Plus de 9.600 ressortissants extracommunautaires se sont inscrits sur les listes électorales en Catalogne à la veille des élections municipales prévues le 22 mai prochain en Espagne, a rapporté, mercredi, la presse catalane.
Ce chiffre représente 3,7 pc de l'ensemble des étrangers extracommunautaires répondant aux critères requis pour s'inscrire sur les listes électorales (+260.000), a ajouté la même source, précisant qu'il s'agit de ressortissants des pays ayant signé des accords de réciprocité dans ce domaine avec l'Espagne, à savoir la Bolivie, la Colombie, l'Equateur, l'Islande, la Norvège, la Nouvelle Zélande, le Pérou, le Chili, le Paraguay et Cap-Vert.
Barcelone vient en tête des provinces catalanes ayant enregistré le plus grand nombre de ressortissants inscrits avec 8.329, suivie de Tarragone (677), de Gérone (351) et de Lérida (313), a noté la presse catalane citant des chiffres publiés par l'Institut national espagnol des statistiques (INE).
Selon la même source, 55.730 ressortissants issus des pays de l'UE ont déposé des demandes de participation aux prochaines élections municipales en Catalogne.
Outre l'inscription sur les listes électorales, les étrangers désireux de participer au vote doivent être âgés de plus de 18 ans, disposer d'une carte de séjour en règle et justifier d'une résidence sans interruption en Espagne lors des cinq dernières années.
En vertu de la loi électorale espagnole de 1985, les étrangers résidant en Espagne peuvent bénéficier du droit de vote aux élections municipales, sous réserve de réciprocité établie par un traité avec leur pays d'origine.
9 mars 2011-03-10
Source : MAP
Le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) Antonio Guterres et le directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) William Swing ont fait part mercredi soir à Tunis de leurs craintes de voir "un nouvel exode massif" de réfugiés vers les frontières de la Libye en raison des combats dans ce pays.
Les deux responsables achevaient une visite deux jours en Tunisie durant laquelle il se sont rendus dans la zone frontalière tuniso-libyenne. Ils ont également rencontré le président tunisien par intérim Fouad Mebazaa et le Premier ministre Béji Caïd Essebsi.
Lors d'une conférence de presse, ils ont justifié leur inquiétude par la baisse sensible du flux de réfugiés qui a chuté de quelque 15.000 personnes par jour à moins de 2.000 ces derniers jours à la frontière avec la Tunisie. M. Guterres a implicitement attribué cette baisse au "contrôle devenu effectif" des passages frontaliers par les autorités libyennes.
Les besoins de l'ONU et de ses partenaires ont été estimés à 160 millions de dollars (115 millions d'euros) pour aider au cours des trois prochains mois les populations qui ont fui la Libye vers la Tunisie, l'Egypte et le Niger. Les fonds doivent également aider ceux qui sont affectés par les violences en Libye.
"Cet appel est basé sur un scénario prévoyant jusqu'à 400.000 expatriés de Libye et 600.000 autres personnes en Libye qui vont avoir besoin d'aide humanitaire", précise un communiqué citant la secrétaire générale adjointe des Nations Unies Valerie Amos.
Pour M. Swing, "le défi" est d'"agir rapidement pour décongestionner les camps de réfugiés et les rapatrier au plus vite". "La crise humanitaire pourrait devenir plus complexe et nous devons nous préparer à un flux plus grand", a-t-il averti.
Il a appelé la communauté internationale à apporter l'aide nécessaire à la Tunisie dont plus de 30.000 ressortissants sont rentrés de Libye. "Nous ne devons pas oublier aussi les souffrances du peuple libyen et mettre en place les moyens qu'il faut au cas où des Libyens viendraient à fuir vers la Tunisie", a-t-il ajouté.
Les dirigeants du HCR et de l'OIM ont salué "la grande générosité du peuple, des autorités et de la société civile tunisiennes qui ont ouvert leurs frontières, leurs maisons et leur coeur pour accueillir dans de bonnes conditions les dizaines de milliers de réfugiés".
"Notre gratitude est encore plus grande quant on sait que la Tunisie vit une transition démocratique difficile", a souligné M. Guterres.
"En tant que Portugais qui a vécu la Révolution des Oeillets, je me dois de reconnaître que la révolution tunisienne est le plus fort symbole d'espoir que nous pouvons avoir pour la région et le monde aujourd'hui", a-t-il déclaré appelant la communauté internationale à "une solidarité active avec la Tunisie et son peuple pour réussir cette transition".
9/3/2011
Source : AP/Le Nouve Observateur
Les partis de l’Alliance gouvernementale ont conclu avec les Verts un accord-cadre sur la politique migratoire, visant à mettre en place « une politique migratoire humaine, plus équitable et mieux organisée ». L’accord porte notamment sur de mesures visant à garantir un examen « équitable des demandes d’asile », à faciliter l’immigration économique et la mobilité des travailleurs, à rendre possible l’accès aux soins et à l’éducation aux immigrés en situation irrégulière et à leurs enfants (un rapport doit être rendu sur ce sujet au printemps), à permettre le regroupement familial même dans le cas de familles dont tous les membres ne possèdent pas de pièce d’identité (au moyen, le cas échéant, de tests ADN), à défendre les aspects positifs des migrations, et à approfondir la coopération européenne et internationale.
Le Premier ministre s’est félicité d’avoir, par la signature de cet accord, « fermer la porte aux forces xénophobes, qui, tant en Suède qu’à l’intérieur du Parlement, souhaitent exercer une influence sur ces questions ». La porte-parole des Verts a souligné que « contrairement à d’autres pays, qui ont vu l’entrée de l’extrême-droite au Parlement, la Suède ne durcissait pas sa politique migratoire, ce qui était incroyablement important ». Pour le leader des Sverigedemokraterna, la politique d’asile va devenir « plus extrême » : « si une personne se cache pour éviter l’expulsion, il faudrait s’assurer que l’expulsion peut-être mise en œuvre plutôt que de lui ouvrir les portes du système de santé. Nous allons continuer à évoquer les questions migratoires pour attirer l’attention sur l’immigration de masse ».
L’accord exclut également la Gauche et le PSD, ce dernier regrettant de n’avoir pas été convié à la table des négociations. Son porte-parole pour les questions migratoires rappelle que les sociauxdémocrates « sont favorables à l’immigration économique, mais veulent un système sûr, garantissant que personne ne sera exploité ». Le président de la Gauche condamne, dans une tribune publiée dans Aftonbladet, l’attitude des Verts, qui « laissent les Démocrates de Suède décider de la politique migratoire. Selon lui, les Verts s’allient à « une politique inique » alors que « l’opposition aurait dû rester unie pour lutter contre le racisme ».
La presse est, dans l’ensemble, favorable à l’accord. Selon Expressen, il « est, malgré son côté un peu vague, très bien ». Dagens Nyheter (DN) salue un « accord historique » qui « désarme l’extrême-droite », ce qui prouve que l’Alliance et les Verts « sont prêts à prendre leurs responsabilités sur les questions importantes ». S’il doit être considéré « davantage comme une déclaration d’intention que comme un plan précis », le document-cadre « contient des engagements politiques importants ». En outre, l’accord est « une victoire pour les petits partis de l’Alliance » (Svenska Dagbladet, SvD) qui défendaient une « ligne plus humaniste que les Modérés, notamment sur l’accès des sans-papiers aux soins » (id.).
