samedi 6 juillet 2024 12:28

L’Espagne vient d’adopter des mesures plus contraignantes concernant le regroupement familial. Un salaire mensuel de 799 euros, des revenus stables et réguliers pendant les six mois précédant la demande et les douze mois suivants sont exigés.

L’étau se resserre autour des Marocains résidents en Espagne. Le gouvernement espagnol vient d’adopter une série de mesures restrictives concernant le regroupement familial. Selon Europa Press, un accord tripartite a été paraphé dans ce sens la semaine dernière, entre les syndicats, le patronat et le gouvernement de Zapatero. Le texte exige une stabilité financière du demandeur du regroupement familial. Il lui impose des conditions de revenus jugées « très contraignantes » dans cette conjoncture de crise économique.

Désormais, pour faire venir son conjoint ou ses enfants en Espagne, le demandeur devra justifier d’un salaire mensuel minimum de 799 euros. Or, le salaire minimum professionnel est de 641,40 euros par mois. Une condition très contraignante pour les étrangers, en particulier les Marocains qui représentent la deuxième communauté étrangère en Espagne, après les Roumains. Selon Europa Press, la première mouture du texte exigeait un salaire mensuel de 931 euros, ensuite revu à la baisse pour atteindre 799 euros. Le demandeur devra en outre prouver qu’il a les moyens d’accueillir sa famille pendant une année, à compter de la date de dépôt de sa demande. Cette nouvelle réglementation stipule enfin que « l’évolution des revenus du requérant dans les six mois précédant la demande du regroupement familial sera prise en considération ». En clair, le requérant devra percevoir des revenus stables et réguliers pour ne pas voir sa demande rejetée.

Les Marocains, les plus touchés par le chômage

Ces nouvelles mesures ne font que compliquer la situation déjà dramatique pour les Marocains les plus touchés par le chômage en Espagne. Un rapport du ministère du Travail espagnol souligne que la communauté marocaine établie dans la péninsule ibérique est la plus touchée par la crise économique que traverse le pays. En ce début d’année, l’Espagne ne compte pas moins de 239.000 chômeurs marocains, dont 148.000 hommes et 81.000 femmes. En outre, les Marocains sont les plus nombreux à demander le regroupement familial.

La Belgique, suivant l’exemple espagnol, est également en passe d’adopter des mesures de durcissement des règles du regroupement familial. Selon l’agence Belga, la commission de l’intérieur du Parlement belge a adopté la semaine dernière un amendement de la réglementation en vigueur.

Le texte sera soumis au vote en plénière avant de le soumettre au Conseil de l’Etat pour avis. Ce nouveau texte impose également des conditions de revenus stables et réguliers au demandeur. « Le montant de référence à atteindre pour pouvoir se regrouper est fixé à 120 % du Revenu d’intégration sociale (RIS) au taux charge de famille, soit 1.184,5 euros », précise dans un communiqué le MR (Mouvement réformateur, parti politique belge francophone de centre-droit), rapporte Belga.

« Les moyens provenant des systèmes d’aide complémentaire tels que le RIS et les prestations familiales garantissent ainsi que de l’aide sociale financière accordée par un centre public d’action sociale (CPAS), ne seront pas pris en compte, de même que les allocations d’attente et de transition. Toutefois, l’allocation chômage pourra être prise en compte si le conjoint ou le partenaire concerné peut prouver qu’il recherche activement du travail », ajoute le MR dans son communiqué. Le nouveau texte prévoit enfin une obligation de prise en charge des personnes regroupées pendant trois ans.

Le texte exige par ailleurs, au demandeur, un délai d’un an de séjour légal en Belgique avant de pouvoir introduire une demande pour faire venir son ou sa partenaire, sauf si le couple est marié. Le nouveau texte étend la période de contrôle de deux à trois ans. Pour rappel, l’amendement a été proposé par quatre partis politiques, à savoir la Nieuw Vlaamse Alliantie (alliance flamande), le Christen-Democratisch en Vlaams, (Démocrates-chrétiens et flamands), l’Open Vld (parti flamand) et le Mouvement réformateur.

4/3/2011

Source : Le Soir

Tandis que sous les coups de la révolte des masses est en train de voler en éclats le vieux cliché de la servitude volontaire des peuples arabes, voici que Nicolas Sarkozy et sa fidèle UMP sont en train de lancer un nouveau « grand débat », plein d'à-propos, sur l'islam en France. Dossoier…Suite 1/ Suite2

Sur les 100.000 membres que compte la communauté marocaine résidant en Libye, seuls 6800 ressortissants ayant réussi à fuir les violences qui secouent le pays depuis le 15 février 2011 ont été rapatriés par avion et par bateau. Des milliers d'autres, qui n'ont pas pu paNenir jusqu'aux frontières terrestres, attendent le dénouement de leur sort, barricadés chez eux. Et tous appréhendent l'avenir. Témoignages.

Cette rencontre inédite organisée dans la suite des éditions 2008 et 2009 des « Marocaines d’ici et d’ailleurs » tenues à Marrakech par le CCME …

Stéphane Rozès, politologue et président de CAP (Conseils, analyses et perspectives), critique le débat annoncé sur l'islam et la laïcité, voulu par Nicolas Sarkozy. Cette initiative continue de créer des remous : ses défenseurs affirment qu'il n'a jamais été question de pointer du doigt la religion musulmane, mais de nombreuses voix se sont élevées à droite pour dénoncer les risques de dérapage, rappelant le débat sur l'identité nationale. Mais Jean-François Copé, le patron de l'UMP, ne semble pas vouloir renoncer au débat.

Au même moment, Nicolas Sarkozy fait un déplacement au Puy-en-Velay, point de départ du pélerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Une façon d'assumer les "racines chrétiennes" de la France, précise Laurent Wauquiez, ministre et maire du Puy-en-Velay. Nicolas Sarkozy inaugure ainsi une série de déplacements placés sous le signe de "l'Histoire de France" suggérée, selon Le Figaro, par le conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson. Venu de l'extrême droite, ce spécialiste des études d'opinion, est vu comme l'un des inspirateurs du thème de "l'identité nationale" et du ministère du même nom. Et comme un artisan du succès de Nicolas Sarkozy auprès d'une partie des anciens électeurs de Jean-Marie Le Pen.

Pour Stéphane Rozès, ancien directeur général de l'institut d'études CSA, Nicolas Sarkozy se trompe de stratégie. Il estime que le candidat tente de renouer avec sa campagne victorieuse de 2007 mais s'il poursuit dans cette voie, il prend le risque de continuer à faire monter les intentions de vote pour Marine Le Pen.

Que pensez-vous de la stratégie de mise en avant de l'islam et de la laïcité, voulue par Nicolas Sarkozy ?

Stéphane Rozès : Elle s'inscrit dans la logique du débat sur l’identité nationale et du discours de Grenoble. Une alternative s'offre à Nicolas Sarkozy pour 2012 : soit assumer la posture du réformateur républicain, un point positif du sarkozysme pour l’opinion ; et défendre une lecture traditionnelle de la République et de la nation, comme lors de la dernière présidentielle. Soit instaurer, comme avec le débat sur l'islam, une rupture pour s'adresser directement au peuple contre les élites, la "bien pensance" et la gauche.

