Suite aux brusques flux migratoires venant de Tunisie, l’Union européenne a décidé d’agir avec son agence Frontex. Mais l'Europe peine encore à montrer une véritable solidarité entre Etats sur ce sujet.
L’immigration n’est pas qu’un problème national, elle peut concerner tout un continent, la crise de Lampedusa en est l’exemple. Des milliers de migrants tunisiens voguent dans les eaux internationales puis échouent en Italie en espérant atteindre la France. De même, la frontière gréco-turque où passent notamment des migrants afghans est aussi un lieu de tension. Ces derniers cherchent à aller en Angleterre notamment via la France et son Tunnel sous la manche. Sans parler des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées au Maroc.
Vouloir créer des frontières communes tout en abolissant les frontières intérieures a naturellement des conséquences sur les migrations. En franchissant les frontières de l’Europe, les immigrants espèrent pouvoir circuler librement sur le continent. Vu que la question migratoire s’impose désormais à tous, le bon sens imposerait donc que l’on mette en place une gestion commune des frontières. Ce n’est pourtant pas encore le cas. La crise de Lampedusa a d'ailleurs donné un bel exemple de cette désunion européenne. L’Italie avait accusé Bruxelles de ne pas lui apporter d’aide. Bruxelles a rétorqué que c’était Rome qui avait refusé la main tendue.
Toutefois, un outil a pu faire son apparition dans cette crise migratoire : l’agence Frontex. Un nom très novlangue pour l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures. Créée en 2004, opérationnelle depuis 2005, elle a notamment trois missions : étudier les mouvements migratoires, coordonner des opérations de gestion de flux migratoire entre Etats-membres et permettre des vols communs de retour vers les pays d’origine des migrants refoulés. Son budget pour 2011 dépasse les 88 millions d’euros. Elle a mené 43 opérations de contrôle ou de vols retours en 2010 selon des chiffres des eurodéputés Europe Ecologie, un chiffre qui parait faible vu l’enjeu.
Frontex, l'agence à risques
L'agence Frontex possède aussi un bras armé avec les Rabits (pour Rapid intervention border teams, admirez l’humour bruxellois). Ce sont des policiers et autre agents armés chargés d’intervenir rapidement à la demande d’un Etat membre pour gérer un problème migratoire. Ils gardent leurs uniformes nationaux mais ont un brassard de l’UE et sont placés sous le commandement de l’Etat demandeur. Ce n’est donc pas à proprement parler une police européenne des frontières. Ces équipes sont notamment intervenues en Grèce à l’automne dernier face à un afflux de migrants venant de la frontière avec la Turquie.
Dans la crise de Lampedusa, Frontex a déployé un autre outil en dépêchant des « experts » sur place dans le cadre de l’Opération Hermès. Aux alentours de 50 personnels issus de différents pays européens (France, Portugal, Danemark…) sont venus prêter main forte à l’Italie (qui dirige la mission). Ces experts seront notamment chargés de l’accueil et de l’interrogatoire des migrants. Ils ne seront pas seulement policiers mais aussi spécialistes des « relations intercutlrurelles » ou du droit d’asile, comme l’a précisé la Commission européenne à Marianne2. Une mise à disposition de moyens aériens en vue de la surrveillance des frontières est également prévue. L’opération devrait être terminée le 31 mars selon la Commission. Mais Bruxelles n’a pas su nous dire si d’autres moyens sont prévus : « On suit les évolutions au jour le jour ».
C’est justement le problème. L’agence Frontex apparaît comme le symbole d’une Europe dépassée par la mondialisation des échanges. Elle peine à s'imposer comme outil commun de régulation et reste suspendue au bon vouloir des Etats membres qui mettent à disposition troupes et matériel. « On reçoit une demande d’aide d’un Etat membre et chaque Etat dit quels moyens il peut offrir », nous explique la Commission. En matière de migrations, c'est donc le règne le chacun pour soi. « Ce qui est en cause, c’est que l’agence Frontex doit être assurée que les Etats membres fournissent les moyens promis », ajoute l’eurodéputée PS Sylvie Guillaume, contactée par Marianne2. Mais créer une véritable police aux frontières européenne, idée qui est toujours sur la table, empiéterait sur la souveraineté des Etats. D’un autre côté, sans instruments politiques adéquats, la mise en place de frontière commune est ingérable.
Chacun pour soi
Tout le dilemme de la construction européenne est là. On a voulu inscrire l’Europe dans la mondialisation, abolir les frontières, sans voir que la mondialisation doit aussi être régulée pour être viable, que l’on parle d’économie ou de migrations. Les règles européennes, au lieu de donner un cadre commun sûr, renvoient au chacun pour soi. Une chose qui ne protège ni les Etats, ni les migrants. Mais il n'y a pas que l'aspect répressif qui compte. En matière d’asile par exemple, elles imposent que le migrant fasse sa demande uniquement dans le pays où il est arrivé en premier (ici l’Italie). Si un autre Etat l’arrête, il est alors renvoyé dans le pays d’entrée. La base de données Eurodac (qui recense les empreintes digitales) permet d’ailleurs de repérer les demandeurs multiples.
Cette règle a un effet pervers : faire porter une large part des politiques migratoires sur les pays ayant une frontière exposée, qui deviennent ainsi un guichet géant pour tous les demandeurs d'asile. Un petit Etat comme Malte a du mal à faire face. La Grèce a également menacé, avec le soutien de Paris, de construire une clôture à sa frontière turque, s'estimant trop isolée face à l'immigration clandestine. Bruxelles s'est opposé au projet, pourtant, à Ceuta et Melilla, l’UE a financé la construction de barrières de ce type. Mais les renvois vers la Grèce posent un autre problème étant contestés par la Cour européenne des droits de l’Homme car Athènes ne respecte pas assez les droits des demandeurs d’asile. L’Italie souhaite que le sujet de migrations soit à l’ordre du jour du prochain Sommet Européen. La crise de Lampedusa pourrait faire bouger les lignes vers plus de solidarité mais le chemin est encore long.
« La très grande liberté laissée aux Etats aboutit à des systèmes hétérogènes », déplore Sylvie Guillaume. Une solution intermédiaire pourrait alors être des accords d’Etat à Etat sans passer par Bruxelles, solution écartée par l’eurodéputé. Pour elle, tous les pays de l’UE doivent être impliqués : « Les Suédois sont aussi concernés par ce qu’il se passe en Méditerranée ». Mais pour l’instant, la solidarité européenne n’est pas de mise. Comme si l'Union européenne était seulement vouée à être le cadre d'une « concurrence libre et non faussée » et non celui d'une protection, laissant les Etats les plus faibles, comme la Grèce, en première ligne. Bien sûr, il reste la solution de confier la surveillance de nos frontières à la Libye de Kadhafi.
Quelle politique d'asile ?
Au cœur donc de la crise de Lampedusa, c’est donc bien le degré de souveraineté que sont prêts à abandonner les Etats qui est mis en débat. Ce qui est politiquement difficile à faire avaler. Contrairement donc au discours ambiant, l’abolition des souverainetés est plus un vœu pieu qu'un horizon inéluctable. Si la politique d’asile en Europe est en cours de refonte, pour l’instant, « rien n’est commun » à ce sujet parmi les Etats membres, précise Sylvie Guillaume. Réguler n’est décidément pas le fort de l’UE. Car, au delà de la question de Frontex, la politique migratoire de l’Union manque encore d’instruments communs. « Si les Etats membres veulent gérer le rapport migratoire avec la seule agence Frontex, c’est la mauvaise façon de faire », estime Sylvie Guillaume. L’eurodéputé socialiste plaide pour « un dispositif d’asile commun ».
Ce serait un minimum, une Europe ouverte ne signifie pas forcément un monde sans règles.