SvD craint toutefois que le prix à payer pour « trop de gentillesse de la part des Modérés soit élevé ». Pour le quotidien conservateur, permettre l’accès aux soins aux sans-papiers équivaut à les encourager à vivre cachés. De plus, « si on comprend l’ambition du Premier ministre de définitivement scinder l’opposition, il va être tenu responsable par ses électeurs de cette nouvelle politique ».
Source : Site La France en Suéde
C'est un camouflet. Après les nombreuses réactions indignées, à droite comme à gauche, aux propos de la députée UMP Chantal Brunel sur les immigrés en provenance du bassin méditerranéen, François Fillon vient à son tour de prendre ses distances avec l'ex-porte-parole du parti présidentiel. «Chantal Brunel a tenu des propos que nous n'approuvons pas», a déclaré le premier ministre devant l'Assemblée nationale mercredi. Il a également appelé à «élever le débat républicain» :
L'élue de Seine-et-Marne a suscité un tollé mardi en proposant de remettre les immigrés «dans les bateaux» pour «rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée». «Le temps n'est plus à la parole mais aux actes et aux décisions. Marine Le Pen n'a aucune solution à proposer. Nous, on doit montrer qu'on a des solutions», a-t-elle ajouté, au lendemain de la publication d'un nouveau sondage donnant Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle.
La déclaration de la députée UMP n'est pas sans rappeler une phrase prononcée la semaine dernière par la patronne du parti frontiste. Interrogée sur RTL, Marine Le Pen avait déclaré : «On peut repousser humainement des bateaux dans les eaux internationales».
Interviewée dans la soirée par le site internet du Nouvel Observateur, Chantal Brunel a maintenu ses propos sur le fond, tout en regrettant avoir choqué. «Si j'ai pu blesser quelqu'un en utilisant des mots qui ont pu choquer, je m'en excuse, mais vraiment, si on ne peut plus utiliser des mots qui ont été utilisés par le Front national, nous allons faire son lit», a-t-elle plaidé.
Indignation à gauche
La classe politique n'avait pas tardé à dénoncer ses propos. «Chantal Brunel est-elle passée de porte-parole de l'UMP à porte-parole du Front national ?», s'était interrogé Harlem Désir, numéro deux du parti socialiste, au sujet du poste que l'élue a occupé de 2008 à 2009. «Cet énième dérapage d'une responsable UMP montre le danger de la surenchère permanente entre la droite et l'extrême droite», avait dénoncé l'eurodéputé. La patronne des socialistes Martine Aubry s'était dite pour sa part «effrayée» et «scandalisée».
Pour Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, l'élue UMP n'est rien moins qu'une «débile». «Face au chômage, il y a des solutions et les solutions, ce n'est pas de dire ‘renvoyons les immigrés dans des bateaux' comme cette débile de députée UMP», avait-elle déclaré.
Le MoDem avait estimé que ces «paroles d'exclusion et de rejet à l'emporte-pièce» n'étaient «pas à la hauteur des solutions qu'il nous faut apporter avec les pays d'origine, pour résoudre ces exodes de guerre». «Nous avons connu Chantal Brunel plus inspirée quand elle dénonçait les violences faites aux femmes», avait écrit Fadila Mehal, chargée de l'intégration au «shadow cabinet» du parti de François Bayrou.
Le NPA avait également condamné «les propos racistes» d'une députée «sur les traces de Marine Le Pen». «Cédant à la panique, la droite au pouvoir multiplie les déclarations ambiguës ou ouvertement racistes», dénonce le parti d'Olivier Besancenot.
Copé ne «comprend pas»
Le propre camp politique de Brunel avait pris ses distances dès mardi. Le patron de l'UMP, Jean-François Copé, appelé par Harlem Désir à «désavouer» les propos de Brunel, avait répondu à l'appel dans la soirée. Le député-maire de Meaux a déclaré qu'il «désapprouvait», «bien entendu», ces dires. «A vrai dire, je ne les comprends pas du tout», a-t-il ajouté. Le patron du parti majoritaire s'est néanmoins refusé à voir un lien entre les déclarations de Chantal Brunel etles sondages polémiques des derniers jours. «Ça n'a rien à voir. Il peut arriver que de temps en temps on dise des choses qui soient en décalage avec ce que l'on pense profondément. Et je pense que cela peut-être le cas de Chantal», a-t-il avancé.
9/3/2011,
Source : Le Figaro
L’ordre du jour de la commission parlementaire qui s’ouvre aujourd’hui relance le débat sur l’islam aux États-Unis
L’année dernière, la polémique autour de la construction d’une mosquée près du site de l’ancien World Trade Center à Manhattan avait enflammé les élections législatives aux États-Unis. Le débat sur l’islam et le terrorisme est reparti de plus belle avec l’annonce d’une enquête parlementaire sur «la radicalisation de la communauté musulmane et la réponse de cette communauté».
Les auditions du Congrès qui s’ouvrent jeudi 10 mars sur ce thème ont été décidées par le député républicain de New York, Peter King. À la suite de la victoire de son parti en novembre dernier, celui-ci a été propulsé à la tête de la commission de la Chambre des représentants pour la sécurité intérieure. Son argument : le terrorisme domestique est en hausse et trouve un foyer dans certains milieux musulmans radicalisés aux États-Unis.
«Chasse aux sorcières digne du maccarthysme»
«Des gens dans ce pays se radicalisent, que ce soit le commandant Hasan, Shahzad ou Zazi à New York», a-t-il déclaré dimanche sur la chaîne CNN. Il faisait allusion à Nidal Malik Hasan, un psychiatre de l’armée responsable du massacre de Fort Hood au Texas fin 2009 ; à Najibullah Zazi, qui a avoué qu’il préparait un attentat dans le métro new-yorkais ; et à Faisal Shahzad, le poseur de bombe de Times Square arrêté en juin dernier.
«Ce sont tous des gens qui s’identifient d’une façon ou d’une autre à Al-Qaida dans la péninsule arabique. Donc, c’est un mouvement international qui comprend des éléments ici aux États-Unis», a affirmé l’élu, affichant son refus du «politiquement correct» qui empêcherait de soulever ce genre de problème au nom du respect des religions.
Sa décision de limiter la commission d’enquête à la foi musulmane a soulevé l’indignation de nombreuses personnalités et associations qui défendent les droits de l’homme et la liberté de culte. Ceux-ci dénoncent la stigmatisation de l’islam et une chasse aux sorcières digne du maccarthysme.
Arguments à coups de rapports et de sondages
Au nombre de six, les témoins qui se présentent à l’audience aujourd’hui sont des membres de la famille de jeunes musulmans américains qui ont embrassé le djihad, le docteur Zuhdi Jasser, un musulman qui s’est opposé à la construction d’une mosquée près de Ground Zero, le shérif de Los Angeles, Leroy Baca, et deux députés américains, le premier élu musulman du Congrès, le démocrate Keith Ellison, et le républicain Frank Wolf.
Le président de la commission, Peter King, et ses détracteurs échangent leurs arguments à coups de rapports et de sondages. L’élu cite un rapport du Congrès selon lequel les autorités ont procédé à 22 arrestations liées à des cas de terrorisme islamique domestique depuis mai 2009, contre seulement 21 arrestations au cours des neuf années précédentes, ce qui prouve selon lui la thèse de la «radicalisation».