Cette dernière stratégie vise à reconfigurer le débat idéologique et politique en regardant à la droite de la droite. Et à construire l'idée de nation en pointant l’autre non plus au plan social, comme en 2007, mais en utilisant d'autres critères : en distinguant non plus le travailleur et l’assisté, mais le bon et mauvais français, qu’il faudrait traiter différemment en matière de délinquance selon son origine, en distiguant le bon et le mauvais musulman, en établissant un lien entre immigration et insécurité ou en parlant de "communauté" rom. Entre ces deux options, Nicolas Sarkozy n’a peut-être pas encore tranché.

Le débat sur l'islam et la laïcité profite-t-il au Front national ?

Depuis que cette orientation a été choisie, avec le discours de Grenoble notamment, les intentions de vote pour Marine Le Pen ont progressé de 10-12 % à 18-20 %. Même si ces indicateurs sont à prendre avec précaution, la dynamique est là, sans qu'objectivement quoi que ce soit ait changé dans la vie politique, à part les initiatives du président de la République visant à focaliser le débat sur ces questions.

En 2007, n'est-ce pas justement en allant sur des thèmes associés au Front national, que Nicolas Sarkozy s'est attiré des voix Le Pen ?

Mon interprétation est que lors de la dernière présidentielle, ce n'est pas en parlant d'immigration, ou de sécurité, que Nicolas Sarkozy a gagné les voix du Front national. Mais plutôt grâce à la thématique du "travail, du mérite et du pouvoir d'achat". Soit la ligne républicaine plutôt incarnée par le conseiller Henri Guaino.

Nicolas Sarkozy a récupéré un électorat insécurisé socialement et économiquement, qui votait Front national, en donnant dans son discours une place à chacun au sein de la nation au travers du travail et de leur contribution sociale. C’est en y renonçant vers fin 2007-début 2008 que le président Sarkozy se coupe de l’électorat qui se tourne vers l’abstention. Et qui rejoint aujourd’hui Marine Le Pen qui, de plus, s'est adaptée aux failles du dispositif sarkozyste.

L'approche "républicaine" de Nicolas Sarkozy répondait aux attentes ?

Oui, je le pense. Lors de la dernière présidentielle, quand je dirigeais l'institut de sondages CSA, j'ai travaillé confidentiellement, à partir d'études qualitatives, pour sept candidats différents, dont Nicolas Sarkozy.

Un an et demi avant l'élection de 2007, j'ai commencé à travailler pour son équipe, avec la conseillère Emmanuelle Mignon, sur la problématique du travail, du rapport à la nation et la mondialisation.

En mettant aujourd'hui en avant l'islam, la laïcité et l'immigration, pour s'attirer des voix du candidat du Front national, Nicolas Sarkozy se trompe-t-il de stratégie ?

Selon moi, pour Nicolas Sarkozy, pointer l'autre, l'étranger, l’immigré, le mauvais musulman ou la mauvaise pratique de la religion, désigner le futur immigrant venant de Tunisie, d'Egypte, de Libye, est perçu comme un renoncement à la question essentielle : quelle est ma place au sein de la nation?

Si on a un projet commun pour la nation et qu'on le met en place, alors on résorbe l’espace du FN. S’il s’agit d’être ethnocentriste, cela profite à Marine Le Pen. Comme disait son père, les gens préfèrent l'original à la copie. Sa fille a ajouté récemment, à propos du débat sur l'islam : "Encore un peu de bla bla et je serai à 25 %" dans les sondages.

Dans la majorité, on doit pourtant être conscient des risques d'une telle stratégie...

Oui, d’où les sorties critiques de la plupart de ses ténors. Mais on peut voir une cohérence stratégique dans cette voie nationaliste identitaire : l'intention de déporter le débat à la droite de la droite, en déplaçant le curseur des questions sociales aux questions culturelles. Les tenants de ces orientations dans l’entourage de Nicolas Sarkozy escomptent que la gauche, qui est peu au clair sur la question de la République et du multiculturalisme, se coupera des catégories populaires, se divisera et sera mise de côté.

Le risque d'un nouveau 21-avril existe donc. C’est évidemment un pari dangereux au plan des valeurs et risqué électoralement. C'est pourquoi la droite de tradition démo-chrétienne, gaulliste et libérale au plan politique, y est opposée.

3/3/2011,  Alexandre Piquard

Source : Le Monde

L'auteur de La Compagnie des Tripolitaines (Elizad) a, en effet, publié une tribune dont les dernières phrases résonnent parfaitement dans la ligne mélodique du livre de Chaouite paru à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et qui porte un sous-titre drastique: L'Étranger est seul à attendre…Suite

Originaire de Chefchaoun, Naziha Meftah a grandi au coeur d’une tradition musicale, riche et diversifiée, marquée par l’art andalou et la hadra.

Souvent surnommée "la Piaf orientale", Naziha interprète les mélodies du chant d'Orient et du Maghreb. Les grandes voix de la chanson arabe l'ont accompagné depuis son enfance, imprimant son parcours de « tarab ». Constamment à la recherche de couleurs musicales, elle est en quête de la rencontre de l'art et de l'autre au-delà des frontières. Sa curiosité éclectique dénote d'un état d'esprit résolument moderne, tout en s'inspirant de la musique classique.

Considérée comme la meilleure interprète de Fayrouz, Naziha Meftah se produit avec l'ensemble Elie Achkar. Virtuose du qânûn, Elie Achkar a longtemps accompagné Fayrouz sur les scènes arabes et européennes. La voix cristalline de Naziha restitue avec harmonie et force les fayrouziat.

Si Naziha a connu ses débuts avec le groupe Assanabil à Chefchaoun, son départ pour Paris en 1988 lui a permis de poursuivre ses études universitaires et de développer une réelle curiosité à l'égard des autres musiques du monde. Primée à Paris « meilleure interprète de la chanson arabe », Naziha Meftah se produit dans de nombreux festivals culturels et artistiques en France, en Europe et dans les pays arabes. A chaque apparition, elle suscite une grande émotion chez le public…Suite

L'Allemagne, comme plusieurs pays européens, s'interroge sur les effets de l'immigration en montrant du doigt la communauté musulmane du pays. Le débat, alimenté à l'automne par la sortie du livre controversé d'un ex-administrateur de la Bundesbank, Thilo Sarrazin, fait le jeu de politiciens xénophobes qui aspirent à transformer en votes le malaise ambiant.

Longtemps, Yahya Dudin, Palestinien arrivé en Allemagne en 1994 pour étudier, a cru que le débat sur l'intégration des immigrés ne le concernait pas vraiment.

Un voisin l'avait bien traité une fois de kanacken, terme péjoratif utilisé contre les étrangers, mais cela ne l'avait pas marqué outre mesure.

«Les gens me disaient que je parlais si bien allemand que j'étais différent des autres immigrés arabes et turcs. Je croyais d'une certaine façon qu'ils avaient raison, qu'il y avait un problème avec les immigrés», relate en entrevue M. Dudin, maintenant âgé de 35 ans et titulaire d'un diplôme en administration.

Son point de vue a basculé l'automne dernier, lors d'une entrevue d'embauche. «La femme qui m'interviewait m'a dit: «Vous êtes arabe? Est-ce que vous avez un problème à ce titre avec le fait d'avoir une femme comme supérieure?» Sur le coup, j'ai eu un choc. Je me suis retrouvé sur la défensive.»

Avec quelques jours de recul, l'embarras de M. Dudin a fait place à une réelle colère, qui l'a amené à prendre part à un séminaire organisé pour les victimes de discrimination.

