jeudi 28 novembre 2024 18:36

Le Dahir portant création du Conseil national des Droits de l'Homme (CNDH), en tant que mécanisme national de promotion et de protection des droits de l'Homme et des libertés, a veillé à l'indépendance de cette institution, avec une composition pluraliste et rationalisée, à l'élargissement de ses compétences, et au renforcement de son efficacité en cohérence avec les standards internationaux dans ce domaine et notamment des " principes de Paris ".

Cette institution aura ainsi pour missions "la consultation, la surveillance, l'alerte précoce et l'évaluation de la situation des droits de l'Homme ainsi que la réflexion et l'enrichissement des débats sur les questions des droits de l'Homme à travers l'ensemble du territoire national et l'élaboration d'un rapport annuel et des rapports spéciaux ou thématiques soumis à la Haute Attention de Sa Majesté le Roi ".

Dans ce cadre, le Conseil pourra à son initiative ou sur la base de requêtes, diligenter des enquêtes et examiner les situations d'atteinte ou d'allégations de violations de droits de l'Homme et convoquer, le cas échéant, toute personne susceptible de témoigner à cet effet.

Le conseil pourra également intervenir en tant que mécanisme d'alerte précoce dans toute situation de tension susceptible d'entraîner des violations des droits de l'Homme et entreprend toute action de médiation ou de conciliation susceptible de prévenir lesdites violations.

Il aura pour mandat, en tant qu'institution nationale, la possibilité de visiter les lieux de détention et les établissements pénitentiaires et de contrôler les conditions des prisonniers.

Le Conseil est également chargé d'étudier l'harmonisation des textes législatifs et réglementaires en vigueur avec les traités internationaux relatifs aux droits de l'Homme et au droit international humanitaire à la lumière des observations et recommandations émises par les organes des traités et de participer à la mise en œuvre des mécanismes prévus par les instruments internationaux relatifs aux droits de l'Homme.

Il contribue à l'élaboration des rapports nationaux présentés aux organes de traités et encourage le gouvernement à poursuivre l'application de leurs observations finales et de leurs recommandations. Dans le cadre du renforcement de la démocratie, le conseil contribue à l'observation des opérations électorales.

En vue d'enrichir les débats sur les questions de droits de l'homme et de la démocratie, le conseil assure le relais entre les associations nationales, les organisations internationales non gouvernementales ainsi qu'avec les organes de l'Organisation des Nations Unies et organise des forums nationaux, régionaux et internationaux des droits de l'Homme à l'occasion desquels est décerné le " prix national des droits de l'Homme ".

Le texte a veillé à ce que la composition du conseil allie ainsi entre le pluralisme, la compétence et l'expertise, la représentativité de la femme et la représentativité régionale.

Aussi, outre le président, le secrétaire général, le responsable de l'institution chargée de la promotion de la communication entre le citoyen et l'Administration et les présidents des commissions régionales en place, le CNDH comprend 30 membres nommés pour un mandat de 4 ans renouvelable.

Les membres sont choisis après consultation parmi les personnalités représentant les forces vives de la société (associations, des syndicats, du parlement, des figures de la pensée, du corps de la magistrature, des professeurs de l'enseignement supérieur et des experts marocains auprès de l'ONU) et agissant dans les domaines des droits de l'Homme, et justifiant d'une expertise et d'expérience en la matière.

Les membres sont répartis en 05 catégories, à savoir 08 membres choisis par Sa Majesté le Roi parmi les personnalités reconnues pour leur grande expertise et leur apport méritoire, à l'échelle nationale et internationale, en matière de protection et de promotion des droits de l'Homme, 11 membres proposés par les organisations non gouvernementales actives dans le domaine des droits de l'Homme et reconnues pour leur travail sérieux en la matière, 08 membres dont la candidature est portée par les présidents des deux chambres du Parlement (selon les modalités fixées par le texte), deux membres proposés par les instances institutionnelles religieuses supérieures et un membre proposé par l'Amicale Hassania des magistrats.

Ainsi, pour le Président de la Chambre des Représentants, deux membres sont choisis parmi les parlementaires après consultation des groupes parlementaires et deux membres sont choisis parmi les experts marocains exerçant au sein des instances internationales concernées par les droits de l'Homme.

En ce qui concerne le Président de la Chambre des conseillers, quatre membres sont proposés par le ou les organismes respectivement représentatifs des professeurs universitaires et des journalistes professionnels, l'Ordre national des médecins et l'Association des barreaux du Maroc. Dans l'exercice de leurs fonctions, le président et les membres jouissent de protections leur garantissant l'exercice indépendant de leurs missions. Ils sont tenus d'une obligation de réserve et de confidentialité.

Les travaux du conseil sont placés sous la responsabilité d'un président et d'un secrétaire général nommés par Dahir. A leur cotés un bureau exécutif composé des présidents de groupes de travail et des rapporteurs assure les missions qui lui sont dévolues par le conseil.

Le conseil jouit de la capacité juridique et l'autonomie financière. A ce titre, des crédits sont inscrits au budget de l'Etat pour couvrir ses dépenses de fonctionnement et d'équipement.

Le Conseil dispose de représentations régionales du Conseil qui travaillent en collaboration avec les associations locales actives et sont chargées, du suivi et du contrôle, du traitement des requêtes relatives aux violations des droits de l'Homme.

Les réunions du Conseil sont de quatre sortes: -celles tenues sur Ordre de Sa Majesté le Roi en vue d'examiner une question que lui soumet Sa Majesté pour consultation et avis, -les sessions ordinaires qui se tiennent quatre fois par an au maximum , -celles tenues à l'initiative des deux tiers au moins des membres du Conseil : -celles qui se tiennent pour des besoins d'urgence à l'initiative du président du Conseil.

Le règlement intérieur fixe les modalités de fonctionnement et l'exercice des attributions ainsi que la tenue des réunions et des délibérations du conseil. Le président du Conseil soumet à Sa Majesté le Roi un rapport annuel sur l'état des droits de l'Homme ainsi que sur le bilan et les perspectives d'action du Conseil.

Ce rapport est publié au Bulletin officiel. Le président du Conseil informe l'opinion publique, les organisations et les instances nationales et internationales concernées par les droits de l'Homme, du contenu dudit rapport.

ll présente devant chacune des chambres du Parlement, en séance plénière, un exposé synthétique du contenu dudit rapport, et ce, après en avoir saisi leurs présidents respectifs.

Les rapports, les avis, les recommandations et les propositions du Conseil sont publiés et diffusés à grande échelle, après qu'ils aient été portés à la Haute Connaissance de Sa Majesté le Roi. Ainsi les principales innovations introduites par le dahir , par delà le changement de dénomination (Conseil National au lieu de Conseil consultatif) concernent le renforcement de la conformité avec les principes de Paris et la pratique internationale des Institutions nationales des DH, l'intégration, la capitalisation et la consolidation des acquis depuis la création (20 ans), la réorganisation (10 ans) et l'intégration des nouvelles préoccupations en matière des DH (Droits Economiques, Sociaux, Culturels, Environnement, ...).

Ces innovations portent également sur la couverture d'un large éventail des DH (Droits catégoriels et droits thématiques), le renforcement des attributions en matière de monitoring des DH, le renforcement de l'auto saisine, la réception et traitement des requêtes, les visites et le contrôle qu'il est autorisé à effectuer dans les lieux de détention et les établissements pénitentiaires, et son rôle en matière d'alerte précoce et d'intervention en cas d'urgence et ce qui concerne la médiation et la conciliation.

En outre le Conseil s'est vu renforcer les attributions en matière d'harmonisation, de suivi de la pratique conventionnelle (Monitoring du suivi des Observation Finales et des recommandations des organes de traités ) et de mise en œuvre des mécanismes prévus par les instruments internationaux des DH auxquels a souscrit le Maroc.

