Que de talents aux quatre coins du monde ! Tel est le principal enseignement du 16e Salon international de l’édition et du livre (Siel), qui a célébré, du 11 au 21 février, à Casablanca, la production littéraire des « Marocains d’ailleurs ». Partenaires de l’événement, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et le gouvernement ont cofinancé, avec des éditeurs nationaux – La Croisée des chemins, Le Fennec et Marsam –, la traduction du français à l’arabe de nombreux ouvrages, comme Le Sommeil de l’esclave, de Mahi Binebine, ou Chroniques parisiennes, de Mohammed Bahi. D’autres œuvres ont été traduites du néerlandais au français, notamment C’est par l’autre que l’on se connaît soi-même, d’Yamila Idrissi et Tessa Vermeiren.
L’écrivain et critique littéraire Salim Jay a réuni une cinquantaine d’extraits d’ouvrages dans son Anthologie des écrivains marocains de l’émigration, une saga de plus de cinq décennies allant des Boucs, de Driss Chraïbi (1955), au Livre imprévu, d’Abdellatif Laâbi (2010). Lui-même franco-marocain, Jay révèle des talents peu connus, comme les romanciers néerlandais Abdelkader Benali (Noces à la mer), Saïd El Haji (Les Jours de Shaytan) et Hafid Bouazza, auteur de nouvelles, romans et pièces de théâtre, considéré comme l’un des jeunes écrivains les plus doués des Pays-Bas. « Ces artistes abordent souvent le thème du retour au pays avec un regard décapant, une liberté de ton, le cœur qui se pince de tel ou tel détail », explique Jay.
On y découvre aussi la Flamande Rachida Lamrabet, qui, dans Vrouwland, raconte l’histoire d’un groupe de jeunes Marocains vivant au pays du roi Albert, et la Catalane Najat El Hachmi, dont le roman L’últim Patriarca a été traduit en français en 2009. Sans oublier la filière française avec Mohamed Hmoudane, qui, dans French Dream, retrace le parcours d’un jeune immigré dans l’Hexagone.
Source : Jeune Afrique
Le Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL), organisé du 12 au 21 février sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, peut être considéré comme le premier Salon littéraire en Afrique et au Moyen Orient, a déclaré, dimanche à Casablanca, le ministre de la Culture, M. Bensalem Himmich.
M. Himmich a, dans un entretien accordé à la MAP, souligné que le ministère a tenu à ce que les colloques et conférences, organisés dans le cadre du SIEL, soient un espace de dialogue constructif, de réactions et d'interrogations.
Ces rencontres, auxquelles ont pris part un grand nombre de Marocains du Monde et qui ont connu une grande affluence du public, ont créé une interaction entre les différents intervenants grâce à la qualité des participants, qui étaient d'une grande valeur intellectuelle et scientifique, et à l'importance des thèmes abordés, caractérisés par l'innovation lors de cette édition, a-t-il indiqué.
Cette édition du Salon, a-t-il poursuivi, a connu du succès du point de vue statistique, du fait que le nombre de visiteurs a dépassé les 100 mille personnes, la superficie totale a augmenté de 25 pc, en comparaison avec la précédente édition, de même que l'accroissement du nombre d'exposants, de 25 pc également (700 maisons d'éditions, 250 exposants et 40 pays participants), outre l'esthétique qui a marqué les stands cette année.
M. Himmich a souligné que le " SIEL 2010 " a connu des moments forts, relevant que la Conférence d'ouverture donnée par l'ancien Premier ministre français, M. Dominique de Villepin, était un point de départ " très important ".
Les Olympiades de la lecture ont constitué l'autre moment fort et "d'émotion " de cette édition, a-t-il fait remarquer, précisant que son Département œuvrera, en partenariat avec le ministère de l'Education nationale, à leur consécration durant l'année scolaire.
Concernant le thème de cette 16ème édition : " La lecture: une clef pour la société du savoir ", le ministre a souligné que la lecture ne se limite pas au livre en papier, d'où la participation, lors de cette édition, de tous les autres moyens et outils électroniques au service de la lecture à travers l'Internet, sans, toutefois, marginalisé le livre qui reste l'axe et le pivot spirituel pour l'apprentissage et l'acquisition du savoir.
Evoquant les perspectives d'avenir de cette manifestation, M. Himmich a indiqué qu'il sera procédé à l'évaluation de cette édition pour voir les failles éventuelles et a assuré que davantage d'efforts seront déployés pour plus de succès lors des prochaines éditions.
Si cette 16ème édition ait été consacrée à honorer les Marocains du Monde, qui ne sont, d'ailleurs, pas des invités dans leur pays, la 17ème édition connaitra la présence d'un invité d'honneur, a-t-il affirmé, ajoutant que le Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME) aura son stand, de manière constante.
Source : MAP
Chems-Eddine Hafiz, vice-président du CFCM s'interroge sur la "stigmatisation récurrente de l'islam" à propos du débat suscité par l'ouverture de restaurants Quick exclusivement halal.
"La situation est très préoccupante", dit-il. "La communauté musulmane fait partie de la communauté nationale. Il faut aujourd'hui chercher à comprendre ce qui se passe: est-ce qu'il n'y a pas quelque part des hommes politiques qui sont en train d'utiliser cette stigmatisation récurrente de l'islam ?"
"Face à des échéances électorales, on s'aperçoit rapidement que dès que la question de l'islam se pose, il y a une certaine unanimité qui se fait qui est quelque part préoccupante", estime M. Hafiz. Il y a environ six millions de musulmans en France, même s'ils ne consomment pas tous halal "en tout état de cause, il y a un marché" (...) "à mon avis Quick va s'engouffrer dans cette brèche, et peut-être que d'autres comme Mc Donald et caetera le feront".
De son côté le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, interrogé par l'AFP, estime que "la diversité de l'offre doit être respectée" mais qu'"il n'y a pas de mal à ce qu'une entreprise choisisse un créneau qui lui semble économiquement porteur". "Il s'agit de liberté d'entreprise et d'évolution de la société, la définition de l'offre appartient à l'entreprise", ajoute-t-il en soulignant qu'à Roubaix, "la communauté musulmane est particulièrement importante".
Source : Le Figaro
Dans le cadre d'un accord passé entre les parties marocaine et espagnole, près de 3000 ouvriers marocains devraient être sollicités pour la récolte de fruits en cas de manque de main d'œuvre dans la province de Huelva (Sud de l'Espagne). Ce nombre devrait être revu à la hausse si nécessaire.
Juan Antonio Millan, maire de Cartaya (dans la province de Huelva, sud de l'Espagne), a déclaré que le but de cette opération est de garantir que les campagnes de la province espagnole ne manquent pas de main d'oeuvre pendant les récoltes.
Alors que la conjoncture économique fragile avait à un moment donné, poussé l'Espagne à donner la priorité aux travailleurs locaux, il semblerait que le manque de main d'œuvre, surtout dans le secteur agricole, ait amené le voisin ibérique à revoir sa position. Après plusieurs revirements entre les mois de septembre et novembre 2009, il semblerait finalement que les ouvriers saisonniers marocains continuent d'être recrutés en Espagne cette année.
A la base de 3000, le nombre de saisonniers marocains pourrait toutefois être revu à la hausse, selon les besoins sur le terrain, précise EFE. Une bonne nouvelle pour les familles dépendant des revenus générés par ces opérations.
Source : Yabiladi
Une rencontre a été organisée, samedi après- midi à Casablanca, avec les écrivains Abdelhak Serhane et Mahi Binebine autour de leurs romans, respectivement, " L' Homme qui descend des montagnes " et " Les Etoiles de Sidi Moumen ", dans le cadre du programme culturel de la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL).
Maati Kabbal, journaliste et écrivain chargé d'actions culturelles à l'Institut du Monde arabe à Paris, qui animait cette rencontre, a estimé que les deux auteurs ont comme trait commun d'appartenir à la même génération, d'être issus d'une condition assez modeste, de partager un imaginaire révolté et de venir à l'écriture pour dire " j'existe et j'ai quelque chose à dire ".
Abdelhak Serhane a indiqué que dans " L' Homme qui descend des montagnes",
un récit d'inspiration autobiographique, il a essayé de retracer la situation de l'enfance marocaine à une époque donnée au sein d'une famille modeste à Azrou. Une enfance tourmentée, dure et marquée par la violence du père et l'affection de la mère.
Un père et une mère qui se sont mariés sans se connaître, se sont aimés et se sont séparés, résume Serhane, indiquant avoir revisité son enfance à travers ce récit, tout en rendant hommage au courage de sa mère et à son affection, elle qui a eu un destin qu'elle ne méritait pas.
Quant à Mahi Binebine, il a estimé que dans " Les Etoiles de Sidi Moumen",
les enfants sont semblables à ceux qu'il avait côtoyés dans son enfance dans la médina de Marrakech, des enfants qui se croient sans horizons.
Ce qu'il a incité à écrire ce roman, c'est que la violence n'est pas marocaine et que le Marocain est de nature non violent. Il s'est donc demandé comment des jeunes qui n'ont rien à voir avec la religion pourraient devenir une proie facile à ceux qui exploitent la misère, la détresse et la frustration d'une frange de la population, en promettant, malheureusement, Madrid, Paris, Rome ou Londres à certains et le Paradis à d'autres.
Lors du débat, certains intervenants, parmi l'assistance, ont fait remarquer que les choses ont beaucoup changé, durant les dernières années, et qu'un grand nombre de projets socio-économiques sont déjà réalisés et d'autres en cours d'achèvement, ce qui a totalement transformé la situation dans le quartier de Sidi Moumen à Casablanca.
Source : MAP
Quatorze artistes marocains et espagnols exposent à Séville (sud de l'Espagne) leurs œuvres d'art contemporain dans le but de renforcer les liens culturels entre les deux pays et mettre en valeur le patrimoine commun à travers l'art.
Cette exposition, qui s'inscrit dans le cadre du projet "ConeXionarte" visant la promotion de la création artistique, présente les œuvres d'un groupe de jeunes artistes des deux pays à travers plusieurs techniques telles que la toile, les techniques mixtes, la sculpture et les installations audiovisuelles et acryliques.
Initiée par la Fondation "Columba Pacis" en collaboration avec l'Institut de la Culture et des Arts de Séville (ICAS), cette exposition vise notamment l'échange des différentes formes de conception de l'art contemporain entre les artistes des deux rives de la Méditerranée, ont indiqué les organisateurs.
Elle a également pour objectif d'ouvrir de nouveaux horizons entre un groupe d'artistes marocains et espagnols à travers un projet culturel à même de consolider la communication directe entre deux cultures qui partagent un patrimoine commun, ont-t-ils ajouté.