«Là, j'ai pu constater que j'avais de la chance à plusieurs égards. Un, de ne pas être une femme, parce qu'elles sont encore plus discriminées. Deux, d'avoir la peau plutôt claire. Trois, de ne pas être venu trop jeune en Allemagne parce qu'il y a beaucoup d'abus en milieu scolaire.»

Qui pose problème?

M. Dudin se dit convaincu aujourd'hui que le problème vient de la société allemande, et non des immigrés.

Le vaste débat qu'a provoqué le livre-choc d'un ex-administrateur de la Bundesbank, Thilo Sarrazin, a renforcé son impression. L'ouvrage, vendu à plus de 1 million d'exemplaires, soutient que les musulmans - qui forment aujourd'hui environ 5% de la population - refusent de s'intégrer, abusent des services sociaux et ont un effet négatif sur le pays.

Des sondages ont révélé que 20% de la population appuierait un parti mené par M. Sarrazin et qu'une fraction encore plus importante considère qu'il y a trop de musulmans.

Par la suite, de nombreuses personnes ont appelé à un resserrement des contrôles en matière d'immigration, certains ténors demandant même que cesse toute arrivée en provenance de pays arabes ou musulmans.

Peu de temps après avoir dénoncé les thèses de Thilo Sarrazin, la chancelière Angela Merkel a déclaré que les efforts entrepris pour favoriser l'émergence d'une société multiculturelle en Allemagne avaient échoué. Plusieurs organisations d'immigrés ont mal reçu cette déclaration. «Les politiciens parlent du multiculturalisme comme si ça signifiait que personne ne doit suivre les règles, que chacun peut faire ce qu'il veut. Pour moi, le multiculturalisme signifie qu'on accepte que les gens vivent leur culture aussi longtemps qu'ils demeurent dans le cadre de la loi», note Safter Cinar, porte-parole de la Fédération turque de Berlin.

Radicalisation des débats

Le livre de Thilo Sarrazin, dit-il, a entraîné un «débat malsain» qui empoisonne l'atmosphère et fait craindre le pire aux groupes minoritaires.

À l'inverse, cette polémique réjouit certains politiciens, comme René Stadtkewitz, ancien membre de la CDU. Le député berlinois a récemment créé un nouveau parti qui fait de la lutte contre «l'islamisation» de l'Allemagne une priorité.

M. Stadtkewitz, qui décrit le Coran comme un «livre horrible», affirme en entrevue qu'une proportion importante de musulmans, en Allemagne, vivent en retrait dans une «société parallèle» et refuse toute intégration. Il pense que le pays doit se montrer beaucoup plus exigeant à leur égard et réguler plus sévèrement l'immigration.

Gero Neugebauer, politologue à l'Université libre de Berlin, pense que le parti fera long feu, notamment parce que son chef n'a ni charisme ni envergure nationale.

La progression de l'extrême droite, créditée d'environ 5% des voix dans les derniers sondages, demeure parallèlement freinée par le fait que les Allemands conservent bien en tête les exactions racistes du Troisième Reich, relève M. Neugebauer. «Mais je ne sais pas combien de temps notre passé va nous protéger des pratiques xénophobes.»

2/3/2011, Marc Thibodeau


Source : Syberpresse.ca

La libre circulation des migrants et l'ouverture des frontières entre les pays du Nord et du Sud ont été au centre de la conférence organisée, mardi à Rabat, sous le thème "Faut-il contrôler les migrations?".

Intervenant à cette occasion, Mme Catherine Dewenden, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique de France (CNRS), a indiqué qu'il existe "un affrontement entre le droit à la circulation et l'angoisse de l'ouverture des frontières Nord-Sud" par peur d'envahissement des migrants.

L'ouverture des frontières constitue un objectif mondial, néanmoins les pays pauvres sont pris entre le désir de maintenir la possibilité de la migration et la pression faite par les pays riches à travers la fermeture des frontières, a-t-elle précisé, ajoutant qu'il y a des négociations qui se font à travers les accords bilatéraux.

La plupart des pays de départ ont commencé, récemment, à s'intéresser à leurs migrants d'une manière très souple à travers la mise sur pied d'instruments, tels l'acceptation du droit de sang, de double nationalité et de vote local des étrangers dans les pays européens notamment les Pays-Bas et le Danemark.

Les pays de départ ont opté également pour le soutien aux associations des migrants dans les pays d'accueil pour favoriser les initiatives socioculturelles ou économiques ainsi que la politique d'aménagement du transfert de fonds à des fins collectifs, outre l'appui à l'organisation du religieux dans les pays d'accueil, a-t-elle relevé.

Elle a estimé que certains pays sont les plus investis dans les politiques diasporiques, citant l'Italie qui a accordé un intérêt particulier à ses migrants dès la fin du 19ème siècle.

L'Italie a, récemment, donné le droit de vote aux élections parlementaires aux Italiens de l'étranger et facilité aussi la réaquisition de la nationalité italienne pour ses ressortissants à l'étranger, a-t-elle précisé.

Et d'ajouter que le Maroc est très actif dans la politique diasporique à l'égard de ses migrants en vue de garder les liens avec le Royaume, de permettre la circulation de ses élites, mettant l'accent sur le rôle joué par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) dans ce domaine.

Le Mexique et la Turquie sont également très actifs sur ce terrain, a-t-elle poursuivi.

Pour sa part, Hervé Le Bras, directeur d'études à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, a souligné que le fait d'ouvrir les frontières permettrait une libre circulation aux migrants et faciliterait les échanges économiques.

La libre circulation favorise également le développement des pays du Nord et du Sud, une meilleure collaboration entre les entreprises des deux rives de la méditerranée et l'implantation de nouvelles industries, a-t-il ajouté.

Néanmoins, le contrôle de la migration est contreproductif et contraire aux questions de droits de l'Homme et économiquement défavorable, a-t-il estimé.

Cette rencontre a été organisée dans le cadre du colloque tenu, lundi et mardi, par l'Observatoire des circulations migratoires et des espaces transfrontaliers et le Centre Jacques Berque.

2/3/2011

Source : MAP

Le nombre de Marocains résidant légalement en Espagne s'est établi à près de 758.000 personnes à fin décembre 2010, en hausse de 2,75% par rapport à l'année 2009, selon des statistiques officielles publiées, mercredi, à Madrid.

Les Marocains constituent ainsi la première communauté étrangère originaire d'un pas pays hors Union européenne (UE), avec un total de 757.809 personnes disposant d'un titre séjour en Espagne, indique le Secrétariat d'Etat espagnol à l'Immigration.

Les Equatoriens viennent en deuxième position avec 369.692 personnes, suivis notamment des Colombiens (222.061) et des Chinois (153.883), ajoute la même source.

Le Secrétariat d'Etat espagnol à l'Immigration fait savoir que le nombre total d'immigrés résidant légalement en Espagne s'est établi à 4.926.608 de personnes à fin 2010, dont 48,7% (2.401.632) sont originaires de pays extra-communautaires.

Les ressortissants roumains représentent la première communauté étrangère légalement établie en Espagne, avec 840.682 personnes recensées à fin décembre 2010, toujours selon la même source.

2/3/2011

Source : MAP

Des artistes marocaines et africaines fêteront samedi à Bruxelles, la journée internationale de la femme, avec une série de représentations théâtrales, de concerts, de projections de documentaires, de tables-rondes, de récitals de poésie et d'ateliers de gastronomie.

