Le CCME organise, le 15 novembre, en marge de la 20ème édition du Festival International Cinéma et Migration d’Agadir un séminaire sous le thème :« Images, cinéma et migrations » avec deux tables rondes. La première a pour thème : « Le migrant vu par l’autre dans le cinéma » et verra la participation de Mme Naïma Huber-Yahi, M.Hakim Belabess, M.Mamoun Smihi, M. Ricard Zapata Barrero.
Des invités de marque qui aborderont les questions suivantes : Comment le cinéma façonne-t-il les perceptions et les représentations du migrant, et en quoi ces images influencent-elles notre compréhension des enjeux sociaux, culturels et politiques liés à la migration et En quoi le cinéma permet-il d’appréhender les réalités complexes de l’immigration ?
Ce panel explore les stéréotypes, les narrations et les émotions véhiculés par le cinéma sur le migrant, tout en considérant l’impact de ces représentations sur la société d’accueil, d’origine et sur les migrants eux-mêmes ; et interroge leur rôle dans la construction d’une conscience collective sur les enjeux migratoires.
La deuxième table ronde a pour thème : « L'auto-représentation : quand les migrants racontent leur propre histoire » avec Mme Irène de Lucas Ramon, M. Mourad Bencheikh, Mme Nora El Hourch, M. Ahmed El Maanouni, Mme Mounira Lourhzal.
Ce panel interroge les différentes façons dont les migrants s’approprient leur image dans le cinéma, tout en interrogeant l’impact de cette auto-représentation sur la construction de leur identité et sur la manière dont la société perçoit les réalités migratoires. Comment la représentation des migrants à l’écran évolue-t- elle, passant de l’objet filmé au sujet créateur, et en quoi cette transformation redéfinit-elle les narrations cinématographiques, les perceptions sociales et les enjeux identitaires liés à la migration ?
Le Président du CCME, monsieur Driss Elyazami clôturera les deux tables rondes par une synthèse qui sera suivie par des échanges et des discussions.
Biographies des participants au séminaire : « Images, cinéma et migrations »
Mourad Bencheikh (Tunisie)
Réalisateur
Né le 29 janvier 1964 à Tunis, Mourad Ben Cheikh est un réalisateur tunisien dont le travail explore les dynamiques culturelles de la Tunisie et de l'Afrique. Il réside et exerce entre la Tunisie et l'Italie, où il a également été directeur de la Cinémathèque de Bologne. Après des études à l'Institut supérieur des beaux-arts de Tunis, il obtient un diplôme en disciplines des arts, de la musique et du spectacle de l'université de Bologne. Il commence sa carrière en 1998 avec la réalisation de quinze épisodes du magazine Fondeq el-ghalla. Il poursuit entre 1999 et 2001 avec des reportages sportifs pour Rai 3 en Italie. Le pâtre des étoiles, lauréat aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) est son premier court métrage (2003). En 2008, il se consacre aux documentaires, produisant deux films de 52 minutes sur l'islam en Afrique noire, filmés à Djenné (Mali) et Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) pour Al Jazeera Documentary Channel, ainsi que quatre courts documentaires sur l’enseignement de la langue arabe en Afrique noire. Son dernier film, Bird of Heaven, présenté pour la première fois en Afrique au Festival International Cinéma et Migrations d'Agadir, est une œuvre qui reflète son engagement continu dans l'exploration des thèmes culturels et identitaires.
Hakim Belabbes (Maroc-USA)
Réalisateur, scénariste et producteur, directeur de l' ISMAC
Né à Bejjaad au Maroc, Hakim Belabbes est réalisateur, scénariste et producteur maroco-américain. Il a étudié le cinéma au Columbia College et à l’École d’art de l’Institut de Chicago. Il a également restructuré et dirigé le département de l’éducation et des subventions cinématographiques à l’Institut de cinéma de Doha, et créé le concept du Festival de cinéma Qumra pour le même institut. Il a en outre créé l’initiative Sahara Lab et il produit et coproduit des courts et longs métrages avec sa société HAK Films depuis une quinzaine d’années. Ses premiers films sont des documentaires, notamment Un nid dans la chaleur (1992) et Un berger et un fusil (1998). Il a ensuite réalisé de nombreuses œuvres, dont Les fibres de l’âme(2003), Pourquoi la mer ? (2006), Ces mains-là (2008), Rêves ardents (2010), Fragments (2011), Vaine tentative de définir l’amour (2013), et Murs effondrés(2021). Son dernier film, L’histoire de M., devrait sortir cette année. Hakim Belabbes est depuis 2023 directeur de l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel (ISMAC).