Après Séville, l'exposition, qui se poursuivra jusqu'au 7 mars prochain, sera présentée dans la ville de Tanger.
Source : MAP
Un vibrant hommage a été rendu, samedi à Casablanca, à l'écrivain et journaliste Mohamed Leftah à l'occasion du 16ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL), avec la participation d'intellectuels marocains et étrangers.
Les intervenants ont mis en avant la beauté des textes et l'amour pour le verbe du regretté écrivain, qui s'est éteint le 20 juillet 2008 au Caire où il résidait.
D'abord informaticien, puis chroniqueur littéraire au Maroc et en Egypte, Mohamed Leftah est une figure marquante du paysage littéraire marocain contemporain.
Les participants à cette cérémonie ont salué son oeuvre qui décrit un univers complexe, s'interroge sur l'exil et le souvenir, dénonce l'hypocrisie sociale et célèbre la femme, relevant que feu Leftah explore crument, mais avec justesse, les désordres de la réalité.
Ils ont, de même, salué l'initiative des éditions "La Différence", qui publient depuis 2006 nombres de ses romans, dont "Au bonheur des limbes" (2006), "L'enfant de marbre" (2007), "Un martyr de notre temps" (2007), "Le jour de Vénus" (2009), "Une chute infinie" (2009).
Le Salon International de l'Edition et du Livre, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, place sa 16ème édition sous le thème "La lecture: une clef pour la société du savoir" et donne la part belle aux Marocains du monde pour célébrer leur créativité et production littéraire et la faire connaître au public marocain.
Source : MAP
La stratégie nationale au profit des MRE, créée en novembre 2002 sur Hautes instructions Royales, se poursuit tambour battant. Mohamed Ameur, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger a présidé, mardi dernier à Rabat une conférence, afin de présenter un des axes majeurs de ce plan d'action qui repose sur le renforcement et la mobilisation des associations des MRE.
Lors de son intervention, le ministre délégué a rappelé les mutations démographiques socioprofessionnelles et culturelles qu'a connues la communauté marocaine de l'étranger ces dernières décennies et les nouveaux besoins et aspirations de cette dernière. Il a par ailleurs réaffirmé l'importance de ce partenariat avec les associations MRE qui démontre la volonté politique marocaine d'orienter, d'accompagner et de soutenir les Marocains du monde dans leurs droits socioéconomiques et culturels mais aussi de les impliquer dans les projets nationaux. «Ce programme, a-t-il précisé, a été mis en place après une série de consultations avec les associations des MRE. Il a pour objectifs de conjuguer les efforts de part et d'autre de la Méditerranée et de favoriser l'établissement de partenariats multipartites avec tous les acteurs au niveau des pays d'accueil comme du Maroc ».
Ce programme s'articule autour de trois volets fondamentaux . Il s'agira tout d'abord de renforcer les capacités des acteurs associatifs outre Méditerranée par un dispositif de formation destiné « à les aider à s'intégrer dans leur pays d'accueil tout autant que dans leur pays d'origine », selon le ministre délégué. Une action pilote sera, à cet effet, initiée au niveau de trois sites, en France, en Italie et en Espagne, dans la perspective de sa généralisation dans d'autres pays. «On n'est pas capable de former les associations sur leur objet, mais on peut renforcer leurs activités au plan transversal en technique d'animation, de gestion, de négociation ou encore en mobilisation des ressources, autant d'expertises dont elles sont fort demandeuses» a déclaré Aziz Amar, président de l'association AMDAM (Association médicale d'aide au développement entre l'Auvergne et le Maroc) qui doit piloter le projet sur la région Rhône-Alpes. L'Association migrations et développement (AMD), quant à elle, devra chapeauter celui sur Marseille, Montpellier et la Corse.
Le second volet de ce programme vise en partenariat avec les pays d'accueil, la réalisation de projets novateurs qui répondent à des besoins urgents manifestés par la communauté marocaine établie à l'étranger, notamment dans les domaines sociaux, culturels et éducatifs. « Les projets soutenus par le gouvernement marocain seront ceux axés sur la préservation de l'identité nationale, de l'enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine », a souligné Mohamed Ameur. «Seront également accompagnées par nos soins les associations qui œuvreront en faveur de la protection des droits et des devoirs des MRE, en particulier ceux des populations les plus vulnérables, des jeunes, des femmes, des personnes âgées ou à besoins spécifiques », a-t-il poursuivi. Une aide financière de l'ordre de 30% sera apportée par les autorités marocaines à chaque projet, les 70% restant seront à la charge des partenaires locaux. Pour ce faire, un appel à projet a été lancé officiellement aux associations MRE courant février qui traduit la volonté du ministère d'instaurer une nouvelle démarche multipartite basée sur une action globale et participative d'un grand nombre d'acteurs territoriaux des pays respectifs. Le troisième volet de cette stratégie gouvernementale porte enfin sur la mobilisation et l'encouragement des associations MRE au développement local du Maroc.
«La communauté marocaine résidant à l'étranger participe depuis toujours activement au processus du développement du pays à travers son implication dans la réalisation de projets dans les villages d'origine », n'a de cesse de dire Mohamed Ameur.
En effet, les exemples de réalisations et de co-développement de la part des MRE ne sont plus à démontrer tant ils sont légion.
L'ambition de cette stratégie est de poursuivre et de consolider cette relation solidaire au-delà des générations. En outre, la mise en œuvre de ces différentes actions aura pour objectifs de rendre professionnelles et crédibles les associations des MRE vis-à-vis des autorités des pays d'accueil, des autorités du Royaume et des bailleurs de fonds, d'assurer leur ancrage dans les deux pays, d'optimiser le rôle et d'amplifier leurs initiatives au service du développement local. «Les Marocains vivant à l'étranger constituent des acteurs de coopération "à part entière" du fait de leur "double référence", se plait à répéter Mohamed Ameur. Cette coopération, en tout cas, aura été scellée lors de cette rencontre par la signature de deux conventions entre le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, l'Association médicale d'aide au développement entre l'Auvergne et le Maroc (Amdam) installée en France, et l'Association migrations et développement (AMD).
Quelques données chiffrées
La date limite des dépôts de dossier relatifs à l'appel de candidature des associations est fixée au 16 mars 2010.
Le plan d'action concernant le renforcement des capacités devra à terme toucher plus de 500 associations à l'horizon 2012.
Depuis ces 5 dernières années, on note une nette orientation vers un système de parrainage entre les associations de migrants ou de leurs enfants et les associations au niveau local voire régional.
Questions à: Mustapha Boujrad • Expert dans le monde associatif
«S'enraciner sans déracinement»
• Il faut, a déclaré le ministre M. Ameur, conjuguer tous les efforts pour établir des partenariats multiples avec els associations au niveau des pays d'accueil et du Maroc. Quel est l'état des lieux de ces associations ?
Les actions de solidarité entre les MRE ont connu une évolution selon les générations. Au départ, c'était des interventions individuelles ou collectives sans organisation officielle et formelle. La solidarité concernait la recherche du travail et l'hébergement des nouveaux immigrés, le soutien en cas de maladie et de décès.Pour organiser les immigrés et les mobiliser pour défendre les causes nationales, l'Etat a encouragé la création d'associations qui ont bien réussi leurs actions à cette époque. Avec le temps la solidarité commence à prendre forme autour de thématiques qui faisaient l'unanimité, à savoir le cultuel et l'apprentissage de la langue arabe. Des associations commencent à avoir le jour selon les lois des pays d'accueil.
Les nouvelles générations jeunes et cadres ont préféré s'attaquer à d'autres thématiques en laissant les thèmes classiques à la première génération. Ils s'intéressent plus aux activités culturelles, sportives et artistiques. D'autres se sont même investis dans l'action politique et syndicale. Les apports des unes et des autres sont importants. Cependant, ces associations souffrent de plusieurs carences.
• Précisément, quel diagnostic peut-on faire ?
Le diagnostic du secteur associatif des Marocains du monde se caractérise par la diversité de son intervention et la précarité de son organisation. La majorité des associations œuvrent dans le domaine cultuel. Le culturel, le sportif et l'artistique intéressent particulièrement les jeunes motivés par une carrière souvent politique dans le pays d'accueil. La grande majorité d'entre eux est gérée de façon traditionnelle. Rares sont les associations qui respectent les règles de transparence, de démocratie interne, etc. Le constat le plus alarmant est que ces associations n'ont souvent ni le souci d'encadrement et d'accompagnement de la population MRE, ni une vision ni une stratégie bien fondée pour aider ces derniers à s'enraciner sans se déraciner (slogan du ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger). Par contre, certains sont forts dans la mobilisation des fonds sans pour autant que cela profite directement aux MRE. Il faut noter une évolution certaine. Les politiques menées vis-à-vis des MRE par les pays d'accueil et le pays d'origine étaient aussi circonstancielles et ponctuelles. Les pays d'accueil considéraient, au départ, les MRE comme une simple main-d'œuvre puis ces dernières années comme une assiette électorale. Quant au pays d'origine, les MRE étaient considérés comme des mobilisateurs de fonds et de devises. Les actions menées pour eux avaient plus un caractère folklorique, individuel et ponctuel sans aucune stratégie bien réfléchie et durable. Depuis les événements du 11 septembre, la vision sécuritaire s'est amplifiée dans les deux rives.
• Actuellement quelles sont les spécificités du secteur associatif ?
Les amicales qui avaient joué un rôle important, à une époque déterminée, particulièrement pour défendre les causes nationales ne bénéficient plus du même appui de l'Etat qu'auparavant. Leurs actions restent très limitées et dépendantes des personnes. Elles vivent encore sur leur histoire et sont absorbées par la question de la légitimité de représentation des MRE. Les associations cultuelles, quant à elles, sont souvent déchirées par les conflits subjectifs de leadership et d'appropriation des locaux. Elles sont très fortes dans la mobilisation des fonds et des personnes. Malheureusement, leur action se limite à la construction des mosquées où la pratique des rituelles prédomine. Leurs revendications se résument à la construction, l'accomplissement des travaux ou la rénovation des mosquées ; à l'affectation des imams et au souci d'apprentissage de l'arabe et des rituels de la religion aux enfants et aux jeunes. Ces dernières années, elles se sont livrées à d'autres batailles sur la représentation de la religion islamique dans les pays d'accueil avec d'autres courants et d'autres associations (les Algériens, les whabites, les chiites…etc.). Le danger réside dans la personnalisation des associations et dans leur envahissement par des courants extrémistes et intégristes au nom de l'Islam.