Il reste à savoir si les Etats membres sont capables d'accepter des règles communes en ce domaine. Pour l’instant, en France, on loue la nécessité d’une véritable politique européenne d’immigration. Le Quai d’Orsay avait déjà appelé au « renforcement opérationnel de Frontex ». Lundi, François Fillon a réaffirmé que la solution face aux crises migratoires était « une réponse collective, une réponse européenne sur ce sujet, d'abord pour faire en sorte qu'il y ait le moins de flux migratoires possibles, et ensuite pour accueillir les personnes qu'il faudra accueillir ». Le contexte politique imposait un tel discours. Mais la géopgraphie qui sépare la Finlande de l'Italie, peut-elle permettre une position commune sur la crise migratoire méditerranéenne ?
2 Mars 2011, Tefy Andriamanana
Source : Marianne
Au Pakistan, par exemple, ils sont 1.700.000, chez nous ils ne sont que 800. Eux, ce sont les réfugiés, ceux que la situation dans leurs pays respectifs a poussés à l’exil. Mais une fois sur le territoire national, ces Congolais, Ivoiriens et Irakiens leur statut de réfugiés ne leur sert qu’à éviter la reconduction vers les frontières. Car sans un cadre juridique clair, ce qui est le cas jusqu’à présent, ils ne peuvent prétendre à occuper un emploi. Il y a certes une bribe de loi datant de 2003 mais qui ne permet ni de savoir comment les accueillir, ni comment procéder à la détermination du statut de réfugiés et ni de quelle manière encadrer ces personnes.
Mais, murmure t-on du côté du Haut Commissariat aux réfugiés, plusieurs départements ministériels planchent sur la formulation d’un nouveau cadre juridique à même de garantir à ces personnes une vie décente. Espérons que ça ne tarde pas.
2/3/2011,
Source : Aufait
Le Centre Jacques Berque a réuni lundi et mardi à Rabat, des experts autour de la question migratoire. Selon eux, l’invasion post-révolutions arabes n’aura pas lieu. Quant aux restrictions juridiques et réglementaires, elles ne font qu’aggraver la situation des migrants, sans diminuer leur flux.
Les mouvements sociaux qui secouent actuellement le monde arabe poussent chacun à s’interroger sur leurs conséquences. L’une d’entre elles a été illustrée par les milliers de migrants tunisiens qui ont débarqué sur l’île italienne de Lampedusa au lendemain de la chute du régime de Benali. Le Centre Jacques Berque (CJB) pour les études en sciences humaines et sociales a réuni, lundi et mardi derniers à Rabat, plusieurs experts autour de la thématique « Immigration, changement social et changement juridique au Maghreb ». Le démographe Hervé Lebras répondait à ceux qui craignent la vague migratoire vers l’Europe. Citant Adam Smith, il a rappellé que «de tous les bagages, l’Homme est le plus difficile à remuer». Appuyant cette idée, le géographe Julien Brachet a affirmé que «la majorité des migrants ne cherchent pas à quitter le continent africain».
Pourquoi alors continuer de nourrir la crainte d’un spectre migratoire qui s’abattra prochainement sur l’Europe ? Pour Julien Brachet, de l’Institut de recherche pour le développement, « l’objectif est de légitimer les restrictions imposées aux migrants illégaux et la manière dont ils sont traités ». Et des changements juridiques, il y en a eu beaucoup. Les refoulements collectifs de migrants ne surprennent même plus. Seulement, les flux de migrants n’ont pas pour autant enregistré des baisses notoires
Ne pas oublier l’éthique
Au-delà de l’aspect économique de la question migratoire, les intervenants ont soulevé l’aspect éthique, souvent laissé pour compte. Hervé Lebras, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, a commencé par rappeler que «l’enfant qui naît n’est pas responsable de son lieu de naissance». La question migratoire a ainsi permis le retour des questions des droits de l’Homme, qui sont « sortis du huis clos national », comme l’analyse Ali Bensaâd, du CJB. Evoquant le phénomène du «brain drain», (fuite des cerveaux), plusieurs intervenants se sont indignés de la responsabilité qui pèse sur les épaules des migrants.
«Les individus ne sont pas des molécules dans un espace a-social et a-économique, qui vont venir combler les vides dans tel ou tel pays», souligne Hervé Lebras. Quant au raisonnement qui soutient que les immigrés coûtent plus qu’ils ne rapportent, il n’a pas l’appui de certains chercheurs qui ont étudié la question de près. «S’il avait fallu « produire » cet immigré, ça aurait coûté encore plus cher. Là, il arrive adulte, et formé», explique encore le démographe. « On devrait rembourser les pays d’origine », va-t-il jusqu’à proposer avec le sourire.
Faut-il pour autant laisser les migrants circuler librement ? Pour Khadija Elmadmad, titulaire de la Chaire UNESCO «Migration et Droits Humains», il faut revenir à l’application du droit traditionnel, qui promeut une liberté de circulation et d’installation. «Nous sommes passés de frontières socioreligieuses à des frontières géographiques» indique-t-elle. Seulement, dans la pratique, la répression n’est pas toujours appliquée. «Au Maroc, il y a des hésitations.Si la législation est répressive, dans la pratique il existe toujours des îlots où le droit traditionnel est appliqué et où l’hospitalité a encore sa place».
Les Subsahariennes s’installent
Une des preuves que les migrants subsahariens ne quittent pas forcément le continent a été donné par Mohamed Berriane, de l’équipe de Recherche sur la Région et la Régionalisation de Rabat. D’après cette équipe, un nouveau phénomène a vu le jour, à savoir l’installation de plusieurs Subsahariennes seules dans des villes marocaines. Leurs conjoints sont en général des immigrés établis en Espagne et en Italie, qui viennent régulièrement leur rendre visite au Maroc. Pour la plupart Sénégalaises, ces femmes qui n’ont pas besoin d’un visa pour séjourner au Maroc, sont obligées de quitter le territoire au bout de trois mois. Elles partent le plus souvent «pointer» en Mauritanie avant de rejoindre à nouveau le Maroc avec trois mois supplémentaires à leur actif.
2 mars 2011, Selma Tannouche Bennani
Source : Le Soir
Avec le printemps arabe, la cellule de crise installée conjointement par le ministère en charge de la communauté marocaine résidant à l’étranger et le département des affaires étrangères ne s’est jamais arrêtée de travailler. Il y a eu d’abord la révolution du Jasmin et les Marocains de Tunisie qui ont choisi le retour au pays, puis les événements du Caire et la chute du régime de Moubarak et le rapatriement des Marocains de là-bas. « La machine est rodée ! », s’exclame Mohamed Ameur, le ministre délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l’étranger.
Aujourd’hui, la machine s’emballe. Avec la révolte libyenne, la cellule de crise qui a pris ses quartiers dans une annexe des A.E, au centre-ville à Rabat, est mobilisée 24 heures sur 24 heures, 7 jours sur 7 jours. Une dizaine de personnes travaillent sans relâche pour répondre aux appels, informer, réceptionner les fax de ceux et celles qui veulent fuir le pays de Kadhafi et rentrer au Maroc. Les trois ambassades du Maroc à Tripoli, à Tunis et au Caire ont prêté main forte à la cellule de crise et les consulats marocains à Benghazi et à Tunis sont débordés. Sur place, les moyens humains et financiers ont été renforcés pour permettre aux appareils consulaires d’accompagner leurs missions, celles d’accompagner les marocains installés en Libye jusqu’aux frontières.
« Ce mardi 1er mars, un bilan aérien fait état de l’arrivée de quelques 3000 marocains arrivés de Tripoli, de 450 compatriotes en provenance de Tunis et de 202 autres embarqués du Caire. Lundi soir, 650 Marocains ont quitté Tripoli pour Casablanca par voie aérienne », déclare Mohamed Ameur. Le ministre usfpésite n’a de cesse de le répéter : « le Maroc était là depuis les premières heures de la révolte libyenne. Le Maroc était prêt à toutes les éventualités. D’ailleurs quelques dizaines de Marocains s’étaient alors inscrits sur les listes du retour. »
De jour en jour, les listes de candidats au voyage vers le pays d’origine, le Maroc, grossissent. A Benghazi, alors que la situation est revenue à la normale dans cette ville libérée, plusieurs dizaines de membres de la communauté marocaine veulent rentrer au pays. Les informations faisant état d’une intervention militaire américaine imminente ont très probablement contribué à la panique des étrangers qui quittent en masse la Libye.