«Une poignée de personnes dont les actions sont dénoncées»
Il se dit également alarmé par une étude de l’organisme de sondages Pew qui révèle que 15% des musulmans américains âgés de 18 à 29 ans considèrent que les attentats-suicides sont «parfois» ou «souvent» justifiés. Il prétend, par ailleurs, s’appuyant sur des sources anonymes, que la communauté musulmane ne coopère par suffisamment avec les forces de l’ordre et le FBI.
Les défenseurs de la minorité musulmane mettent en avant une récente étude conjointe des universités Duke et de Caroline du Nord qui atteste le contraire. Selon cette étude, les informations fournies par la communauté ont permis de déjouer 48 complots sur 120 impliquant des musulmans américains.
David Schanzer, directeur du centre qui a supervisé cette étude, donne raison aux deux parties. Selon lui, la radicalisation existe, «mais les Américains doivent noter que ces crimes sont perpétrés par une poignée de personnes dont les actions sont dénoncées et rejetées par tous les musulmans vivant aux États-Unis».
9/3/2011
Source : La Croix
Sous la pression des députés centristes, le gouvernement a reculé, hier, sur le retrait de la nationalité. Et irrité l’aile dure de l’UMP.
Qu’il est doux, le printemps centriste. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les amis de Jean-Louis Borloo ont sorti leurs sourires des grands jours. Ils ont fait reculer Nicolas Sarkozy. La «droite sociale et modérée» a triomphé de la «droite dure», expliquent-ils à qui veut l’entendre.
Ce mardi matin, lors de la réunion hebdomadaire des députés UMP, le Premier ministre, François Fillon, a confirmé que le gouvernement renonçait à légiférer sur la déchéance de la nationalité à l’occasion de l’examen du projet de loi sur l’immigration. Mesure phare du discours de Grenoble, coup d’envoi du virage sécuritaire en juillet, la déchéance visait les personnes devenues françaises depuis moins de dix ans qui se seraient rendues coupables de crime à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité de l’Etat.
«Calmement». Largement dénoncée en raison de son caractère aussi démagogique qu’inefficace, cette mesure avait déjà été rejetée par la majorité des sénateurs. Et l’Assemblée menaçait d’en faire autant, puisqu’une soixantaine de députés du Nouveau Centre et de l’UMP avaient signé vendredi soir l’amendement de suppression. Pour l’ex-ministre de l’Ecologie, promoteur de la «confédération des centres», ce recul a valeur de démonstration : «Dès lors que les modérés s’organisent, on voit qu’ils peuvent faire. Cette disposition sur la déchéance n’avait rien à faire dans un projet de loi sur l’immigration. Calmement, tranquillement, nous avons imposé un vrai rééquilibrage», explique-t-il à Libération.
Salle des Quatre Colonnes, au rendez-vous de la presse et des parlementaires, les proches de Borloo, Laurent Hénart (UMP) et Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre), proclament en duo l’avènement d’une ère nouvelle. «C’est un fait : la majorité est composée de deux courants. L’un conservateur, l’autre social. Aujourd’hui, un nouvel équilibre s’est instauré entre ces deux courants», explique le premier. «Nous avons désormais une majorité équilibrée. Ce que nous avons fait aujourd’hui à propos de l’immigration, nous pourrons le refaire demain sur la fiscalité ou sur la dépendance», ajoute le second, député-maire de Drancy (Seine-Saint-Denis). Selon lui, le bouclier fiscal n’aurait jamais été voté si les centristes de toutes obédiences avaient su se rassembler dès 2007.
Dans l’entourage de François Fillon, on assure que Borloo et ses amis exagèrent beaucoup : «Le chef de l’Etat lui-même avait expliqué que, si la déchéance était abandonnée, il n’en ferait pas une affaire.» Devant les députés UMP, le Premier ministre assure qu’il faut bien faire quelques concessions au nom de l’efficacité : «Si chacun campe sur ses positions, on va vers un désaccord. Le texte ne sera pas voté et, cet automne, Claude Guéant n’aura pas les moyens de lutter contre l’immigration clandestine.» C’est l’argument massue : il faut donner au ministre de l’Intérieur les moyens d’agir.
«Bobos salonards». En début de soirée, dans l’hémicycle, Claude Guéant développe le même point de vue dans son premier discours. «C’est dans ce contexte historique très particulier que s’engage notre discussion générale», commence le ministre, évoquant le «risque réel» d’un «afflux soudain de migrants» lié aux bouleversements dans le monde arabe. «Aujourd’hui encore plus qu’hier», il est donc urgent de légiférer, car «notre pays ne peut pas devenir la terre d’accueil de tous ceux qui cherchent à quitter leur pays».
Dans ces conditions, Guéant justifie le rejet de l’article sur la déchéance. Cette disposition, «fortement symbolique», a retenu l’attention «de façon excessive» puisqu’elle qu’elle ne concernerait «même pas un cas par an». Et, comme elle trouve «un large écho dans la population française», Guéant propose qu’elle soit envisagée par la mission de réflexion sur la nationalité française «dirigée par Manuel Valls et Claude Goasguen».
Défaite par Borloo et les siens, la droite de l’UMP ne décolère pas. Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, doit évidemment remballer son amendement étendant la déchéance de nationalité aux multirécidivistes déjà condamnés. Son collègue Jacques Myard s’élève contre ses collègues modérés, centristes et autres radicaux, les qualifiant de «bobos salonards».«C’est une connerie de reculer là-dessus. Il y a un ras-le-bol dans ce pays dont nous ferons les frais», s’emporte-t-il. Son collègue Philippe Meunier, lui, soutient qu’il ne faut «pas reculer», car il y a «une attente du peuple sur cette question».
«Lâcheté». Sur fond de sondages mirifiques pour Marine Le Pen, certains UMP perdent leurs nerfs. La députée Chantal Brunel, souvent gaffeuse mais rarement méchante, dérape carrément : «Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux !» s’exclame-t-elle salle des Quatre Colonnes, tandis qu’à deux pas d’elle ses collègues centristes célèbrent leur victoire.
Rarement la majorité a paru si divisée. Le centriste Jean-Christophe Lagarde veut pourtant y croire : «Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise», assure-t-il. Selon lui, la majorité n’a rien à craindre de Jean-Louis Borloo et de son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2012. Au contraire : «Plus l’offre politique est étroite, plus on sert l’extrémisme», affirme-t-il. Marine Le Pen, elle, enfonce le clou. Dans un communiqué, elle «dénonce cette lâcheté de l’UMP qui ne fait qu’encourager la montée continue des violences frappant l’ensemble de nos compatriotes, les policiers et gendarmes en premier lieu».
Il en faut plus pour ébranler le patron de l’UMP, Jean François Copé. Marine Le Pen à 24% ? Ce n’est finalement pas si inquiétant que ça : «Si vous cumulez les scores de M. Sarkozy et de M. Villepin, vous arrivez grosso modo à des scores qui peuvent aller jusqu’à 28%, 29%, 30%», explique-t-il sur France Info. Et puis, de toute façon, le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) sait que ceux «qui déclarent une intention de vote» pour le FN «ne pensent pas, ne souhaitent pas que le Front national soit le gagnant de la présidentielle». Ils ne font qu’exprimer «leurs très grandes inquiétudes face à la crise mondiale», face aux «risques liés à des immigrations incontrôlées». Justement le risque dont Claude Guéant promet de s’occuper.