Mohammed Charef (Maroc)
Géographe - urbaniste, expert dans le domaine des migrations et de la mobilité des populations
Docteur en géographie de l’aménagement de l’université de Poitiers et docteur en sciences de l’université libre de Bruxelles, il a enseigné la géographie à la faculté des lettres et des sciences humaines à l’université ibn Zohr (Agadir). Il est également directeur de l’Observatoire régional des migrations, espaces et Sociétés (ORMES) et de l’école doctorale « migrations et développement durable ». Membre du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) depuis 2011, il préside la Commission régionale des droits de l’homme d’Agadir. Il compte à son actif plusieurs travaux et publications, notamment dans le domaine des migrations.
Ahmed El Maanouni (France)
Auteur, réalisateur, directeur de la photographie et producteur
Né à Casablanca, les œuvres de Ahmed El Maanouni incluent l’un des films les plus emblématiques du cinéma marocain. Le film Alyam Alyam, premier long-métrage marocain sélectionné au Festival de Cannes-Un Certain regard (1978). Il a reçu le Prix de la 1ère Œuvre aux JCC 1978 ainsi que le Grand Prix du Festival de Mannheim. Il a également attiré l'attention internationale avec Transes (Al Hal), présenté par Martin Scorsese au Festival de Cannes, Cannes-Classics en 2007. Ces deux films, restaurés par The Cinema Foundation Project, font désormais partie de collections prestigieuses.
Son film autobiographique, Les cœurs brûlés, lauréat du Grand Prix au Festival National du Film en 2007, a été primé dans plus de 50 festivals internationaux. Son film, Fadma, qui a remporté le Prix de la Réalisation au Festival national du film en 2017, est une comédie populaire explorant les thèmes de l'identité et de la transmission culturelle.
Ses documentaires posent un regard incisif sur l’histoire contemporaine du Maroc et son influence sur la mémoire collective. En parallèle, il anime des ateliers de réalisation et d’écriture (fiction et documentaire) et partage son expertise à travers de nombreuses master-classes.
En reconnaissance de son apport à la culture, il a été honoré du titre d’Officier des Arts et Lettres en France.
Nora El Hourch (France)
Réalisatrice
Nora El Hourch est née en 1988 d'une mère française et d'un père marocain, ses deux cultures ont façonné sa vision du monde. Son court métrage "A FEW SECONDS", sélectionné pour Cannes (Quinzaine des Réalisateurs) en 2015, dépeint les luttes de cinq filles dans un refuge pour femmes à Paris pour surmonter leurs traumatismes du passé. Le film a été acclamé par la critique, remportant le prix du meilleur court métrage à Stockholm et le Golden Pram à Zagreb, et a été projeté dans des festivals prestigieux comme Toronto et SXSW. Dans ses films, Nora dépeint des personnages issus de minorités et aborde des thèmes tels que l'inégalité sociale, l'injustice et le rôle des femmes dans la société. "SISTERHOOD" (alias AMINA) est son premier long métrage (2023). Depuis il a été présenté à près de 30 festivals obtenant une dizaine de distinctions dont le Prix du public & Prix de la presse au Festival de la Baule ; Prix du Public Junior au Festival de Namur ; Prix du Meilleur Long-métrage de Fiction du Festival International du Film d'Education d'Evreux ; Grand Prix du Festival de Suède ; Prix du Public au D'A Barcelona Film Festival ; Prix du Meilleur Long-métrage de Fiction au Festival Immaginaria de Rome ; Ecumenical Jury Award for Best Feature Film in the Junior and Youth Category au festival de Zlin (République Tchèque).
Driss El Yazami (Maroc)
Président, Conseil de la communauté marocaine à l’étranger
Président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme, Driss El Yazami a siégé à l’Instance équité et réconciliation (IER), la commission de vérité marocaine et à la Commission consultative de révision de la constitution (2011). Ancien responsable du Pôle société civile de la COP22, M. El Yazami a présidé jusqu’en décembre 2018 le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Ancien Délégué général de Génériques, association spécialisée dans l'histoire des étrangers et de l'immigration en France, rédacteur en chef de la revue Migrance et Commissaire général de plusieurs expositions, M. El Yazami a coordonné ou contribué à la publication de plusieurs ouvrages dont entre autres, Pour Les Droits de l’Homme, les étrangers en France, guide des sources d’archives publiques et privées (XIXè-XXè siècles), Le Paris-Arabe, et de Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France (Gallimard, 2009).