Sur instructions du Souverain, les pouvoirs publics ont mobilisé deux bateaux de la compagnie maritime « Comarit » pour faciliter le rapatriement des Marocains qui le souhaitent. Un premier bateau est arrivé lundi à Benghazi, une ville qui n’a pas d’aéroport. Il devait prendre la mer mardi aux environs de 13 heures –après avoir mis 5 heures à accoster- avec à bord 1400 marocains, une quarantaine de ressortissants mauritaniens et 20 sénégalais.
Dans le bureau ministériel, les téléphones n’en finissent pas de sonner. Un deuxième navire dépêché par le Maroc vient tout juste d’arriver ce mardi matin. Le ministre Ameur est comme soulagé. « Ce bateau a une capacité de 2000 passagers ».
Des retours par air et par mer
Pour quitter le territoire libyen, il faut passer par Benghazi et les frontières entre la Tunisie et l’Egypte. Pas évident pour ces Marocains vivant dans les villes éloignées du pays. Combien sont-ils ? Personne ne le sait vraiment et ceux en charge de l’opération de rapatriement le savent : ils ne peuvent pas être partout.
Un peu plus de 100 000 Marocains vivent en Libye. Les chiffres ne sont pas totalement maîtrisés surtout si l’on sait que Tripoli n’avait délivré aucun titre de séjour à plusieurs milliers d’entre eux et qui y sont établis depuis de nombreuses années. On retrouve les membres de la communauté marocaine résidant en Libye dans l’agriculture où ils sont généralement employés comme ouvriers, dans les services et le commerce en plus d’une petite élite marocaine qui émerge à peine. «De manière générale, ces Marocains vivent dans la précarité. Nous prenons par exemple en charge les frais de scolarité de plus de 6000 enfants marocains vivant ce pays. L’Etat 450 bourses annuelles de l’enseignement supérieur aux étudiants marocains de là-bas. A cela, il faut ajouter que nous avons mis en place une assistance juridique et judiciaire à l’adresse de notre communauté en Libye ainsi que des mécanismes d’aide de personnes en détresse », explique Mohamed Ameur tout en indiquant que le Maroc vient tout juste d’achever la construction d’un centre socioculturel marocain à Tripoli « destiné à accompagner les Marocains installés en Libye ».
Dans le pays de Kadhafi, les événements se précipitent. La communauté internationale n’en finit d’organiser le retour de ses ressortissants. Le Maroc n’échappe pas à la règle. 10 000 Marocains sont attendus d’ici quelques jours.
Le téléphone du ministre Ameur sonne de nouveau. Le retour de Marocains résidant en Côte d’Ivoire s’organise. La machine est rodée. Dans ce pays d’Afrique de l’ouest au bord de la guerre civile, 3000 Marocains sont établis.
2 Mars 2011, Narjis Rerhaye
Source : Libération.ma
Fethi, né en France, bac + 5, a enchaîné les petits boulots. Saïd, né au Maroc, en France depuis treize ans, bac + 5 lui aussi, a découvert concrètement ce que le mot « discrimination » voulait dire. Samira, jeune romancière du bassin minier passée par hypokhâgne et khâgne, est souvent confrontée au regard des autres qui rappelle que des parcours comme le sien ne vont toujours pas de soi. Hasard de nos rencontres, tous trois travaillent aujourd'hui dans l'insertion…
Immigrés en Nord - Pas-de-Calais
Alors que la jeunesse d'Afrique du Nord secoue le joug de ses dirigeants, à quoi aspirent les jeunes immigrés ou enfants d'immigrés du Maghreb qui vivent dans la région ? Une récente étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques du Nord - Pas-de-Calais montre que, dans une région avec un taux de chômage record, une catégorie de la population est encore plus durement touchée : les personnes issues de l'immigration. Non seulement le diplôme ne facilite pas leur insertion professionnelle, mais il ne protège pas de la même façon un immigré qu'un Français d'origine : à diplôme égal, les
immigrés ont des métiers moins conformes à leur formation, et moins qualifiés, en moyenne, que la population régionale.
Inégalités
Deux tiers des immigrés nordistes sont originaires de six pays : Algérie, Maroc, Belgique, Italie, Portugal et Pologne. L'étude de l'INSEE montre une double inégalité : géographique (les immigrés originaires d'Europe accèdent plus facilement au marché du travail) et au niveau de la qualification (ceux du Maghreb et de Turquie accèdent moins souvent à des emplois qualifiés). Hier, c'était la deuxième Journée sans immigrés – peu suivie – destinée à lutter contre les discriminations. Alors que les initiatives comme le CV anonyme fleurissent, la place laissée aux immigrés et personnes issues de l'immigration par les pouvoirs publics ou les employeurs est encore mince.
Samira El Ayachi : l'imaginaire, refuge contre les préjugés
Elle est l'auteure d'un roman, « La Vie rêvée de Mademoiselle S. » (Sarbacane), inspiré des émeutes dans les banlieues. Samira El Ayachi est une émeutière de l'intime, armée d'encre et d'imaginaire, en croisade contre les préjugés, pour dénoncer la crise du rêve.
Face à nous, trempant un spéculoos dans son café, Samira El Ayachi, 30 ans, sourire mutin encadré par des bouclettes brunes. Née à Lens. Avant un master en arts et culture, elle est passée par hypokhâgne et khâgne à Lille, prépa littéraire formant une élite jonglant entre Sénèque et Romain Gary. Samira y a appris que « la culture pose une question traversant les classes sociales et les cultures : le rapport de l'homme à l'imaginaire ».
Dans le roman de Samira, l'héroïne s'appelle Salima, 18 ans, première de la classe, écartelée entre Lille Sud et le Maroc... « Visiblement, je viens d'ailleurs !, sourit la romancière à la peau mate. Pendant longtemps, j'ai été l'enfant d'une époque, du bassin minier qui a accueilli des gens venus de partout, sans me poser de questions. Quand je suis entrée dans la vie active, la question de mes origines géographiques et sociales a surgi, avec violence. » Née dans le regard des autres. « Poser la question de l'intégration à des enfants nés ici, est-ce encore pertinent ?, s'indigne Samira. La question, n'est-elle pas plutôt quel diplôme, quelle insertion professionnelle avec la crise ? » Elle ajoute : « Dites que vos parents sont marocains, ont eu six enfants : voyez les clichés dans l'oeil de votre interlocuteur... » Question d'imaginaire.
Mais preuve que l'imaginaire peut influer sur le réel, son roman a donné naissance à l'association Mademoiselle S. : salons d'écriture nomades et ateliers de langage avec des femmes parlant russe, berbère et d'autres dialectes provoquent des rencontres inédites. « On vit une époque de trop-plein de mémoire : à force de se poser toutes ces questions, on oublie, peut-être, de regarder vers l'avenir. » De l'imaginer. Samira, elle, travaille à son second roman.
Fethi Guennadi : « On te renvoie tes origines en pleine figure »
Éboueur, vendeur en prêt-à-porter, bibliothécaire à la Catho, serveur dans un bar, pion, manutentionnaire, vendeur de sandwiches dans les trains. Fethi Guennadi pourrait éditer une brochure sur les petits boulots. Ceux qui permettent de se payer des études et ceux qui servent à payer un loyer, à faire chauffer la gamelle.