9/3/2011, ALAIN AUFFRAY
Source : Libération
Le film marocain "Kherboucha" du réalisateur Hamid Zoughi sera projeté dans le cadre des journées du film francophone prévues du 18 au 23 mars à Alger, apprend-on auprès des organisateurs.
Initiée par les Ambassades du Cameroun, Canada, France, Maroc, République Tchèque, Roumanie, Suisse, Tunisie et la délégation Wallonie-Bruxelles à Alger, cette semaine du film francophone verra la projection de plusieurs longs métrages des pays participants.
Outre le long-métrage marocain "Kherboucha", le menu de ces journées comporte les films "Taxipone" (Suisse), "le chasseur de l'antilope" (Cameroun), "le papier ne peut pas envelopper la braise" (France), "Noces en Bessarabie" (Roumanie) et "Kolya" (République Tchèque).
Au programme, on note aussi "les seigneurs de l'arctique" (Canada), "les barrons" (Wallonie Bruxelles), "la petite taupe" (République Tchèque), "Changement d'adresse" (France) et "ce qu'il faut pour vivre" (Canada).
09/03/11
Source : MAP
La sociologue marocaine Fatima Mernissi figure parmi le Top 100 des militantes les plus influentes au monde, élaboré par le quotidien The Guardian à l'occasion de la journée internationale de la femme.
Fatima Mernissi est une féministe musulmane qui n'éprouve aucune "crainte à évoquer les coutumes les plus controversées dans le monde musulman", c'est ainsi que la publication britannique a présenté cette activiste de renom.
Du voile à la polygamie, Fatima Mernissi a lancé dès son premier livre "Beyond the veil" un appel à se révolter contre une "vision égoïste, très subjective et médiocre de la culture" que la société "masculine" essayait de justifier par une prétendue base sacrée, indique le journal.
Née au Maroc en 1940, Fatima Mernissi qui a grandi dans un "harem domestique, physiquement prise au piège par les traditions en vigueur à cette époque aux côtés de sa grand-mère, mère et proches de sexe féminin", a fini par y échapper grâce à l'éducation.
La professeur de sociologie focalise à présent son travail sur la société civile, la démocratie et la révolution numérique, ajoute le Guardian.
Dans le classement élaboré par le journal, figurent d'autres personnalités ayant percé dans leur champ d'action.
Dans le monde arabe, le Top 100 comprend entre autres Mme Lubna Hussein, écrivaine soudanaise et activiste dans le domaine des droits de l'Homme, Mme Nawal Saadawi, féministe égyptienne et Mme Zainab Salbi, fondatrice de l'organisation internationale Women for Women.
8/3/2011
Source : MAP
Deux long-métrages marocains seront projetés en mars à Cordoue (Sud de l'Espagne) dans le cadre du cycle "Les premiers pas du cinéma du Maghreb" en Espagne.
Il s'agit de "Alyam Alyam" du réalisateur d'Ahmed El Maanouni et "Wachma" de Hamid Bennani, apprend-on auprès des organisateurs de ce cycle, qui sera également marqué par la présentation de deux autres longs métrages algérien "Omar Gatlato" de Merzak Allouache (1976) et tunisien "El Haimoune" (Les baliseurs du désert) de Nacer Khemir (1984).
Ce cycle a été organisé dans plusieurs villes espagnoles, notamment Madrid, Séville, Jaén et Algésiras.
Selon la fondation "Casa Arabe", la projection de ces quatre longs métrages permettra au grand public de découvrir "la production cinématographique de ces pays du Maghreb entre 1970 et 1984". Il sera également une occasion pour faire connaître les premiers pas de cette production et reconstruire l'histoire du cinéma dans cette région d'Afrique du Nord.
Le film "Alyam Alyam" (1978), qui sera projeté mercredi soir, relate la vie quotidienne d'une famille paysanne de la région de Casablanca qui vit pauvrement. Le père est mort, la mère, Hlima, redoute de voir partir son fils aîné qui veut quitter le pays pour la France et gagner de l'argent.
De son côté, "Wachma" (1970), dont la présentation est prévue le 30 mars, raconte l'histoire du jeune Messaoud qui, opprimé à la fois par son milieu familial et par une société sclérosée, s'engage sur la voie de la délinquance qui le mènera vers une fin tragique.
9/3/2011
Source : MAP/Aufait
Ce petit port tunisien est un haut lieu de la migration clandestine vers l’Europe. Tarif: 1000 euros pour une traversée dans des conditions souvent précaires.
Le sardinier en bois de 17 mètres, commandé par Raouf, jeune chef mécano de 22 ans, chasse sur son ancre à 300 mètres du rivage du petit port de pêche d’Ogla, à deux kilomètres à l’ouest de Zarzis, ville de 140 000 habitants située à 45 km de Djerba. Mais il n’y aura pas de départ cette nuit pour Lampedusa : «On n’a pas notre compte. Il manque encore une dizaine de candidats pour rentrer dans nos frais», veut croire le passeur qui dit s’appeler Ahmed. Il lui manque les phalanges de la main droite, coupées par une machine à bois : «Pour les journalistes, je demande 2 000 euros», annonce-t-il. Il s’enorgueillit d’avoir fait passer «deux Allemands» mercredi. C’est ici, à Ogla, ce petit port de mouillage avec ses belles villas mauresques louées dès mai aux touristes, que partent les sardiniers en bois chargés de harraga (clandestins), vers l’île italienne de Lampedusa. Huit petites embarcations gouachées d’un bleu passé dansent sous un ciel azur. Certaines ont été vidées de leurs filets en prévision des «navettes» vers «le gros bateau». «On ratisse jusque dans la campagne, mais il y a moins de candidats. Je fixe mon prix car je suis le seul à savoir faire marcher un bateau», se rengorge Raouf, le jeune mécano, qui en est à son «troisième passage» depuis un mois. Et ensuite ? Les candidats au départ sont hissés à bord du chalutier, dont il assure qu’il possède tous les instruments de navigation. Comme les odeurs d’huile chaude, de gazole et le roulis vont lever le cœur, il a «toujours à bord plein de cachets contre le mal de mer».
Parfois, les 300 mètres qui séparent le chalutier du rivage se font à la rame.«Une baladeuse»(une barque) pendule sur l’arrière du bateau, explique Raouf, qui reçoit 8 000 dinars (4 100 euros) par passage. Mais celui-là, dit-il, sera son dernier : «Les Italiens vont détruire le bateau en arrivant, et moi, j’ai déjà trouvé un boulot de diéséliste dans un chantier naval en Sicile.»
«Code d’honneur». Les candidats au départ sont logés dans des maisons louées sur la plage et près du port de commerce. Ils sont nourris deux fois par jour par une cantinière rémunérée par le passeur. Les hommes attendent assis sur des couvrantes, posées sur un sol en carrelage. Peu viennent de Zarzis, mais plutôt de 50 km à la ronde. Des ruraux. Souvent très jeunes et qui ne parlent «pas français». Pourquoi partir depuis Zarzis ? «C’est bien organisé», dit l’un. Certains ont vendu «une parcelle d’oliviers» pour rassembler les 2 000 dinars (1 000 euros) nécessaires.
