Trois chercheurs marocains ont reçu dimanche aux Emirats Arabes Unis le prix Ibn Battouta de littérature géographique.
Il s'agit du chercheur Adelkader Saoud pour son ouvrage-enquête "Anass As-sari wa as-sarib min aqtar al magharib".
Le deuxième Marocain primé est le chercheur Abdelhafid Malouki pour son livre"Holat Annasiria" de Abi Al Abbas Ahmed Ben Mohamed Darii.
Ce prix a été aussi décerné à Mme Naziha El Jabri pour son étude intitulée "Arihla As-safaria min Al Iitilaf Ila al-Ikhtilaf ".
Crée en 2003, le prix "Ibn Battouta" est attribué dans le cadre du projet "Irtiyad Al-Afaq" de la fondation culturelle arabe "Dar Souidi" du nom du poète Mohamed Ahmad Souidi.
Il récompense chaque année les meilleures annotations d'œuvres de récits de voyage, livres de géographie arabes et islamiques, ainsi que le meilleur ouvrage sur le récit de voyage contemporain.
Son objectif est de raviver l'intérêt porté à la littérature géographique et d'encourager les auteurs et écrivains arabes à publier leurs carnets de voyage.
Source : MAP
L'Action jeunesse du groupe de jeunes du Forum des alternatives Maroc (FMAS) a lancé, vendredi à Rabat, son premier projet de films documentaires intitulé "Regards croisés sur le patrimoine marocain".
Soutenu par l'Union européenne, le projet "Regards croisés sur le patrimoine marocain "est une initiative associative qui consiste à faire participer des jeunes, d'horizons divers, à la réalisation de films documentaires valorisant le patrimoine culturel marocain".
Après un appel à participation lancé par Action Jeunesse, 11 jeunes marocains ont été sélectionnés, a indiqué à la MAP, le coordinateur des projets du FMAS, M. Ghassan Wail Kermouni, ajoutant qu'ils ont participé à deux mois de formation en médiation interculturelle et en techniques du film documentaire.
Et de souligner que les trois films documentaires, de 26 minutes chacun, seront projetés en France et en Espagne, relevant que les activités de "Regards croisés sur le patrimoine marocain" s'insèrent dans le cadre de l'engagement d'Action Jeunesse pour la promotion d'espaces d'échange et de débat autour de thématiques d'actualités traitées par et pour des jeunes.
Ces thématiques, a-t-il expliqué, portent notamment sur "Patrimoine et création", "Patrimoine architectural" et "Patrimoine immatériel".
Sont associés à ce projet, le Centre cinématographique marocain, la Faculté des sciences de l'éducation, l'association Echange et Partenariat (France) et l'association Arquitectura compromiso social (Espagne).
Source : MAP
Le renforcement du dialogue et de la communication entre les institutions marocaines au Canada et les membres de la communauté marocaine établie dans ce pays a été au centre d'une rencontre organisée à Sherbrooke.
Lors de cette rencontre avec les membres de l'Association des Marocaines et Marocains de Sherbrooke (AMMS), l'ambassadeur du Royaume au Canada, Mme Nouzha Chekrouni, a affirmé que "de telles rencontres témoignent de la volonté réelle de toutes les institutions marocaines au Canada de renforcer les rapports de dialogue et de communication avec les membres de la communauté marocaine établie dans ce pays".
Mme Chekrouni, qui exposait à cette occasion, les évolutions politiques, économiques et socio-culturelles qui s'opèrent actuellement au Maroc, a indiqué que "les ressources humaines qualifiées constituent une richesse et un capital indéniables sur lesquelles le Royaume mise aujourd'hui pour la réalisation et la concrétisation de son projet de développement durable".
Lors de cette rencontre initiée, mercredi, par la Chambre de commerce de Sherbrooke et l'Office national marocain du tourisme, en partenariat avec l'Ambassade du Maroc à Ottawa, le Consulat général du Royaume à Montréal, la Royal Air Maroc et la Banque populaire, l'ambassadeur a également mis en relief la formation de haut niveau, le dynamisme, les compétences diversifiées, l'expertise remarquable et la bonne réputation dont jouissent les membres de la communauté marocaine dans les milieux officiels de la grande région de Sherbrooke.
A cet égard, Mme Chekrouni a appelé les membres de l'AMMS à mettre en place un comité de réflexion sur les actions à entreprendre pour soutenir la la stratégie gouvernementale visant la mobilisation des différentes compétences et expertises de la diaspora marocaine pour la création, depuis le pays d'accueil ou au Maroc, de projets opérationnels de partenariat et de réseautage capables d'apporter une valeur ajoutée aux divers chantiers initiés par le Maroc.
La diplomate a rappelé dans ce sens l'organisation les 20 et 21 novembre dernier à Fès, de la première université des compétences marocaines installées en Allemagne, et émis le souhait qu'une rencontre similaire soit organisée au cours de l'année 2010 au Maroc pour les compétences marocaines établies au Canada.
Elle a, par la même occasion, incité les membres de l'AMMS à réfléchir sur cette question et à s'impliquer pleinement dans la réalisation de ce projet, tout en soulignant "la disposition entière de l'Ambassade à coopérer avec les membres de l'AMMS et à accompagner les membres de la communauté marocaine installés au Canada dans la réalisation des objectifs escomptés".