Le problème, c'est lorsqu'on est titulaire d'un bac + 5 et qu'on ne trouve pas un emploi en rapport avec ses qualifications. « J'ai intégré un dispositif nommé Alliance destiné à des diplômés qui ne trouvent pas de travail. À la première réunion, sur vingt diplômés chômeurs, il y avait deux visages européens. » Tous les autres sont noirs ou arabes. « Je l'ai fait remarquer à la responsable de groupe. Les autres ne s'en rendaient même pas compte, ils étaient obnubilés par leur recherche d'un travail. » Comment expliquer cette passivité devant ce qui ressemble fortement à de la discrimination à l'embauche ? « Tu l'assimiles petit à petit. Tu as 17 ans, tu ne peux pas rentrer en boîte. On te renvoie tes origines en pleine figure. Plus tu essaies de te sortir de ça, plus on te le fait ressentir parce que tu t'aventures dans des milieux où tu n'es pas représenté. » Le résultat, c'est que Fethi enchaîne les entretiens d'embauche durant une année, « à raison d'un ou deux rendez-vous hebdomadaires ». Sans résultat. « Tu te rends compte de la manière très subtile avec laquelle on se fout de ta g ... » Fethi a alors la tentation de quitter sa terre natale, la France. « J'ai un pote qui est parti en Autriche, un autre à Bruxelles, un en Australie, deux autres qui ont monté leur boîte parce qu'ils n'avaient pas d'autre solution. » Deux ans durant, ce sera le chômage, « deux ans de grosse galère. Ça me rend triste, ce n'est même pas de la colère. C'est de la tristesse et de l'inquiétude. La dernière génération a complètement abdiqué ».
Aujourd'hui, Fethi est chargé de mission à l'emploi pour l'institut lillois d'éducation permanente. Son boulot ? Accompagner directement en entreprise des gens au chômage de moyenne et longue durée. « J'accompagne des gens d'origine étrangère pour au moins la moitié. »
Saïd Zamoussi : « C'est une humiliation, une remise en question totale de soi »
« C'est une humiliation, c'est une remise en question totale de soi. On ne veut pas de vous pour des raisons qui ne sont pas expliquées. » La discrimination à l'embauche, Saïd Zamoussi en parle en pesant ses mots. Calmement. Sans haine.
Il pose même un postulat de départ : « La victimisation est un terrain glissant. » Quand il arrive en France en 1998 depuis son Maroc natal, Saïd Zamoussi est plein d'espoir. Il a un bac + 2 de littérature anglaise en poche et l'envie de décrocher la lune. Il obtient un premier boulot : éducateur sportif à la maison d'arrêt de Loos. « Une grande partie des détenus était d'origine étrangère. Quand je leur demandais pourquoi ils étaient incarcérés, la plupart répondaient qu'ils ne trouvaient pas de travail. » Après six mois au milieu des détenus, Saïd change d'horizon. La valse des entretiens d'embauche débute. « J'étais systématiquement recalé mais le problème de discrimination ne me venait pas à l'esprit. Ce n'est qu'avec le recul que j'y ai pensé. » Les faits sont pourtant là. Il y a d'abord cet employé de l'ANPE qui ne transmettait pas la candidature de Saïd pour d'obscures raisons. Ce boulot de médiateur de justice où il ne restait plus que trois candidats en lice. Un poste qui impliquait une connaissance approfondie des problématiques de l'immigration. Sur les trois candidats, Saïd était le seul à parler arabe. Le seul susceptible de remplir au mieux sa mission d'interface entre les parents de délinquants et la justice. Recalé.
« J'ai compris que la solution, c'était de créer mon propre emploi. » Saïd se lance dans une formation de psychologue du travail. « Je suivais les cours du soir. La journée, je cherchais du travail. J'étais parfois agent de sécurité. » À force d'abnégation, Saïd Zamoussi a décroché son DESS. Bac + 5. Dans la foulée, il crée une association : Iris formation à Lille, une structure d'accompagnement des personnes en recherche d'emploi.
Forcément, lors des entretiens, les problèmes de discrimination rencontrés par Saïd lui reviennent. « Dans une ville comme Lille, il y a de la couleur. Dès qu'on entre dans certains espaces, cette couleur disparaît. » La solution ? « Elle est peut-être dans la conscience des employeurs. »
Le diplôme n’est pas un bouclier antichômage
Une immigration liée au développement industriel de la région, notamment textile et minier. L'ex-bassin minier, la métropole lilloise et la frontière de la Sambre-Avesnois sont les principaux territoires d'accueil. Aux courants migratoires plus anciens de Belgique et de Pologne, ont succédé ceux de l'Europe du Sud et du Maghreb.
> Aujourd'hui, seulement 4,5 % d'immigrés dans la région. Dans la région résident 183 000 immigrés, soit 4,5 % de la population, taux nettement inférieur à la moyenne nationale. 39 % des immigrés dans la région sont arrivés d'un autre pays européen, 52 % sont originaires d'Afrique. En 2010, la région a accueilli 2 650 primo-arrivants, selon l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
> Les diplômes n'empêchent pas les inégalités. Le chômage est plus élevé pour la population immigrée, quel que soit le niveau de diplôme, même si les immigrés originaires d'Europe accèdent plus facilement au marché du travail. La part des ouvriers issus de l'enseignement supérieur est deux fois plus importante pour les immigrés que pour la population régionale (1).
1. Étude INSEE, en lien avec la relance des programmes régionaux pour l'intégration des personnes immigrées, en partenariat avec la direction régionale de la jeunesse, de la cohésion sociale et des sports.
2/3/2011
Source : La Voix du Nord
Le site internet de la Gazet van Antwerpen précise que 37% des arrivants (935) sont de nationalité marocaine, 9,8% sont Turcs (246) et 4,5% sont Congolais (114).
L'administration a comptabilisé 2.522 parents et grands-parents étrangers venus en Belgique en 2010 dans le cadre d'une procédure de regroupement familial, selon des informations fournies par le ministre chargé de la politique de migration et d'asile Melchior Wathelet au député N-VA Theo Francken.
Les personnes qui font venir leurs parents sont, majoritairement, des Belges naturalisés (2.060) mais aussi des personnes étrangères, citoyens de l'Union européenne. Elles doivent prendre en charge les parents qu'elles font venir en Belgique.
02/03/2011
Source : BELGA/Lalibre.be
Invitée mardi 1er mars de Jean-Michel Aphatie, Marine Le Pen a réitéré son souhait de repousser dans les eaux internationales les migrants venus des pays arabes. Intronisée mi-janvier, la présidente frontiste aura donc mis moins de 2 mois avant de renouer avec un discours anti-immigration digne du FN des années 80.
Depuis que Le Pen fille a repris le Front national des mains de Le Pen père, elle s’échine à recouvrir le parti d’extrême-droite d’un voile de blancheur prétendument républicaine. En inaugurant son mandat le 16 janvier à Tours par une ode à l’Etat « composante essentielle de l'âme de la France », Marine Le Pen espère sans doute se draper dans des atours un peu plus décents pour la présidente d’un parti crédité par les derniers sondages de 19 à 20% d’intentions de votes.
La capacité de Marine Le Pen à se démarquer de son paternel vient pourtant de connaître un coup d’arrêt lors de sa visite au salon de l’agriculture le vendredi 25 février. Interrogée sur les flux migratoires liés aux révoltes dans le monde arabe, la candidate FN a déclaré : « L’union européenne est totalement impuissante à nous protéger, il faut passer un accord bilatéral avec l’Espagne et l'Italie pour permettre à nos marines de préserver nos eaux territoriales et repousser dans les eaux internationales les migrants qui voudraient entrer en Europe. » Marine Le Pen amorce-t-elle un virage républicain ? La question était sur toutes les lèvres au lendemain du congrès de Tours. Avec cette sortie, la voilà qui opère une incontestable régression en renouant avec les vieilles lunes du Front des années Jean-Marie. Attendue sur l’immigration, thème de prédilection et fonds de commerce du FN, la présidente a plongé tête la première dans le débat, sans même se donner la peine de distinguer l’immigration traditionnelle des flux migratoires exceptionnels dus à des crises politiques majeures.