Le passeur Fethih était ces jours derniers en visite de prospection du côté de la frontière libyenne, à la recherche «de nouveaux marchés» car, à Zarzis, le filon s’épuise : «Tous les candidats sont partis», se désole-t-il. Lui a quitté momentanément son travail de chauffeur livreur aux abattoirs de la ville pour se lancer dans ce commerce concurrentiel, où les passeurs se mesurent entre eux pour capter ce marché de l’émigration clandestine qui, à Zarzis, vivrait ses dernières heures. «Pas par la faute des militaires, qui n’ont jamais empêché quoi que ce soit contrairement à ce qu’on raconte, mais par faute de candidats. On a été arrêté une seule fois en mer par la Garde nationale depuis un mois et demi. Les clandestins ont menacé de s’immoler si on les ramenait à terre. Les militaires ont alors fait demi-tour», assure Fethih. Enfin, c’est ce que lui a «rapporté un de ces hommes», puisque lui-même a «peur de la mer» et que son boulot, «c’est de recruter, pas de passer de l’autre côté». Fethih commence ses phrases par «Dieu le miséricordieux» et explique avec un bagout de placeur : «J’offre un service. J’assure jusqu’au bout le passage. J’ai un code d’honneur, ose-t-il, car je rembourse en cas d’échec.» Reste que la chose est invérifiable. Une quinzaine de passeurs se disputeraient le marché en ville. Dans trois-quatre cafés, les candidats entrent en contact avec un intermédiaire. «Pour chaque candidat que j’amène, je touche 100 dinars de commission, explique ce chauffeur de taxi. Et comme ça, chacun s’y retrouve. C’est comme une petite industrie.» Pour les ruraux qui se sont déclarés au passeur, tout est parfaitement au point. Une camionnette vient les prendre et les conduit à Zarzis : «Ça fait partie du service. Parfois, quand il n’y a pas plus de fourgon, on utilise des camionnettes frigorifiques», dit Ahmed, l’homme aux doigts coupés, qui se targue d’avoir fait passer «plus de 500 candidats depuis un mois et demi». Là aussi, c’est invérifiable.
Magot. L’attente peut durer parfois trois jours, en fonction de l’état de la mer et du nombre «de clients» exigé par le passeur pour «rentrer dans [ses] frais». Passeur qui, entre-temps, n’a pas eu grand-peine à convaincre un patron pêcheur, souvent coincé financièrement, de céder le bateau à un homme de paille. Le tout à un prix de 20% supérieur à la valeur du navire. Parfois, des navires désarmés reprennent du service.
Sur le port de commerce de Zarzis, deux mécanos ont bossé nuit et jour ce week-end pour remettre en route un vieux six cylindres qui pisse l’huile. «Qu’est-ce que vous venez faire là ?», s’énerve un type en bleu de chauffe. Le Beyaka, sardinier de 15 mètres, n’a visiblement pas pris la mer depuis un sacré bout de temps : une méchante fuite au bas de l’arbre d’hélice, et ses fonds sont plein de flotte. «Le tout, c’est que ça tienne dix-huit à vingt heures, le temps de la traversée, avance Raouf, le jeune mécano. Il m’est arrivé de couper les machines à mi-route, il y a deux semaines, parce que le moteur chauffait trop.» Combien étaient-ils à bord cette fois-là ? «Quatre-vingts. Parfois, les gens paniquent et disent que c’est foutu, qu’ils vont y rester. Ils ont froid. Ils grelottent. Je leur dis : "Mais c’est le prix de la liberté !" Et je remets en route le moteur.»
Grâce à un courtage perçu dans chaque opération, Ahmed a amassé un joli magot. Chacune lui rapporterait de 15 000 à 20 000 dinars (7 700 à 10 200 euros) : «Je fais passer des gens qui veulent rejoindre la France, mais moi-même, avec tout cet argent, je ne peux avoir de visa pour voir ma sœur qui vit en banlieue parisienne», feint-il de se désoler.
Zarzis, raconte Fethih, a connu ces derniers temps un engorgement du marché de l’émigration, stoppé net par le naufrage d’un bateau (23 disparus), le 13 février, qui a eu un grand écho localement. Fethih dit que cette affaire «a fait peur aux gens et a nui au business». Les départs se seraient alors calmés pendant trois semaines. Fethih parle comme un homme d’affaires. Et sait qu’en joueur avisé, il faudra bien quitter la table de jeu une fois fortune faite : «Mais tant qu’il y a des candidats…»
Fou de Rage. Deux vedettes des gardes-côtes sont amarrées au port de commerce. Visiblement pas pressées de prendre le large, puisque les paraboles télé sont installées sur le quai dans un entrelacs de fils électriques et de tuyaux d’eau potable : «On n’est pas de rotation cette semaine. Des bateaux de pêche pour Lampedusa ? La semaine dernière ? Non, pas entendu parler», dit ce garde-côtes qui sort de la coupée. Les douanes ? «Y a plus d’Etat pour le moment, et les militaires sont tous occupés au port par le départ du croiseur égyptien», disait dimanche ce planton. Les passeurs auraient donc une paix royale pour bosser ? «On a fait un passage de plus de 300 personnes sur le Taysir [25 mètres] mercredi dernier», se vante Fethih.
A propos du fameux «service après-vente», le père du jeune Souheil Ghezel, 17 ans, aurait beaucoup à dire. Son fils était de ceux qui sont partis le 13 février. Cent vingt-trois étaient à bord de ce thonier qui a été coulé par un bâtiment gris de la Garde nationale tunisienne, le Liberté 302. Fausse manœuvre ou tentative délibérée de faire sombrer le bateau ? Vingt-trois personnes ont péri. Le père est fou de rage : «La Garde nationale a coupé le bateau en deux. Le passeur m’a bien rendu 1 000 dinars, mais j’ai failli perdre mon fils !» Le fils : «Tu ne m’aurais pas laissé partir, je m’immolais !» Le père se prend la tête à deux mains : «Les jeunes ici sont fous. Ils ne voient que l’argent facile, la voiture pour rentrer au pays pour dire qu’ils ont réussi.» Mais ces 2 000 dinars du passage, le fils de 17 ans ne les a pas gagnés ? Qui les lui a donnés ? Le père tourne les talons sans rien dire.
8/3/2011, Reportage de JEAN-LOUIS LE TOUZET
Source : Libération
Alors que la poussée de Marine Le Pen n'en finit plus d'affoler la classe politique et de questionner la stratégie de Nicolas Sarkozy d'aller sur le terrain de l'extrême droite, une députée UMP s'est assurée de créer la polémique. Chantal Brunel, parlementaire de Seine-et-Marne et ancienne porte-parole de l'UMP, a proposé, mardi, dans les couloirs de l'Assemblée, sa solution pour contrer Marine Le Pen : "Rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux !"
Après la vive polémique qu'ont suscitée ses propos, Chantal Brunel s'est expliquée au Nouvel Obs.com. "Il y a eu un raccourci. Ce que j'ai dit était une réponse à une question de journalistes sur les deux sondages du Parisien mesurant une poussée de Marine Le Pen. Sur l'immigration, je reconnais ce que j'ai dit, mais je regrette qu'on ne puisse plus parler de 'bateau' parce que Mme Le Pen l'avait fait", déclare-t-elle au site de l'hebdomadaire.
"Je dis que nous n'avons pas à accueillir massivement des étrangers dans notre pays car les Français sont inquiets pour le maintien de notre protection sociale, qui est l'une des meilleures du monde. Il faut appliquer rapidement les procédures : commencer par placer les immigrés dans des centres de rétention puis, dans le cadre européen, affréter des bateaux et débloquer des crédits pour leur retour au pays", précise-t-elle.