Outre le rôle de relais entre l'Etat avec ses institutions et la société civile nationale et internationale Le Conseil a vu se Renforcer son interactivité du Conseil avec le système international des DH et dans le débat sur DH et la construction démocratique, avec notamment une incitation à la créativité en matière des DH par le biais d'organisation d'un prix des DH, tout comme il consacre la contribution du CNDH à l'observation des élections.

Les membres du Conseil répondent en plus à des critères déterminés par le dahir, à savoir des personnalités notoirement connues pour leur impartialité, leur probité morale, leur attachement sincère aux valeurs et principes des droits de l'Homme, leur compétence intellectuelle et leur expertise, avec une représentation des principales forces vives de la société agissant dans les différents domaines des DH

Outre les garanties d'indépendance le CNDH jouit de la capacité juridique et de l'autonomie financière, avec des crédits alloués au budget général de l'Etat et des règles d'organisation financière et comptable spécifiquement dédiées. Concernant la relation à l'opinion publique, le texte prévoit la publication au Bulletin officiel du Rapport annuel soumis à Sa Majesté le Roi, et l'information par le président du Conseil de l'opinion publique, des organisations et des instances nationales et internationales concernées par les droits de l'homme, du contenu du rapport, outre la présentation par le président devant chacune des chambres du Parlement, en séance plénière, d'un exposé synthétique du contenu du rapport, et ce, après en avoir saisi leurs présidents respectifs.

Le souci du législateur d'assurer une plus grande convergence avec les principes de Paris apparaît clairement à cet effet. Inter : Les principes de Paris

Approuvés par la Commission des droits de l'homme des Nations unies, en mars 1992 (résolution 1992/54), et l'Assemblée générale de l'organisation internationale (résolution AIRES/481134 du 20 décembre 1993), les principes de Paris concernant le statut et le fonctionnement des institutions nationales de protection et de promotion des droits de l'homme.

Selon ces recommandations, une institution nationale, qui est investie de compétences de protection et de promotion des droits humains, est dotée d'un mandat aussi étendu que possible, et clairement énoncé dans un texte constitutionnel ou législatif, déterminant sa composition et son champ de compétence.

Parmi ses attributions, l'institution nationale est appelée à fournir à titre consultatif au gouvernement, au parlement et à tout autre organe compétent, soit à la demande des autorités concernées, soit en usant de sa faculté l'autosaisine, des avis, recommandations, propositions et rapports concernant toutes questions relatives à la protection et à la promotion des DH.

Elle se doit aussi de promouvoir et veiller à l'harmonisation de la législation, des règlements et des pratiques nationaux avec les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, auxquels l'Etat est partie, et à leur mise en œuvre effective.

L'institution est chargée, entre autres, d'encourager à la ratification desdits instruments ou à l'adhésion à ces textes et s'assurer de leur mise en œuvre, ainsi que contribuer aux rapports que les Etats doivent présenter aux organes et comités des Nations Unies, ainsi qu'aux institutions régionales, en application de leurs obligations conventionnelles, et le cas échéant, émettre un avis à ce sujet, dans le respect de leur indépendance.

S'agissant des modes de désignation de ses membres, par voie élective ou non, la composition de l'institution nationale doit être établie selon une procédure présentant toutes les garanties nécessaires pour assurer la représentation pluraliste des forces sociales (de la société civile) concernées par la protection et la promotion des droits de l'homme, notamment par des pouvoirs permettant d'établir une coopération effective avec, ou par la présence, des représentants des organisations non gouvernementales compétentes dans ce domaine.

Pour la stabilité du mandat des membres de l'institution, sans laquelle il n'est pas de réelle indépendante, leur nomination est faite par un acte officiel précisant, pour une période déterminée, la durée du mandat. Il peut être renouvelable, sous réserve que demeure garanti le pluralisme de sa composition.

Les principes de Paris comportent, en outre, garantissent à l'institution national la possibilité d'examiner librement toutes questions relevant de sa compétence, obtenir toutes informations et tous documents nécessaires, s'adresser directement à l'opinion publique ou par l'intermédiaire de tous organes de presse, particulièrement pour rendre publics ses avis.

D'autre part, une institution nationale peut être habilitée à recevoir et examiner des plaintes et requêtes concernant des situations individuelles. Elle peut être saisie, par des particuliers, leurs représentants, des tierces parties, des organisations non gouvernementales, des associations et syndicats et toutes autres organisations représentatives.

4/3/2011

Source : MAP

Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), a dénoncé, mercredi, les déclarations "xénophobes" faites par un candidat du Parti populaire (PP) contre les immigrés en Espagne.

Il s'agit de déclarations "scandaleuses et xénophobes" qui "portent gravement atteinte à la valeur de la coexistence" en Espagne, a souligné le vice-coordonateur du Comité électoral des socialistes, Antonio Hernando.

Xavier Garcia-Albiol, candidat du PP à la mairie de la ville de Badalone (Nord-est de l'Espagne), avait promis mardi d'adopter une politique "très dure" contre l'immigration à travers une "pression policière plus forte", accusant une "partie des immigrés" d'être à l'origine des problèmes d'"insécurité et d'incivisme" qui règnent dans la ville.

S'exprimant lors d'un point de presse tenu au siège du PSOE à Madrid, Hernando a également dénoncé l'exploitation électoraliste par le PP de la question migratoire, faisant remarquer que "cette manière de faire la politique nuit à la société et à la coexistence" en Espagne.

"Le PP et ses candidats n'ont pas le droit d'utiliser l'immigration comme une arme de jet dans chaque commune espagnole", a-t-il dit.

2/3/2011

Source : MAP

Deux ferry devaient quitter, jeudi soir, le port de Tripoli, avec à bord environ 4000 ressortissants marocains, dans le cadre de la plus grande opération, organisée par les autorités marocaines pour rapatrier les membres de la communauté marocaine désirant retourner dans leur pays suite à la dégradation de la situation en Libye.

L'opération d'évacuation des ressortissants marocains souhaitant quitter la Libye a débuté il y a une semaine après la mise en place d'un pont aérien établi par la RAM entre l'aéroport de Tripoli et celui Mohammed V à Casablanca.

La RAM a en outre rapatrié des membres de cette communauté ayant quitté le pays par les points de passage aux frontières avec l'Egypte et la Tunisie à travers la programmation de vols en provenance des aéroports de ces deux pays.

Dans des déclarations à la MAP, des membres de la communauté marocaine ont exprimé, avant leur départ vers le Royaume, leurs remerciements et leur gratitude à SM le Roi Mohammed VI suite à cette louable initiative qui leur permettra de regagner leur patrie.

Ils ont souligné, à cette occasion, l'intérêt particulier qu'accorde le Souverain aux membres de la communauté marocaine résidant à l'étranger en général et à ceux qui résident en Libye en particulier, réitérant leur sentiment de fidélité de loyalisme à SM le Roi, ainsi que leur indéfectible attachement aux glorieux trône alaouite.

Ils ont également mis l'accent sur l'importance de la louable initiative royale d'envoyer des aides humanitaires au profit de milliers de réfugiés sur la frontière tuniso-libyenne, visant à soulager leur souffrance et à faciliter leur retour dans leur pays.

03/03/11

Source : MAP

Sans aucun doute, le débat sur l'islam, en France, est légitime. En revanche, le calendrier électoral et les termes de la campagne politique à venir risquent de lui porter préjudice, car il pourrait renforcer des amalgames déjà trop ancrés dans l'esprit de nombre de nos concitoyens au sujet de l'islam, deuxième religion de France. En effet, la confusion entre islam, immigration, insécurité, extrémisme islamiste... est le danger qui guetterait ce débat. On a vu comment le débat sur l'identité nationale a tourné et le dérapage qu'il a permis.

C'est pour cette raison que nous ne sommes pas rassurés. D'une part, en tant que citoyens français nous interprétons cette stratégie comme une incapacité de ceux qui nous dirigent à proposer un vrai programme sérieux pour sortir de la crise, redresser l'économie, résorber le chômage, réduire les inégalités, rendre à la France la place sur la scène internationale qui sied à sa grandeur et à ses valeurs universelles... Bref, l'islam est devenu un palliatif politique.