• Qu'en est-il des associations des jeunes qui souffrent le plus de problèmes d'identité ?
Les jeunes de la deuxième et troisième générations ont constitué des associations ou se sont intégrées dans des associations thématiques ou de quartier. Les actions sont destinées à tous les jeunes sans souci d'appartenance à une nation ou autre. Cela a permis à plusieurs jeunes d'émerger, en particulier des jeunes femmes. Ils ont été intégrés par des partis politiques. Ils sont des élus, des cadres des organisations syndicales, sociales, etc. Même si leur action est plus globale, ils ont encore un penchant vers le pays d'origine. Elles peuvent jouer un rôle important dans l'encadrement et l'accompagnement des MRE. Ils sont motivés et pleins de volonté et mobilisateurs de moyens, de compétences et de jeunes. Ce qu'il faut faire avec eux c'est de les orienter vers la stratégie du ministère qui consiste en l'enracinement sans déracinement. Les associations qui œuvrent dans le domaine social (femmes violentées, alphabétisation, enfance, prisonniers, retraités, cas sociaux, etc.) sont bien structurées quand elles sont gérées par des femmes ou des jeunes. Elles bénéficient souvent de subventions des autorités locales. Les associations créées par des cadres et des professionnels. Elles sont spécialisées dans la mobilisation des fonds, des équipements et des fournitures au nom du co-développement. Elles sont bien organisées et structurées, ont un réseau important au niveau du pays d'accueil et du Maroc. Parmi elles, on distingue des associations sérieuses et d'autres moindres.
• Concernant les dysfonctionnements, que peut-on noter ? Quels sont les problèmes communs à toutes ces associations ?
Ces problèmes sont nombreux et on peut les résumer ainsi : absence d'une vision stratégique commune relative aux finalités des interventions et leur rôle dans la mise en œuvre de cette vision ; un faible encadrement et accompagnement des MRE; une incapacité de profiter des offres faites par les autorités locales et la société civile dans les pays d'accueil ; une grande fréquence des conflits personnels ; rareté des mécanismes démocratiques de prise de décision ; un professionnalisme associatif faible. Malgré ces insuffisances les associations des Marocains du monde ont un apport considérable qu'il ne faut pas négliger. On compte parmi elles, des associations et des cadres associatifs de très haut niveau. Ils ont besoin de la reconnaissance, de l'accompagnement et d'un renforcement de leur capacité. C'est pourquoi on considère que l'initiative du ministère chargé des MRE mérite un encouragement et un appui de haut niveau.
Source : Le Matin
Souvent ce sont les intellectuels et les écrivains qui parlent de l'émigration et de différents aspects et dimensions liés à cette question, mais la rencontre "Paroles ouvrières", organisée vendredi soir à Casablanca, constitue l'une des rares occasions où les travailleurs marocains, émigrés de la première génération, ont la voix au chapitre.
"Les Marocains du monde à l'honneur", slogan hissé par le Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger pour la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL) a trouvé son expression la plus éclatante, le temps de cette soirée, tellement ces émigrés marocains de la première heure avaient soif de s'exprimer et avaient besoin de relater la "vraie" parole, partant de leurs propres expériences. C'est la voix qui manquait au chapitre de l'émigration marocaine en France, en Belgique, en Allemagne et dans d'autres continents.
Si le "SIEL 2010" a honoré les Marocains du monde en impliquant plusieurs écrivains, intellectuels et créateurs marocains vivant à l'étranger dans les débats sur la culture, en général, la restitution de la parole aux anciens travailleurs de l'industrie automobile et des gisements de charbon, témoins de coups de grisou et qui se rappellent avoir observé un arrêt de travail d'une semaine pour revendiquer des gants de travail, constitue l'un des moments forts de cette édition du Salon.
Quatre d'entre eux, des immigrés de France, outre une dame de la seconde génération vivant en Grande Bretagne, se sont ainsi, tour à tour, prêtés au jeu des questions-réponses de Zakia Daoud, qui animait la soirée, relayée par un parterre d'intellectuels et d'étudiants passionnés de l'histoire de l'émigration et de ses dimensions sociale, culturelle, religieuse et familiale.
Mohamed Amri, Abdellah Samate, Mustapha Idbihi et Mohamed Ouachekradi, ce dernier qui avait la chance de s'inscrire à la faculté, dans une revanche inachevée, avant de devenir ouvrier dans le secteur de l'automobile, outre Souad Talsi, se sont adonnés à la narration de leurs "romans-feuilletons".
Le point de départ était un départ à travers des réseaux ou par le biais de l'Office des Migrations internationales (OMI) vers des mines, pour certains, pour battre le charbon, une tache que la plupart des travailleurs du pays d'accueil ne voulaient pas accomplir, et, pour d'autres, c'était vers l'industrie automobile, comme destin.
Sur place, les conditions d'accueil et de logement étaient déplorables et le climat difficile à supporter: une chambre louée par ceux qui exploitaient la misère des nouveaux arrivants et 12 heures de travail par jour, y compris le samedi, se remémorent-ils, ce qui va rendre, dans une phase ultérieure, la réalisation du rêve du droit au regroupement familial incertaine du fait que le logement "décent" était une condition sine qua non, pour ce faire.
Bien sur, l'émigration à travers les réseaux ou l'OMI était entourée, au préalable, de conditions d'âge (18-28 ou 30 ans maximum), de célibat et d'acceptation de contrats de courte durée (18 mois en général) pour contourner le regroupement et "se débarrasser" au besoin des personnes atteintes de tuberculose ou d'autres maladies "professionnelles" non reconnues à l'époque en tant que telles, relatent certains d'entre eux, la mémoire fertile.
Même dans les cas où ils ont réussi, tant bien que mal, beaucoup plus tard à faire venir leur famille, les épouses n'arrivaient pas à s'adapter à la nouvelle situation et restaient donc cloisonnées chez elles. "C'est où la cuisine?", s'est demandée l'une d'elles au seuil de la chambre unique du couple faisant office de logement!
"Je devais lui acheter du pain et faire le marché, chaque jour avant d'aller au travail", raconte son époux, ajoutant que l'idée de retour au pays était, par conséquent, présente et posée tout le temps, mais jamais mise en exécution.
"Nous sommes une génération du va-et-vient, nous vivons dans +l'entre-deux+ et c'est une réalité qui doit être reconnue et traduite en droit", dit-il, ajoutant que "parti à 18 ans", l'enfance du Maroc lui manque énormément, c'est une sorte de blessure inguérissable.
Abdellah Samate, originaire de Taroudant, ouvrier totalement dévoué à son travail et décoré, par la suite, de la Légion d'honneur, plus haute distinction honorifique de la République française, pour ses activités syndicales et son combat pour les droits des travailleurs, se rappelle notamment que le chef d'atelier, qui lui tapotait gentiment l'épaule en disant : "Bravo Mohamed" (parce que tous les Arabes à l'époque étaient des Mohamed), a arrêté son cinéma dès qu'Abdellah a eu un accident de travail grave. Il a plutôt commencé à voir le moyen de le renvoyer au "bled", ce qui a suscité, en revanche, en Abdellah une prise de conscience de la nécessité de s'engager dans l'action ouvrière avec ses compatriotes et dans l'action syndicale française.
Il apporte son témoignage quant aux grandes grèves des Marocains des mines en 1962, 1968, 1980, et 1987.
Dans ce registre, son compatriote, Mohamed Ouachekradi, qui avait dans son CV une inscription à la faculté de sociologie, a saisi à bras-le-corps, l'action syndicale notamment au sein du "Mouvement des Travailleurs arabes" et, dans un deuxième temps, au sein de "l'Association des Marocains en France".
Cependant, tout n'est pas peint en noir. Ces ouvriers portent, en effet, en eux-mêmes, un riche apport culturel légué par les pays d'accueil, les traces des combats pour des droits démocratiques et égalitaires et pour des valeurs culturelles et sociales. Ils se déclarent, dans ce cadre, fiers des luttes menées par le grand philosophe français, Jacques Dérida, pour les droits des immigrés, et sont émus par son soutien et son engagement public aux côtés des immigrés marocains et maghrébins.
Ce rapprochement entre les penseurs et les ouvriers porte également l'empreinte du sociologue Pierre Bourdieu et d'autres intellectuels, qui se sont engagés dans le combat social, témoignent ces braves compatriotes dont certains se remémorent également de l'héritage de Mai 68 en France et son apport indéniable à la devise de la France : "Liberté, Egalité, Fraternité".
L'autre apport positif est l'espoir sur lequel ils ont vécu en tentant d'assurer la jonction des générations et en investissant dans la scolarisation et l'éducation de leurs enfants.
Résultat mitigé, pour certains, et mission réussie, pour d'autres qui constatent le succès d'un grand nombre des enfants de l'immigration dans leur vie professionnelle ou politique et dont certains sont devenus des parlementaires dans les pays d'accueil.
Source : MAP
La poétesse et traductrice marocaine, installée en France, Siham Bouhlal, réfute la catégorisation : "littérature de l'immigration" et "littérature de l'intérieur", faisant remarquer qu'elle n'écrit pas parce qu'elle est une "immigrée", mais pour satisfaire le besoin d'écrire.
Siham Bouhlal a indiqué, dans un entretien à la MAP, qu'elle écrit en français parce que les écrivains ou les créateurs ne choisissent pas leur langue d'expression, la langue s'impose d'elle-même.
Pour cet écrivain qui s'exprimait en marge de la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL), l'écriture donne un sens à l'existence, citant à ce propos l'écrivaine française Marguerite Duras (1914-1996) qui affirmait: "J'écris pour ne pas mourir".
Vivant en France depuis plus de vingt ans, la poétesse, qui a publié récemment à Paris son premier récit "Princesse Amazigh" aux éditions "Al-Manar" précise, d'ailleurs, qu'elle est marocaine et française, en même temps.
Celle qui a déjà publié les recueils de poèmes, "Poèmes bleus" (Editions Tarabuste, 2005), "La tombe d'épines" (Editions Al-Manar, 2007) et "Corps Lumière " (Editions Al-Manar, 2008), précise que la question ne concerne pas la langue mais, plutôt, le contenu véhiculé par cette langue. Ce qui compte, pour elle, c'est la création en elle-même et les sensibilités du poète.
Tout en soulignant que l'écriture exprime les spécificités de chaque poète ou romancier, elle estime que la création authentique devient universelle et transfrontalière.
Quant à son attachement au patrimoine culturel arabe depuis son enfance, elle l'attribue au lien fort que sa mère avait avec la poésie. En effet, sa mère lui lisait des poèmes et l'a ainsi initiée à la poésie.