La proposition de Chantal Brunel ressemblait à s'y méprendre à ce qu'avait proposé Marine Le Pen pour faire face à une éventuelle vague migratoire provoquée par le Printemps arabe. La présidente du FN estimait qu'il fallait "humainement (...) repousser les bateaux d'immigrés dans les eaux internationales".
Elle traduit sans doute l'affolement qui gagne l'UMP, alors que Nicolas Sarkozy continue d'être au plus bas dans les sondages, tandis que Marine Le Pen décolle. Chantal Brunel a d'ailleurs ajouté, après sa sortie : "Le temps n'est plus à la parole, mais aux actes et aux décisions. Marine Le Pen n'a aucune solution à proposer. Nous, on doit montrer qu'on a des solutions. On doit assurer la sécurité en France et rassurer les Français."
INDIGNATION DE L'OPPOSITION
Mardi, ces propos n'ont pas manqué de susciter l'indignation de l'opposition. "Chantal Brunel est-elle passée de porte-parole de l'UMP à porte-parole du Front national ?", s'est interrogé Harlem Désir, numéro deux du Parti socialiste. "Cet énième dérapage d'une responsable UMP montre le danger de la surenchère permanente entre la droite et l'extrême droite", selon l'eurodéputé.
Au MoDem, on estime que ces "paroles d'exclusion et de rejet à l'emporte-pièce" ne sont "pas à la hauteur des solutions qu'il nous faut apporter avec les pays d'origine, pour résoudre ces exodes de guerre". Pour le numéro un du PCF, Pierre Laurent, "cette sortie atroce de la part de la députée UMP donne envie de vomir". "L'affolement gagne les rangs de l'UMP" et "ces propos racistes doivent être condamnés au plus vite" par M. Copé, poursuit-il. Au NPA également, on a condamné "les propos racistes" d'une députée "sur les traces de Marine Le Pen".
Jean-François Copé, le patron de l'UMP, a déclaré de son côté mardi soir qu'il "désapprouvait" les propos de la députée. "Bien entendu, je les désapprouve et à vrai dire, je ne les comprends pas du tout", a-t-il expliqué. "Il peut arriver que de temps en temps on dise des choses qui soient en décalage avec ce que l'on pense profondément. Et je pense que cela peut-être le cas de Chantal", a ajouté M. Copé, sans autre commentaire.
8/3/2011
Source : Le Monde avec AFP
Si les mères, arrivées dans le cadre du regroupement familial dans les années 70, restent identifiées en tant que Marocaines résidant en France, les filles, pour leur part, sont désormais des Françaises à part entière. Entre la première et les deuxième et troisième générations de Marocaines en France, le changement, considérable, ne se limite pas à la seule couleur du passeport. Dossier…Suite
Devant la fronde d'une partie de la majorité, le gouvernement a décidé d'abandonner l'idée d'étendre la déchéance de nationalité aux assassins de policiers, une des mesures-phare du projet de loi sur l'immigration en débat à l'Assemblée.
La déchéance de la nationalité restera réservée aux traîtres et aux terroristes. L'exécutif et les députés UMP ont décidé mardi de renoncer à déchoir de leur nationalité les personnes devenues françaises depuis moins de 10 ans qui se seraient rendues coupables de crime à l'encontre de personnes dépositaires de l'autorité de l'État. Jusqu'ici, cette sanction ne concernait que les individus coupables d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou d'acte de terrorisme.
L'idée d'étendre son application avait été lancée par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Grenoble, en juillet 2010. Contestée par l'opposition, elle n'a pas non plus fait l'unanimité au sein de la majorité. Jusqu'à être rejetée par le Sénat en février dernier. Rétabli par la commission des lois de l'Assemblée nationale, l'article polémique devait être examiné en deuxième lecture à l'Assemblée nationale à partir de mardi après-midi, au sein du projet de loi sur l'immigration.
Fillon «appelle la majorité à rester soudée»
Mais en fin de semaine dernière, près de 70 députés UMP et de la «confédération des centres» avaient de nouveau donné de la voix contre la mesure, arguant qu'elle créerait «deux catégories de Français» et déposant un amendement pour la supprimer. Parmi ces contestataires figuraient l'ancien numéro deux du gouvernement Jean-Louis Borloo et l'ex-ministre de la Défense Hervé Morin.
Mardi, lors de la réunion hebdomadaire à huis clos des députés UMP qui s'est tenue avant l'examen du projet de loi, le premier ministre François Fillon a donc annoncé l'abandon de cette disposition. «J'appelle la majorité à rester soudée. Si on se divise, le texte (sur l'immigration, ndlr) ne sera pas voté. Je demande à chacun de se rallier à la position de compromis (l'abandon de cette mesure, ndlr) prise en accord avec le président de la République», aurait ajouté François Fillon selon des participants. Avant l'ouverture des débats en séance publique, la commission des Lois devrait donc adopter un amendement pour supprimer cet article du projet de loi.
8/3/2011
Source : Le Figaro
«Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux!». Ces deux phrases de la députée UMP Chantal Brunel ont engendré une pluie de protestations mardi. L'élue de Seine-et-Marne, qui s'exprimait au lendemain de la parution d'un sondage donnant Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle quel que soit le cas de figure, a enfoncé le clou. «Le temps n'est plus à la parole mais aux actes et aux décisions. Marine Le Pen n'a aucune solution à proposer. Nous, on doit montrer qu'on a des solutions», a-t-elle plaidé.
La déclaration de la députée UMP n'est pas sans rappeler une phrase prononcée la semaine dernière par la patronne du parti frontiste. Interrogée sur RTL, Marine Le Pen avait déclaré : «On peut repousser humainement des bateaux dans les eaux internationales».
Indignation à gauche
La classe politique n'a pas tardé à dénoncer ses propos. «Chantal Brunel est-elle passée de porte-parole de l'UMP à porte-parole du Front national ?», s'est interrogé Harlem Désir, numéro deux du parti socialiste, au sujet du poste que l'élue a occupé de 2008 à 2009. «Cet énième dérapage d'une responsable UMP montre le danger de la surenchère permanente entre la droite et l'extrême droite», a dénoncé l'eurodéputé.
Pour Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, l'élue UMP n'est rien moins qu'une «débile». «Face au chômage, il y a des solutions et les solutions, ce n'est pas de dire ‘renvoyons les immigrés dans des bateaux' comme cette débile de députée UMP», a-t-elle déclaré.
Le MoDem a estimé que ces «paroles d'exclusion et de rejet à l'emporte-pièce» ne sont «pas à la hauteur des solutions qu'il nous faut apporter avec les pays d'origine, pour résoudre ces exodes de guerre». «Nous avons connu Chantal Brunel plus inspirée quand elle dénonçait les violences faites aux femmes», a écrit Fadila Mehal, chargée de l'intégration au shadow cabinet du parti de François Bayrou.
Le NPA a également condamné «les propos racistes» d'une députée «sur les traces de Marine Le Pen». «Cédant à la panique, la droite au pouvoir multiplie les déclarations ambiguës ou ouvertement racistes», dénonce le parti d'Olivier Besancenot.
Le patron de l'UMP, Jean-François Copé, appelé par Harlem Désir à «désavouer» les propos de Brunel, semble avoir répondu à l'appel dans la soirée. Le député-maire de Meaux a déclaré qu'il «désapprouvait», «bien entendu», ces dires. «A vrai dire, je ne les comprends pas du tout», a-t-il ajouté. Le patron du parti majoritaire a néanmoins réfuté tout lien entre les déclarations de l'élue et les sondages polémiques des derniers jours. «Ça n'a rien à voir. Il peut arriver que de temps en temps on dise des choses qui soient en décalage avec ce que l'on pense profondément. Et je pense que cela peut-être le cas de Chantal».
