Une politique d'intégration sans "grande loi"
Dans une interview accordée le 23 décembre 2024, Bayrou a détaillé sa vision pour une meilleure intégration des immigrés en France. Le Premier ministre a affirmé qu’il ne souhaitait pas de « grande loi » sur l'immigration, contrairement à certaines voix politiques qui appellent à des législations plus strictes. Il a préféré se concentrer sur l’exécution et l’application des mesures déjà en place, assurant que son gouvernement mettrait l’accent sur trois priorités pour favoriser l'intégration : le travail, l’apprentissage de la langue, et la transmission des valeurs républicaines qui fondent la nation.
Renforcer la coopération internationale sur les OQTF
François Bayrou a également réaffirmé sa volonté de renforcer la coopération avec les pays d'origine des immigrés, en particulier en ce qui concerne le rapatriement des étrangers frappés d'une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il a précisé que, bien que la France ne veuille pas se doter d’une législation drastique, il entend prendre des mesures plus fermes envers les États qui refusent de réadmettre leurs ressortissants.
Des divergences au sein du gouvernement sur la gestion de l'immigration
Cette position modérée du Premier ministre contraste avec la ligne plus dure adoptée par son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier, en poste depuis peu, a rapidement mis en avant une politique de contrôle strict de l’immigration. Retailleau a exprimé sa volonté de renforcer la lutte contre l'immigration illégale, et de réduire l’immigration légale à « strict minimum ». Ses déclarations, plus sévères sur le contrôle des frontières et sur l’accueil des immigrés, ont alimenté un débat sur la meilleure manière de concilier fermeté et intégration.
Vers une gestion plus réaliste et pragmatique des dynamiques migratoires
Bien que François Bayrou tente de calmer les tensions sur ce dossier en appelant à une approche plus pragmatique et nuancée, il ne cache pas la nécessité de gérer la question de l'immigration avec réalisme. Pour le Premier ministre, il ne s'agit pas seulement de traiter l'immigration comme un phénomène isolé, mais de prendre en compte les contextes économiques et sociaux qui influencent les dynamiques migratoires.
À ce sujet, plusieurs experts soulignent que la France, confrontée à un vieillissement de sa population et à un manque de main-d'œuvre dans certains secteurs, pourrait bénéficier d’une politique migratoire plus ouverte, à condition de réussir l’intégration des migrants. En 2024, l’INSEE estimait que la France comptait environ 6 millions d’immigrés, représentant près de 9% de la population totale. De plus, un rapport récent de la Fondation Jean-Jaurès met en évidence que la grande majorité des immigrés en France ont un niveau d'emploi similaire, voire supérieur, à celui des natifs, contredisant l’idée selon laquelle l’immigration serait une charge pour le pays.
Retour des étrangers en situation irrégulière : un défi majeur
Néanmoins, la question du retour forcé des étrangers en situation irrégulière reste un point de friction majeur. Selon un rapport de la Cour des comptes, seulement 20% des OQTF sont effectivement exécutées, un taux jugé insuffisant par une partie de la classe politique, notamment au sein de l'extrême droite et de certains membres du gouvernement.
Enfin, malgré les divergences de vues au sein du gouvernement, la position de François Bayrou semble refléter une volonté de calmer les débats tout en garantissant une gestion plus humaine et mesurée de la question migratoire. À l’avenir, la mise en place de mesures concrètes pour améliorer l’intégration et la lutte contre l’immigration illégale sera probablement l’un des défis majeurs du gouvernement, notamment dans un contexte électoral marqué par la montée des partis de droite et d’extrême droite, qui insistent sur une politique migratoire plus stricte.