Siham Bouhlal exprime particulièrement sa reconnaissance au professeur, écrivain et spécialiste de la littérature arabe médiévale, Jamel-Eddine Bencheikh (1930-2005), qui l'a introduite, dit-elle, dans le monde de la littérature et qu'elle considère comme un modèle.
Et puis, "non seulement il m'a orientée vers la poésie, mais il m'a impliquée là-dedans. C'est lui qui a envoyé mes premiers poèmes aux maisons d'édition", précise-t-elle.
Jamel-Eddine Bencheikh, qui a également fait d'elle une passionnée du patrimoine culturel arabe, a accompagné une partie de sa production littéraire et a enraciné en elle le désir de faire connaître la civilisation arabe en Occident.
Le dernier roman de Bouhlal, "Princesse Amazigh ", qui a été présenté dans le cadre du programme culturel du "SIEL 2010", est tissé de souvenirs d'enfance, de réflexions sur l'amour, les rapports entre les hommes et les femmes et la religion.
Cet ouvrage de 112 pages vient ainsi enrichir la création de l'auteur qui travaille actuellement sur un nouveau recueil intitulé "Mort à vif".
Titulaire d'un doctorat en littérature de l'Université Paris-Sorbonne, Siham Bouhlal a traduit des textes médiévaux, comme elle a contribué, entre autres, à la réalisation de l'ouvrage "Amazigh ou voyage dans le temps berbère".
Source : MAP
A l'écart du Front national pour différentes raisons, des Lorrains et des Franc-comtois se sont réunis pour constituer deux listes aux prochaines élections régionales. Deux listes nationalistes qui n'ont qu'un objectif: dire non aux minarets.
Exister à tout prix. Exclus du Front national, ou déçus par l'attitude un peu moins provocatrice de Marine Le Pen, certains nationalistes ont décidé de se rassembler et de constituer deux listes autonomes pour les prochaines élections régionales. Leur programme tient en une phrase: "Non aux minarets". Ou comment surfer sur la médiatique votation suisse rejetant les édifices religieux musulmans.
Les Lorrains auront la possibilité de voter pour la liste "Non aux minarets", les Francs-comtois pour la "Ligue comtoise-non aux minarets". Ces listes regroupent des membres de la Nouvelle Droite populaire (NDP) de Robert Spieler - un régionaliste alsacien d'extrême droite -, du Parti de la France (PdF) de Carl Lang et du Mouvement national républicain (MNR) d'Annick Martin. Le but de leur engagement politique: transformer "cette élection en référendum local contre les minarets et (...) contre l'islamisation de notre société". Une politique simple (iste) et des arguments qui ne le sont pas moins. "Les gens qui vont voter pour un mouvement comme le nôtre, qui n'est pas très connu, ne nous attendent pas sur le plein-emploi. Le thème qui mobilise dans nos milieux, c'est l'islamisation, indique ainsi Roland Hélie, de la Nouvelle Droite populaire. Si on veut percer, il faut des slogans "radicaux" qui correspondent à ce que pensent nos électeurs potentiels."
Les associations scandalisées
Plusieurs citoyens avaient demandé le retrait de ces listes en raison d’une possible atteinte aux valeurs républicaines mais les préfectures ont déclaré qu'elles avaient été déposées dans des conditions conformes au code électoral et donc que rien ne justifiait une suspension ou interdiction d’être présentée aux électeurs. Des associations se sont aussi mobilisées, comme le Mrap (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples), dans un communiqué, qui indique que "l'objet de ces listes est manifestement illicite, puisqu'elles adoptent pour seul programme la discrimination sur une base religieuse". Le Mrap rappelle que "ces documents peuvent et doivent être attaqués en justice si des propos constitutifs de l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination envers un groupe de personnes, défini par leurs origines ou leur appartenance à une religion déterminée, y sont tenus."
Même réaction pour le Conseil français du culte musulman (CFCM) qui "ne comprend pas qu'un tel enregistrement soit possible alors que le programme de ces listes est une apologie manifeste de la discrimination religieuse". Mohammed Moussaoui, le président du CFCM, "déplore profondément la validation de ces listes dont le programme peut nourrir la haine envers les musulmans de France". Une information qui intervient au lendemain de la décision du tribunal administratif de Marseille de rejeter mercredi un recours contre la candidate voilée du NPA (Nouveau parti anti-capitaliste, en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ilham Moussaïd pourra se présenter dans le Vaucluse. Quid des ultras nationalistes lorrains et francs-comtois?
Source : JDD
Le Salon International de l’Edition et du Livre de Casablanca organisé en l’honneur des « Marocains du monde » en partenariat entre le ministère de la Culture, le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger et le ministère chargé de la Communauté marocaine à l’étranger se poursuit depuis le 12 février et jusqu’à ce dimanche 21 avec un programme d’animation où l’on a beaucoup parlé du rapport entre émigration et création où des auteurs ont pu exprimer la force de leur créativité qui ne pouvait exister sans l’apport spécifique de leurs racines marocaines.
Comme annoncé dans ces mêmes colonnes les œuvres d’auteurs marocains à l’étranger sont parues successivement avec un léger retard au cours du salon du livre de Casablanca. Ainsi on a pu voir au stand du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) les œuvres de Abdellatif Laabi en coffret, des œuvres publiées par les éditions de la Différence : « L’œil et la nuit », « Le Chemin des ordalies » récit, « Les Rides du lion » roman et « chronique de la citadelle d’exil » lettres de prison 1972-1980 avec une préface de Claude Ollier. Autre œuvre de Laabi, un récit, « Le Livre imprévu » en première édition par les éditons de la Différence et sa traduction en arabe par Rose Makhlouf aux éditions Ward (Syrie). Autres ouvrages parus en coédition entre le CCME et les éditeurs Marsam, Le Fennec et la Croisée des Chemins : « Le Sommeil de l’esclave » de Mahi Binebine roman traduit en arabe par Abdelhadi Idrissi, « Les Vertus immorales » de Kebir Mustapha Ammi traduit en arabe par Abdelkrim Jouiti. D’autres publications attendues « Les Chroniques parisiennes » de Mohamed Bahi, « Je hais l’amour » poésie de Taha Adnane en édition bilingue arabe et français, « Actualité de la pensée d’Abdelmalek Sayad » par l’association des amis d’Abdelmalek Sayad, « C’est par l’autre qu’on se connaît soi-même » par Yamila Idrissi et Tessa Vermeiren texte traduit du néerlandais en français.
Des publications d’autres œuvres se poursuivront au-delà du SIEL. Ainsi on attend la traduction en arabe du roman de Salim Jay « Tu ne traverseras pas le détroit », la parution en édition originale arabe de « Comment devenir Français en cinq jours et sans professeur de Jamal Boudouma des textes parus en feuilleton dans la presse marocaine, « Couscous le dimanche » de Khadija Arib traduit du néerlandais vers le français, « Nous sommes des Maures » de Anouar Majid traduit de l’anglais en français, « Marocains d’ici et d’ailleurs-Une diaspora à venir » par Zakia Daoud, et puis ce projet passionnant qui va vers la mémoire de l’émigration pour décrire l’histoire de l’implantation de la communauté marocaine en Hollande : « Marocains aux Pays-Bas, des pionniers racontent » par Nadia Bouras, Anne-Marie Cottar et Fatiha Laoukili, texte traduit du néerlandais en français.
« Anthologie des écrivains marocains de l’émigration » par Salim Jay
Très attendu pour le salon parmi les autres ouvrages publiés avec le concours du Conseil de la Communauté Marocaines à l’Etranger, l’Anthologie des écrivains marocains de l’émigration réalisée par l’écrivain Salim Jay (photo) est sortie seulement ce mercredi. C’est un panorama de quelques cinquante auteurs romanciers, nouvellistes et poètes « vivant ou ayant vécu à l’extérieur du pays ou né à l’étranger »
Il y a des auteurs écrivant en arabe, en tachelhit comme Ali Azyko ou Ali Amayou, des francophones comme Driss Chraïbi et Edmond Amran El Maleh, Tahar Benjelloun, Abdelhak Sarhane, Abdellatif Laabi et d’autres comme Mustapha Kebir Ammi, ainsi que des auteurs d’origine marocaine anglophones comme Anouar Majid, d’autres écrivant en néerlandais traduits en français comme les désormais connus Abdelkader Benali « Noces à la mer » 1996, Hafid Bouazza et Saïd El Haji avec son « Les Jours du shaytan » (2000).
L’anthologie réalisée dans un ordre chronologique commence par le grand précurseur Driss Chraïbi et son célèbre roman « Les Boucs » publié pour la première fois chez Denoël en 1955. Il faut attendre 1969 pour voir le texte suivant qui est un poème émouvant de Ali Azyko « Gennevilliers » traduit du tachelhit par Claude Lefébure. Ensuite Khair-Eddine dont les textes exubérants sont émaillés de descriptions et dénonciations fulminant contre les conditions des travailleurs marocains à l’étranger et Salim Jay choisit un extrait du « Déterreur » (1973). Dans le même ordre chronologique des parutions il y a Brick Oussaid avec un long extrait de « Les Coquelicots de l’Oriental » (Maspéro 1984, réédité par l’éditeur casablancais Toubkal en 1988) , Edmond Amran El Maleh avec le remarquable roman « Le Retour d’Abou El Haki » (1990). Mohamed Leftah est cité pour « L’enfant de marbre » (2007). Des femmes Laila Alami qui écrit en anglais, Fatima Elayoubi, Najat El Hachimi qui écrit en catalan pour « Le Dernier patriarche » et bien d’autres.
La majorité des textes cités dans l’anthologie sont datée à partir des années 90. Soit on écrit relativement plus soit on publie plus qu’avant. A coup sûr il y a récemment plus de textes et auteurs répondant à la thématique de l’émigration.
Salim Jay a pu dire avoir des regrets de ne pas avoir inclus Abdelmajid Benjelloun auteur de « Fi attoufoula ».
« Souvent nos auteurs ont un regard sur les sociétés d’accueil qui pourra apparaître déroutant de franchise… le regard de beaucoup d’auteurs est incisif et généreux, l’émotion et l’humeur l’emportent bien souvent sur l’amertume causée par telle ou telle situation cruelle ou quelque obstacle injuste »
L’anthologie est très riche et permet une bonne promenade parmi des auteurs connus et d’autres complètement avec des évocation parfois très surprenante comme celle du texte de Faouzi Boubia jeune marocain qui avait appris la langue allemande sous la poussée de son père en passant par « Par-delà le bien et le mal de Nietzsche et qui s’expatrie, écrit un texte en allemand et finit, déçu, par revenir au Maroc.
