qui Rist avait intimé de quitter Gundolsheim au prétexte qu'il s'agissait d'une "zone germanique", "s'est dressé contre son agresseur illégitime", ce qui a conduit au drame.

"Emmanuel Rist n'est pas courageux. Il a besoin de bouffer des stéroïdes pour passer de 70 à 110 kilos. Il a besoin d'avoir de gros bras, de montrer qu'il en impose (...). C'est quand Madsini est revenu sur lui qu'il a pris peur (...) Il est mort de trouille et va tirer", a soutenu Me Renaud Bettcher. Le coup serait parti quasiment par accident.

"Raciste patenté" qui exposait fièrement ses reliques du IIIe Reich, Rist a aujourd'hui "changé", a assuré l'avocat, rappelant les larmes de son client lors du procès. A l'issue des débats, celui-ci a demandé pardon au fils de la victime, Mimoun Madsini, avec des accents de sincérité qui ont ému les jurés.

Pour l'avocat général et la partie civile au contraire, Rist ne s'est nullement amendé. "Il y a une évolution du discours (d'Emmanuel Rist) mais pas d'évolution personnelle", a martelé l'avocate des cinq enfants de Mohammed Madsini, Anouk Leven-Edel, pour qui l'accusé ne s'est résolu à des aveux partiels que "pour éviter le pire".

Mimoun Madsini s'est dit "satisfait" de la peine. L'accusé encourait la perpétuité.

24/6/2011

Source : Le Figaro/AFP

Une Convention du Conseil de l’Europe vise depuis 1963 à limiter les cas de cumul de nationalités. Mais de nombreux accords bilatéraux ont été signés depuis et de nombreux Etats autorisent en fait la double nationalité.

Un retropédalage en règle. Dans le rapport parlementaire sur la nationalité, dont il est rapporteur, Claude Goasguen préconise sans détour la suppression de la binationalité. Des propositions, proches de celles du Front national, aussitôt retoquées par l'UMP. Le député UMP a donc du faire marche arrière, parlant d'un "simple document de travail"... tout en maintenant ses positions sur l'acquisition de la nationalité. Pataquès ou double-jeu?

Jusqu’à présent, la nationalité française peut être acquise de trois manières :

Etre né d’au moins un parent français

S’être marié avec un ou une Français(e)

Habiter en France depuis au moins cinq ans

Depuis 1998, les enfants nés en France de parents étrangers obtiennent automatiquement la nationalité française à leur majorité. Une seule condition: avoir résidé au moins cinq ans en France depuis l'âge de 11 ans.

Claude Goasguen, lui, prône un retour de la loi Pasqua de 1993: ils devront faire une démarche d'adhésion pour acquérir la nationalité française.

Un registre des binationaux

Dans le rapport (mis en ligne sur le site de Libération), le député UMP du 16ème arrondissement de Paris demandait que tous les citoyens reçoivent leur carte d’électeur lors d’une cérémonie à la mairie au cours de laquelle les binationaux auraient du aussi choisir entre leurs deux nationalités. Un moyen, selon Claude Goasguen de manifester sa volonté d’appartenir à la nation française.

Désormais, il demande aux candidats à la nationalité (par mariage ou naturalisation) de "renoncer expréssement" à sa nationalité étrangère.

Il propose aussi que soit rendue obligatoire une déclaration de nationalité(s) dans l'acte d'état civil.

Je souhaite que l’on commence par enregistrer les situations de double nationalité au moment des actes de mariage, de naissance ou de naturalisation. On disposerait ainsi à terme d’un registre des binationaux.

Alors que certains y voyaient un pas en arrière du député UMP, Claude Goasguen a précisé souhaiter "aussi qu’on aille progressivement vers une limitation de la double nationalité par le biais de discussions bilatérales avec les pays".

Depuis 2009, acquérir la nationalité de certains pays européens n'entraîne plus la perte de la nationalité française.

Selon un calcul de Claude Goasguen, les binationaux seraient actuellement en France "sans doute 4 à 5 millions".

Un débat récurrent en France

L’annonce de ces mesures a relancé le débat dans la classe politique. Le rapport de Claude Goasguen a bien sûr rappelé la lettre de Marine Le Pen envoyée fin mai aux députés dans laquelle elle leur demande de supprimer la binationalité qui selon elle est "un puissant frein à l’assimilation des Français issus de l’immigration".

Au sein même de l’UMP, la question est polémique. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale s’était exprimé le 8 juin "favorable à ce que l’on ne modifie pas la situation des français binationaux". Cependant, le groupe parlementaire Droite Populaire avait déjà demandé la suppression de la binationalité en septembre 2010.

Hier, lors d’une conférence de presse, le député PS et président de la mission parlementaire sur la nationalité a fortement critiqué le projet de Claude Goasguen, affirmant que "ce rapport n'offre aucune réponse efficace et positive aux questions posées par le mal-vivre ensemble. Il invite au contraire la France à se recroqueviller".

Une convention européenne pour rien ?

La Convention de Strasbourg du Conseil de l’Europe a posé les principes de la binationalité en Europe dès 1963 afin d’éviter les cas de cumul de nationalités. Les treize pays signataires ont décidé qu’un ressortissant d’une partie contractante qui acquiert la nationalité d’un autre pays signataire perdait automatiquement sa citoyenneté d’origine. Il s'agit de l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède.

Plusieurs protocoles ont néanmoins été signés depuis, laissant aux États plus de liberté quant à leur politique de citoyenneté.