Naima Huber-Yahi (France)
Historienne, auteure et documentariste
Elle est auteure, historienne et chercheure associée à l’URMIS (Université Côte d’Azur), membre de la commission Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, spécialiste de l’histoire culturelle des Maghrébins en France et directrice de l’association Pangée Network. Elle co-dirige plusieurs ouvrages collectifs comme La France arabo-orientale (La découverte, 2013), ou Sexe, race etcorps colonisés (CNRS, 2019). Auteure, elle signe les comédies musicales (Barbès café (2011), ou encore Ne me libérez pas, je m’en charge (2021). Documentariste, elle a proposé le film La Mélodie de l’Exil (France Ô,2011) et le film Les marcheurs, chronique des années beurs (Public Sénat,2013). Commissaire d’exposition, elle signe Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France (2009) à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, dont elle co-dirige le catalogue chez Gallimard, puis l’exposition Ô blédi, ô Toulouse, présences maghrébines dans la ville rose en 2018 à la médiathèque José Cabanis de Toulouse et sera la co- commissaire de l’exposition Douce France, des chansons de l’exil aux cultures urbaines , au Conservatoire national des arts et métiers (Sept 21- Mai 2022).
Mounira Lourhzal (Maroc)
Journaliste, doctorante
Mounira Lourhzal est journaliste et doctorante. Cinéphile et passionnée des droits humains, d’Histoire et de littérature, sa thèse porte sur le cinéma d’immigration au Maroc. Suite à une formation en journalisme, communication et cinéma documentaire, son parcours s’est étoffé d’expériences professionnelles avec des chaînes marocaines dirigées vers une audience internationale.
Irene de Lucas (Espagne-France)
Écrivaine, critique, chercheuse et cinéaste
Irene de Lucas est Docteur en communication audiovisuelle de l’Université de Valencia, spécialiste en cinéma des origines et ses pionniers. Critique et chercheuse de cinéma, elle collabore régulièrement avec de nombreuses publications d’analyse filmique et donne des conférences magistrales à ce sujet. Parmi ses ouvrages publiés, on distingue Los Olvidados, la violencia de los excluidos; Alice Guy en el origen del cine; et Helena Cortesina. Una pionera del cine español. Conseillère du cabinet du Ministre de Culture et de Sport en 2020, elle a intégré diverses équipes d’organisation de festivals de cinéma et participé dans plusieurs laboratoires internationaux de développement de projets audiovisuels, aussi que des congrès, notamment, le « XXe Congrès de Mouvements Humains et Migration » (Forum Internacional de las Culturas de Barcelona, 2004). En tant que cinéaste, ses courts métrages ont reçus des prix dans des festivals nationaux et internationaux.
Mamoun Smihi (France-Maroc)
Réalisateur, scénariste, producteur et écrivain
Moumen Smihi est un réalisateur, scénariste, producteur et écrivain marocain. Il étudie la philosophie à la Faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat, puis le cinéma à l’IDHEC de Paris dès 1965. Après avoir travaillé comme assistant pour la télévision française, il réalise son premier court métrage, Si Moh Pas de Chance, récompensé du Grand Prix du court métrage au Festival international d'expression française de Dinard en 1971, attirant l’attention de la critique française. En 1975, il signe son premier long métrage, El Chergui ou Le Silence violent. Auteur de sept longs et moyens métrages ainsi que de nombreux courts métrages, Smihi a marqué le cinéma marocain avec des œuvres comme Les récits de la nuit et ses chroniques marocaines, où il explore une société arabe contemporaine déchirée entre féodalisme, colonialisme et sous-développement, mêlant fiction et documentaire. Il est également auteur d’ouvrages sur le cinéma, notamment Écrire sur le cinéma (2006), Le Cinéma arabe (2009), L'Ombre du signifiant (2013), et Le modernisme arabe comme cinéma du monde (2020).
Ricard Zapata-Barrero
Chercheur, spécialiste dans la gouvernance migratoire, la diversité et la culture
Né le 12 novembre 1965 à Sabadell (Barcelone), Ricard Zapata-Barrero est un chercheur et professeur en sciences politiques, spécialisé dans la gouvernance migratoire, la citoyenneté, la diversité, la culture et le cinéma. Fils de réfugié politique sous le régime franquiste, il a grandi à Paris, où il s'est engagé auprès de la diaspora espagnole. Il a étudié la philosophie à l'Université autonome de Barcelone avant de poursuivre sa formation à l’École des hautes études de Paris sous la direction de sociologues éminents, comme Pierre Bourdieu. Après l'obtention de son doctorat à l’Université autonome de Barcelone, il a approfondi ses recherches à l'Université de Caen et à l’Université de Leeds. Aujourd’hui, il est professeur titulaire au Département de sciences politiques et sociales de l’Université Pompeu Fabra à Barcelone, où il dirige le Master en études migratoires ainsi que le Groupe de recherche interdisciplinaire sur l'immigration (GRITIM-UPF).
Zapata-Barrero est également fondateur du Réseau euro-méditerranéen de recherche sur les migrations (EuroMedMig) et siège au conseil de l'International Migration and Social Cohesion (IMISCOE). Ses travaux couvrent les frontières, la mobilité humaine, la diversité, la citoyenneté, et la dimension culturelle du cinéma. En tant que théoricien politique appliqué, il combine recherche et politique pour promouvoir le changement social et politique.