Source : L’Opinion
Chems-Eddine Hafiz, vice-président du CFCM s'interroge sur la "stigmatisation récurrente de l'islam" à propos du débat suscité par l'ouverture de restaurants Quick exclusivement halal.
"La situation est très préoccupante", dit-il. "La communauté musulmane fait partie de la communauté nationale. Il faut aujourd'hui chercher à comprendre ce qui se passe: est-ce qu'il n'y a pas quelque part des hommes politiques qui sont en train d'utiliser cette stigmatisation récurrente de l'islam ?"
"Face à des échéances électorales, on s'aperçoit rapidement que dès que la question de l'islam se pose, il y a une certaine unanimité qui se fait qui est quelque part préoccupante", estime M. Hafiz. Il y a environ six millions de musulmans en France, même s'ils ne consomment pas tous halal "en tout état de cause, il y a un marché" (...) "à mon avis Quick va s'engouffrer dans cette brèche, et peut-être que d'autres comme Mc Donald et caetera le feront".
De son côté le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, interrogé par l'AFP, estime que "la diversité de l'offre doit être respectée" mais qu'"il n'y a pas de mal à ce qu'une entreprise choisisse un créneau qui lui semble économiquement porteur". "Il s'agit de liberté d'entreprise et d'évolution de la société, la définition de l'offre appartient à l'entreprise", ajoute-t-il en soulignant qu'à Roubaix, "la communauté musulmane est particulièrement importante".
Source : Le Figaro
Moins de trois mois après la bronca des professeurs d'histoire, offusqués de voir leur discipline devenir optionnelle en terminale S, les historiens reprennent le chemin des blogs et des pétitions pour alerter l'opinion publique et dénoncer une dérive "européano-centriste".
Objet de leur ire, le projet de nouveau programme d'histoire pour la classe de seconde, qui ferait la part belle à l'Occident chrétien, au détriment de l'étude de la civilisation musulmane.
Indices fournis : l'enseignement intitulé "La Méditerranée au XIIe siècle : carrefour de trois civilisations", qui aborde "les espaces de l'Occident chrétien, de l'Empire byzantin et du monde musulman" devrait être remplacé à la rentrée prochaine par un nouveau thème, "La civilisation rurale dans l'Occident chrétien médiéval, du IXe siècle au XIIIe siècle".
Certes, une partie de ce nouveau programme abordera l'histoire de "Constantinople à Istanbul : un carrefour de civilisations". Mais pour le secrétaire général de l'Association des professeurs d'histoire géographie (APHG), Hubert Tison, il s'agit d'"une fausse compensation. Elle permet de parler de la prise de la ville par l'Empire ottoman, mais pas de couvrir les contacts entre l'Occident chrétien, Bysance et le monde musulman".
L'APHG va prochainement demander au ministère de modifier l'intitulé du nouveau programme "afin de permettre de traiter des contacts entre l'Occident chrétien et le monde islamique".
Hubert Tison, qui ne comprend pas les raisons de ce changement, se demande si le projet "vise à rétablir le christianisme ou à évacuer la contestation quand on parle de l'islam dans certains lycées".
Au ministère, on répond qu'"il s'agit d'un projet de programme en consultation jusqu'au 12 mars" et l'on assure qu'"il sera tenu compte des remarques qui remonteront".
"TROP RAPIDEMENT RÉFLÉCHI"
Sur le fond, on ajoute que "dans les anciens programmes, le thème de la Méditerranée au XIIe siècle était facultatif, alors que, dans les prochains, l'étude de "Constantinople à Istanbul : un carrefour de civilisations" est obligatoire. De plus, il y a des ouvertures sur l'étude de Pékin et sur la capitale aztèque de Tenochtitlan, actuelle Mexico".
Doyen des inspecteurs généraux d'histoire (IG), Laurent Wirth estime que l'on fait au ministère "un mauvais procès, à moins de considérer que l'islam ottoman ne fait pas partie de l'islam".
Quant au fait de critiquer un projet qui serait "européano-centriste", l'inspecteur s'offusque et "demande si maintenant le mot européen est devenu une insulte" ?
Pas de quoi convaincre Dominique Borne, président du conseil de l'Institut européen en sciences des religions (IESR). Pour lui, cette façon de botter en touche "n'est pas raisonnable. Pékin ou Tenochtitlan en une heure, ce n'est pas de l'"ouverture", c'est juste de l'affichage".
L'IESR a d'ailleurs écrit, mercredi 17 février, au ministre de l'éducation nationale pour que "ce programme, trop rapidement réfléchi, soit profondément revu dans son orientation d'ensemble".
Ancien doyen des IG d'histoire, Dominique Borne connaît bien les programmes actuels pour les avoir rédigés. "Ça ne me gêne pas qu'on les change, assure-t-il. Ce qui me choque, c'est que le religieux ait pratiquement disparu, sauf à être réduit à sa dimension exclusivement rurale, latine, catholique et médiévale. Si on décompose l'emploi du temps, cela fera environ une heure pour Byzance !"
Pour lui, le risque c'est qu'"on ne traite pas du religieux sérieusement, comme des autres disciplines", et que cela fait émerger "des revendications en faveur d'un enseignement religieux spécifique".
Source : Le Monde
Historienne des migrations marocaines aux Pays-Bas, Nadia Bouras, suis actuellement un doctorat en Genre et migrations à l’Université de Leiden. Nadia Bouras a été approchée par Yabiladi.com, à l’occasion de sa participation au 16e SIEL. Elle nous donne des détails sur ses recherches. Elle s’exprime sur les immigrés marocains vivant aux Pays-Bas et donne son avis sur l’intégration de la nouvelle génération, aussi bien au Maroc que dans le pays d’accueil.
Les profils des immigrés Marocains ont beaucoup changé depuis l’arrivée de la première vague aux Pays-Bas, il y a un demi-siècle. Après avoir travaillé sur la "Migration des femmes marocaines aux Pays-Bas, 1967-1980", Nadia Bouras tente toujours de comprendre davantage l’immigration marocaine dans le temps et son intégration dans son pays d’adoption. Pour ce faire, ses recherches se focalisent sur les études des migrations marocaines depuis leur début (années 1960) jusqu’à nos jours. Elle essaye notamment de connaître en profondeur les liens unissant les Marocains des Pays-Bas à leur origine, les différences de comportement homme-femme entre le Maroc et dans le pays d’accueil…
L’historienne qui est également membre du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), pensent que les jeunes de la deuxième génération, gardent un lien avec le Maroc, et ce, pour plusieurs raisons. "On peut être Marocain et Hollandais en même temps" d'après elle.
Née novembre 1981 à Amsterdam, Nadia Bouras fait partie membre des conseils d’administration d’EMCEMO (Centre euro-méditerranéen migration et développement basé à Amsterdam et de Gresen Links Amsterdam (Parti vert gauche).
Source : Yabiladi
S'il y a un apport efficace apporté par la manifestation «Marocains du monde» au Salon international de l’édition et du livre de Casablanca, c'est bien d'avoir permis la publication d'ouvrages d'auteurs marocains vivants à l'étranger en les traduisant notamment en arabe ou en français pour ceux écrit en néerlandais, mais aussi d'avoir permis de donner la parole à des Marocains pour exprimer le souci de la recherche de leurs racines conçue comme une demande essentielle pour des représentants de la deuxième génération présents au salon.
Plusieurs tables-rondes ont été organisées par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCEM) sur l'immigration. Ainsi, après les tables rondes «Migrations vues d'Asie», «Revues en immigration et immigration en revues», «Les écrivains immigrés et la langue italienne», «Influences marocaines dans la littérature néerlandaise» ainsi que «L'immigration dans la littérature amazighe» organisée par l'Institut Royal de Culture Amazigh, il y a eu dimanche une rencontre très attendue sous le thème «Histoire de l'immigration: initiations sociales et nouvelles pistes de recherche» organisée par le CCME. Cette table-ronde qui devait permettre de faire le point sur l'immigration marocaine en Europe où 80% des 3 millions et demi de MRE vivent aujourd'hui, a surtout donné la parole à des intervenants s'intéressant à l'histoire de l'immigration marocaine qui ont généralement déploré l'absence de prise en charge de cette Histoire dont la mémoire risque de se perdre à jamais avec la disparition des représentants de la première génération des migrants. Ce qui constituerait, le cas échéant, une amputation d'une partie intégrante de l'identité des générations à venir.
Au cours de cette rencontre, on avait eu à un aperçu sur la population des Marocains à l'étranger et surtout la situation de la recherche en histoire de l'immigration marocaine en France, en Belgique et en Hollande, à travers des expériences spécifiques où c'est surtout l'associatif qui semble avoir primé pour l'instant.
Emigration en mutation
Prenant la parole en premier, Driss El Yazami, président du CCME, devait rappeler les objectifs de l'hommage rendu par cette édition du SIEL, à travers les créateurs d'origine marocaine, à la diaspora marocaine. El Yazami a souligné au passage les changements intervenus au cours des dernières décennies dans l'émigration. Cette dernière s'est, en effet, grandement féminisée avec actuellement 50% de population féminine, ex-æquo avec l'émigration masculine, et «des femmes marocaines de plus en plus seules à émigrer», sans compter «une généralisation du phénomène à toutes les régions et à toutes les couches sociales».
Aussi, le «paradoxe marocain» s’illustre par une intégration assez rapide dans la société d'accueil et un très fort taux de naturalisation, tout en gardant un solide rapport de nostalgie avec le pays d'origine.
L'histoire de l'immigration marocaine est passée par bien des étapes très difficiles au cours du 20ème siècle. Les pionniers de ces flux migratoires avaient enduré le pire durant des décennies comme force de travail dans les mines et les usines. Des échos n'ont pas manqué de transparaître dans la littérature marocaine comme le roman de Driss Chraïbi «Les Boucs» (1955), premier roman poignant sur les problèmes de l'immigration maghrébine en France avec à la clef racisme, ségrégation, exclusion. Il y eut ensuite les poésies de Ali Sidki Azayku, les romans de Khair-Eddine «Soleil arachnide» (1969) et surtout «Le Déterreur» (1973) et, par la suite, Tahar Benjelloun «La plus haute des solitudes».
Depuis quelques années, avec l'émergence d'autres générations, l'expression littéraire des marocains résidants à l'étranger se fait à travers d'autres langues que le français, comme le néerlandais avec de très intéressants auteurs à l'instar de Abdelkader Benali, en Catalan comme Najat El-Hachimi qui a reçu le prix Ulysse de la première œuvre pour son roman «Le Dernier patriarche», en anglais etc. Les Marocains à l'étranger montrent une grande diversité et richesse, ce qui explique leur attachement à leurs racines et le pays d'origine. Cet intérêt pour les racines se traduit par un intérêt pour l'histoire et la mémoire ce qui explique la programmation de rencontres sur l'histoire de l'immigration.