D'autre part, et en tant que musulmans cette fois-ci, nous considérons que le débat sur la place de l'islam en France le placerait, de fait, à l'écart des autres religions sous-entendant qu'il y aurait une incompatibilité entre notre religion et les valeurs de la République et la laïcité, notamment.

Or les musulmans de France n'ont jamais demandé jusqu'alors un quelconque traitement d'exception à la loi de 1905, qui a été pourtant retouchée à plusieurs reprises. Par conséquent, nous demandons aux politiques de respecter le principe de laïcité et de s'abstenir de dicter aux musulmans la manière dont ils doivent comprendre leur religion. Quant aux problèmes souvent évoqués ces derniers temps tels que les prières dans les rues, la construction des mosquées, les minarets..., ils demandent le plus souvent des solutions techniques dans le cadre juridique déjà en vigueur, à condition que l'on sorte du démagogique et de l'idéologique.

Par cette déclaration, nous voulons rappeler tout simplement à ceux qui en douteraient encore que la fidélité des musulmans à leur religion ne les empêche pas d'être pleinement attachés au principe de la laïcité. Nul besoin donc d'ouvrir ce débat pour les interpeller sur une quelconque défaillance liée à leur loyauté à l'égard de la République. Une telle démarche ne saurait conduire qu'à une stigmatisation de plus.

Abdelkrim Farid, auteur, humoriste (Nantes) ;
Eddouk Abdelhak, aumônier musulman et président de l'Union des musulmans de Grigny (Essonne) ;
Gaci Azzedine, recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône) ;
Kechat Larbi, recteur de la mosquée Addawa et directeur du Centre socioculturel de Paris ;
Miktar Ahmed, président de l'association Imams du Nord ;
Minta Mohammed, imam de la mosquée de Décines (Rhône) ;
Najah Mohamed, imam de la mosquée de Vigneux (Essonne) ;
Oubrou Tareq, recteur et grand imam de Bordeaux ;
Sahri Rachid, président du collectif des institutions musulmanes de Roubaix.

04.03.11, Collectif Article

Source : Le Monde

Après des polémiques en son sein, la majorité fait marche arrière : la réflexion en vue d’une «convention» le 5 avril est désormais censée porter sur la laïcité.

Pschitt… Le débat se dégonfle. Annoncé tambour battant fin 2010 par Nicolas Sarkozy et par Jean-François Copé, il devait permettre de poser «sans tabous» la question de l’islam et des valeurs de la République. Avec la liquidation des 35 heures, ce devait être l’un des grands sujets de campagne de la droite pour 2012. Quelques semaines de polémiques plus tard, les stratèges de la majorité ont entamé la marche arrière. Réflexion faite, il a été constaté que l’islam ne pouvait être sujet de débat. On se contentera donc de quatre semaines de réflexion sur le respect de la laïcité. Le temps de préparer la «convention» du 5 avril prochain. Après cette date, il sera temps de passer à autre chose, au grand soulagement des très nombreuses voix qui, d’Alain Juppé à François Fillon, ont mis en garde contre les risques de dérapage.

Hier matin, à l’issue du bureau politique de l’UMP, le secrétaire général du parti Jean-François Copé a toutefois tenu à sauver les apparences : «Non ! Non! On ne va pas reporter le débat. Le débat, il a bien lieu le 5 avril.» Mais il s’agira de débattre sur «le pacte républicain» et «la laïcité», la place de l’islam en France n’étant «qu’un des éléments constitutifs» du débat. Mardi matin, à l’Elysée, lors de la réunion hebdomadaire des dirigeants de la majorité, le chef de l’Etat s’était bien gardé de préciser de quel sujet il était finalement convenu de débattre. «Il n’a pas vraiment tranché et est resté très flou sur l’intitulé du débat», rapporte un participant. Il y a quinze jours encore, il était beaucoup plus allant. Il fallait parler de tout, des minarets comme des menus halal et des imams étrangers. Et ce débat sur la compatibilité de l’islam avec les lois de la République devait éventuellement déboucher sur une résolution parlementaire.

«Agacement». Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, chargé de la préparation du programme de l’UMP pour 2012, a reconnu hier que le mot «débat» était assez malheureux. Selon lui, dans la République laïque, un parti politique n’a pas à débattre d’une religion, quelle qu’elle soit. François Fillon a fait le même constat : «C’est le mot débat qui agace», a-t-il déclaré mardi devant le groupe UMP, après avoir prévenu qu’il s’opposerait à toute initiative susceptible de «stigmatiser» les musulmans.

Mardi, lors de la séance de questions d’actualité, le Premier ministre avait été très vivement interpellé par Hervé de Charette, député centriste et ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac : «Il est bien étrange que dans le pays de la laïcité, les responsables politiques organisent un débat sur la pratique d’une religion», s’est-il étonné avant de dénoncer une initiative qui conduit «non pas à débattre mais à inquiéter, non pas à rassembler mais à opposer les Français entre eux», le tout au nom de «je ne sais quel obscur calcul politicien». Dans sa réponse, François Fillon a assuré qu’il s’agissait en fait de «réévaluer le principe de laïcité» afin que les musulmans puissent «vivre leur foi librement et dignement». Pas sûr que l’explication ait convaincu Hervé de Charette et se amis centristes, de plus en plus critiques envers les initiatives du chef de l’Etat.

«Crédibilité». La «confédération des centres», regroupée autour de Jean-Louis Borloo, a annoncé hier qu’elle s’opposerait à l’extension de la déchéance de nationalité aux assassins de policiers, mesure annoncée à Grenoble et discutée la semaine prochaine dans le cadre de l’examen du projet de loi sur l’immigration. Non, il n’y a rien d’électoraliste dans cette initiative, proteste Copé, agacé par «les ardeurs» de ceux qui, à droite comme à gauche, se sont employés à faire capoter ce débat «voulu par le président de la République». Et d’affirmer que contrairement à la gauche sur les questions de l’islam et de la laïcité, «le bilan du centre et de la droite sur les dix dernières années plaide pour leur crédibilité». Copé a rappelé hier devant le bureau politique «la loi burqa» de 2010 ainsi que «les rapports Stasi et Baroin, l’interdiction du voile à l’école et la création du Conseil français du culte musulman» en 2003. A ce propos, il se garde bien de rappeler que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, n’était pas défavorable à une réflexion sur l’aménagement de la loi de 1905, afin de donner aux musulmans de France les moyens de construire les lieux de culte dont ils ont besoin.

A l’occasion de la convention du 5 avril, le patron de l’UMP a promis «des propositions très concrètes» sur «la formation des imams», les lieux de cultes, «la viande halal» et les «comportements dans les hôpitaux». Mais pas question de «toucher à la loi de 1905». Pour avoir osé évoquer cette hypothèse, le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, a été sévèrement réprimandé par tout l’état-major de l’UMP, à l’exception notable de l’ancienne maire de Strasbourg, Fabienne Keller, et du toujours maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Ces résistants à la ligne Copé ont reçu hier le soutien d’Alain Minc. Il a proposé hier d’en finir avec «l’hypocrisie» qui consiste à dénoncer les prières de rue sans se donner les moyens d’y mettre fin. Ce proche de Nicolas Sarkozy suggère «un texte temporaire» pour pouvoir financer normalement la construction de lieux de culte musulmans. Ce débat-là ne fait que commencer.

3/3/2011,  ALAIN AUFFRAY

Source : Libération

Le gouvernement est déterminé à porter toute l'assistance nécessaire aux ressortissants marocains bloqués en Libye et d'assurer leur rapatriement dans de bonnes conditions. La question a été au centre des travaux du conseil du gouvernement réuni jeudi dernier à Rabat sous la présidence du Premier ministre, Abbas El Fassi. Le ministre des Affaires étrangère et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri, a souligné dans un exposé fait devant ce Conseil les efforts déployés par le gouvernement en collaboration avec les missions diplomatiques et consulaires afin de fournir l'aide nécessaire à ces Marocains et de faciliter leur retour conformément aux Hautes instructions royales.