La députée a pourtant maintenu ses propos dans la soirée, tout en regrettant avoir choqué. «Si j'ai pu blesser quelqu'un en utilisant des mots qui ont pu choquer, je m'en excuse, mais vraiment, si on ne peut plus utiliser des mots qui ont été utilisés par le Front national, nous allons faire son lit», a-t-elle déclaré au site du Nouvel Observateur.
9/3/2011
Source : Le Figaro
Le CCME soutient la 10ème édition du festival Cultures du Maghreb, qui aura lieu à Caen (France), du 25 mars au 17 avril 2011. Cette 10ème édition est organisée sous le thème "Héritages ... Mémoires vives ...". Pour en savoir plus, visitez le site du festival : www.tunion.org . Pour consulter le programme, cliquez ici.
Le CCME soutient la participation de la galerie d’art l’Atelier 21 à Art Dubaï du 16 au 19 mars 2011
Pour la première fois, le Maroc disposera d’un stand à Art Dubaï. En effet, la galerie d’art l’Atelier 21 a été sélectionnée pour participer à la cinquième édition de Art Dubaï qui se déroule du 16 au 19 mars 2011 à Dubaï. Cette participation sera conjointement organisée par la galerie l’Atelier 21 et le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).
Les journalistes marocaines Jamila Atef et Wafaa Daoui se distinguent dans la presse russe à travers la pertinence de leurs apports, mettant ainsi en évidence le professionnalisme de la femme marocaine dans un métier qui n'est pas de tout repos et où il n'y a de place qu'à la persévérance et à l'effort continu.
Si les deux journalistes partagent plusieurs traits, à commencer par leur compétence et leur abnégation, qui les ont promises à intégrer la chaine "Russia Today" depuis son lancement, le parcours professionnel des deux journalistes reste néanmoins différent.
Jamila a exercé au début de son parcours à la chaîne marocaine Al Oula avant d'enrichir son expérience en travaillant pour des chaînes satellitaires internationales et actuellement en Russie.
Quant à Wafaa, elle a appris le métier en Russie en tant qu'étudiante avant de se lancer dans la presse écrite au Maroc et par la suite réintégrer la chaîne "Russia Today".
Jusqu'à une date récente, Jamila Atef reste l'une des journalistes familières des téléspectateurs d'Al Oula où elle a commencé son parcours professionnel en 1999 avant de travailler pour le compte de chaines satellitaires au Proche-Orient et à Dubaï.
Par la suite, elle s'est lancée dans le monde de la production avant de réussir à s'imposer comme l'une des meilleures journalistes présentatrices d'infos en langue arabe à "Russia Today".
Jamila (qui est native d'Azilal) estime que si la presse ne s'embarrasse pas de frontières, le journaliste doit être au service de tous et peu importe le lieu où il exerce, l'essentiel étant de s'acquitter au mieux de sa mission.
La responsabilité du journaliste marocain au sein des chaînes étrangères, poursuit-elle, est "double". Primo, il est tenu de faire preuve de compétence dans le contexte de la mondialisation de la presse, secundo en tant que Marocain représentant la presse nationale, il doit donner la mesure du travail accompli par les professionnels marocains depuis le début du 20è siècle.
Dans un entretien accordé à la MAP, Jamila a saisi l'occasion pour rappeler sa riche expérience au sein d'Al Oula qui constitue une pépinière de journalistes compétents.
Mon expérience à Al Oula a été bénéfique, ce qui m'a facilité la tâche pour m'acquitter au mieux de ma mission au sein des chaines où j'ai exercé, a-t-elle dit, exprimant sa disposition à partager son expérience avec les jeunes marocains.
Le secret de ma réussite professionnelle est la persévérance, le dévouement et la volonté d'apprendre et de mieux faire, a-t-elle confié.
En plus de la présentation et de la voix agréables, le présentateur du bulletin d'infos doit se prévaloir d'une vaste culture et du suivi quotidien de ce qui se passe à travers le monde sur les plans politique, économique et culturel, outre un sens de l'autocritique, exercice indispensable pour le perfectionnement du journaliste.
Pour sa part, la journaliste Wafaa Daoui, originaire de Casablanca, affirme avoir concrétisé le vÂœu qu'elle caressait depuis sa tendre enfance, soulignant que son succès est le fruit de la persévérance et de l'abnégation.
Qualifiant d'important l'apport de la femme marocaine dans le domaine du journalisme, elle a indiqué que cette situation a été une source de motivation pour se frayer un chemin dans le monde de la presse.
En dépit de l'éloignement du pays, le journaliste marocain est sensible aux préoccupations nationales qu'il place au centre de son intérêt, a-t-elle dit, ajoutant qu'elle se considère avec fierté comme ambassadeur du Maroc dans le domaine médiatique.
Evoquant son parcours professionnel en Russie, Wafaa a indiqué que ses confrères de la chaine Russia Today la surnomment "l'abeille active" pour ses déplacements fréquents à travers le territoire étendu de la Russie en vue de réaliser des reportages et enquêtes.
Engagée en 2007 par la chaine russe, Wafaa considère le journalisme comme étant un métier de persévérance, nécessitant des efforts soutenus afin d'être en phase avec l'actualité.
Wafaa et Jamila cultivent aussi une même passion, qui consiste à suivre l'actualité de leur pays le Maroc et témoigner attachement au patrimoine culturel du Royaume.
7/3/2011, Abdelaziz HAYOUN
Source : MAP
Le Réseau des femmes d'affaires marocaines du Canada, en coordination avec la Chambre de commerce de Sherbrooke, organise, en mai prochain, une mission économique au Maroc, en vue d'"aider les entreprises québécoises à percer le marché marocain", apprend-on lundi auprès des organisateurs.
Cette mission, sous l'égide du ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger et en partenariat avec le ministère du développement économique, innovation et exportation du Québec, vise à "promouvoir les échanges commerciaux et les investissements entre le Québec et le Maroc", précise-t-on auprès du Réseau des femmes d'affaires marocaines.
Des rencontres de groupes, réunions de travail, ateliers et tables-rondes seront organisés notamment à Rabat, Casablanca, Tanger et Tétouan, dans le cadre de cette mission d'une semaine qui verra la participation notamment d'une vingtaine de chefs d'entreprises québécois.
L'objectif de cette mission consiste à "identifier les occasions d'affaires au Maroc et au Québec, aider les entreprises québécoises à percer le marché marocain, faire connaître le savoir-faire des entreprises québécoises et le potentiel économique du Québec, développer des partenariats stratégiques avec des entreprises marocaines et promouvoir la destination Maroc pour les investissements".
Selon la même source, cette mission vise en particulier le renforcement des relations économiques entre le Maroc et le Québec, ainsi que l'exploration des opportunités d'investissement et de partenariat sur les plans de développement sectoriel, à travers les occasions d'affaires interentreprises.
07/03/11
Source : MAP
Le centre hispano-marocain de Madrid accueille tout au long du mois courant une exposition sur "l'art au service de l'égalité et contre le racisme", et ce à l'occasion de la journée internationale contre le Racisme et la xénophobie célébrée le 21 mars de chaque année, apprend-on auprès des organisateurs.