Organisée par l'Association culturelle belge "PianoFabriek", cette journée, qui sera marquée par la participation de citoyennes d'autres contrées du monde (Cuba, Brésil, Russie), s'assigne pour objectifs de favoriser le partage entre toutes les femmes artistes et de célébrer cette dynamique féminine plurielle dans son engagement à la créativité.

L'orchestre "Les femmes de Tanger" sera de la partie pour révéler au grand public la variété de la chanson marocaine dans l'histoire du genre, du style et de la tradition musicale.

La chanson marocaine, soulignent les organisateurs, recèle un fonds commun entre la chanson arabe classique et la chanson populaire et c'est à ce titre que la troupe tangéroise présentera un florilège de chansons puisées à la fois dans les répertoires classique que spécifique au nord du Maroc.

Six conférencières, dont des marocaines issues de l'immigration nouvelle plurielle, animeront une table-ronde autour de leurs expériences individuelles et leurs implications sociales, interculturelles et professionnelles.

Des femmes de Tunisie élèveront aussi leur voix pour chanter la "liberté" et revisiter la mémoire d'un jeune poète Tunisien, Abou Lkacem Chabbi.

Elles seront relayées notamment par des chanteuses et musiciennes brésiliennes, qui fêteront l'Afrique et le monde arabe à travers des extraits de partitions empruntées à ces deux continents, l'objectif étant de faire partager des sensibilités transnationales qui font ouvrir de nouveaux espaces esthétiques.

Sous un autre registre, les cuisines marocaine, brésilienne et sénégalaise seront à l'honneur .Trois femmes, mélangeant les ingrédients provenant de leurs pays respectifs, prépareront un mets atypique qu'elles serviront comme "un plat international" aux convives du jour.

Côté documentaires, la projection du film "Mme Wambo" lèvera le voile sur les difficultés du quotidien de l'immigration où témoignent des femmes migrantes universitaires confrontées à la discrimination à l'emploi.

3/3/2011

Source : MAP


On l'avait presque oubliée celle-là, ou plutôt on ne savait plus exactement quand elle allait entrer en vigueur, la loi "interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public".

La voici la voilà. Ce jeudi matin, sera publié au Journal Officiel, la circulaire relative à sa mise en œuvre. La loi elle-même sera exécutoire le 11 avril, six jours après le débat sur la place de l'islam voulu par Sarkozy.

«Notre souci est de ne pas stigmatiser», répète-t-on au cabinet de François Fillon. En clair, l’entrée en vigueur de la loi anti-niqab va se faire avec tact et doigté.

Pour éviter que les musulmans ne se sentent une nouvelle fois montrés du doigt?

Cette modération revendiquée se reflète dans la rédaction de la circulaire. Dans l’entourage du Premier ministre, on attire l’attention sur les premières phrases du texte qui «rappellent le sens de cette loi».

Ainsi : «Se dissimuler le visage, c’est porter atteinte aux exigences minimales de la vie en société. Cela place en outre les personnes concernées dans une situation d’exclusion et d’infériorité incompatible avec les principes de liberté, d’égalité et de dignité humaine affirmés par la République française».

Ou encore : «La République se vit à visage découvert».

Cette dernière formule sera le slogan de la campagne de communication qui débute aujourd’hui. Son symbole étant un buste de Marianne au chaste décolleté, photographié sur un fond bleu horizon. «Nous avons choisi cette Marianne assez traditionnelle qui était très utilisée sous la Troisième République», explique-t-on chez Fillon.

Cette campagne de communication sera modeste. Elle n’a pas été confiée à une agence de pub mais conçue en interne par le cabinet du Premier ministre. Elle ne comprend ni spots télé ni affichage 4 par 3. Seulement 100 000 affichettes, 400 000 dépliants, et un site internet. Ces outils sont destinés à l’information du public, mais surtout des professionnels «confrontés à une situation de face à face avec des personnes ayant le visage dissimulé».

A partir du 11 avril, ce sont eux, en effet, qui seront en première ligne pour l’application de la loi.

Et ce texte prévoyant l’interdiction de la dissimulation du visage dans «l’espace public» au sens large, ils sont nombreux à être concernés. D’après la circulaire, entrent dans le champ d’application de la loi, les voies publiques, les lieux ouverts au public (plages, jardins, cinémas, théâtres, commerces, banques, gares, aéroports) et les services publics.

S’ajoutent «les lieux de culte» - alors que le Conseil Constitutionnel avait jugé qu’il pouvait s’agir là d’une violation de la liberté religieuse - mais pas les voitures particulières considérées comme des espaces privés.

Si une personne dont le visage est dissimulé se présente dans l’un de ces lieux, la circulaire précise la conduite à tenir : «Lui rappeler la réglementation applicable et l’inviter au respect de la loi en se découvrant ou en quittant les lieux». Et, si elle refuse, ne pas exercer de «contrainte» ce qui constituerait «une voie de fait», mais appeler les forces de l’ordre «qui peuvent seules constater l’infraction».

Le contrevenant risque une contravention d’un montant maximum de 150 € et peut se voir condamné à suivre un «stage de citoyenneté» à titre de peine complémentaire ou alternative.

La loi prévoyait l’entrée en vigueur de ces sanctions six mois après sa promulgation. Dans l’intervalle, des actions de médiation et pédagogie à l’attention des personnes concernées devaient être menées. «Ainsi, certaines des femmes qui portent le voile intégral pourront-elles y renoncer spontanément», prévoyait le projet de loi.

De médiation et de pédagogie, il n’y eut point. Seul Eric Besson, alors ministre de l’Immigration, avait signé, fin octobre, avec l’association Ni Putes Ni Soumises, une convention annuelle de 80 000 euros pour l’installation d’«ambassadrices» chargées de promouvoir la laïcité et l’égalité hommes-femmes dans les quartiers «les plus sensibles».

«Des discussions dans les quartiers, c’était précisément ce qu’il fallait éviter, rétorque-t-on chez Fillon. Lancer une opération médiatique, c’était continuer le débat, nourrir le tam-tam. Nous avons choisi l’apaisement».

Le gouvernement n’a pas renoncé à convaincre les femmes portant le voile intégral d’y renoncer. Le ministère de la Ville a préparé un «dispositif d’information des personnes concernées». Son objectif : «donner toutes ses chances au dialogue, afin d’amener la petite minorité des personnes qui se dissimulent le visage (1900 environ d’après le ministère de l’Intérieur, ndlr) à respecter l’interdiction posée par le législateur».

La question étant de savoir si la coïncidence de dates, avec le projet de débat sur l’islam voulu par Sarkozy, ne risque pas de crisper les positions des musulmans, et de rendre toute conciliation impossible.

3/3/2011, Catherine Coroller

Source : Libération

“Aâzi”, “aâzia” pour dire sale nègre ou sale négresse, “serrak ezzit” pour dire cafard noir. Les termes racistes utilisés pour proférer des injures infâmes à l'encontre des Noirs au Maroc, sont légion, toutes plus offensantes les unes que les autres. Mais tant que cela reste du verbal, c'est encore “gérable”. Au-delà, c'est plus qu'un être humain ne peut tolérer car certains comportements frisent la bestialité.

Le racisme, ne nous leurrons pas, c'est un fait bien réel dans ce Maroc qui se dit pourtant “accueillant”, “tolérant” et “ouvert” (sic)! Souvent cautionné par l'ignorance de l'autre, le romancier français Robert Sabatier pour sa part, estime plutôt que “c'est une manière de déléguer à l'autre, le dégoût qu'on a de soi-même”...