Pour sa part, le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement a indiqué à cet égard qu'entre 75.000 et 100.000 Marocains seraient concernés par l'opération de rapatriement qui a vu la mobilisation de plusieurs avions et de deux grands navires. «Le gouvernement marocain n'épargne aucun effort pour venir en aide aux citoyens marocains bloqués en Libye. Il a fait beaucoup plus que plusieurs autres gouvernements et c'est son devoir», a souligné M. Naciri qui a insisté sur les conditions extrêmement difficiles qui caractérisent cette opération «en l'absence d'interlocuteurs libyens à cause de l'instabilité que vit ce pays».

Concernant les problèmes qu'auraient vécus certains ressortissants marocains pour regagner le Royaume, il a indiqué qu'il ne disposait pas de toutes les informations sur ce sujet, insistant, toutefois, sur le fait que les billets de transport étaient pris en charge par le gouvernement. Par ailleurs, M. Naciri, qui s'exprimait lors d'un point de presse à l'issue du Conseil du gouvernement, a affirmé que la question des réformes «est largement posée au Maroc», qu'elle est traitée avec «sérieux et sérénité et qu'elle ne faisait pas peur aux Marocains». Concernant les rumeurs tenaces qui circulent ces derniers temps au sujet d'un éventuel remaniement gouvernemental, M. Naciri a déclaré, non sans ironie, que cette question avait été évoquée le 16 octobre 2007, «c'est-à-dire quelques heures à peine après la nomination du gouvernement d'Abbas El Fassi».
Le ministre a affirmé toutefois que le remaniement «est possible» et qu'il «reste régi par des procédures constitutionnelles que tout le monde connaît». «C'est une prérogative détenue par le Souverain et par le gouvernement lui-même. S'il y a des motifs qui justifient le recours au remaniement, S.M. le Roi a le droit de prendre la décision qu'il estime idoine à ce sujet». Pour ce qui est des consultations sur le nouveau code électoral, le responsable gouvernemental a fait savoir que les concertations allaient démarrer incessamment, si ce n'est déjà fait entre le ministère de l'Intérieur et les partis politiques. «Nous espérons parvenir à un consensus le plus vite possible, sachant que la balle est dans le camp des partis qui doivent transmettre leurs remarques et propositions».

4/3/2011, Abdelwahed Rmiche

Source :  Le Matin

La présence de la communauté marocaine en Espagne a augmenté de 1,78%  en 2010 en dépit de la crise économique qui affecte fortement le marché du travail. Au 31 décembre de 2010, il y avait 757.809 ressortissants marocains munis de papiers en règle, soit une augmentation de 13.525 en comparaison avec 2009. Ils se composent de 460.226 hommes (60,73%) et 297.583 femmes (39,26%), une proportion qui est quasi-similaire à celle de 2009.

Si le total des immigrés s’est stabilisé en 2010, la communauté marocaine conserve cependant le premier rang comme la plus nombreuse devant le reste des collectifs des étrangers extracommunautaires, ont indiqué les dernières statistiques officielles publiées, mardi, par le ministère espagnol du Travail et de l’Immigration. Celle-ci représente, en outre, 15,38% du total des étrangers, qui est de 4.926.608, et 30% des 2.524.976 immigrés recensés non originaires de l’Union Européenne.
Le collectif marocain est aussi majoritaire, jusqu’à fin janvier, en termes d’affiliations d’étrangers à la Sécurité Sociale, selon le rapport mensuel du ministère espagnol du Travail et de l’Immigration sur les affiliations, rendu public fin février à Madrid. Ce sont 214.315 marocains, soit 12% du total des 1.777.567 étrangers qui cotisent à cet organisme. Par secteurs, les marocains se répartissent entre l’ensemble des régimes de la Sécurité Sociale avec 114.713 affiliés au régime général, 75.009 au régime agraire, 12.425 au régime du service domestique, 11.390 au régime des travailleurs autonomes, 775 à celui de la mer et deux seulement au régime du charbon.  Au total, ce sont 28,28% du collectif marocain qui cotisent à la Sécurité Sociale en Espagne. Toutefois, 46,5% des Marocains sont affiliés aux Régimes Spéciaux qui comptent moins de couverture sociale. Il s’agit  de régimes institués pour certaines activités caractérisées généralement par la précarité pour assurer un minimum de garanties pour les travailleurs saisonniers, la basse rémunération et la discrimination par rapport aux affiliés au Régime général en termes de prestations sociales. La catégorie des  travailleurs marocains exerçant dans le petit commerce et dans des conditions précaires et cotisant à ces régimes, a été fortement touchée par l’effondrement des secteurs économiques qui emploient une main d’œuvre nombreuse et moins qualifiée, tels le bâtiment, l’agriculture et le travail domestique.

Il est surprenant de constater dans l’analyse des dernières statistiques sur la présence des immigrés en 2010, que l’Espagne compte autant d’étrangers de l’Union Européenne (communautaires) que d’immigrés provenant d’autres continents (extra-communautaires). C’est une réalité qui corrige les stéréotypes véhiculés dans les médias quant à la composition de la population étrangère.

De manière que sur les 4.926.608 étrangers résidant en Espagne jusqu’au 31 décembre dernier, il y a 2.401.632 citoyens de l’Union Européenne (48,75%) et 2.524.976 extra-communautaires (51 25%). Le collectif étranger se compose de  53% d’hommes et 47%, de femmes, ce qui démontre que le taux de « masculinisation » du collectif immigré a baissé graduellement depuis les années 80.

Autre réalité statistique, le nombre des communautaires a augmenté de 185.86 personnes, soit une hausse de 7,7% en comparaison avec 2009. Uniquement au quatrième trimestre de l’année dernière, 43.709 nouveaux communautaires sont venus s’installer en Espagne, ce qui représente une augmentation de 1,82% sur le total.  Ils  résident et travaillent actuellement en Espagne 840.682 roumains, 228.829 britanniques et 170.051 italiens entre autres.

Par contre, le collectif des extracommunautaires s’est réduit de 1,45% perdant 37.056  membres en l’espace d’un an. L’accès à la nationalité espagnole et l’entrée en vigueur de programmes du retour volontaire (encouragé par le gouvernement espagnol), le départ spontané sous la pression de la crise du marché du travail sont avancées comme principales causes qui sont à l’origine de cette réduction.

S’agissant de la répartition géographique, les immigrés se concentrent traditionnellement dans les communautés autonomes au plus fort potentiel économique et offrant davantage d’opportunités d’emploi telles la Catalogne, qui abrite 706.282 étrangers extra-communautaires, Madrid avec 462.404, d’Andalousie avec 264.776 et la Communauté Valencienne avec 256.329. Ce sont les mêmes destinations préférées des immigrés durant les trois dernières décennies.

La population immigrée en Espagne est également jeune puisque la tranche d’âge 25 -44 ans englobe 50% de ce collectif. C’est une  population qui a été éduquée et formée aux frais de leurs pays d’origine. Elle est par conséquent apte à contribuer au fonctionnement de l’économie espagnole, occuper les postes d’emploi boudés par les autochtones, rajeunir la population et alimenter la trésorerie de la Sécurité Sociale par le  versement de cotisations. Il y a également 465.477 immigrés de moins de 16 ans. Par contre, le nombre de ceux qui sont âgés de plus de 64 ans ne dépasse guère 32.834 personnes, soit 1,3% du total de ce collectif. Cette donnée apporte un autre éclairage selon lequel, la proportion qui a accompli son cycle vital et consomme généralement d’énormes services sociaux au sein du collectif immigré est très réduite. En face, 17,9% des habitants au sein de la population espagnole, ont plus de 65 ans, la quasi majorité bénéficie d’une pension, dont 3.031.597 hommes et 4.231.444 femmes, selon les données de l’Institut Espagnol de la Statistique (INE) relatives au 1 er janvier 2009.

En 2010, les marocains ont obtenu 47.971 initiales de résidences, soit 31,29% du total des autorisations attribuées par les autorités compétentes. Cette donnée démontre  clairement que l’arrivée en Espagne des marocains s’opère selon les canaux légaux et dans des conditions régulières.

