mercredi 25 décembre 2024 02:33
mardi, 24 décembre 2024 10:53

Magdebourg : l’attaque au cœur des débats sur l’immigration en Allemagne Spécial

A deux mois des élections législatives, l’Allemagne est secouée par l'attaque du marché de Noël de Magdebourg. Cet événement tragique, survenu dans un contexte déjà tendu, a ravivé les débats sur l’immigration et alimenté les discours des partis d’extrême droite.

Vendredi soir, un réfugié saoudien de 50 ans, Taleb Jawad al-Abdulmohsen, a foncé avec une voiture-bélier dans la foule, faisant cinq morts et plus de 200 blessés. L’assaillant, "un psychiatre au profil trouble d'après la presse allemande était connu pour ses opinions hostiles à l’islam et ses publications conspirationnistes." Déjà signalé comme potentiellement dangereux par l’Arabie saoudite, il avait, selon les mêmes sources, obtenu le statut de réfugié en Allemagne en 2006.

Le président Frank-Walter Steinmeier, dans son allocution de Noël, a évoqué "l’ombre" jetée sur les fêtes de fin d’année par cette tragédie et a appelé à l’unité face aux tensions croissantes : "Ces événements ne doivent pas nous paralyser."
Une récupération politique immédiate

L’attaque a offert une opportunité aux partis d’extrême droite, notamment l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), pour intensifier leur rhétorique anti-immigration. Lors d’une manifestation à Magdebourg, la coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, a dénoncé "l’immigration incontrôlée" comme la cause de cette tragédie, tandis que la foule scandait "expulsion, expulsion".

Avec environ 20 % des intentions de vote, l’AfD, déjà en deuxième position dans les sondages, pourrait tirer profit de cette polarisation accrue. Dominik Kaufner, député du Land de Brandebourg, a appelé à une "remigration par millions", reflétant une radicalisation du discours politique.
Une question migratoire de plus en plus sécuritaire

Alors que l’Allemagne fait face à une crise démographique et à un besoin urgent de main-d’œuvre qualifiée, l’immigration est de plus en plus perçue sous un angle identitaire et sécuritaire. "L’immigration est discutée presque exclusivement en termes de menace pour la sécurité nationale", déplore le politologue Benjamin Höhne. Les bénéfices économiques de l’immigration, pourtant cruciaux, passent au second plan dans les débats publics.

Sous le feu des critiques, le chancelier Olaf Scholz a promis une enquête rapide pour clarifier les éventuelles failles de sécurité. Les autorités locales, notamment à Magdebourg, sont accusées de négligence, bien que la municipalité ait défendu les mesures mises en place.
Une fracture sociale grandissante

Dans un climat déjà polarisé, deux manifestations ont illustré les divisions : l’AfD a organisé un rassemblement "mémoriel" pour les victimes, tandis que le mouvement "Gib Hass keine Chance" prônait la tolérance et la solidarité.

Cette attaque marque un tournant dans une campagne électorale déjà tendue, où les enjeux économiques laissent désormais place à des débats identitaires et sécuritaires. Comme l’a résumé le journal Bild, "il y aura un avant et un après Magdebourg".

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