Timo Soini, président du parti des Vrais Finlandais, s'est déclaré, dimanche 28 octobre au soir, unique vainqueur des élections municipales finlandaises. Son parti est le seul à avoir progressé, gagnant sept points par rapport à 2008, à 12,3 %. Un an et demi après le raz-de-marée des élections législatives du printemps 2011 (19 % pour les Vrais Finlandais), l'ancrage de ce parti populiste anti-immigrés était la grande inconnue de ce scrutin dominé par les conversateurs.
Timo Soini a échoué à dépasser le Parti du centre (18,7 %) et à prendre la tête de l'opposition. Il est resté en dessous des 15 % que lui laissaient espérer les sondages. Mais il peut se féliciter, preuve de l'ancrage réel du parti, d'avoir pu aligner 4 000 candidats et être présent dans la plupart des trois cents communes du pays.
"En 2008, nous n'avions pas de candidats dans une centaine de municipalités", explique M. Soini au Monde. Reste à savoir ce qu'ils valent : "Certains ont été recrutés par petites annonces et n'ont aucune expérience", affirme le politologue Jan Sundberg. Leur inexpérience n'est pas vue comme un problème par Timo Soini. En revanche, le fait que beaucoup ne soient pas connus explique selon lui que le parti n'atteint pas les 19 % des législatives de 2011.
Le parti prospère sur la critique des aides aux pays en difficulté de l'Union européenne et sur fond de scandale du financement des partis. Mais il a également profité d'un climat de plus en plus hostile aux étrangers, dans un pays qui en compte peu.
En 2008, Jussi Halla-aho, l'une des figures les plus populaires du parti, avait écrit sur son blog que l'islam était une religion incitant à la pédophilie et que les Somaliens pouvaient avoir des gènes qui les prédisposaient à la criminalité. Elu député, Jussi Halla-aho a dû quitter en juin la présidence de la commission parlementaire des affaires administratives, qui gérait notamment des dossiers liés à l'immigration, après avoir été condamné par la Cour suprême pour ses propos.
FRACTION ANTI-IMMIGRÉS
"Quand le parti grossit rapidement, il y a toutes sortes de gens qui ne suivent pas le programme à la lettre", se défend Timo Soini. Lui-même se définit comme "conservateur dans les questions morales, mais de centre gauche sur les questions sociales".
"Il n'est pas d'extrême droite, analyse Mikael Pentikäinen, directeur de la rédaction d'Helsingin Sanomat, le principal quotidien du pays. Mais le parti compte plusieurs fractions et celle anti-immigrés est la plus problématique pour Soini. Soini lui-même n'est pas contre l'immigration. Il a laissé les anti-immigrés venir à lui pour avoir leur soutien, mais il estime qu'il les contrôle."
Le parti compte aussi d'anciens sociaux-démocrates, d'anciens centristes (le Parti du centre représente traditionnellement la campagne) et de nombreux notables locaux qui ne représentent qu'eux-mêmes.
Conscient de cette diversité qui a pu générer des conflits au sein même du groupe parlementaire, Timo Soini avait prudemment refusé de participer à la coalition gouvernementale lorsque le futur premier ministre l'avait invité aux négociations. Il vise désormais les législatives, en 2015, soit un temps suffisant pour discipliner ses troupes.
29.10.2012, Olivier Truc
Source : Le Monde