Invitée ce mardi 1er mars de RTL, la nouvelle présidente du Front enfonce le clou : « On peut parfaitement repousser des bateaux dans les eaux internationales humainement ». Malgré les protestations de Jean-Michel Aphatie, elle ajoute : « Je crois qu’on va dire que je suis la seule à avoir le courage de prendre les décisions nécessaires pour sauvegarder l’intérêt de la France et des Français. Il n’y a rien de plus facile que de faire du compassionnel mais y a toujours quelqu’un qui paye le prix et ce sont les Français qui le payent. »
En l'écoutant ce matin sur RTL, Bruno Gollnisch a dû sourire devant sa glace : si Marine Le Pen retombe dans une rhétorique anti-immigrés façon années 1980, c'est peut-être que son positionnement demeure incompris dans les tréfonds du Front national, et qu'elle entend rectifier le tir.
1 Mars 2011, Laureline Dupont
Source : Marianne
Le gouvernement espagnol est en passe de durcir les règles sur le regroupement familial. Désormais, tout étranger désireux de faire venir des membres de sa famille devra non seulement avoir un salaire qui dépasse les 800 euros, mais aussi justifier que ce salaire lui sera versé pendant au moins un an. Les Marocains, plus nombreux à demander le regroupement familial parmi les immigrés en Espagne, risquent d’être les premières victimes de cette règle.
Si jusqu'à présent, des « moyens de subsistance suffisants » pour les personnes rejoignant le demandeur étaient demandés, un montant exact a été proposé dans un nouveau projet de règlement : 799 euros par mois. Cette somme représente 150% de l'IPREM (Indicador Público de Renta de Efectos Múltiples), l'indice à base duquel se calculent les aides sociales en Espagne. Selon Europa Press, le projet de règlement venu complétér la loi des étrangers prévoyait initialement un taux de 175% de l'IPREM (soit 931 euros par mois), mais après consultations avec patrons et partenaires sociaux, il aurait été rabaissé.
Le salaire scruté sur 6 mois avant et 12 mois après la demande
La personne voulant accueillir des personnes de sa famille devra remplir davantage de conditions. Actuellement, cette personne doit avoir résidé légalement en Espagne depuis au moins un an et avoir une carte de séjour valable une année au moment de la demande. A en croire le nouveau projet de règlement, il sera également pris en considération « le maintien d'une source de revenus dans l'année suivant la demande de regroupement ». « Seront refusées les demandes dans lesquelles se détermine de manière indubitable qu'il n'y a pas de perspective de maintien des revenus dans l'année suivant la demande », explique le texte parvenu à Europa Press.
Ce texte préciserait également que dans le traitement d'une demande « sera considérée l'évolution des moyens du regroupant (l’immigré, ndlr) dans les 6 mois précédant la demande ». Un salaire stable devient ainsi condition sine qua non d'un regroupement familial.
Les Marocains, premières victimes de ces mesures restrictives
Les Marocains résidant en Espagne, qui représentent la deuxième communauté étrangère après les ressortissants roumains, et la plus grande minorité extra-européenne, seront les premiers à être touchés par ces restrictions. Selon les statistiques de l'Observatoire permanent de l'immigration, affilié au ministère espagnol du Travail et de l'Immigration, les Marocains sont les plus nombreux à se voir attribuer des visas pour regroupement familial en Espagne. En 2009, 20 275 sur 69 188 visas attribués dans ce cadre revenaient à des Marocains, soit 29% du total. Les Colombiens avec 9591 et les Péruviens avec 6048 visas attribués dans le cadre du regroupement familial, arrivaient loin derrière.
Plusieurs acteurs associatifs ont critiqué ces nouvelles mesures et le projet de règlement dans son ensemble, malgré les consultations larges qui se sont faites au préalable. Ainsi, le Forum galicien d'immigration a dénoncé le « caractère restrictif du projet de règlement », selon le site d'information RedInmigrante.es. Le projet reconnaitrait les étrangers résidant en Espagne comme force de travail sans reconnaître leurs droits fondamentaux.
1/3/2011, Frederic Schmachtel
Source : Yabiladi
Ce mardi avait lieu, pour la deuxième année, la journée «vingt-quatre heures sans nous». «Nous»? Ceux qui entendent rappeler que l'immigration, ça a du bon.
Slogan: «24 heures sans nous». Signe de ralliement: un petit ruban jaune. Enlevez de la société française tous ceux qui ont un ancêtre étranger, que reste-t-il?
Plus grand monde, entendaient rappeler ce mardi à ceux qui l'oublieraient les organisateurs de la «journée sans immigrés». Comme l'année dernière lors du coup d'essai de l'opération, l'idée était d'appeler les Français en général, quelle que soit leur origine, à arrêter de travailler et de consommer le temps d'une journée pour montrer, en creux, l'apport de l'immigration à la société française. Et en finir avec la stigmatisation ambiante.
Derrière cette démarche, un collectif né fin 2009 d'un «ras-le-bol commun» après une petite phrase de trop, celle d'Hortefeux - «Quand y en a un, ça va...» Profs, cadres, journalistes, ils se sont organisés via Facebook en prenant soin de garder leurs distances avec toute récupération syndicale ou politique, même si des organisations comme le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) s'associent à la démarche. Un an plus tard, et à l'approche de la présidentielle, leur manifeste (à lire ici, accompagné d'un appel à signer), leur paraît plus que jamais d'actualité.
Les comités locaux organisaient ce mardi des manifestations dans une quinzaine de ville (lire ici l'interview recueillie par notre correspondante à Lille). A Paris, le rendez-vous était donné à la mi-journée place de la Bourse.
Parmi la petite foule, Nadia, Rachid, Farida ou Najib. Ils ont posé une RTT pour venir dire, en termes mesurés, leur fatigue d'être sans cesse renvoyés à leurs origines.
Nadia, 39 ans, comptable
«Mes grands-parents sont venus en 1947 d'Algérie parce qu'on est venu les chercher. Et deux générations plus tard, je devrais encore me justifier? On nous renvoie à la figure le passé colonial. Pareil sur l'islam, que Sarkozy s'ingénie à instrumentaliser dans une pure logique électoraliste. On peut être français à part entière et choisir une autre religion que le catholicisme, non ?
«L'immigration fait partie de la vie économique de la France, c'est un fait. Et malgré tout on nous considère comme des parias. Quand on nous parle immigration, on nous parle banlieue, barbus, on monte les Français les uns contre les autres. Il faudrait quand même arrêter de dire que l'immigration, c'est les petits délinquants qui tiennent les murs dans les cités. Ce racisme ouvert de la part des hommes politiques et de figures médiatiques est intolérable. Pourtant, il est toléré, regardez Eric Zemmour! Il a été condamné par la justice pour ses propos et il continue de faire des émissions.»
Najib, 31 ans, cadre marketing dans une grande entreprise
«Je suis née ici, j'y ai fait mes études, je me sens français à 100%. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir des attaches fortes avec le Maroc. Mes parents sont venus en France dans les années 70 pour le travail, mon père comme ouvrier, ma mère dans la restauration. Ils ont contribué au développement de la France et en dépit de cela, dans les médias, au gouvernement, l'immigration est toujours abordée comme un problème. Mais sans les immigrés et les enfants d'immigrés, la France ne tournerait pas! Les relents de racisme perdurent, comme une lame de fond. On continue à nous opposer aux "Français de souche".
«J'ai beau avoir avoir un bon poste, le mélange ne se fait pas dans le tissu social. Quand je suis dans un dîner, les premiers échanges sont bons mais dès que je donne mon prénom on me demande: "Ah oui? Tu viens d'où? T'habites où?", avec toutes les connotations qui vont avec: la banlieue, les Arabes... Et la religion. Car depuis quelques années, cette stigmatisation de l'origine se double d'une défiance envers les musulmans. Regardez le débat sur l'islam qui s'annonce! Ça me dégoûte. Alors que 99% des musulmans ne demandent qu'à vivre leur religion dans la paix et la sérénité, on focalise sur quelques centaines de radicaux.»
