samedi 21 décembre 2024 17:13
vendredi, 20 décembre 2024 12:30

Matteo Salvini risque six ans de prison pour avoir bloqué des migrants en mer Spécial

La justice italienne s'apprête à rendre un verdict historique. Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ancien ministre de l'Intérieur, pourrait être condamné à six ans de prison pour avoir interdit le débarquement de 147 migrants secourus en mer Méditerranée en 2019. Le jugement, attendu ce vendredi à Palerme, en Sicile, intervient à l'issue d'un procès qui aura duré trois ans.

Un procès aux enjeux politiques majeurs

Salvini est accusé d'enlèvement et d'abus de pouvoir pour avoir refusé l'accès aux ports italiens au navire de l'ONG espagnole Open Arms. Pour le leader de la Ligue, un parti anti-immigration, cette décision visait à protéger les frontières nationales. "Défendre l’Italie n’est pas un crime", a-t-il affirmé, promettant de faire face à la justice « la tête haute ». Une condamnation, selon lui, représenterait "une défaite majeure pour l’Italie et l’Europe".

Le procès a divisé l’échiquier politique. En Italie, les partisans de Salvini, notamment au sein de la Ligue, se disent prêts à manifester en cas de condamnation. Au niveau européen, le groupe d'extrême droite "Patriotes pour l’Europe" a apporté son soutien au ministre.

Les accusations de l’ONG Open Arms

L’ONG Open Arms, au cœur de cette affaire, a fermement contesté les arguments de Salvini. Selon son avocat, Me Arturo Salerni, l’ancien ministre aurait violé son devoir de protection des droits humains. Oscar Camps, fondateur de l’ONG, sera présent au moment du verdict. « Sauver des vies n’est pas un crime, mais un devoir », a rappelé Valentina Brinis, responsable du plaidoyer d’Open Arms.

L’ONG affirme que cette affaire a marqué un tournant pour les opérations de secours en mer, freinées par des politiques migratoires restrictives. Elle rejette également les accusations de motivations politiques derrière le procès.

Des conséquences au-delà des tribunaux

Si Matteo Salvini est reconnu coupable, il pourra faire appel, un processus qui pourrait durer des années. Mais au-delà de son sort personnel, ce procès pose une question cruciale : les politiques de protection des frontières peuvent-elles prévaloir sur les droits humains ?

Le verdict de Palerme pourrait avoir des répercussions profondes, non seulement sur l’avenir politique de Salvini, mais également sur la manière dont l’Europe gère les questions migratoires. Une décision hautement symbolique pour l’Italie et l’ensemble du continent.

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