Pour ma part, j'estime que c'est profondément un manque regrettable d'éducation. Car en réalité, nul ne naît raciste. De même que “le blanc, le jaune, le noir, ne sont que des créations de l'esprit”, disait un jour, l'ex-footballeur français Lilian Thuram.

Selon les dernières estimations du ministère de l'Intérieur, le Royaume accueille actuellement, pas moins de 10.000 Subsahariens répartis dans tout le territoire. Ils sont étudiants ou travailleurs pour la plupart mais parfois aussi réfugiés ou clandestins. Chacun d'entre nous à sa propre mésaventure à raconter, victimes de préjugés, d'injures, de mépris, de discriminations, de crachats... de coups! Faut-il pour autant capituler? Sûrement pas.

Nous aussi, nous avons notre mot à dire dans une société où nous contribuons financièrement, économiquement, socialement et culturellement. Le danger serait de croiser les bras, se dire qu'il est trop tard et de laisser la situation empirer. Ne pas se demander: pourquoi personne ou si peu de gens tentent d'y remédier? Mais plutôt, quel rôle moi j'ai à jouer dans ce processus d'acceptation de l'autre dans une société si différente et si proche de moi à la fois?

Alors, j'ai nourri l'espoir jusque là secret, qu'un jour, il existera au Maroc une association de lutte contre le racisme pas seulement pour dénoncer ces actes vils mais surtout, pour faire comprendre à la population, que notre différence ne peut-être que source d'enrichissement.

Aucune bataille n'est perdue d'avance, il faut juste se donner les moyens de sa bataille.

2/3/2011, Ana Lopes

Source : Aufait

Le poste-frontière tunisien de Ras Jédir s'est organisé pour faire face à l'exode massif de travailleurs étrangers fuyant la Libye. Des milliers d'entre eux se massaient encore mercredi du côté libyen de la frontière, en attendant de pouvoir passer en Tunisie. Les policiers et les militaires tunisiens appellent par haut-parleur la foule à s'organiser par nationalités. Puis, par petits groupes d'une dizaine, les gens sont admis sous les hangars de la douane, où se forment de longues files d'attente. La pagaille des jours précédents a fait place à une meilleure organisation. Les fonctionnaires tunisiens visent les papiers, fouillent les maigres bagages qu'emportent ces travailleurs souvent peu qualifiés, quelques vêtements, des couvertures synthétiques, confisquent ceux de leurs outils, truelles ou clefs à molettes, qui pourraient servir d'armes, et les dirigent vers les parkings. Égyptiens, Ghanéens, Bengalis, Chinois, Vietnamiens, toute la main-d'œuvre étrangère employée en Libye défile à ce poste-frontière.

Les ressortissants des pays riches ont été évacués directement depuis Tripoli par des avions ou des bateaux affrétés par leurs gouvernements. Ceux qui se massent à Ras Jédir sont originaires de pays trop pauvres, ou dont les gouvernements ne se préoccupent guère de leur sort. Devant la frontière, les Bengalis ont dressé une émouvante pancarte en carton : «Nous voulons sauver. Nous voulons rentrer Bangladesh. S'il vous plaît, aidez-nous.» Assis en rangs, une centaine de Ghanéens écoutent les instructions du consul du Ghana : «Notre gouvernement envoie un avion pour vous rapatrier. Donnez vos noms et un numéro de téléphone au pays. Nous comptons sur votre comportement, vous devez donner l'exemple !» «Merci, que Dieu vous bénisse !», lui répondent les Ghanéens.

85 000 personnes en transit

À un moment arrivent du côté libyen de la frontière des pick-up toutes sirènes hurlantes. Des bennes, des jeunes gens jettent des packs d'eau minérale dans la foule, manquant assommer leurs destinataires. «Vive Kadhafi ! Ne partez pas ! N'écoutez pas les mensonges des médias !», crie un homme aux gens rassemblés. Peu convaincue par cette habile opération de communication, la foule retourne vite aux barrières tunisiennes.

Une fois entrés en Tunisie, les migrants sont dirigés vers la sortie de la zone frontière. En attendant d'être embarqués dans des bus réquisitionnés dans tout le Sud tunisien, les ressortissants étrangers s'installent comme ils le peuvent, tendent leurs couvertures sur les grilles pour se protéger du soleil, font la queue devant les tentes où des organisations d'aide distribuent de la nourriture. Il y a beaucoup de Tunisiens, venus pour faire des affaires - vendant à même le sol des téléphones portables ou des cigarettes -, pour donner un coup de main ou en simples curieux.

«Une crise humanitaire ? Non, c'est plutôt un exode massif que nous devons gérer», dit le lieutenant-colonel Malek Mihoub, un officier de la Protection civile tunisienne. «Une fois que les douanes ont rempli les formalités d'entrée, on dirige les gens vers le camp de transit de La Chucha, installé par l'armée à 6 km d'ici. Et de là, vers l'aéroport de Djerba et le port de Jarjis, en fonction de l'arrivée des avions et des bateaux. La situation sanitaire est sous contrôle, nous avons simplement besoin que les gouvernements étrangers viennent les chercher.»

D'après l'officier, près de 85 000 personnes sont passées depuis le début de la révolte libyenne, dont 35 000 Égyptiens, et 20 000 Asiatiques. «Il n'y a pas de crise pour le moment, nous arrivons à faire face, assure aussi le lieutenant-colonel Khaled Baltagi, un médecin militaire tunisien. Nous gérons un camp de transit, pas de réfugiés. C'est différent.»

3/3/2011, Adrien Jaulmes

Source : Le Figaro

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Fondation Western Union ont annoncé, à New York, le lancement d'une initiative de soutien pour promouvoir la contribution des Marocains résidant à l'étranger (MRE) au développement durable de leur pays.

D'une valeur de 500.000 dollars, cette contribution bénéficiera également aux émigrés philippins travaillant à l'étranger, précise, mardi, un communiqué conjoint des deux organisations.

Cette initiative "représente une partie des 1,1 millions de dollars de subventions accordées par la Fondation Western Union à trois agences des Nations Unies pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement"- un ensemble de huit objectifs convenus au niveau international visant à réduire la pauvreté, la faim, la maladie et de la mère décès d'enfants.

"A seulement cinq ans de 2015, date boutoir pour atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté, nous devons trouver des moyens novateurs pour améliorer la vie de millions de personnes vivant dans la pauvreté dans les pays en développement", a souligné Olav Kjorven du PNUD, jugeant que les transferts de fonds constituent "une importante source de financement" qui pourrait être utilisée au profit de la collectivité.

Le responsable du PNUD a, par ailleurs, affirmé que les bénéficiaires de cette initiative se verront offrir de nouveaux moyens pour soutenir collectivement les priorités de développement fixées par le gouvernement et les collectivités locales dans leur pays d'origine.

Ces priorités pourraient notamment inclure l'amélioration de l'accès aux services de base comme la santé, l'éducation et la finance, mais aussi le soutien aux petites entreprises et la création d'emplois.

"Avec le soutien de la Fondation Western Union, le PNUD aidera les deux pays à élaborer des politiques, des institutions, des compétences et des mécanismes qui vont utiliser les fonds envoyés de l'étranger pour réduire la pauvreté et engager les communautés de la diaspora en tant qu'acteurs transnationaux du développement local", conclut le communiqué.