Pour l'histoire, c'est l'institution militaire coloniale qui, au début du XXème siècle, avait enclenché les premiers grands flux migratoires.
«Ce que nous sommes aujourd'hui c'est aussi une conséquence de cette immigration» a souligné Driss El Yazami lors de cette table ronde en citant les cas typiques de Houssin Slaoui, Haj Belaid ou Agoumi comme exemples.
«On ne peut pas comprendre ce qu'ils ont été sans ce passage par l'émigration», a-t-il indiqué en ajoutant: «Mais jusqu'à la fin des années 80, l'histoire de l'immigration a été marginalisée».
Des affirmations confirmées et corroborées par Jacques Toubon, homme politique français, ancien ministre de la Culture et président du Conseil d'orientation de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration qui a ouvert ses portes en 2007. En effet, il devait notamment parler de la cité nationale de l'immigration qui constitue une avancée de taille sur l'amnésie. La connaissance autour de l'immigration en cours durant les dernières années a une double origine: des travaux scientifiques et des travaux associatifs militants. Jacques Toubon a rappelé que dans le passé «l'évocation des origines des immigrés représentait une hérésie». Comme si, en faisant état de ses origines, on compromettait le processus de l'intégration. Comme si on allait à rebours des fondements des principes de l'Etat. C'est à partir de 1990, avec le recensement général de la population, qu'on a autorisé, en France, à faire état de ses origines. A partir de 2002, une idée simple s'est imposée: la France est l'unique pays d'immigration en Europe jusqu'aux années 50! C'est donc après un demi siècle d'émigration de peuples vers la France que d'autres pays européens comme la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie ont commencé à connaître l'immigration.
La France, au début du XXème siècle, avait connu un déclin démographique et, pendant des décennies, on a assisté à ce qu'on a appelé le processus de «fabriquer des Français» à partir de populations venues d'abord d'Europe ensuite d'Afrique.
Mais si importante qu'elle soit, cette histoire de l'immigration était restée ignorée.
«Ce pays ne se racontait pas son histoire telle qu'elle était, contrairement à l'Amérique» précise Jacques Toubon en parlant de la France. Il ajoute: «Aujourd'hui, l'histoire de France c'est aussi l'histoire de l'immigration».
Il cite le cas du Pas-de-Calais dont le quart des 350 mille habitants est d'origine polonaise.
Du coup, la création de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration est un repère du grand changement intervenu dans la prise de conscience vis-à-vis de l'histoire de l'immigration comme un phénomène identitaire français.
La cité nationale de l'histoire de l'immigration est une structure comportant un musée de 1100 m2 abritant une exposition permanente racontant l'histoire de l'immigration du début du siècle passé à 2006. Une prochaine exposition aura pour thème «football et immigration».
Marocains de Hollande et effort de recherche
Parmi les communautés marocaines à l'étranger les plus dynamiques, il y a celle de Hollande. Déjà une image forte a été donnée par Dominique Caubet dans son livre «Shouf shouf Hollanda» (Tarik Editions, Casablanca, 2005) sur la richesse de créativité de la deuxième génération des Marocain de Hollande avec des écrivains, dramaturges, cinéastes, musiciens, génération qui en a étonné plus d'un avec une surprenante intégration au sein de la société d'accueil.
Faisant partie de cette deuxième génération de Marocains de Hollande, Nadia Bouras, très jeune historienne des migrations marocaines aux Pays-Bas venue participer au salon du livre, parle du rôle des femmes et surtout le phénomène de la «féminisation de l'immigration». Elle avait effectué des recherches en anglais et en néerlandais à l'Université de Leiden et elle est co-auteur d'un ouvrage «Marocains aux Pays-Bas: les pionniers racontent» qui figure parmi les ouvrages que le Conseil de la communauté des Marocains à l'Etranger s'est promis de publier dans le cadre de son programme de mise en valeur et de communication des travaux et créations des Marocains du monde à leur pays d'origine.
Pour Nadia Bouras, il s'agit de restituer l'histoire de l'immigration marocaine en Hollande de 1960 à aujourd'hui, en se ressourçant auprès de ceux de la première génération qui avaient vécu cette énorme saga de la fondation d'une communauté très intégrée dans la population néerlandaise et, en même temps, très viscéralement attachée au Maroc, pays d'origine.
Actuellement, il y a 340 milles marocains en Hollande dont 50% constituent la première génération et 50% la deuxième. La troisième génération est au stade du balbutiement. 80% des immigrés marocains de Hollande sont originaires du Rif.
Le problème principal soulevé par Nadia Bouras c'est que la deuxième génération ne connaît pas cette histoire de leur pays. Il s'agit de jeunes nés en Hollande ou né au Maroc et partis encore très jeunes s'établir dans ce pays dans le cadre du regroupement familial.
On apprend qu'il y a une grande différence entre la migration féminine et masculine. Bien que cette dernière soit la première à commencer au début, le rôle des femmes dans le phénomène migratoire a toujours été actif.
«Le discours sur les marocains en Hollande n'est pas historique» dit Nadia Bouras, souvent on évoque des problèmes sociaux mais sans dire cette histoire dans sa complexité et ses commencements.
En 2009, on a célébré 40 ans d'immigration marocaine en Hollande. Quel bilan en faire?
Réponse: «Il y a eu de nombreux livres écrits en Hollande sur l'immigration, à l'occasion du 40ème anniversaire, des livres en quantité qui peuvent remplir cette salle et même une autre, mais dans le lot, peu de travaux scientifiques qui fassent la part des choses dans une approche scientifique et historique».
En attendant, les jeunes chercheurs qui portent le souci de cette mémoire des origines et la vraie histoire des commencements, se tournent vers une activité d'ethnographes en enregistrant des interviews avec les anciens, documents vivants qui risquent de partir en laissant un vide.
J'enregistre des témoignages, c'est important pour préserver la mémoire de ce qui s'était passé, je travaille avec les archives d'Amsterdam. La deuxième génération ne connaît pas cette histoire de leur pays».
Nadia Bourras rappelle avec une évidente émotion l'expérience intéressante de l'exposition itinérante en bus de la Hollande vers le Maroc, «RifTour». Une manifestation qui a eu un vif succès. Elle était partie de La Haye pour Al Hoceima en traversant de nombreux douars du Rif et en passant par Berkane, Taourirt et Taza. L’objectif de l’expédition était de montrer, de rappeler la vie des pionniers de l'émigration rifaine vers la Hollande par des photos et récits d'expériences réussies des premiers travailleurs marocains aux Pays-Bas.
Le même constat sur la question de préservation de la mémoire est fait par M'hammed El Ouafrassi, marocain résidant en Hollande depuis 20 ans, militant associatif, ex-président de l'association des Marocains pour les droits humains aux Pays-Bas et membre du groupe NAP (Nouveau Plan d'Amsterdam): «L'histoire de l'immigration des Marocains en Hollande est ignorée malheureusement» dit-il en soulignant que pour comprendre ce que nous sommes, il faut absolument comprendre l'histoire de nos origines, une «histoire méconnue». C'est ce qui explique des manifestations comme l'exposition «Mémoire» organisée dans les lieux publics, à même dans la rue à Tanger, une initiative pour en finir avec les stéréotypes.
Mais «l'université marocaine n'a pas encore une conviction profonde de l'importance de ce dossier dans tous ses aspects historique, culturel, économique», martèle El Ouafrassi.
Pour Ahmed Mahou, professeur et écrivain militant associatif travaillant sur l'histoire et la mémoire des Marocains de Belgique et d'Europe, membre de l''Association Karima qui travaille sur la préservation des archives sur l'immigration marocaine, il y a en Belgique au moins trois générations de Marocains. Au début, les Marocains émigraient en Belgique pour travailler, dit-il, mais aujourd'hui ils font carrément partie intégrante d'un pays étant aussi des intellectuels, des médecins, des universitaires, des politiciens... La population d'origine marocaine en Belgique ce sont 320 mille personnes dont 80% ont déjà la nationalité belge.
Le mouvement de la naturalisation se poursuit. En 1974, lors de l'arrêt de l'émigration proprement dite et jusqu'au début des années 80, c'est la phase de regroupement familial. La population d'origine marocaine était 7000 en 1960 et devait passer à 120 mille en 1974 à 180 en 1982. Aujourd’hui, on en est à une communauté de 320 milles membres.
Jusqu'au début des années 80, un leitmotiv était ressassé dans la communauté marocaine résidant en Belgique: «surtout ne pas s'occuper de la politique, il faut penser au retour», les associations avaient cette revendication de ne s'occupaient que de leurs affaires.
«Aujourd’hui qu'est-ce qui reste? Que transmettre aux jeunes générations? se demande Ahmed Mahou. Il y a une lacune énorme pour la mémoire de la communauté marocaine de Belgique avec manque d'archives, manque de mémoire écrite, contrairement à la Hollande».
Source : L’Opinion
Identité nationale, burqa, islamophobie… les moments de répit sont rares ces derniers temps pour les musulmans de France, sous les feux des projecteurs depuis plusieurs mois. Un documentaire vient offrir ce moment. Réalisé par Emmanuel Blanchard et Karim Miské, « Musulmans de France »* retrace un siècle d’histoire en trois épisodes. La trilogie « Indigènes » (1904-1945), « Immigrés » (1945-1981) puis « Français » (1981 à nos jours) sera diffusée le 23 février sur France 5. Interview.
Saphirnews : Quelle évolution de l'Histoire des musulmans de France avez-vous pu constater au fil de vos recherches?
Karim Miské : La première évolution est celle de la catégorie : on ne parle de « musulmans de France » que depuis une quinzaine d'années. Le film retrace d'abord l'Histoire de la constitution de cette catégorie qui commence au début du XXe siècle de quelques milliers de Nord-Africains venus majoritairement de Kabylie et qui ont alors le statut d'indigènes. On les appelle donc « Indigènes nord-africains », « Kabyles » ou de manière dépréciative, « Sidis ».
Pour aller vite, ces Indigènes deviendront des immigrés avec les indépendances au tournant des années 1960, avant de « redevenir » Français progressivement à partir des années 1980. C’est là que l'on va commencer progressivement à parler de « musulmans », pour plusieurs raisons : d'une part, avec l'arrivée des Sahéliens, cette population a cessé d'être exclusivement maghrébine ; d'autre part, et surtout, on ne parle plus, à partir de cette époque, que de l'islam, devenu un acteur politique majeur au niveau mondial, et après la chute du mur de Berlin une sorte de défi permanent à l'Occident.