Farida, 38 ans, informaticienne dans une grande chaîne télé
«Il faut dire, ensemble, à nos dirigeants qu'ils arrêtent de systématiquement pointer l'apport négatif de l'immigration, de faire des amalgames du type musulman = arabe = terroriste = délinquant. Faisons attention à ce qu'on dit. Il n'y avait qu'à écouter, dimanche soir, Sarkozy nous faire un discours sur la peur, comme si des Tunisiens et des Algériens allaient débarquer d'un coup en masse! On ne peut laisser nos gouvernants continuer à dire des énormités comme ça impunément.
«On est nés ici, on vit ici, on participe activement au développement de ce pays, on travaille et on consomme comme tout le monde... Et à cause de ces discours, on se retrouve obligés de devoir crier au monde: "Regardez, on n'est pas des délinquants!"».
Rachid, 30 ans, cadre dans une grande entreprise du secteur industriel
«Il y a encore cinq ans, je ne crois pas que je serais venu aujourd'hui. Mais le climat s'est considérablement dégradé. Il y a maintenant une véritable cohésion de la classe politique pour dire que tout ce qui est immigré, ou plus exactement tout ce qui n'est pas blond aux yeux bleus, est un mal. Alors qu'au contraire c'est l'union qui fait qu'aujourd'hui la France est ce qu'elle est. J'en appelle simplement à un peu de mesure, un peu de respect. Mes parents sont nés en Algérie, ils sont français, je suis né ici, je suis français, point barre.
«Même dans la sphère privée et professionnelle, j'observe un repli. Je suis dans un milieu, disons, classe moyenne supérieure, et le discours m'inquiète de plus en plus. Mes collègues se permettent des remarques que je n'entendais pas avant. Par exemple, je suis le seul Beur de mon service, et ils disent: "Nous, on a notre Beur." Ce n'est pas intentionnellement méchant, mais une distinction est faite. Pareil sur la religion. Si c'est le ramadan, on va me dire: "Ben, tu manges ? Tu bois du vin ?" Je ne suis pas musulman ! C'est tout juste si on ne m'accuse pas d'être polygame... Je dois toujours me justifier. Et je ne vous parle pas du débat sur l'islam, on va se le prendre de plein fouet. »
1/3/2011
Source : Libération
Près de 150 000 personnes se sont réfugiées en Tunisie et en Égypte depuis dix jours. L’Organisation internationale pour les migrations en prévoit plusieurs milliers au Niger
La situation a atteint un niveau de « crise » à la frontière entre la Libye et la Tunisie, s’est alarmé mardi 1er mars le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon les autorités tunisiennes, 75 000 personnes fuyant la Libye l’ont franchie depuis le 20 février.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui fait état de « scènes de chaos », poursuivait mardi 1er mars évacuations, commencées lundi 28 février.
« Un besoin urgent d’assistance »
Environ 1 450 Égyptiens ont pris un bateau à Sfax vers le port égyptien d’Alexandrie. Cinq avions transportant 900 Égyptiens devaient aussi quitter l’île tunisienne de Djerba vers Le Caire. Le dispositif avait déjà été mis en œuvre lundi 28 février.
D’autres vols étaient programmés pour rapatrier des Bangladeshis. L’OIM venait aussi en aide,mardi 1er mars, à 1 000 Vietnamiens. D’autres groupes ont « un besoin urgent d’assistance », dont des Népalais, des Ghanéens et des Nigérians dormant dehors malgré des « températures glaciales ».
750 Bangladeshis devaient aussi partir du Caire vers leur pays
À la frontière entre la Libye et l’Égypte, franchie elle aussi par environ 70 000 personnes les jours derniers, la situation est un peu plus « stabilisée », selon Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l’organisation. 216 Ghanéens ont été transférés vers Le Caire, d’où un avion a décollé pour le Ghana.
Trois avions transportant 750 Bangladeshis devaient aussi partir du Caire vers leur pays. L’OIM essayait par ailleurs d’organiser des évacuations par bateau depuis Benghazi, en Libye. Les migrants ont aussi commencé à affluer à la frontière de la Libye avec le Niger. L’OIM se préparait mardi 1er mars à accueillir plusieurs milliers de personnes dans cette zone les jours prochains.
L’organisation « travaille 24 heures sur 24 pour mettre en place des structures d’accueil aux frontières », indique Jean-Philippe Chauzy. Samedi, un avion-cargo affrété par le HCR, transportant plus de 100 tonnes de matériel humanitaire pour aider 10 000 personnes, a atterri en Tunisie. Deux nouveaux avions sont prévus jeudi 3 mars.
« Décongestionner les zones frontalières »
Mais les deux organismes rappellent qu’il est essentiel de « décongestionner les zones frontalières », en particulier tunisienne. « Face à la pression migratoire, il faut que le programme d’évacuation humanitaire monte très vite en puissance », explique Jean-Philippe Chauzy. L’OIM a renouvelé son appel, lancé vendredi 25 février, à une aide d’urgence de 8 millions d’euros.
L’OIM et le HCR sont aussi très préoccupés par la situation des ressortissants d’Afrique subsaharienne « bloqués » en Libye, assimilés à des mercenaires étrangers de Kadhafi (lire ci-dessus). Leurs bureaux à Tripoli reçoivent des appels de détresse de ces migrants « effrayés et terrés chez eux », parmi lesquels figurent des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Jean-Philippe Chauzy regrette que l’« équipe de l’OIM à Tripoli n’ait pas les moyens d’aider » cette population prise au piège, en raison des dangers encourus.
1/3/2011, Camille LE TALLEC
Source :AFP/ La CroixLe droit d'échange du permis étranger contre le permis de conduire marocain est ouvert aux MRE rentrant définitivement au Maroc et les étrangers dont les pays ont signé avec le Maroc un accord de reconnaissance réciproque des titres de conduite…Suite
Le rapatriement des Marocains de Libye continue. Depuis le début de la semaine dernière plus de 2000 personnes ont été rapatriées par avion. 2 bateaux devraient ramener, dans les prochains jours, 3800 réfugiés. Les difficultés rencontrées par ces Marocains ne s’arrêtent pas une fois arrivés au Royaume. A l’heure actuelle, rien n’est organisé pour les recevoir.
Plus de 2000 Marocains résidant en Libye sont arrivés au Royaume depuis le début de la semaine dernière. Samedi, un vol a ramené en une seule fois 220 d’entre eux. Il est aujourd’hui encore impossible de savoir combien d’entre eux demandent à être et seront rapatriés. Pour répondre à l’urgence, toutefois, 2 navires de respectivement 2000 et 1800 places sont affrétés.
Un premier est parti de Gênes et le second est en cours d’affrètement. Ils devront rejoindre les ports de Tripoli et Benghazi dans le courant de la semaine pour revenir, vendredi 4 mars, à Tanger Med avec à leur bord potentiellement 3800 nouveaux réfugiés.
Les épreuves que traversent les Marocains de Libye qui tentent de rentrer au Royaume sont considérables même s'ils n'ont eu a subir aucune violence spécifique. Quitter une maison, un appartement pour sauver sa vie, étant donné la situation chaotique du pays, c’est prendre le risque de ne jamais retrouver son patrimoine. La plupart des agences bancaires sont fermées, il est donc aussi très difficile de vider son compte avant de fuir.
Lorsque les Marocains de Libye, parviennent malgré tout à emporter avec eux une partie de leur capital, ils sont fréquemment rançonnés le long de la route qui mène à l’aéroport de Tripoli. Une fois sur place, il suffit vraisemblablement de montrer son passeport vert pour embarquer pour le premier vol pour Casablanca, dans la limite des places disponibles.