Les statistiques officielles ont le mérite de corriger certains stéréotypes attribués abusivement à la population étrangère extra-communautaire par certains secteurs conservateurs. Ceux-ci adoptent souvent des attitudes hostiles à la convivialité entre ressortissants de diverses cultures sans analyser objectivement les avantages que tire la société espagnole de la présence des immigrés. Il s’agit d’un collectif jeune, peu coûteux en termes de prestations sociales et qui contribue à la régénération démographique et à la prospérité de l’économie, dont les cotisations à la Sécurité Sociale.

4/3/2011, Mohamed Boundi

Source : Al Bayane

L’Espagne vient d’adopter des mesures plus contraignantes concernant le regroupement familial. Un salaire mensuel de 799 euros, des revenus stables et réguliers pendant les six mois précédant la demande et les douze mois suivants sont exigés.

L’étau se resserre autour des Marocains résidents en Espagne. Le gouvernement espagnol vient d’adopter une série de mesures restrictives concernant le regroupement familial. Selon Europa Press, un accord tripartite a été paraphé dans ce sens la semaine dernière, entre les syndicats, le patronat et le gouvernement de Zapatero. Le texte exige une stabilité financière du demandeur du regroupement familial. Il lui impose des conditions de revenus jugées « très contraignantes » dans cette conjoncture de crise économique.

Désormais, pour faire venir son conjoint ou ses enfants en Espagne, le demandeur devra justifier d’un salaire mensuel minimum de 799 euros. Or, le salaire minimum professionnel est de 641,40 euros par mois. Une condition très contraignante pour les étrangers, en particulier les Marocains qui représentent la deuxième communauté étrangère en Espagne, après les Roumains. Selon Europa Press, la première mouture du texte exigeait un salaire mensuel de 931 euros, ensuite revu à la baisse pour atteindre 799 euros. Le demandeur devra en outre prouver qu’il a les moyens d’accueillir sa famille pendant une année, à compter de la date de dépôt de sa demande. Cette nouvelle réglementation stipule enfin que « l’évolution des revenus du requérant dans les six mois précédant la demande du regroupement familial sera prise en considération ». En clair, le requérant devra percevoir des revenus stables et réguliers pour ne pas voir sa demande rejetée.

Les Marocains, les plus touchés par le chômage

Ces nouvelles mesures ne font que compliquer la situation déjà dramatique pour les Marocains les plus touchés par le chômage en Espagne. Un rapport du ministère du Travail espagnol souligne que la communauté marocaine établie dans la péninsule ibérique est la plus touchée par la crise économique que traverse le pays. En ce début d’année, l’Espagne ne compte pas moins de 239.000 chômeurs marocains, dont 148.000 hommes et 81.000 femmes. En outre, les Marocains sont les plus nombreux à demander le regroupement familial.

La Belgique, suivant l’exemple espagnol, est également en passe d’adopter des mesures de durcissement des règles du regroupement familial. Selon l’agence Belga, la commission de l’intérieur du Parlement belge a adopté la semaine dernière un amendement de la réglementation en vigueur.

Le texte sera soumis au vote en plénière avant de le soumettre au Conseil de l’Etat pour avis. Ce nouveau texte impose également des conditions de revenus stables et réguliers au demandeur. « Le montant de référence à atteindre pour pouvoir se regrouper est fixé à 120 % du Revenu d’intégration sociale (RIS) au taux charge de famille, soit 1.184,5 euros », précise dans un communiqué le MR (Mouvement réformateur, parti politique belge francophone de centre-droit), rapporte Belga.

« Les moyens provenant des systèmes d’aide complémentaire tels que le RIS et les prestations familiales garantissent ainsi que de l’aide sociale financière accordée par un centre public d’action sociale (CPAS), ne seront pas pris en compte, de même que les allocations d’attente et de transition. Toutefois, l’allocation chômage pourra être prise en compte si le conjoint ou le partenaire concerné peut prouver qu’il recherche activement du travail », ajoute le MR dans son communiqué. Le nouveau texte prévoit enfin une obligation de prise en charge des personnes regroupées pendant trois ans.

Le texte exige par ailleurs, au demandeur, un délai d’un an de séjour légal en Belgique avant de pouvoir introduire une demande pour faire venir son ou sa partenaire, sauf si le couple est marié. Le nouveau texte étend la période de contrôle de deux à trois ans. Pour rappel, l’amendement a été proposé par quatre partis politiques, à savoir la Nieuw Vlaamse Alliantie (alliance flamande), le Christen-Democratisch en Vlaams, (Démocrates-chrétiens et flamands), l’Open Vld (parti flamand) et le Mouvement réformateur.

4/3/2011

Source : Le Soir

Tandis que sous les coups de la révolte des masses est en train de voler en éclats le vieux cliché de la servitude volontaire des peuples arabes, voici que Nicolas Sarkozy et sa fidèle UMP sont en train de lancer un nouveau « grand débat », plein d'à-propos, sur l'islam en France. Dossoier…Suite 1/ Suite2

Sur les 100.000 membres que compte la communauté marocaine résidant en Libye, seuls 6800 ressortissants ayant réussi à fuir les violences qui secouent le pays depuis le 15 février 2011 ont été rapatriés par avion et par bateau. Des milliers d'autres, qui n'ont pas pu paNenir jusqu'aux frontières terrestres, attendent le dénouement de leur sort, barricadés chez eux. Et tous appréhendent l'avenir. Témoignages.

Cette rencontre inédite organisée dans la suite des éditions 2008 et 2009 des « Marocaines d’ici et d’ailleurs » tenues à Marrakech par le CCME …

Stéphane Rozès, politologue et président de CAP (Conseils, analyses et perspectives), critique le débat annoncé sur l'islam et la laïcité, voulu par Nicolas Sarkozy. Cette initiative continue de créer des remous : ses défenseurs affirment qu'il n'a jamais été question de pointer du doigt la religion musulmane, mais de nombreuses voix se sont élevées à droite pour dénoncer les risques de dérapage, rappelant le débat sur l'identité nationale. Mais Jean-François Copé, le patron de l'UMP, ne semble pas vouloir renoncer au débat.

Au même moment, Nicolas Sarkozy fait un déplacement au Puy-en-Velay, point de départ du pélerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Une façon d'assumer les "racines chrétiennes" de la France, précise Laurent Wauquiez, ministre et maire du Puy-en-Velay. Nicolas Sarkozy inaugure ainsi une série de déplacements placés sous le signe de "l'Histoire de France" suggérée, selon Le Figaro, par le conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson. Venu de l'extrême droite, ce spécialiste des études d'opinion, est vu comme l'un des inspirateurs du thème de "l'identité nationale" et du ministère du même nom. Et comme un artisan du succès de Nicolas Sarkozy auprès d'une partie des anciens électeurs de Jean-Marie Le Pen.

Pour Stéphane Rozès, ancien directeur général de l'institut d'études CSA, Nicolas Sarkozy se trompe de stratégie. Il estime que le candidat tente de renouer avec sa campagne victorieuse de 2007 mais s'il poursuit dans cette voie, il prend le risque de continuer à faire monter les intentions de vote pour Marine Le Pen.

Que pensez-vous de la stratégie de mise en avant de l'islam et de la laïcité, voulue par Nicolas Sarkozy ?

Stéphane Rozès : Elle s'inscrit dans la logique du débat sur l’identité nationale et du discours de Grenoble. Une alternative s'offre à Nicolas Sarkozy pour 2012 : soit assumer la posture du réformateur républicain, un point positif du sarkozysme pour l’opinion ; et défendre une lecture traditionnelle de la République et de la nation, comme lors de la dernière présidentielle. Soit instaurer, comme avec le débat sur l'islam, une rupture pour s'adresser directement au peuple contre les élites, la "bien pensance" et la gauche.