L'exposition, ouverte au grand public, propose à voir les toiles d'artistes peintres d'Espagne, de France mais aussi d'Amérique Latine dont les œuvres ont été sélectionnées lors d'un concours sur le thème "l'Art pour l'égalité et contre le racisme", réalisé en 2010 par l'ONG SOS Racisme-Espagne.
Adressé aux artistes peintres "quelque soit leur origine ou leur situation légale en Espagne", le concours "l'Art pour l'égalité et contre le racisme" portait sur les thématiques de l'inter culturalité, la convivialité, l'immigration, l'égalité des droits ou encore la lutte contre le racisme et la xénophobie.
Inaugurée vendredi dernier dans le centre d'intégration et de participation (CEPI) hispano-marocain, situé dans le quartier Madrilène de Lavapiès célèbre pour accueillir une forte communauté immigrée notamment Marocaine, l'exposition ne fermera ses portes que le 3 avril prochain.
L'exposition, organisée à l'initiative de SOS Racisme, s'inscrit dans le cadre des "VIIèmes journées contre le racisme 2011" marquées par la tenue de manifestations et de rencontres culturelles, dans la capitale Espagnole, pour célébrer tout au long du mois courant la journée du 21 mars déclarée par les Nations Unies "journée internationale contre le racisme et la xénophobie".
Créé à l'initiative de la municipalité de Madrid, le CEPI hispano-marocain, se veut un centre social et culturel de soutien au processus d'intégration de la population immigrée principalement celle d'origine marocaine.
Le centre œuvre également pour la promotion de la culture arabe et marocaine auprès de la population Madrilène à travers la création d'espaces de rencontres et d'échanges culturels en vue d'encourager la participation citoyenne pour une véritable communauté interculturelle au sein de la Communauté de Madrid
07/03/11
Source : MAP
Dimanche 6 mars, vers 7h00. Le navire Barken vient d'accoster au port Tanger Med. A son bord, près de 1.500 ressortissants marocains résidant en Libye qui ont fui le chaos libyen. Khaled, 26 ans, fait partie de ces heureux rescapés.
Sous une pluie douce et clémente, Khaled pousse doucement ses deux valises et sur son visage se lisent la fatigue et l'inquiétude. Originaire de Béni Mellal, il a dû quitter le Maroc après quelques années de galère pour chercher un avenir meilleur.
Son destin l’a conduit à Tripoli. Il a travaillé comme platrier-staffeur et gagne bien sa vie. Les Libyens sont très généreux et apprécient la qualité du travail des maçons marocains. “Mon salaire a été de 1000 DH voire 1500 par jour. Parfois, je gagnais plus de 10.000 DH par mois”, a-t-il raconté.
Mais le vent a mal tourné. Khaled n'a pas eu le temps d’assurer ses arrières. Aujourd'hui, il a presque tout perdu. S'il est arrivé à sauver quelques millions de centimes, il estime qu'il ne va pas tarder à faire la manche d'ici quelques mois si la situation ne s'améliore pas.
Khaled a toujours envisagé un avenir radieux et ne s’est jamais fait de soucis du lendemain. Il s'est habitué à vivre pleinement sa vie. Mais la révolte a tout changé. Son rêve en Libye s'est transformé en cauchemar ; il doit maintenant composer avec une réalité atroce. « On se trouve du jour au lendemain sans boulot, sans argent et sans toit, c'est affreux», a-t-il confié. Maintenant, il n'a qu'une seule envie : dormir et ne jamais se réveiller.
Pour ces 1500 Marocains rapatriés, le retour au pays n'a pas été de tout repos. Il a fallu attendre de trois à quatre jours l'arrivée de bateaux et parfois faire des allers et retours dans des conditions lamentables. “On est resté carrément dans le froid, sans manger ni boire”, s'est lamenté Ahmed, 33 ans, salarié.
Pour lui, accéder au port est une vraie aventure, car il faut déjouer les chekpoints et monnayer les mercenaires qui hantent les rues désertes de Tripoli. “Les yeux des milices de Khadafi sont largement ouverts sur tout ce qui bouge dans la capitale”, a-t-il souligné.
Pourtant, il n'a pas été le seul à témoigner, plusieurs rapatriés ont rapporté que pour accéder au port de Tripoli, il faut passer près de 30 barrages. “Et à chaque passage, il faut craindre le pire, car si on tombe entre les mains des mercenaires du Polisario, notre sort est incertain”, a dit Khaled qui se souvient encore du calvaire de son ami qui a été arrêté et torturé pendant huit jours dans une prison libyenne. Son crime: avoir un passeport marocain.
Khaled a indiqué que ces mercenaires sont sans pitié. Ils confisquent tout : argent, téléphone portable, habits, bijoux, parfois puce de téléphone ; une manière, selon eux, de contrôler les informations du pays... Pour Khaled, la situation sécuritaire est déplorable à Tripoli malgré une accalmie apparente. La tension est palpable et les rues sont désertes. Un silence lourd pèse sur la ville ; seul un coup de feu brise ce silence dur à supporter. “J'ai dû partir parce qu’on vit dans un peur permanente. Et toutes les possibilités sont à envisager. Des attaques-surprise, des actes de vengeance”, a déclaré Ali, 48 ans, père de famille. S'agissant du conflit actuel, difficile d'arracher un mot. Les Marocains veulent rester neutres. Pas question de s'immiscer dans les affaires intérieures des Libyens. Prudence ou pragmatisme? Difficile à dire, mais quelle que soit la réponse, pour eux, la politique porte préjudice aux affaires. Les Marocains sont respectés et ont une meilleure réputation. Une qualité qu'il faut soigneusement préserver, s'ils envisagent d’y retourner un jour. Certains n'hésitent pas à déclarer que si ce conflit était déclenché par une force étrangère, ils n’hésiteraient pas à prendre les armes et combattre aux côtés des Libyens.
Cependant, leurs histoires sont de vrais drames. Sous cette tente de soutien psychologique, les témoignages se succèdent et se ressemblent. Les gens racontent leur détresse, leur peur et leur inquiétude face à un avenir incertain. Pour eux, leur avenir en Libye dépend en grande partie du nouveau régime qui sera mis en place. Certains envisagent le pire: une expropriation, un rapatriement massif vers le Maroc ou une confiscation collective des biens, l’exemple algérien étant encore vivace. D'autres gardent espoir, et envisagent un retour proche. Mais, la question d'urgence : que vont-ils faire au Maroc? Pour beaucoup, ce retour a été difficile à assumer vu les conditions dans lesquelles il s’est déroulé. Ils ont dû abandonner leurs biens, leurs maisons. Pire, leur pays. Une grande majorité d'entre eux se considèrent comme des Libyens. Ils se sentent plus Libyens que Marocains. Ils sont bien intégrés dans la société. La plupart ont quitté depuis longtemps le Maroc. Pour eux, ce retour ressemble à un vrai déphasage culturel. “Quitter une société conservatrice et tribale pour retourner dans un pays qui vit au rythme des mutations sociales et culturelles, cela peut choquer certaines personnes”, a constaté Ismail, étudiant.
Mais pour Khaled, ce débat est loin de le préoccuper, il a d'autres soucis à se faire. Il scrute sa montre, il est 11h00. Il est peut-être temps d'y aller. Demain sera un autre jour.
8 Mars 2011, Hassan Bentaleb
Source : Libération
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