Selon les estimations de la Banque mondiale pour l'année 2010, les transferts de fonds des MRE ont totalisé 6,4 milliards de dollars, rappelle-t-on.(MAP).

2/3/2011

Source : MAP

A l'initiative de l'Observatoire des circulations migratoires et des espaces transfrontaliers, s'est tenu les 28 février et 1er mars à Rabat, un colloque sur l'immigration. Il a été question de contrôle des migrations, de leurs enjeux internationaux mais surtout des cadres juridiques et législatifs existants ou non, dans les pays d'accueil. Le Maroc, qui abrite une communauté d'environ 800 réfugiés essentiellement dans la périphérie urbaine de Rabat, Salé et Casablanca, est fortement concerné par cette question. En effet, même s'il a signé et ratifié la Convention de Genève de 1951 relative au statut de réfugié, il n'en demeure pas moins que le pays ne dispose toujours pas de cadre juridique et législatif propre.

Conséquence de ce vide juridique? C'est le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui assure la politique d'asile en déterminant à certains ressortissants étrangers, le statut de réfugié. Une reconnaissance et une protection internationale que ne leur reconnaît pourtant pas le Royaume alors que la plupart de ces réfugiés vivent dans une grande précarité. D'ailleurs, on se souvient qu'en juin 2009, une soixantaine de Subsahariens manifestaient devant la délégation du HCR à Rabat pour réclamer leur réinstallation dans un autre pays d'accueil à cause de leur “intégration difficile” dans le Royaume.

2/3/2011

Source : Aufait

En marge du colloque sur les politiques migratoires, tenu ces deux derniers jours à Rabat, le chargé des relations extérieures du HCR, Marc Fawe, nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur l'état d'avancement des négociations engagées avec le gouvernement marocain sur sa politique d'asile.

Depuis plusieurs mois voire années, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Rabat est en négociation avec le gouvernement marocain pour la mise en place d’un cadre législatif et institutionnel d’asile propre au pays. Que faudrait-il réformer dans le cadre juridique actuel ?

Il n’y a rien à réformer; il s’agit plutôt de construire des choses qui n’existent pas encore de manière formelle. Au niveau légal, il y a déjà des bribes d’éléments, dont les plus anciennes remontent à 1957 avec le Dahir sur le Bureau des réfugiés et des apatrides, dans la poursuite de la ratification par le Maroc de la Convention de Genève laquelle n’a jamais été appliquée dans tout son sens. Mais cela reste très ancien et de surcroît, le Bureau en question a cessé toute activité depuis 2004.

Il y a aussi eu cette fameuse loi 0203 sur l’entrée et le séjour des étrangers dans le territoire marocain adoptée en 2003. Elle contien un petit paragraphe qui concerne les réfugiés mais c’est loin d’être suffisant pour un cadre clair et précis qui nous permettrait de savoir comment accueillir les demandeurs d’asile, comment procéder à la détermination du statut de réfugiés et comment encadrer ces personnes.

Où en sont vos négociations actuelles avec l’Etat marocain ?

Des progrès significatifs ont été notés suite aux échanges entre le HCR et les partenaires institutionnels marocains, à savoir les ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de l’Intérieur. A terme, nous nous acheminons vers l’élaboration d’une nouvelle loi sur le droit d’asile. Nous sommes confiants quant à l’institution dans les mois ou années à venir, d'un cadre juridique et législatif clair car pour l’heure, les résultats sont assez encourageants.

Est-ce à dire que vous ressentez une réelle volonté politique de la part des autorités marocaines à résoudre de manière définitive ce problème ?

La volonté politique existe depuis longtemps et ça a presque toujours été le cas. Cependant, ce sont des processus et des procédures qui prennent énormément de temps parce qu’il y a des tas de considérations qu’on ne maîtrise pas toujours. La question du Sahara par exemple, en est un facteur déterminant. Un autre élément essentiel, c’est que malgré toutes les relations et les discussions entre le Maroc et l’Union européenne, la politique de l’asile ne figure pas comme une priorité dans l’agenda européen. Les échanges sont surtout focalisés sur les questions ayant trait aux droits de l’Homme et à la démocratisation.

Sur le terrain, avez-vous noté un changement de comportement de la part des autorités policières marocaines à l’égard des réfugiés mais aussi des migrants ?

Pour les migrants, je ne peux que me référer à la presse locale et que tout le monde sait déjà, à savoir les arrestations et reconduites à la frontière plus massives qui ont eu lieu en août, décembre et janvier derniers. Par contre, pour les réfugiés et les demandeurs d’asile, il y a une évolution très positive depuis 2005. En 2010, nous n’avons répertorié que six reconduites à la frontière qui ont pu être évitées par l’organisation marocaine des droits de l’Homme. Même lorsqu’il y a des arrestations parfois, ce sont les policiers eux-mêmes qui téléphonent au HCR.

Actuellement, le Maroc accueille 800 réfugiés. C’est presque insignifiant comparé à d’autres pays comme l’Allemagne qui en accueille 600.000 ou encore le Pakistan avec plus d’un million de réfugiés. Pourtant certains préjugés persistent quant à l’accaparement d’une partie de la richesse du pays par ces réfugiés sachant que le Maroc enregistre un fort taux de chômage. Qu'en pensez-vous ?

C’est une question qui revient souvent lorsqu’on parle de migrants. Pour ma part, j’ai trois éléments de réponse à donner à ce type d’argument. La première chose, c’est qu’au Maroc, le nombre de réfugiés est vraiment très limité et malgré un taux de chômage très élevé notamment chez les jeunes, ce ne sont pas 800 réfugiés qui vont influer de manière significative sur la baisse ou non du chômage. Par ailleurs, le Maroc a ratifié de manière volontaire la convention de Genève, ce qui signifie que l’Etat marocain s’est engagé à accueillir sur son territoire des réfugiés. Cela fait partie de la répartition du “fardeau” des réfugiés à travers le monde où chaque pays ayant ratifié ladite convention, s’engage à prendre en charge un nombre déterminé de réfugiés. Le Maroc est soutenu dans cette tâche par le HCR mais aussi par des bailleurs de fonds qui sont prêts à intervenir financièrement pour l’intégration de ces réfugiés dans la société marocaine.

Le deuxième élément de réponse, c’est que parmi ces réfugiés, il y a certes des personnes d’origine humble comme des agriculteurs ou des ouvriers mais il y a aussi des médecins, des infirmiers, des professeurs. Si cette catégorie arrivait à s’intégrer même si leur nombre reste assez limité, elle ne serait pas un fardeau mais un véritable apport pour le Maroc. Dans n’importe quel pays où un migrant s’installe, il absorbe une partie de la richesse nationale, mais il peut aussi contribuer de manière significative au bien-être de cette société.

Le troisième élément, c’est qu’il y a un indicateur qu’on utilise au niveau du HCR pour voir quelle est la charge que représentent les réfugiés dans l’économie nationale. Par exemple, la contribution du Pakistan qui est pourtant un pays en conflit, est 10.000 fois supérieure à celle du Maroc.

On parle énormément de la position marocaine sur ce sujet mais quelle est la position et quel est le rôle des représentations diplomatiques des pays d’origine de ces migrants ?