Cette dernière stratégie vise à reconfigurer le débat idéologique et politique en regardant à la droite de la droite. Et à construire l'idée de nation en pointant l’autre non plus au plan social, comme en 2007, mais en utilisant d'autres critères : en distinguant non plus le travailleur et l’assisté, mais le bon et mauvais français, qu’il faudrait traiter différemment en matière de délinquance selon son origine, en distiguant le bon et le mauvais musulman, en établissant un lien entre immigration et insécurité ou en parlant de "communauté" rom. Entre ces deux options, Nicolas Sarkozy n’a peut-être pas encore tranché.

Le débat sur l'islam et la laïcité profite-t-il au Front national ?

Depuis que cette orientation a été choisie, avec le discours de Grenoble notamment, les intentions de vote pour Marine Le Pen ont progressé de 10-12 % à 18-20 %. Même si ces indicateurs sont à prendre avec précaution, la dynamique est là, sans qu'objectivement quoi que ce soit ait changé dans la vie politique, à part les initiatives du président de la République visant à focaliser le débat sur ces questions.

En 2007, n'est-ce pas justement en allant sur des thèmes associés au Front national, que Nicolas Sarkozy s'est attiré des voix Le Pen ?

Mon interprétation est que lors de la dernière présidentielle, ce n'est pas en parlant d'immigration, ou de sécurité, que Nicolas Sarkozy a gagné les voix du Front national. Mais plutôt grâce à la thématique du "travail, du mérite et du pouvoir d'achat". Soit la ligne républicaine plutôt incarnée par le conseiller Henri Guaino.

Nicolas Sarkozy a récupéré un électorat insécurisé socialement et économiquement, qui votait Front national, en donnant dans son discours une place à chacun au sein de la nation au travers du travail et de leur contribution sociale. C’est en y renonçant vers fin 2007-début 2008 que le président Sarkozy se coupe de l’électorat qui se tourne vers l’abstention. Et qui rejoint aujourd’hui Marine Le Pen qui, de plus, s'est adaptée aux failles du dispositif sarkozyste.

L'approche "républicaine" de Nicolas Sarkozy répondait aux attentes ?

Oui, je le pense. Lors de la dernière présidentielle, quand je dirigeais l'institut de sondages CSA, j'ai travaillé confidentiellement, à partir d'études qualitatives, pour sept candidats différents, dont Nicolas Sarkozy.

Un an et demi avant l'élection de 2007, j'ai commencé à travailler pour son équipe, avec la conseillère Emmanuelle Mignon, sur la problématique du travail, du rapport à la nation et la mondialisation.

En mettant aujourd'hui en avant l'islam, la laïcité et l'immigration, pour s'attirer des voix du candidat du Front national, Nicolas Sarkozy se trompe-t-il de stratégie ?

Selon moi, pour Nicolas Sarkozy, pointer l'autre, l'étranger, l’immigré, le mauvais musulman ou la mauvaise pratique de la religion, désigner le futur immigrant venant de Tunisie, d'Egypte, de Libye, est perçu comme un renoncement à la question essentielle : quelle est ma place au sein de la nation?

Si on a un projet commun pour la nation et qu'on le met en place, alors on résorbe l’espace du FN. S’il s’agit d’être ethnocentriste, cela profite à Marine Le Pen. Comme disait son père, les gens préfèrent l'original à la copie. Sa fille a ajouté récemment, à propos du débat sur l'islam : "Encore un peu de bla bla et je serai à 25 %" dans les sondages.

Dans la majorité, on doit pourtant être conscient des risques d'une telle stratégie...

Oui, d’où les sorties critiques de la plupart de ses ténors. Mais on peut voir une cohérence stratégique dans cette voie nationaliste identitaire : l'intention de déporter le débat à la droite de la droite, en déplaçant le curseur des questions sociales aux questions culturelles. Les tenants de ces orientations dans l’entourage de Nicolas Sarkozy escomptent que la gauche, qui est peu au clair sur la question de la République et du multiculturalisme, se coupera des catégories populaires, se divisera et sera mise de côté.

Le risque d'un nouveau 21-avril existe donc. C’est évidemment un pari dangereux au plan des valeurs et risqué électoralement. C'est pourquoi la droite de tradition démo-chrétienne, gaulliste et libérale au plan politique, y est opposée.

3/3/2011,  Alexandre Piquard

Source : Le Monde

L'auteur de La Compagnie des Tripolitaines (Elizad) a, en effet, publié une tribune dont les dernières phrases résonnent parfaitement dans la ligne mélodique du livre de Chaouite paru à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et qui porte un sous-titre drastique: L'Étranger est seul à attendre…Suite

Originaire de Chefchaoun, Naziha Meftah a grandi au coeur d’une tradition musicale, riche et diversifiée, marquée par l’art andalou et la hadra.

Souvent surnommée "la Piaf orientale", Naziha interprète les mélodies du chant d'Orient et du Maghreb. Les grandes voix de la chanson arabe l'ont accompagné depuis son enfance, imprimant son parcours de « tarab ». Constamment à la recherche de couleurs musicales, elle est en quête de la rencontre de l'art et de l'autre au-delà des frontières. Sa curiosité éclectique dénote d'un état d'esprit résolument moderne, tout en s'inspirant de la musique classique.

Considérée comme la meilleure interprète de Fayrouz, Naziha Meftah se produit avec l'ensemble Elie Achkar. Virtuose du qânûn, Elie Achkar a longtemps accompagné Fayrouz sur les scènes arabes et européennes. La voix cristalline de Naziha restitue avec harmonie et force les fayrouziat.

Si Naziha a connu ses débuts avec le groupe Assanabil à Chefchaoun, son départ pour Paris en 1988 lui a permis de poursuivre ses études universitaires et de développer une réelle curiosité à l'égard des autres musiques du monde. Primée à Paris « meilleure interprète de la chanson arabe », Naziha Meftah se produit dans de nombreux festivals culturels et artistiques en France, en Europe et dans les pays arabes. A chaque apparition, elle suscite une grande émotion chez le public…Suite

L'Allemagne, comme plusieurs pays européens, s'interroge sur les effets de l'immigration en montrant du doigt la communauté musulmane du pays. Le débat, alimenté à l'automne par la sortie du livre controversé d'un ex-administrateur de la Bundesbank, Thilo Sarrazin, fait le jeu de politiciens xénophobes qui aspirent à transformer en votes le malaise ambiant.

Longtemps, Yahya Dudin, Palestinien arrivé en Allemagne en 1994 pour étudier, a cru que le débat sur l'intégration des immigrés ne le concernait pas vraiment.

Un voisin l'avait bien traité une fois de kanacken, terme péjoratif utilisé contre les étrangers, mais cela ne l'avait pas marqué outre mesure.

«Les gens me disaient que je parlais si bien allemand que j'étais différent des autres immigrés arabes et turcs. Je croyais d'une certaine façon qu'ils avaient raison, qu'il y avait un problème avec les immigrés», relate en entrevue M. Dudin, maintenant âgé de 35 ans et titulaire d'un diplôme en administration.

Son point de vue a basculé l'automne dernier, lors d'une entrevue d'embauche. «La femme qui m'interviewait m'a dit: «Vous êtes arabe? Est-ce que vous avez un problème à ce titre avec le fait d'avoir une femme comme supérieure?» Sur le coup, j'ai eu un choc. Je me suis retrouvé sur la défensive.»

Avec quelques jours de recul, l'embarras de M. Dudin a fait place à une réelle colère, qui l'a amené à prendre part à un séminaire organisé pour les victimes de discrimination.

«Là, j'ai pu constater que j'avais de la chance à plusieurs égards. Un, de ne pas être une femme, parce qu'elles sont encore plus discriminées. Deux, d'avoir la peau plutôt claire. Trois, de ne pas être venu trop jeune en Allemagne parce qu'il y a beaucoup d'abus en milieu scolaire.»

Qui pose problème?