Arrivés au Maroc, les réfugiés n’ont plus a craindre pour leur vie, mais leurs difficultés, pour ne pas dire calvaire, se poursuivent. Le dinar libyen n’a jamais été convertible au Maroc. De même en Tunisie, où la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a pourtant pris la mesure exceptionnelle de permettre au Tunisiens « travaillant en Libye et qui sont retournés, depuis le 17 février 2011 », de « convertir une seule fois, selon les procédures de changes en vigueur, 1000 dinars libyens. » Bank Al Maghrib, quant à elle, n’a pour l'instant pris aucune mesure de cet ordre.
Enfin, et surtout, les Marocains de Libye qui arrivent sur le sol du Royaume ont tout intérêt à avoir conservé des liens dans le Royaume car rien n’est, à l’heure actuelle, prévu pour les accueillir à leur arrivé.
28/2/2011
Source : Yabiladi
La cinquième édition de la Quinzaine du Cinéma marocain à Strasbourg, la seule manifestation en France entièrement consacrée au 7ème art marocain, s'ouvrira mercredi avec la programmation de neuf long-métrages, apprend-on auprès des organisateurs.
Initiée par le Consulat général du Maroc à Strasbourg, le ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger et du Centre cinématographique marocain (CCM), en partenariat avec le cinéma "Odyssée", cette manifestation se poursuivra jusqu'au 15 mars prochain.
Le public aura l'occasion de voir les films "Nûba, d'or et de lumière" d'Izza Génini (2007), "Zaïna, cavalière de l'Atlas", de Bourlem Guerdjou (2004), "Les barons", de Nabil Ben Yadir (2008), "Casanayda !", de Farida Benlyazid, Abderrahim Mettour (2007), "Où vas-tu Moshé?" de Hassan Benjelloun (2007), "Histoire d'un lutteur Mchaouchi" de Mohammed Ahed Bensouda (2009).
Les films "Terminus des Anges", de Hicham Lasri, Mohamed Mouftakir et Narjiss Nejjar (2009), "Ahmed Gassiaux", d'Ismaël Saidi (2009) et "Les Oubliés de l'Histoire", de Hassan Benjelloun (2009) sont également au programme.
La programmation de cette quinzaine confirme une fois de plus la très riche diversité du cinéma marocain et l'enthousiasmant talent de ses créateurs.
Le choix a été délibérément porté sur des films qui tournent le dos aussi bien à l'exotisme folklorique qu'au paternalisme complaisant d'un certain regard occidental, soulignent les organisateurs.
Les films à l'affiche, au-delà de leur belle et attachante singularité, interrogent avec force et lucidité tant l'histoire de ce beau pays que son présent et les tendances préfigurant son avenir.
Le Maroc est le seul pays africain et arabe à avoir une Quinzaine du cinéma dans ce haut-lieu de la création et de la cinématographie contemporaine et siège du Parlement européen, du Conseil de l'Europe et de la Cour européenne des droits de l'Homme.
28/02/11
Source : MAP
Le long métrage "Tu te souviens d'Adil ?" inaugurera, lundi soir à Saint Jacques de Compostelle (Nord-ouest de l'Espagne), le cycle "Les Lundis d'Amal" initié par le Festival international de cinéma euro-arabe. (du 24 au 29 octobre prochain
"Les Lundis d'Amal", qui joue la carte de l'interactivité et compte sur la participation du public pour choisir les films devant être projetés le dernier lundi de chaque mois, est une initiative du festival Amal dont le but est de promouvoir le cinéma arabe tout au long de l'année.
Ainsi, le film marocain, réalisé par le journaliste et cinéaste Mohamed Zineddaine, a été choisi par le public parmi trois films pour lancer ce cycle après avoir obtenu 66 pc des votes sur le site web du festival. Les deux autres productions ayant été en lice sont un documentaire jordanien et une session de trois courts métrages égyptiens.
"Tu te souviens d'Adil ?" c'est l'histoire d'un jeune qui a toujours rêvé de traverser la Méditerranée. Il arrive ainsi à Bologne, où il mènera deux vies parallèles. Il devra prendre soin de son frère handicapé et travailler pour un narcotrafiquant.
Le festival international de cinéma euro-arabe (Amal) se veut un espace de rencontre et de dialogue interculturel pour l'entente entre les cultures arabe et espagnole.
Ce rendez-vous cinématographique, qui constitue la seule rencontre cinématographique en Espagne consacrée exclusivement au monde arabe, vise également à promouvoir auprès du grand public la réalité sociale et culturelle arabe à travers le septième art.
28/02/11
Source : MAP
La France entend rester "ferme" face à l'immigration illégale et espère "éviter" des flux "incontrôlables" en provenance d'Afrique du Nord, pressant l'Union européenne de se mobiliser davantage contre les clandestins tout en soutenant les révolutions arabes.
Dès sa prise de fonction lundi, le nouveau ministre de l'Intérieur Claude Guéant a insisté sur la nécessité, "face à des bouleversements de nature historique", "de lutter contre l'immigration irrégulière qui, c'est un fait, (...) inquiète" les Français.
Il a évoqué un "défi formidable et redoutable, celui de changer la France pour qu'elle reste elle-même, qu'elle conserve sa civilisation, son art de vivre, son modèle de société".
Alors que le rempart libyen protégeant l'Europe menace de craquer sous la pression d'une insurrection contre le régime de Mouammar Kadhafi, le Premier ministre français, François Fillon, avait auparavant affirmé que la France ferait "preuve d'une très grande fermeté à l'égard de l'immigration illégale".
M. Fillon a admis qu'"il va y avoir des mouvements migratoires importants", conséquence de la situation en Libye, mais aussi en Tunisie et en Egypte où les régimes de Zine El Abidine Ben Ali et de Hosni Moubarak ont été balayés par des révoltes inédites.
La dégradation de la situation en Libye, pays pétrolier où vivent entre 500.000 et 1,5 million d'étrangers, a jeté sur les routes de l'exode des dizaines de milliers de personnes.
L'ONU recensait ce week-end près de 100.000 personnes, principalement des travailleurs égyptiens et tunisiens, aux frontières avec la Tunisie et l'Egypte, une situation qualifiée de "crise humanitaire".
Originaires de pays où la situation économique est trop difficile pour laisser espérer une réinsertion, ces migrants peuvent avoir comme "perspective" de gagner l'Europe si l'instabilité persiste en Libye, pronostique l'avocate Claire Rodier du réseau Migreurop.
"Nous savons ce que pourraient être les conséquences de telles tragédies sur des flux migratoires devenus incontrôlables et sur le terrorisme. C'est toute l'Europe alors qui serait en première ligne", a estimé dimanche le président français Nicolas Sarkozy.
"Nous devons tout faire" pour que "ces forces vives restent sur le territoire de leur pays" et "puissent concourir au développement économique", estime pour sa part Dominique Paillé, le président de l'Office français pour l'Immigration et l'Intégration (Ofii).
Avant même l'insurrection en Libye, quelque 6.000 Tunisiens étaient arrivés en quelques jours sur l'île italienne de Lampedusa avec l'espoir de rejoindre la France.
Pourtant, Rome n'a pas été entendu par tous ses partenaires européens mis en garde contre un risque humanitaire "catastrophique" et un afflux de réfugiés libyens.
Après l'Italie, M. Sarkozy a demandé à l'UE la réunion d'un sommet pour décider d'une "stratégie commune" face à la crise libyenne.
La situation dans le monde arabe et les errements de la diplomatie française l'ont même conduit à un remaniement ministériel dimanche, avec des nouveaux ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé et de l'Intérieur, avec Claude Guéant, bras droit à l'Elysée de Nicolas Sarkozy.
"Avec les autres pays européens nous ferons preuve d'une très grande fermeté à l'égard de l'immigration illégale", a prévenu François Fillon.
Mais le Premier ministre veut croire que "le meilleur moyen" d'éviter le flux migratoires "c'est d'aider la Tunisie à réussir, c'est d'aider l'Egypte à réussir, c'est de faire en sorte que la situation se stabilise rapidement en Libye".
La France va "accompagner, soutenir, aider les peuples qui ont choisi d'être libres", a assuré le chef de l'Etat.