Il y a deux catégories de réfugiés: la première qui regroupe des réfugiés qui partent de chez eux parce que l’Etat dans lequel ils vivent ne peut pas les protéger, et la seconde qui concerne ceux qui sont menacés par leur propre Etat (ndlr: cas des réfugiés politiques). Dans le premier schéma, le problème ne se pose pas, nous sommes en contact régulier avec leur représentation diplomatique. C’est dans le deuxième cas de figure que les choses se compliquent car on ne peut pas mettre le réfugié en contact avec son ambassade vu que c’est son propre Etat qui le menace et que ce serait le meilleur moyen de retrouver sa trace et de le persécuter à nouveau.

Mais le HCR, en partenariat avec certaines ONG, assure des rencontres plus ou moins régulières avec les consuls des pays d’origine afin de discuter des problèmes relatifs à leurs ressortissants. Mais on ne peut pas s’attendre à de grands résultats de leur part quand bien même des efforts sont fournis.

2/3/2011,  Ana Lopes

Source : Aufait

Suite aux brusques flux migratoires venant de Tunisie, l’Union européenne a décidé d’agir avec son agence Frontex. Mais l'Europe peine encore à montrer une véritable solidarité entre Etats sur ce sujet.

L’immigration n’est pas qu’un problème national, elle peut concerner tout un continent, la crise de Lampedusa en est l’exemple. Des milliers de migrants tunisiens voguent dans les eaux internationales puis échouent en Italie en espérant atteindre la France. De même, la frontière gréco-turque où passent notamment des migrants afghans est aussi un lieu de tension. Ces derniers cherchent à aller en Angleterre notamment via la France et son Tunnel sous la manche. Sans parler des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées au Maroc.

Vouloir créer des frontières communes tout en abolissant les frontières intérieures a naturellement des conséquences sur les migrations. En franchissant les frontières de l’Europe, les immigrants espèrent pouvoir circuler librement sur le continent. Vu que la question migratoire s’impose désormais à tous, le bon sens imposerait donc que l’on mette en place une gestion commune des frontières. Ce n’est pourtant pas encore le cas. La crise de Lampedusa a d'ailleurs donné un bel exemple de cette désunion européenne. L’Italie avait accusé Bruxelles de ne pas lui apporter d’aide. Bruxelles a rétorqué que c’était Rome qui avait refusé la main tendue.

Toutefois, un outil a pu faire son apparition dans cette crise migratoire : l’agence Frontex. Un nom très novlangue pour l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures. Créée en 2004, opérationnelle depuis 2005, elle a notamment trois missions : étudier les mouvements migratoires, coordonner des opérations de gestion de flux migratoire entre Etats-membres et permettre des vols communs de retour vers les pays d’origine des migrants refoulés. Son budget pour 2011 dépasse les 88 millions d’euros. Elle a mené 43 opérations de contrôle ou de vols retours en 2010 selon des chiffres des eurodéputés Europe Ecologie, un chiffre qui parait faible vu l’enjeu.

Frontex, l'agence à risques

L'agence Frontex possède aussi un bras armé avec les Rabits (pour Rapid intervention border teams, admirez l’humour bruxellois). Ce sont des policiers et autre agents armés chargés d’intervenir rapidement à la demande d’un Etat membre pour gérer un problème migratoire. Ils gardent leurs uniformes nationaux mais ont un brassard de l’UE et sont placés sous le commandement de l’Etat demandeur. Ce n’est donc pas à proprement parler une police européenne des frontières. Ces équipes sont notamment intervenues en Grèce à l’automne dernier  face à un afflux de migrants venant de la frontière avec la Turquie.

Dans la crise de Lampedusa, Frontex a déployé un autre outil en dépêchant des « experts » sur place dans le cadre de l’Opération Hermès. Aux alentours de 50 personnels issus de différents pays européens (France, Portugal, Danemark…) sont venus prêter main forte à l’Italie (qui dirige la mission).  Ces experts seront notamment chargés de l’accueil et de l’interrogatoire des migrants. Ils ne seront pas seulement policiers mais aussi spécialistes des « relations intercutlrurelles » ou du droit d’asile, comme l’a précisé la Commission européenne à Marianne2. Une mise à disposition de moyens aériens en vue de la surrveillance des frontières est également prévue. L’opération devrait être terminée le 31 mars selon la Commission. Mais Bruxelles n’a pas su nous dire si d’autres moyens sont prévus : « On suit les évolutions au jour le jour ».

C’est justement le problème. L’agence Frontex apparaît comme le symbole d’une Europe dépassée par la mondialisation des échanges. Elle peine à s'imposer comme outil commun de régulation et reste suspendue au bon vouloir des Etats membres qui mettent à disposition troupes et matériel. « On reçoit une demande d’aide d’un Etat membre et chaque Etat dit quels moyens il peut offrir », nous explique la Commission. En matière de migrations, c'est donc le règne le chacun pour soi. « Ce qui est en cause, c’est que l’agence Frontex doit être assurée que les Etats membres fournissent les moyens promis », ajoute l’eurodéputée PS Sylvie Guillaume, contactée par Marianne2. Mais créer une véritable police aux frontières européenne, idée qui est toujours sur la table, empiéterait sur la souveraineté des Etats. D’un autre côté, sans instruments politiques adéquats, la mise en place de frontière commune est ingérable.

Chacun pour soi

Tout le dilemme de la construction européenne est là. On a voulu inscrire l’Europe dans la mondialisation, abolir les frontières, sans voir que la mondialisation doit aussi être régulée pour être viable, que l’on parle d’économie ou de migrations. Les règles européennes, au lieu de donner un cadre commun sûr, renvoient au chacun pour soi. Une chose qui ne protège ni les Etats, ni les migrants. Mais il n'y a pas que l'aspect répressif qui compte. En matière d’asile par exemple, elles imposent que le migrant fasse sa demande uniquement dans le pays où il est arrivé en premier (ici l’Italie). Si un autre Etat l’arrête, il est alors renvoyé dans le pays d’entrée. La base de données Eurodac (qui recense les empreintes digitales) permet d’ailleurs de repérer les demandeurs multiples.

Cette règle a un effet pervers :  faire porter une large part des politiques migratoires sur les pays ayant une frontière exposée, qui deviennent ainsi un guichet géant pour tous les demandeurs d'asile. Un petit Etat comme Malte a du mal à faire face. La Grèce a également menacé, avec le soutien de Paris, de construire une clôture à sa frontière turque, s'estimant trop isolée face à l'immigration clandestine. Bruxelles s'est opposé au projet, pourtant, à Ceuta et Melilla, l’UE a financé la construction de barrières de ce type. Mais les renvois vers la Grèce posent un autre problème étant contestés par la Cour européenne des droits de l’Homme car Athènes ne respecte pas assez les droits des demandeurs d’asile. L’Italie souhaite que le sujet de migrations soit  à l’ordre du jour du prochain Sommet Européen. La crise de Lampedusa pourrait faire bouger les lignes vers plus de solidarité mais le chemin est encore long.

« La très grande liberté laissée aux Etats aboutit à des systèmes hétérogènes », déplore Sylvie Guillaume. Une solution intermédiaire pourrait alors être des accords d’Etat à Etat sans passer par Bruxelles, solution écartée par l’eurodéputé. Pour elle, tous les pays de l’UE doivent être impliqués : « Les Suédois sont aussi concernés par ce qu’il se passe en Méditerranée ». Mais pour l’instant, la solidarité européenne n’est pas de mise. Comme si l'Union européenne était seulement vouée à être le cadre d'une « concurrence libre et non faussée » et non celui d'une protection, laissant les Etats les plus faibles, comme la Grèce, en première ligne. Bien sûr, il reste la solution de confier la surveillance de nos frontières à la Libye de Kadhafi.