M. Dudin se dit convaincu aujourd'hui que le problème vient de la société allemande, et non des immigrés.

Le vaste débat qu'a provoqué le livre-choc d'un ex-administrateur de la Bundesbank, Thilo Sarrazin, a renforcé son impression. L'ouvrage, vendu à plus de 1 million d'exemplaires, soutient que les musulmans - qui forment aujourd'hui environ 5% de la population - refusent de s'intégrer, abusent des services sociaux et ont un effet négatif sur le pays.

Des sondages ont révélé que 20% de la population appuierait un parti mené par M. Sarrazin et qu'une fraction encore plus importante considère qu'il y a trop de musulmans.

Par la suite, de nombreuses personnes ont appelé à un resserrement des contrôles en matière d'immigration, certains ténors demandant même que cesse toute arrivée en provenance de pays arabes ou musulmans.

Peu de temps après avoir dénoncé les thèses de Thilo Sarrazin, la chancelière Angela Merkel a déclaré que les efforts entrepris pour favoriser l'émergence d'une société multiculturelle en Allemagne avaient échoué. Plusieurs organisations d'immigrés ont mal reçu cette déclaration. «Les politiciens parlent du multiculturalisme comme si ça signifiait que personne ne doit suivre les règles, que chacun peut faire ce qu'il veut. Pour moi, le multiculturalisme signifie qu'on accepte que les gens vivent leur culture aussi longtemps qu'ils demeurent dans le cadre de la loi», note Safter Cinar, porte-parole de la Fédération turque de Berlin.

Radicalisation des débats

Le livre de Thilo Sarrazin, dit-il, a entraîné un «débat malsain» qui empoisonne l'atmosphère et fait craindre le pire aux groupes minoritaires.

À l'inverse, cette polémique réjouit certains politiciens, comme René Stadtkewitz, ancien membre de la CDU. Le député berlinois a récemment créé un nouveau parti qui fait de la lutte contre «l'islamisation» de l'Allemagne une priorité.

M. Stadtkewitz, qui décrit le Coran comme un «livre horrible», affirme en entrevue qu'une proportion importante de musulmans, en Allemagne, vivent en retrait dans une «société parallèle» et refuse toute intégration. Il pense que le pays doit se montrer beaucoup plus exigeant à leur égard et réguler plus sévèrement l'immigration.

Gero Neugebauer, politologue à l'Université libre de Berlin, pense que le parti fera long feu, notamment parce que son chef n'a ni charisme ni envergure nationale.

La progression de l'extrême droite, créditée d'environ 5% des voix dans les derniers sondages, demeure parallèlement freinée par le fait que les Allemands conservent bien en tête les exactions racistes du Troisième Reich, relève M. Neugebauer. «Mais je ne sais pas combien de temps notre passé va nous protéger des pratiques xénophobes.»

2/3/2011, Marc Thibodeau


Source : Syberpresse.ca

La libre circulation des migrants et l'ouverture des frontières entre les pays du Nord et du Sud ont été au centre de la conférence organisée, mardi à Rabat, sous le thème "Faut-il contrôler les migrations?".

Intervenant à cette occasion, Mme Catherine Dewenden, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique de France (CNRS), a indiqué qu'il existe "un affrontement entre le droit à la circulation et l'angoisse de l'ouverture des frontières Nord-Sud" par peur d'envahissement des migrants.

L'ouverture des frontières constitue un objectif mondial, néanmoins les pays pauvres sont pris entre le désir de maintenir la possibilité de la migration et la pression faite par les pays riches à travers la fermeture des frontières, a-t-elle précisé, ajoutant qu'il y a des négociations qui se font à travers les accords bilatéraux.

La plupart des pays de départ ont commencé, récemment, à s'intéresser à leurs migrants d'une manière très souple à travers la mise sur pied d'instruments, tels l'acceptation du droit de sang, de double nationalité et de vote local des étrangers dans les pays européens notamment les Pays-Bas et le Danemark.

Les pays de départ ont opté également pour le soutien aux associations des migrants dans les pays d'accueil pour favoriser les initiatives socioculturelles ou économiques ainsi que la politique d'aménagement du transfert de fonds à des fins collectifs, outre l'appui à l'organisation du religieux dans les pays d'accueil, a-t-elle relevé.

Elle a estimé que certains pays sont les plus investis dans les politiques diasporiques, citant l'Italie qui a accordé un intérêt particulier à ses migrants dès la fin du 19ème siècle.

L'Italie a, récemment, donné le droit de vote aux élections parlementaires aux Italiens de l'étranger et facilité aussi la réaquisition de la nationalité italienne pour ses ressortissants à l'étranger, a-t-elle précisé.

Et d'ajouter que le Maroc est très actif dans la politique diasporique à l'égard de ses migrants en vue de garder les liens avec le Royaume, de permettre la circulation de ses élites, mettant l'accent sur le rôle joué par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) dans ce domaine.

Le Mexique et la Turquie sont également très actifs sur ce terrain, a-t-elle poursuivi.

Pour sa part, Hervé Le Bras, directeur d'études à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, a souligné que le fait d'ouvrir les frontières permettrait une libre circulation aux migrants et faciliterait les échanges économiques.

La libre circulation favorise également le développement des pays du Nord et du Sud, une meilleure collaboration entre les entreprises des deux rives de la méditerranée et l'implantation de nouvelles industries, a-t-il ajouté.

Néanmoins, le contrôle de la migration est contreproductif et contraire aux questions de droits de l'Homme et économiquement défavorable, a-t-il estimé.

Cette rencontre a été organisée dans le cadre du colloque tenu, lundi et mardi, par l'Observatoire des circulations migratoires et des espaces transfrontaliers et le Centre Jacques Berque.

2/3/2011

Source : MAP

Le nombre de Marocains résidant légalement en Espagne s'est établi à près de 758.000 personnes à fin décembre 2010, en hausse de 2,75% par rapport à l'année 2009, selon des statistiques officielles publiées, mercredi, à Madrid.

Les Marocains constituent ainsi la première communauté étrangère originaire d'un pas pays hors Union européenne (UE), avec un total de 757.809 personnes disposant d'un titre séjour en Espagne, indique le Secrétariat d'Etat espagnol à l'Immigration.

Les Equatoriens viennent en deuxième position avec 369.692 personnes, suivis notamment des Colombiens (222.061) et des Chinois (153.883), ajoute la même source.

Le Secrétariat d'Etat espagnol à l'Immigration fait savoir que le nombre total d'immigrés résidant légalement en Espagne s'est établi à 4.926.608 de personnes à fin 2010, dont 48,7% (2.401.632) sont originaires de pays extra-communautaires.

Les ressortissants roumains représentent la première communauté étrangère légalement établie en Espagne, avec 840.682 personnes recensées à fin décembre 2010, toujours selon la même source.

2/3/2011

Source : MAP

Des artistes marocaines et africaines fêteront samedi à Bruxelles, la journée internationale de la femme, avec une série de représentations théâtrales, de concerts, de projections de documentaires, de tables-rondes, de récitals de poésie et d'ateliers de gastronomie.

Organisée par l'Association culturelle belge "PianoFabriek", cette journée, qui sera marquée par la participation de citoyennes d'autres contrées du monde (Cuba, Brésil, Russie), s'assigne pour objectifs de favoriser le partage entre toutes les femmes artistes et de célébrer cette dynamique féminine plurielle dans son engagement à la créativité.

L'orchestre "Les femmes de Tanger" sera de la partie pour révéler au grand public la variété de la chanson marocaine dans l'histoire du genre, du style et de la tradition musicale.

La chanson marocaine, soulignent les organisateurs, recèle un fonds commun entre la chanson arabe classique et la chanson populaire et c'est à ce titre que la troupe tangéroise présentera un florilège de chansons puisées à la fois dans les répertoires classique que spécifique au nord du Maroc.

Six conférencières, dont des marocaines issues de l'immigration nouvelle plurielle, animeront une table-ronde autour de leurs expériences individuelles et leurs implications sociales, interculturelles et professionnelles.

Des femmes de Tunisie élèveront aussi leur voix pour chanter la "liberté" et revisiter la mémoire d'un jeune poète Tunisien, Abou Lkacem Chabbi.

