Les Français sont toujours très friands de savoir ce que les autres "grandes nations" pensent de leur pays. Un reportage sur Paris et l'immigration en France, diffusé mercredi 10 octobre sur Rossiya, la première chaîne publique russe, parmi les plus regardées du pays, comblera au-delà de toute espérance les plus masochistes d'entre eux (vidéo ci-dessous, en russe, non sous-titrée).
Le sujet débute à Barbès. Joueurs de bonneteau, vendeurs à la sauvette, SDF basané et mal peigné sous une tente de fortune, magasins de fripes. Le Bernard de La Villardière russe se promène, face caméra, le long d'un boulevard, au milieu d'une population d'origine essentiellement africaine et maghrébine. "Rencontrer des Européens ici est pratiquement impossible. [...] La majorité des migrants en Europe habite en France", affirme-t-il. "Quelques-unes des ruelles parisiennes rappellent un bazar oriental", insiste-t-il.
Le ton est donné. Les façades sont délabrées, le vent charrie des déchets de plastique sur les trottoirs. On est à deux pas de Montmartre, précise le présentateur, mais loin, bien loin de la carte postale véhiculée depuis des décennies sur la "plus belle ville du monde". Les clichés sont ici d'une tout autre nature.
Tous les maux supposés de la France et de l'immigration défilent à l'écran. Olivier Decrock, du Parti radical de gauche (PRG), évoque ces jeunes qui hissent des lits sur le toits des immeubles pour les jeter sur la police ou caillasser les pompier. Face à la caméra, un jeune d'origine africaine frappe violemment du poing contre le véhicule du journaliste, qui démarre en trombe. Des policiers contrôlent des papiers d'identité. Un boucher explique que les boucheries traditionnelles sont en voie de disparition. Le journaliste rend ensuite visite à Marine Le Pen, qui détaille ses solutions pour la France tout en rendant hommage à la clairvoyance de Vladimir Poutine, pour qui elle n'a jamais caché son admiration. "Comme l'a dit Vladimir Poutine, dans vingt ans, la France sera la colonie de ses colonies", déclare-t-elle, selon la traduction de ses propos en russe.
Le reportage se conclut sur les notes surannées d'un accordéon musette sur des images de véhicules incendiés. Retour plateau : les visages des intervenants sont médusés. On imagine aisément la teneur du débat qui va suivre.
11/10/2012
Source ; Le Monde