Ce discours "est hypocrite et paradoxal", juge Claire Rodier qui appelle l'Europe à la "solidarité", la jugeant "tout à fait capable d'assumer ces situations de crise".
28/2/2011
Source : AFP/La Croix
Pourquoi ce retour au coeur du débat politique ? Quel est le bilan de la politique de Nicolas Sarkozy ? Un "islam de France" peut-il émerger ? La convention que l'UMP prévoit de consacrer, le 5 avril, à l'exercice des cultes et notamment à la compatibilité de l'islam avec la laïcité se veut...Suite
D'origine marocaine, le major de l'armée de terre néerlandaise Mostafa Hilali a été élu « Other Manager 2010 », prix donné aux managers multiculturels qui utilisent leur double culture comme une force positive. Interview…Suite
C'est l'histoire d'une paysanne de Settat qui rêvait d'un stylo, d'un cahier et d'un avenir. Aujourd'hui, à 60 ans, Milouda Chaqiq écume les scènes françaises de siam…Suite
Le porte-parole du PS Benoît Hamon a accusé lundi le président Nicolas Sarkozy de parier sur "la stratégie de la peur" en utilisant les thèmes de l'immigration et de l'islam, et de vouloir entrer en compétition avec le Front national en vue de la présidentielle.
"Il n'aura pas fallu trois minutes hier au président de la République pour qu'il nous dise, une nouvelle fois, que le loup nous guette, qu'il est là, qu'il a pour nom le terrorisme, l'islamisme, l'immigration, et que, quand le loup nous guette, il y a un berger (Nicolas Sarkozy) qui nous protège", a déclaré M. Hamon lors du point de presse hebdomadaire.
"La réalité, c'est qu'à chaque fois que le président de la République use de cette méthode consistant à faire peur aux Français (...), le résultat est le même. C'est Marine Le Pen qui prospère. C'est le Front National qui prospère", a-t-il poursuivi, en critiquant le projet de débat sur la place de l'islam en France, souhaité par le président.
"Marine Le Pen ira au bout de ce débat et engrangera les dividendes électoraux", a estimé M. Hamon. "Il y a une volonté de faire de l'islam et de l'immigration le coeur de la présidentielle", a-t-il ajouté, pointant une "compétition" entre l'UMP et le FN sur ces thèmes.
"A cette stratégie qui est une stratégie de la peur, les conséquences seront toujours les mêmes", a ajouté M. Hamon, estimant que la seule réponse aux "inquiétudes" des Français sur ces sujets était "le rappel de la laïcité".
La France "n'est pas l'ennemie des religions, qui doivent rester dans une démarche spirituelle sans aspiration à une quelconque emprise sur l'espace public. Il faudra réaffirmer ces principes-là, plutôt que de jouer sur la stigmatisation et les peurs, comme le fait le président de la République", a-t-il déclaré.
28/2/2011
Source : AFP
Si un pays a le plein droit de réglementer la migration et de contrôler les flux migratoires, les immigrés, eux, ont droit à la protection.
De tous les aspects liés à la question de l'immigration, l'aspect juridique est celui dont on parle le moins. Pourtant, il s'agit d'un élément clé pour appréhender les enjeux géopolitiques et socioéconomiques de l'immigration dans le monde. Pour faire la lumière sur l'évolution des lois et des politiques migratoires et leur impact sur la situation socioéconomique des immigrés du Maghreb Arabe, l'Observatoire des circulations migratoires et des espaces transfrontaliers a tenu, hier à Rabat, un colloque international sur le thème « Immigration, changement social et juridique au Maghreb».
Si l'accent a été mis sur la région du Maghreb, c'est parce que l'immigration Sud-Nord et même Sud-Sud y a pris de l'ampleur, au point de devenir dorénavant un «fait social et spatial majeur et inédit ». Certes, les lois relatives à la réglementation de l'immigration et à la gestion des flux migratoires sont intrinsèquement différentes d'un pays à l'autre, mais elles ont dorénavant un point commun : la tendance, constatée durant les dernières années chez les pays développés, à contrôler voire à freiner la migration à provenance du Sud. Une tendance qui trouve son explication dans les angoisses sécuritaires ravivées notamment par la montée en puissance du terrorisme.
Mais pas seulement. Hervé Le Bras, spécialiste en histoire sociale et démographie, évoque le «coût de l'immigration» qui sert souvent de prétexte pour durcir les politiques de migration dans les pays européens. «On a tendance à croire que les immigrés coûtent plus qu'ils ne rapportent. A vrai dire, cet argument a une grande résonance dans les pays développés et il est employé par les partis et syndicats qui s'opposent à l'immigration. Il s'agit d'un argument faux car partiel, en ce sens qu'il ne prend pas en considération l'ensemble du cycle de vie de l'immigré», explique M. Le Bras.
Aux antipodes de cette thèse soutenue surtout par les plus radicaux, d'autres voix plaident pour une plus grande ouverture des frontières face aux flux migratoires. Pragmatiques, les tenants de cette thèse arguent que l'Europe est un continent qui vieillit rapidement et que les immigrés, des jeunes pour la plupart, sont les seuls à pouvoir compenser ce vieillissement. « Encore une fois, il s'agit d'un raisonnement purement abstrait dont on ne peut voir les modalités concrètes de réalisation », analyse objectivement M. Le Bras. Car, pour parler chiffres, les pays industrialisés ont besoin pour compenser le vieillissement de leur population de pas moins de 5 milliards de jeunes immigrés ! «Les libéraux sont les seuls à avoir défendu l'ouverture complète des frontières, tout en soulignant la nécessité de protéger les nationaux», précise M. Le Bras. A juste titre, l'enjeu actuel consiste à trouver le juste milieu entre les droits des migrants et les droits de l'Etat. « La question à ce poser est la suivante : est-ce qu'il faut favoriser le droit de l'Etat à réglementer, à organiser et à sanctionner la migration, ou bien le droit des immigrés à être protégés ? En d'autres termes, nous sommes en face à un conflit entre les droits individuels et les droits collectifs », remarque Khadija Elmadmad, professeur de droit à Rabat et titulaire de la Chaire UNESCO "Migration et droits humains". Vue la perspective des pays du Maghreb arabe, la question migratoire revêt une importance grandissante.
Elle est devenue selon les organisateurs à la fois «un instrument de la diplomatie, une arme de négociation avec l'Europe, un enjeu régional, mais aussi un élément de politique intérieure ». D'où la nécessité de redessiner les équilibres avec l'Europe et entre les pays de la région maghrébine qui est devenue, par excellence, un espace d'immigration.
La migration Sud-Sud
L'immigration a longtemps été le fait de populations pauvres qui quittent leurs pays d'origine pour les pays industrialisés. Ce schéma est en train de changer même lentement, avec l'apparition, voire l'expansion de l'immigration sud-sud. Même les pays les plus pauvres de la planète, comme la Mauritanie, reçoivent des flux migratoires importants en provenance de pays sous-développés. A Nouakchott par exemple, les immigrés représentent 20% de la population et 30% à Nouadibou, la capitale économique. L'immigration dans ce contexte a ses particularités. Il s'agit d'une immigration qui n'est ni formalisée ni contrôlée par l'Etat, mais qui participe grandement à l'économie nationale. En atteste le fait que 30% des immigrés en Mauritanie montent leurs propres projets d'entreprises, allant de petites boutiques jusqu'à de grandes usines qui emploient la population locale. De ce fait, leur niveau économique est égal, voire supérieur, à celui des nationaux, parce qu'ils travaillent souvent dans les secteurs les plus importants de l'économie. Ces secteurs ne sont pas suffisamment investis par les autochtones et ont, dès lors, grand besoin du savoir-faire apporté par les immigrés. En ce sens, on parle d'une immigration créatrice de richesse et contribuant au développement économique.
28.02.2011, Meriem Rkiouak
Source : Le Matin
Innondations en Espagne
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