En catégorisant ces héritiers d'une histoire coloniale, puis de migration, comme musulmans, on en fait aussi des Français à part. Cela étant, il y a bien sûr aussi appropriation de cette identité musulmane par les premiers concernés.
C’est une Histoire indéniablement liée à celle de la colonisation que vous avez voulu dresser dans le documentaire…
K. M. : Tout à fait, c'est clairement une Histoire coloniale puis post-coloniale, car les représentations héritées de la colonisation sont bien loin d'avoir disparu, elles nous habitent tous en réalité. Le fait de rappeler que les pionniers de cette Histoire étaient des Indigènes, qu'ils étaient pris en charge par des institutions spécifiques, comme le Service d'assistance aux Indigènes nord-africains, la Brigade nord-africaine, un service de police spécifiquement charge de réprimer les Indigènes. Ou encore l'hôpital franco-musulman de Bobigny, qui était certes un hôpital moderne, mais où les Nord-Africains étaient conduits de force si on les trouvait dans un autre hôpital parisien.
Ce fait est un enjeu historique important pour l'ensemble des Français. Il faut pouvoir regarder ensemble cette Histoire, se dire que c’est une Histoire commune pour pouvoir comprendre en quoi cela détermine les regards que nous portons les uns sur les autres et éventuellement s'en libérer.
Le documentaire a-t-il en cela une dimension purement pédagogique ?
K. M. : Non, pas seulement, c'est d'abord un film. En fait, c'est un récit collectif d'une Histoire, épique à bien des égards, avec des héros comme Messali Hadj, le premier militant nationaliste algérien, et son adversaire Si Kaddour Ben Ghabrit, le premier recteur de la Grande Mosquée de Paris, considéré comme un agent de la colonisation, mais qui avait une très forte personnalité et que l'on ne peut réduire à cela.
Faire un film comme celui-ci, c'est raconter une histoire, tenir le spectateur en haleine durant 2 h 50, faire en sorte qu'il ne décroche jamais, exactement comme pour un film de fiction grand public... Et en racontant cette histoire, on apprend des choses au spectateur. Mais pour que cela marche, il faut vraiment faire les choses dans ce sens-là. Il faut faire passer les messages naturellement. Dans ce sens là, oui, il y a des objectifs pédagogiques et même civiques et citoyens à ce film qui ne pouvaient, à notre sens, au co-auteur Emmanuel Blanchard et à moi, être atteints qu'à condition que le spectateur passe un bon moment.
L'une des premières idées reçues d'une partie des Français est de penser que la présence musulmane est très récente. Vous brossez un siècle d'Histoire. Pourquoi avoir commencé en 1904?
K. M. : C'est la première date à laquelle on trouve un rapport mentionnant la présence de 5 000 Indigènes nord-africains en France. L'histoire remonte surtout à la fin de la guerre (franco-allemande, ndlr) de 1870, dans laquelle des spahis avaient été engagés. À partir de là, des colporteurs kabyles ont pris l'habitude de venir vendre des produits artisanaux en France durant la morte saison des champs en Kabylie. Mais c'est au début du XXe siècle qu'ils commencent à devenir ouvriers. C'est donc le véritable début d'une Histoire qui devient dès lors aussi une partie intégrante de l'Histoire ouvrière française.
Pourquoi ne pas avoir évoqué ces points-là dans le documentaire ?
K. M. : C'est aussi tout simplement parce que l'on commence à partir de l'invention du cinéma. Ce qui aurait pu être une contrainte un peu lourde, mais qui ici n'est pas très gênante finalement, puisque c'était très logique historiquement de démarrer avec le début de l'immigration ouvrière.
Vous disiez plus haut qu'« en catégorisant ces héritiers d'une Histoire coloniale, puis de migration, comme musulmans, on en fait aussi des Français à part ». Pouvez-vous développer ce point ?
K.M. : Il y a une stigmatisation par l'islam, sans cesse présenté comme une religion qui, par nature, opprime les femmes, s'oppose à la laïcité, etc. Du coup, l'étiquette « musulman » devient pour le moins ambivalente, problématique. Parler de « musulmans de France », c'est à la fois reconnaître une minorité et lui assigner une place à part, pas complètement dans la communauté nationale. Ça fonctionne comme un piège en fait : ceux qui revendiquent leur qualité de musulmans se retrouvent un peu suspects, voire beaucoup, cela dépend de l'actualité nationale et internationale. Ceux qui n'ont pas de sentiment religieux ni d'appartenance communautaire très développée, ne peuvent de toute façon pas y échapper, car leur nom, leur apparence physique les désigne comme « musulmans ».
Vous prenez des pincettes pour employer l’expression « musulmans de France ». Pouvez-vous aujourd'hui aisément définir cette catégorie ?
K.M. : Aisément non... En fait, c'est une définition qui appartient à chacun mais, pour le film, nous avons décidé que les « Musulmans de France » étaient ceux qui étaient perçus par la société française comme musulmans. C'est pour cela que certains dans le film s'affirment athées. Ils parlent néanmoins car, de toute façon, vu qu'ils sont perçus comme tels, cette identité leur appartient aussi. Nous avons fait de cette catégorie une catégorie historique bien plus que religieuse, même si cela se mélange.
Il est vrai que vous ne parliez pas de l'Histoire de l'islam en France...
K.M. : Non, en effet, ça peut faire l'objet d'un autre film. Ici, il fallait établir que ceux qu'on appelle « Musulmans de France » − que j'écris avec un M majuscule pour montrer que l'on parle d'une catégorie au fond « identitaire » qui n'a pas à voir, loin s'en faut, qu'avec le sentiment religieux − sont les héritiers d'une Histoire et que c'est cela qu'ils ont en commun, bien plus que les croyances ou pratiques religieuses, qui sont extrêmement diverses.
Les images d'archives étaient-elles faciles à trouver ? Elles sont vraiment rares.
K.M. : Elles sont très rares en effet. Les documentalistes se sont donnés beaucoup de mal pour les trouver car, surtout dans la période du premier épisode (1904-1945), on filmait très peu les Indigènes dans des situations ordinaires. Dans les usines, il y en avait mais ce n'est pas précisé dans les descriptifs, il faut donc regarder des heures de bande pour se dire : tiens, ceux-là ils doivent venir d'Algérie, et ce n'est pas facile de distinguer un Kabyle d'un Italien du Sud, mais on finissait par y arriver, en observant aussi l'attitude, le regard, des petits riens...
Ce film est le fruit de trois ans de travail, mais vous dites que c'est un hasard du calendrier qu'il soit diffusé à l’heure où l’on questionne l’intégration des musulmans en France. Quelles sont vos positions face au débat ?
K. M. : Oui, totalement. Le débat n'a été lancé qu'après que le film ait été terminé. Ça a été pour nous une étrange coïncidence, on se dit maintenant en plaisantant qu'Éric Besson est notre meilleur attaché de presse, car de nombreux journalistes perçoivent immédiatement l'intérêt du film dans le contexte actuel !
Sur le débat, que dire ? J'ai eu le sentiment qu'il était très à côté de la société française dans la manière dont elle se construit aujourd'hui. Je veux dire que tout le monde a des collègues, des amis, des parents issus de l'histoire que nous racontons dans le film. Tout à coup, avec ce débat, chacun peut exprimer sa rancœur, ses préjugés et insulter une partie de la société française. Cela m'a donné le sentiment que la société se retourne contre elle-même, qu'elle se débat aussi peut-être simplement avec sa nouvelle identité. Mais, au total, les réactions ont été nombreuses et fortes et, en définitive, plutôt saines. Je crois qu'au fond la France est tout de même prête à s'accepter. En ce sens, le film vient apporter sa pierre à ce mouvement.
Percevez-vous alors les débats actuels comme stigmatisantes pour les musulmans ?
K. M. : Ça l'aurait été si tout le monde s'était tu. Mais ça n'a pas été le cas. Cela ne veut pas dire que je considère ce débat comme une chose positive. Je suis comme tout le monde, j'ai mal vécu l'accumulation de dérapages. Après, en tant qu'observateur de la société, je constate que la société française a été capable de réagir, que l'on n'a pas sombré mais que ce qui s'est exprimé à l'occasion du débat est inquiétant et incite à rester extrêmement vigilants.
Quel message souhaitez-vous faire passer à travers le film ?
K. M. : C'est toujours très difficile et un peu gênant de répondre directement à une telle question, d'abord parce que, une fois que le film est fait, il ne m'appartient plus. Il appartient à ceux qui le regardent et qui lui font une place dans leur imaginaire et leur vision du monde. Plus que de message, je parlerai de point de vue. L'idée était de se libérer des idées préconçues. De libérer les Français appartenant à la part, disons, majoritaire de la société des visions préétablies sur les Musulmans. De nettoyer le regard en quelque sorte pour leur permettre de voir derrière le Musulman un être humain et un concitoyen, dont les ancêtres ont eux aussi traversé l'Histoire du pays et contribué à faire de la France ce qu'elle est aujourd'hui.
Et en ce qui concerne les Musulmans eux-mêmes, l'enjeu est de se libérer du regard enfermant, de l'assignation identitaire, de s'assurer, au fond, de sa légitimité à être là, à faire intégralement partie de cette société. Car, depuis la colonisation, il y a tout de même des restes d'une mauvaise image de soi qui continuent à traîner. Le but extrêmement ambitieux est de contribuer à la désaliénation des uns et des autres.
* Sortie du double DVD « Musulmans de France », le 11 mars 2010.
Source : SaphirNews
"Le Statut juridique de l'Islam en Europe", actes du colloque international tenu à Fès les 14 et 15 mars dernier, vient d'être publié à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger (CCME) et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, en partenariat avec les maisons d'éditions "La Croisée des Chemins", "Le Fennec" et "Marsam".
Cette publication (348 pages) est le fruit des réflexions livrées par des chercheurs, des responsables politiques et des experts qui s'intéressent à l'immigration et au culte musulman en Europe, ainsi que des acteurs culturels et cultuels réunis lors de ce colloque organisé par le CCME.
Les articles publiés évoquent les thématiques liées au statut juridique de l'Islam dans différents pays européens, la place de ce culte dans les politiques publiques et les principales expériences et type d'organisation des communautés musulmanes dans ces pays.
L'ouvrage a été également au centre d'une table ronde, vendredi au 16ème Salon international de l'Edition et du Livre, qui se poursuit jusqu'au 21 février.