Elles seront relayées notamment par des chanteuses et musiciennes brésiliennes, qui fêteront l'Afrique et le monde arabe à travers des extraits de partitions empruntées à ces deux continents, l'objectif étant de faire partager des sensibilités transnationales qui font ouvrir de nouveaux espaces esthétiques.

Sous un autre registre, les cuisines marocaine, brésilienne et sénégalaise seront à l'honneur .Trois femmes, mélangeant les ingrédients provenant de leurs pays respectifs, prépareront un mets atypique qu'elles serviront comme "un plat international" aux convives du jour.

Côté documentaires, la projection du film "Mme Wambo" lèvera le voile sur les difficultés du quotidien de l'immigration où témoignent des femmes migrantes universitaires confrontées à la discrimination à l'emploi.

3/3/2011

Source : MAP


On l'avait presque oubliée celle-là, ou plutôt on ne savait plus exactement quand elle allait entrer en vigueur, la loi "interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public".

La voici la voilà. Ce jeudi matin, sera publié au Journal Officiel, la circulaire relative à sa mise en œuvre. La loi elle-même sera exécutoire le 11 avril, six jours après le débat sur la place de l'islam voulu par Sarkozy.

«Notre souci est de ne pas stigmatiser», répète-t-on au cabinet de François Fillon. En clair, l’entrée en vigueur de la loi anti-niqab va se faire avec tact et doigté.

Pour éviter que les musulmans ne se sentent une nouvelle fois montrés du doigt?

Cette modération revendiquée se reflète dans la rédaction de la circulaire. Dans l’entourage du Premier ministre, on attire l’attention sur les premières phrases du texte qui «rappellent le sens de cette loi».

Ainsi : «Se dissimuler le visage, c’est porter atteinte aux exigences minimales de la vie en société. Cela place en outre les personnes concernées dans une situation d’exclusion et d’infériorité incompatible avec les principes de liberté, d’égalité et de dignité humaine affirmés par la République française».

Ou encore : «La République se vit à visage découvert».

Cette dernière formule sera le slogan de la campagne de communication qui débute aujourd’hui. Son symbole étant un buste de Marianne au chaste décolleté, photographié sur un fond bleu horizon. «Nous avons choisi cette Marianne assez traditionnelle qui était très utilisée sous la Troisième République», explique-t-on chez Fillon.

Cette campagne de communication sera modeste. Elle n’a pas été confiée à une agence de pub mais conçue en interne par le cabinet du Premier ministre. Elle ne comprend ni spots télé ni affichage 4 par 3. Seulement 100 000 affichettes, 400 000 dépliants, et un site internet. Ces outils sont destinés à l’information du public, mais surtout des professionnels «confrontés à une situation de face à face avec des personnes ayant le visage dissimulé».

A partir du 11 avril, ce sont eux, en effet, qui seront en première ligne pour l’application de la loi.

Et ce texte prévoyant l’interdiction de la dissimulation du visage dans «l’espace public» au sens large, ils sont nombreux à être concernés. D’après la circulaire, entrent dans le champ d’application de la loi, les voies publiques, les lieux ouverts au public (plages, jardins, cinémas, théâtres, commerces, banques, gares, aéroports) et les services publics.

S’ajoutent «les lieux de culte» - alors que le Conseil Constitutionnel avait jugé qu’il pouvait s’agir là d’une violation de la liberté religieuse - mais pas les voitures particulières considérées comme des espaces privés.

Si une personne dont le visage est dissimulé se présente dans l’un de ces lieux, la circulaire précise la conduite à tenir : «Lui rappeler la réglementation applicable et l’inviter au respect de la loi en se découvrant ou en quittant les lieux». Et, si elle refuse, ne pas exercer de «contrainte» ce qui constituerait «une voie de fait», mais appeler les forces de l’ordre «qui peuvent seules constater l’infraction».

Le contrevenant risque une contravention d’un montant maximum de 150 € et peut se voir condamné à suivre un «stage de citoyenneté» à titre de peine complémentaire ou alternative.

La loi prévoyait l’entrée en vigueur de ces sanctions six mois après sa promulgation. Dans l’intervalle, des actions de médiation et pédagogie à l’attention des personnes concernées devaient être menées. «Ainsi, certaines des femmes qui portent le voile intégral pourront-elles y renoncer spontanément», prévoyait le projet de loi.

De médiation et de pédagogie, il n’y eut point. Seul Eric Besson, alors ministre de l’Immigration, avait signé, fin octobre, avec l’association Ni Putes Ni Soumises, une convention annuelle de 80 000 euros pour l’installation d’«ambassadrices» chargées de promouvoir la laïcité et l’égalité hommes-femmes dans les quartiers «les plus sensibles».

«Des discussions dans les quartiers, c’était précisément ce qu’il fallait éviter, rétorque-t-on chez Fillon. Lancer une opération médiatique, c’était continuer le débat, nourrir le tam-tam. Nous avons choisi l’apaisement».

Le gouvernement n’a pas renoncé à convaincre les femmes portant le voile intégral d’y renoncer. Le ministère de la Ville a préparé un «dispositif d’information des personnes concernées». Son objectif : «donner toutes ses chances au dialogue, afin d’amener la petite minorité des personnes qui se dissimulent le visage (1900 environ d’après le ministère de l’Intérieur, ndlr) à respecter l’interdiction posée par le législateur».

La question étant de savoir si la coïncidence de dates, avec le projet de débat sur l’islam voulu par Sarkozy, ne risque pas de crisper les positions des musulmans, et de rendre toute conciliation impossible.

3/3/2011, Catherine Coroller

Source : Libération

“Aâzi”, “aâzia” pour dire sale nègre ou sale négresse, “serrak ezzit” pour dire cafard noir. Les termes racistes utilisés pour proférer des injures infâmes à l'encontre des Noirs au Maroc, sont légion, toutes plus offensantes les unes que les autres. Mais tant que cela reste du verbal, c'est encore “gérable”. Au-delà, c'est plus qu'un être humain ne peut tolérer car certains comportements frisent la bestialité.

Le racisme, ne nous leurrons pas, c'est un fait bien réel dans ce Maroc qui se dit pourtant “accueillant”, “tolérant” et “ouvert” (sic)! Souvent cautionné par l'ignorance de l'autre, le romancier français Robert Sabatier pour sa part, estime plutôt que “c'est une manière de déléguer à l'autre, le dégoût qu'on a de soi-même”...

Pour ma part, j'estime que c'est profondément un manque regrettable d'éducation. Car en réalité, nul ne naît raciste. De même que “le blanc, le jaune, le noir, ne sont que des créations de l'esprit”, disait un jour, l'ex-footballeur français Lilian Thuram.

Selon les dernières estimations du ministère de l'Intérieur, le Royaume accueille actuellement, pas moins de 10.000 Subsahariens répartis dans tout le territoire. Ils sont étudiants ou travailleurs pour la plupart mais parfois aussi réfugiés ou clandestins. Chacun d'entre nous à sa propre mésaventure à raconter, victimes de préjugés, d'injures, de mépris, de discriminations, de crachats... de coups! Faut-il pour autant capituler? Sûrement pas.

Nous aussi, nous avons notre mot à dire dans une société où nous contribuons financièrement, économiquement, socialement et culturellement. Le danger serait de croiser les bras, se dire qu'il est trop tard et de laisser la situation empirer. Ne pas se demander: pourquoi personne ou si peu de gens tentent d'y remédier? Mais plutôt, quel rôle moi j'ai à jouer dans ce processus d'acceptation de l'autre dans une société si différente et si proche de moi à la fois?

Alors, j'ai nourri l'espoir jusque là secret, qu'un jour, il existera au Maroc une association de lutte contre le racisme pas seulement pour dénoncer ces actes vils mais surtout, pour faire comprendre à la population, que notre différence ne peut-être que source d'enrichissement.

Aucune bataille n'est perdue d'avance, il faut juste se donner les moyens de sa bataille.

2/3/2011, Ana Lopes

Source : Aufait

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