Quelle politique d'asile ?

Au cœur donc de la crise de Lampedusa, c’est donc bien le degré de souveraineté que sont prêts à abandonner les Etats qui est mis en débat. Ce qui est politiquement difficile à faire avaler. Contrairement donc au discours ambiant, l’abolition des souverainetés est plus un vœu pieu qu'un horizon inéluctable. Si la politique d’asile en Europe est en cours de refonte, pour l’instant, « rien n’est commun » à ce sujet parmi les Etats membres, précise Sylvie Guillaume. Réguler n’est décidément pas le fort de l’UE. Car, au delà de la question de Frontex, la politique migratoire de l’Union manque encore d’instruments communs. « Si les Etats membres veulent gérer le rapport migratoire avec la seule agence Frontex, c’est la mauvaise façon de faire », estime Sylvie Guillaume. L’eurodéputé socialiste plaide pour « un dispositif d’asile commun ».

Ce serait un minimum, une Europe ouverte ne signifie pas forcément un monde sans règles.

Il reste à savoir si les Etats membres sont capables d'accepter des règles communes en ce domaine. Pour l’instant, en France, on loue la nécessité d’une véritable politique européenne d’immigration. Le Quai d’Orsay avait déjà appelé au « renforcement opérationnel de Frontex ». Lundi, François Fillon a réaffirmé que la solution face aux crises migratoires était « une réponse collective, une réponse européenne sur ce sujet, d'abord pour faire en sorte qu'il y ait le moins de flux migratoires possibles, et ensuite pour accueillir les personnes qu'il faudra accueillir ». Le contexte politique imposait un tel discours. Mais la géopgraphie qui sépare la Finlande de l'Italie, peut-elle permettre une position commune sur la crise migratoire méditerranéenne ?

2 Mars 2011, Tefy Andriamanana

Source : Marianne

Au Pakistan, par exemple, ils sont 1.700.000, chez nous ils ne sont que 800. Eux, ce sont les réfugiés, ceux que la situation dans leurs pays respectifs a poussés à l’exil. Mais une fois sur le territoire national, ces Congolais, Ivoiriens et Irakiens leur statut de réfugiés ne leur sert qu’à éviter la reconduction vers les frontières. Car sans un cadre juridique clair, ce qui est le cas jusqu’à présent, ils ne peuvent prétendre à occuper un emploi. Il y a certes une bribe de loi datant de 2003 mais qui ne permet ni de savoir comment les accueillir, ni comment procéder à la détermination du statut de réfugiés et ni de quelle manière encadrer ces personnes.

Mais, murmure t-on du côté du Haut Commissariat aux réfugiés, plusieurs départements ministériels planchent sur la formulation d’un nouveau cadre juridique à même de garantir à ces personnes une vie décente. Espérons que ça ne tarde pas.

2/3/2011,

Source : Aufait

 

Le Centre Jacques Berque a réuni lundi et mardi à Rabat, des experts autour de la question migratoire. Selon eux, l’invasion post-révolutions arabes n’aura pas lieu. Quant aux restrictions juridiques et réglementaires, elles ne font qu’aggraver la situation des migrants, sans diminuer leur flux.

Les mouvements sociaux qui secouent actuellement le monde arabe poussent chacun à s’interroger sur leurs conséquences. L’une d’entre elles a été illustrée par les milliers de migrants tunisiens qui ont débarqué sur l’île italienne de Lampedusa au lendemain de la chute du régime de Benali. Le Centre Jacques Berque (CJB) pour les études en sciences humaines et sociales a réuni, lundi et mardi derniers à Rabat, plusieurs experts autour de la thématique « Immigration, changement social et changement juridique au Maghreb ». Le démographe Hervé Lebras répondait à ceux qui craignent la vague migratoire vers l’Europe. Citant Adam Smith, il a rappellé que «de tous les bagages, l’Homme est le plus difficile à remuer». Appuyant cette idée, le géographe Julien Brachet a affirmé que «la majorité des migrants ne cherchent pas à quitter le continent africain».

Pourquoi alors continuer de nourrir la crainte d’un spectre migratoire qui s’abattra prochainement sur l’Europe ? Pour Julien Brachet, de l’Institut de recherche pour le développement, « l’objectif est de légitimer les restrictions imposées aux migrants illégaux et la manière dont ils sont traités ». Et des changements juridiques, il y en a eu beaucoup. Les refoulements collectifs de migrants ne surprennent même plus. Seulement, les flux de migrants n’ont pas pour autant enregistré des baisses notoires

Ne pas oublier l’éthique

Au-delà de l’aspect économique de la question migratoire, les intervenants ont soulevé l’aspect éthique, souvent laissé pour compte. Hervé Lebras, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, a commencé par rappeler que «l’enfant qui naît n’est pas responsable de son lieu de naissance». La question migratoire a ainsi permis le retour des questions des droits de l’Homme, qui sont « sortis du huis clos national », comme l’analyse Ali Bensaâd, du CJB. Evoquant le phénomène du «brain drain», (fuite des cerveaux), plusieurs intervenants se sont indignés de la responsabilité qui pèse sur les épaules des migrants.

«Les individus ne sont pas des molécules dans un espace a-social et a-économique, qui vont venir combler les vides dans tel ou tel pays», souligne Hervé Lebras. Quant au raisonnement qui soutient que les immigrés coûtent plus qu’ils ne rapportent, il n’a pas l’appui de certains chercheurs qui ont étudié la question de près. «S’il avait fallu « produire » cet immigré, ça aurait coûté encore plus cher. Là, il arrive adulte, et formé», explique encore le démographe. « On devrait rembourser les pays d’origine », va-t-il jusqu’à proposer avec le sourire.

Faut-il pour autant laisser les migrants circuler librement ? Pour Khadija Elmadmad, titulaire de la Chaire UNESCO «Migration et Droits Humains», il faut revenir à l’application du droit traditionnel, qui promeut une liberté de circulation et d’installation. «Nous sommes passés de frontières socioreligieuses à des frontières géographiques» indique-t-elle. Seulement, dans la pratique, la répression n’est pas toujours appliquée. «Au Maroc, il y a des hésitations.Si la législation est répressive, dans la pratique il existe toujours des îlots où le droit traditionnel est appliqué et où l’hospitalité a encore sa place».

Les Subsahariennes s’installent

Une des preuves que les migrants subsahariens ne quittent pas forcément le continent a été donné par Mohamed Berriane, de l’équipe de Recherche sur la Région et la Régionalisation de Rabat. D’après cette équipe, un nouveau phénomène a vu le jour, à savoir l’installation de plusieurs Subsahariennes seules dans des villes marocaines. Leurs conjoints sont en général des immigrés établis en Espagne et en Italie, qui viennent régulièrement leur rendre visite au Maroc. Pour la plupart Sénégalaises, ces femmes qui n’ont pas besoin d’un visa pour séjourner au Maroc, sont obligées de quitter le territoire au bout de trois mois. Elles partent le plus souvent «pointer» en Mauritanie avant de rejoindre à nouveau le Maroc avec trois mois supplémentaires à leur actif.

2 mars 2011, Selma Tannouche Bennani

Source : Le Soir

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