Le groupe des binationaux

Signataires de la Convention de Strasbourg, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et la Belgique autorisent pourtant la binationalité. Ainsi, le Royaume-Uni est le pays type où il y a le moins de restrictions pour obtenir ou garder plusieurs nationalités étant donné que toute personne installée au Royaume-Uni depuis au moins 5 ans ou mariée depuis au moins 3 ans avec un citoyen britannique peut l’avoir.

En plus du mariage et du droit du sol, l’Italie accorde la nationalité italienne en vertu de lois spéciales qui concernent les descendants des personnes nées dans l’Empire austro-hongrois. Il est possible de remonter jusqu'à 6 générations pour justifier de la nationalité italienne, ce qui explique les grandes communautés italiennes en Amérique du Sud - où de nombreux "italiens" ont migré à la fin du 19ème siècle.

En Belgique, la double nationalité est autorisée depuis l’ajout d’un protocole à la Convention de Strasbourg en 2007. Ainsi à présent, on ne perd pas sa nationalité belge dès lors que l'on en acquiert une autre, mais cette loi n’est cependant pas rétroactive, contrairement à la France.

En ce qui concerne l’Espagne, la double-nationalité est possible pour les "ibéro-américains" [originaires de pays où l'on parle espagnol ou portugais) ainsi que les personnes originaires de Guinée Équatoriale, Portugal, Andorre ou Philippines qui demandent la nationalité espagnole. De plus, depuis 1996, les membres des brigades internationales qui ont combattu aux côtés des Républicains pendant la guerre civile peuvent prendre la nationalité espagnole.

Exceptions

A la différence de ces pays, l’Allemagne et les Pays-Bas n’accordent qu’exceptionnellement la double-nationalité. Dans la République fédérale, la loi en vigueur est celle élaborée en 1913. Pourtant, la majorité de la population serait favorable à l'instauration de la double nationalité, cette restriction étant très problématique pour la communauté turque d’Allemagne. Plusieurs projets de lois ont été déposés afin de réformer la loi mais ils ont toujours été repoussés.

23.06.2011

Source : myeurop

La nouvelle loi sur "l’immigration, l'intégration et la nationalité" défendue par le ministre de l’Intérieur Claude Guéant au Parlement en mai, passait l’étape du Conseil constitutionnelle le 9 juin dernier. Pour les associations de défense des droits des étrangers, ce nouveau texte durcit la naturalisation qui relevait déjà d’un vrai parcours du combattant, à l’image du cas de cet Algérien à qui la nationalité française a été retirée en août 2010 au terme d’une contre-enquête ministérielle contestée.

Dans sa petite HLM de Strasbourg (Est), il vit avec sa femme française et ses quatre enfants, nés en France. Le jeune homme s’y est installé en 2005, quatre ans après son mariage. On le dit serviable – il aide à nettoyer la mosquée du quartier - et aimable avec le voisinage. Or, cet Algérien s’est vu refuser la nationalité française pour « défaut d’assimilation », parce qu’il ne respecterait pas l’égalité homme-femme au sein de son couple. « Il résulte de l’examen du dossier, que selon votre volonté, votre épouse doit porter constamment le voile intégral hors de votre domicile, ne peut sortir, travailler, ni parler en votre présence sans votre autorisation […] » stipule la lettre du ministère de l’immigration datée du 10 août 2010 et dont jeuneafrique.com s’est procuré une copie.

"C’est aberrant car sa femme n’a jamais porté le niqab"

Le 23 août, l’homme – qui tient à garder son anonymat et refuse de s’exprimer dans les médias - a opposé un recours (voir le document officiel), arguant que sa femme « porte le voile en toute conscience et en toute liberté » et qu’elle est « femme au foyer comme il en existe des millions en France. »

Il avait demandé la nationalité française le 17 juin 2009 et l’a obtenue (voir le document officiel), avant qu’elle ne la lui soit retirée au terme d’une contre-enquête menée sur demande ministérielle. « En tout cas aujourd’hui, il n’a plus la nationalité française, confie Mohamed Guerroumi, président de l’Association strasbourgeoise pour l’amitié franco-algérienne et leurs amis. C’est aberrant car sa femme n’a jamais porté le niqab [voile intégral ndlr]. Et on a même été jusqu’à lui demander de signer une lettre de désistement ! »

La nationalité refusée pour une photocopie

Le cas de cet Algérien – qui n’est pas récent – a été révélé le 9 juin dernier, le jour où la loi sur l’immigration, adoptée par le Parlement le 11 mai, a passé l’étape du Conseil constitutionnel. Outre une « communauté de vie effective et matérielle », la nouvelle loi impose désormais pour la naturalisation par mariage, une « connaissance suffisante du français. »

« On parle de durcir les conditions d’accès à la nationalité française, alors que c’est déjà le parcours du combattant ! », assure Mustafa el-Hamdani, coordinateur à l’association Calima (Coordination alsacienne de l’immigration maghrébine). Le nombre de pièces demandées est considérable et s’il en manque une seule, même insignifiante, le dossier est irrecevable », poursuit-il avant de citer le cas d’une dame de 60 ans dont la nationalité française vient de lui être refusée car elle a fourni la photocopie d’un acte de divorce et non l’original, qu’elle souhaitait conserver.

« Il faut trois mois pour obtenir un rendez-vous à la préfecture de Strasbourg et le personnel dont l’effectif a été réduit, est submergé par le nombre de dossiers à traiter. » D’après le ministère de l’Intérieur, 15 demandes de naturalisation ont été refusées pour « défaut d’assimilation » en 2010, contre 13 en 2009.

23/6/2011

Source : Jeune Afrique

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