L'élection de Donald Trump au terme d'une campagne durant laquelle il a tenu des propos racistes, xénophobes et clivants porte en germe le risque de violences à caractère raciste qui pourraient tourner mal.
C'est du moins la crainte exprimée par maints observateurs de la vie politique et sociale aux Etats-Unis, universitaires, ou militants de tous bords.
L'élection de Barack Obama en 2008 avait accentué les clivages raciaux dans le pays mais, note Jamila Michener, professeur à l'Université Cornell, "tout le monde, tous les partis ont fait en sorte que ces tensions ne débordent pas".
Aujourd'hui les tirades de Donald Trump contre les immigrés, contre les musulmans, contre les minorités, ajoute-t-elle, "ont remis ces tensions sur le devant de la scène. Cela réveille les gens de droite, qui se sentent confortés dans leurs idées, et ceux de gauche, qui voient tout cela comme une menace".
Entre le 9 novembre, lendemain de la victoire du candidat républicain à l'élection présidentielle, et le 16, le nombre d'incidents de type raciste, antisémite ou xénophobe a fortement augmenté.
Le Southern Poverty Law Center (SPLC), organisme qui suit les activités des mouvements extrémistes, en a compté 701, sous forme de "harcèlement ou d'intimidation".
Et tout montre que les lignes de fracture sont désormais bien ouvertes, avec des confrontations à craindre dans les semaines qui viennent, en dépit des appels à l'unité du peuple américain lancés par Donald Trump depuis sa vitoire.
Les Loyal White Knights du Ku Klux Klan, organisation suprémaciste blanche notoirement raciste et antisémite et branche dissidente du KKK formée en 2012, prévoit d'organiser une manifestation le 3 décembre en Caroline Nord pour célébrer la victoire de Donald Trump.
Des groupes de gauche et des anarchistes prévoient, eux, de manifester à Washington le 20 janvier, jour de l'entrée en fonction du nouveau président, et de perturber les cérémonies.
Le lendemain une "Marche des femmes sur Washington" devrait rassembler des centaines de milliers de personnes.
John Roberts, un responsable des Loyal White Knights, assure que son organisation manifestera de manière pacifique mais il prédit une période de conflits raciaux, avec l'entrée de Donald Trump à la Maison blanche.
"Une fois qu'il sera en fonction, on va assister à des débordements. Qui sait quand ils vont se produire, mais une chose est sûre ce ne sera pas très joli à voir", dit-il.
23 nov 2016 (Peter Eisler, Gilles Trequesser pour le service français)
Source :Reuters