Une rencontre avec Jean Daniel, écrivain et éditorialiste français a été organisée, vendredi à Casablanca, à l'occasion du 16ème SIEL qui célèbre cette année les marocains du monde.
Cette rencontre a été marquée par la projection d'un film documentaire (52 min) réalisé par le fondateur du Nouvel Observateur sur Albert Camus, journaliste, écrivain, philosophe et dramaturge, prix Nobel de littérature en 1957.
Le Conseil de la communauté marocaine de l'étranger (CCME) et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, en partenariat avec les maisons d'éditions "La Croisée des Chemins", "Le Fennec", et "Marsam" viennent de publier la traduction (du français à l'arabe) du roman de Kébir Mustapha Ammi "Les Vertus Immorales" (Gallimard, 2009).
Le roman raconte les aventures d'un Marocain du XVIe siècle, nourri de la lecture des écrits de Marco Polo, qui part à la découverte du Nouveau Monde trente-cinq ans après Christophe Colomb.
Moumen sera confronté à des expériences avec les Espagnols, les Anglais et les indigènes.
Né en 1952 à Taza, Mustapha Ammi qui enseigne à Paris est l'auteur de nombreux romans, essais et pièces de théâtres notamment "Apulée, mon éditrice et moi" (L'Aube, 2006), "Le Ciel sans détour" (Gallimard, 2007) et "Alger, la blanche" (théâtre, 2003).
Une lecture du dernier recueil de Poèmes "Je hais l'amour" de Taha Adnan a été organisée, samedi à Casablanca, à l'occasion du 16ème Salon international de l'Edition et Livre (SIEL).
"Je hais l'amour" (traduit en français, 135 pages) est à la fois, une carte d'identité poétique et la biographie d'un émigré moderne. Un recueil écrit dans un esprit rebelle: un mouvement contre la poésie classique, contre l'amour et contre un monde de plus en plus "macdonalisé", lit-on sur la couverture de ce recueil.
Ce recueil de neuf poèmes témoigne du changement vécu par l'auteur en terre d'émigration pendant une décennie (1997-2007): dépaysement, nostalgie, amour à l'ère du net, sans pour autant sombrer dans les lamentations.
Né en 1970, Taha Adnan a grandi à Marrakech et réside depuis 1996 à Bruxelles. Il a publié plusieurs recueils de poésie en arabe et en français dont Transparence (L'Arbre à Paroles, 2006).
La traduction française de ce recueil a été réalisée à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger (CCME) et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, en co-édition avec les maisons d'éditions "La Croisée des Chemins", "Le Fennec", et "Marsam". L'ouvrage sera traduit en espagnol à l'occasion du Salon du livre du Costa Rica en avril prochain.
Source : MAP
Sauvegarder et valoriser les archives de l'immigration ne peut être qu'une meilleure contribution à la connaissance profonde des phénomènes migratoires et une reconnaissance de l'apport des étrangers à l'histoire culturelle, politique, économique et sociale de leur pays d'accueil.
Animé d'une volonté de construire une mémoire partagée et d'enrichir la diversité culturelle, de lier histoire et société, patrimoine et citoyenneté, le Centre d'archives et de recherche sur l'histoire de l'immigration maghrébine et arabe (Carihma) en Belgique se propose d'inventorier, de préserver et de valoriser les fonds archivistiques afin de les rendre accessibles aux chercheurs et au public.
"En 2004, les commémorations des quarante ans d'immigration marocaine en Belgique ont démontré l'importance de sauvegarder les sources indéniables à cette histoire. L'objectif du centre, crée en 2008, est de contribuer à développer la connaissance de l'histoire de l'immigration notamment marocaine en Belgique et en dresser un bilan objectif", affirme Mme Catherine Jacques, chargée de projets, dans un entretien à la MAP.
La communauté marocaine, un facteur d'enrichissement de la société belge
Il y'a une forte communauté marocaine en Belgique. Cette diaspora s'est investie dans les syndicats, les associations et la politique. Elle a joué un rôle crucial contribuant largement au développement économique et social du pays, a-t-elle souligné.
"Un travail de mémoire fera prendre la mesure de l'apport culturel et économique des migrants mais aussi de faire prendre conscience au pays d'accueil de ses devoirs et obligations en matière de citoyenneté à l'égard de ces immigrés", a-t-elle ajouté .
De façon générale, les archives sont une source de richesse pour la connaissance des sociétés. Celles de l'immigration témoigneront de l'extrême diversité quant à leurs origines, à leurs supports et à leurs apports. Il y a les archives publiques, produites par l'état, constituées pour l'essentiel de documents administratifs, et les archives privées (archives de particuliers, associations, syndicats, entreprises).
Le centre Carihma veut repérer, collecter et sauvegarder ces archives éparpillées dans différents lieux de conservation. Ce travail laborieux d'inventaire sera entrepris dans le but de veiller à la conservation du patrimoine archivistique pour offrir des outils qui en seront un moyen de valorisation et d'exploitation pour les chercheurs mais aussi les jeunes générations en quête de leur histoire et de leurs racines.
Cette action sera concrétisée par la confection et la publication de guides qui identifieront les archives disponibles, leurs lieux de conservation et leurs accessibilités.
Les archives apportent un éclairage à l'histoire des populations immigrées. Elles sont des sources précieuses d'information. L'histoire minière entre le Maroc et la Belgique a été l'élément catalyseur de l'immigration marocaine, par conséquent les archives du secteur minier peuvent fournir des données importantes quand on sait que ce secteur a attiré beaucoup de travailleurs marocains, indique Catherine Jacques.
On peut citer aussi les archives de la société des transports en commun à Bruxelles, qui emploie beaucoup de travailleurs d'origine marocaine, ou encore les archives des maternités. A ce titre, explique Mme Jacques, les registres de naissance permettent de retracer les métamorphoses sociales d'un quartier et l'arrivée des diverses vagues d'immigrants.
Les archives des syndicats, des associations et des partis politiques sont très intéressantes dans la mesure, où dit-elle, elles permettent d'évaluer l'implication des immigrés dans la vie sociale et politique en Belgique.
Les journaux publiés par les migrants sont aussi des sources incontournables pour retracer leur histoire et leur profil, ajoute-t-elle.
Le centre Carihma, tient-elle à souligner, cherche à recenser les sources écrites mais aussi orales. Interroger les premières générations sur leur expérience, recueillir des témoignages sur les itinéraires et les parcours personnels, reconstituer des trajectoires et des biographies individuelles et familiales, l'objectif étant de rassembler et de valoriser un ensemble significatif de témoignages écrits et oraux, émanant tant des particuliers que des institutions ou du milieu associatif.
Le centre organise dans cet objectif des événements culturels et des expositions, des conférences et des journées d'études pour sensibiliser les détenteurs potentiels d'archives (documents, photos, lettres, manuscrits) afin d'enrichir les fonds disponibles des services publics d'archives.
Ce travail mémorial pluriel permettra l'analyse et la compréhension du phénomène migratoire dans toutes ses richesses et complexités, loin des clichés et des idées reçues, pour une plus grande cohésion sociale et pour un "vivre ensemble" dans la pluralité des cultures, a-t-elle ajouté.
Source : MAP
Une rencontre a été organisée en hommage à la mémoire de feu Driss Chraïbi, jeudi à Casablanca, dans le cadre du 16ème Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL) qui se poursuit jusqu'au 21 février.
Dans l'œuvre de Chraïbi, on retrouve les qualités d'un homme qui adorait la vie, le contact de vrais gens et horreur des salons littéraires et des rencontres entre intellectuels puisqu'il vivait toujours retiré dans des îles (île de Ré) ou dans des régions reculées", a souligné l'universitaire Kacem Basfao qui animait cette rencontre.
Driss Chraïbi, qui est arrivé en 1945 en France pour étudier la chimie mais se passionnait pour la littérature et le journalisme, était aussi un homme de radio durant une trentaine d'années. Il animait des émissions (ORTF, RTF, France culture, ...) léguant ainsi une œuvre radiophonique immense.
"Précurseur et grand orateur", Chraïbi, qui a reçu de nombreux prix littéraires dont celui de l'Afrique Méditerranéenne pour l'ensemble de son œuvre en 1973, le prix de l'amitié franco-arabe en 1981, s'est fait connaître par ses deux premiers romans.
Il s'agit du "Le Passé simple" (Gallimard, 1954), récit autobiographique dans lequel il dénonce à la fois le colonialisme français et les archaïsmes de la société marocaine et les "Les Boucs" (Gallimard, 1955), qui relate pour la première fois les conditions des travailleurs immigrés en France.
L'œuvre prolifique et éclectique à l'humour espiègle de Driss Chraïbi a influencé des générations d'écrivains et d'auteurs traitant avec une ironie et liberté de ton rare la condition de la femme, les relations amoureuses, le colonialisme, le racisme, ou Al Andalus: "Succession ouverte" (Gallimard, 1962), "La civilisation ma mère !..." (Gallimard, 1972), "Un ami viendra vous voir" (1967), "Mort au Canada" (1975), "Une enquête au pays" (1981), "La mère du printemps" (1982), "Naissance à l'aube" (1986), "Lu, vu, entendu", "Le monde à côté" (Denoël, 2001) et "L'homme qui venait du passé" (Denoël 2004).
"Nos destins se sont croisés en 1972, quand il écrivait +La civilisation ma mère !...+, a témoigné sa femme Sheena Chraïbi. "J'étais donc sa première auditrice, il lui fallait toujours déclamer à haute voix ce qu'il était en train d'écrire, commencer et recommencer une page plusieurs fois", a-t-elle confié. Il lui a fallu 10 ans de réflexion "pour accoucher dans la douleur de L'homme du livre", a-t-elle dit.
Cette rencontre qui s'est déroulée en présence de plusieurs intellectuels, a été agrémenté par des lectures d'extraits de "Lu, Vu, Entendu" et de la postface des "Les Boucs" par Sheena Chraïbi.
Driss Chraïbi s'est éteint en 2007 dans le Dôme où il résidait et fut enterré, à sa demande, aux côtés de son père au Cimetière Chouhada de Casablanca.
Source : MAP
Innondations en Espagne
- Le cinéma et l’histoire des migrations : entretien avec Driss El Yazami
- Inhumation à Casablanca de Azzedine Hedna , « figure marquante de la restauration de Notre-Dame de Paris »
- Rachid Benzine reçoit « Le Grand Prix du Roman Métis 2024 »
- Le regard croisé d'un cinéaste tunisien sur l'immigration et l'émigration
- L’Observatoire du Travail Gouvernemental publie un rapport sur le rôle des MRE