Cette rencontre a été organisée à l'occasion de la journée de la promotion économique et culturelle du Maroc dans la grande région de Sherbrooke.
Source : MAP
Northless, 1er long-métrage du Mexicain Rigoberto Perezcano projeté, dimanche à Marrakech, dans le cadre de la compétition officielle de la 9ème édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), relate l'histoire d'Andrés, un jeune fermier du sud du Mexique, qui tente à plusieurs reprises de traverser illégalement la frontière pour joindre les Etats-Unis.
Venu d'Oaxaca, Andrés tente d'immigrer clandestinement aux Etats-Unis mais sa tentative est vouée à l'échec. Il retourne à Tijuana, où il se lie d'amitié avec deux femmes, Cata et Ela. Multipliant les petits boulots, Andrés est hanté par l'espoir de traverser la frontière ainsi que par la peur d'être attaché à Tijuana. Cata et Ela sont aux petits soins, mais cela ne suffit pas pour faire fléchir Andrés, qui tentera- en guise d'ultime tentative - de traverser la frontière, en échafaudant cette fois-ci des plans surréalistes.
Réalisé en 2009, Northless traite du thème du franchissement des frontières et de l'espoir d'une vie meilleure au nord. Grâce à une interprétation juste et précise de Harold Torres (Andrés), Sonia Couoh (Cata), Alicia Lagunes (Ela) et Luis Cardenas (Asensio), le film a fait bonne impression auprès du public présent.
Ce film de 94 minutes a d'ores et déjà été primé, notamment par la mention spéciale du jury à l'International Middle East Film Festival d'Abu Dhabi.
Né à Zaachila au Mexique, Rigoberto Perezcano est considéré comme l'un des réalisateurs les plus prometteurs de son pays, il compte à son actif le documentaire "XV en Zaachila", réalisé en 2002.
Quinze films de 15 nationalités différentes, dont 8 premières Âœuvres, sont en lice pour l'Etoile d'Or/Grand Prix, le Prix du jury et ceux des meilleures interprétations masculine et féminine de la 9ème édition du FIFM, qui prendra fin le 12 décembre.
Source : MAP
Cette nouvelle législation comprendra des dispositions sur la lutte contre le marché parallèle et d'autres sur la maîtrise de la main-d'oeuvre étrangère légale et illégale.
Le nouveau Code du travail sera axé sur la lutte contre le marché parallèle et la main-d'oeuvre étrangère illégale. C'est ce qu'a affirmé vendredi, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale.
Tayeb Louh a précisé, lors d'une conférence animée au siège de son ministère, que le projet du code en question comprendra des dispositions sur la lutte contre le marché parallèle et d'autres sur la maîtrise de la main-d'oeuvre étrangère légale et illégale. Il a ajouté que ce dernier prévoit également dans le cadre de la maîtrise de la main-d'oeuvre clandestine étrangère des mesures plus rigoureuses destinées à la rive nord de la Méditerranée.
«L'Algérie prévoit de prendre des mesures rigoureuses à l'encontre de la main-d'oeuvre étrangère dans la rive nord de la Méditerranée, qui conduiront cette catégorie à se diriger vers le Sud», a-t-il expliqué lors de cette conférence organisée à l'effet d'expliquer les dernières décisions de la tripartite. «La situation socioéconomique en Algérie connaîtra un développement considérable à l'avenir, ce qui fera de l'Algérie un refuge et un objectif pour l'immigration clandestine à l'effet de travailler», a-t-il précisé.
Aussi, le travail des enfants de moins de 16 ans constitue l'autre cheval de bataille du ministère.
A cet effet, plusieurs articles contenus dans ce code seront axés sur le rôle, les devoirs et obligations des parents de ces derniers.
Par ailleurs, d'autres dispositions seront également mises en place dans le cadre de la nouvelle législation du travail.
Il s'agit de l'interdiction de fumer dans les lieux de travail dans le souci de préserver la santé des employés, selon le premier responsable du secteur.
«Des clauses rigoureuses et fermes», a-t-il enchaîné, seront contenues dans le projet, notamment sur le harcèlement sexuel à l'encontre des femmes dans le milieu professionnel.
Il a ensuite souligné que le projet sera soumis au débat devant les partenaires sociaux du gouvernement.
A ce propos, le ministre a précisé que l'année 2010 sera «l'année du Code du travail qui fera l'objet du plus grand atelier de travail». Sur un autre plan, le ministre a indiqué que le projet de cette nouvelle législation regroupera tous les articles répartis actuellement sur différentes lois qui concernent les travailleurs et le monde du travail.
Le nouveau texte, a-t-il ajouté, sera adapté aux nouveaux développements socioéconomiques, dans le cadre «du respect des droits des travailleurs».
Sans oublier le «respect des normes convenues pour le développement des entreprises économiques afin de les rendre compétitives et de favoriser la création d'emploi et de richesse».
Enfin, M.Louh a affirmé que certaines dispositions de ce code seront amendées en concertation avec le patronat et les représentants des travailleurs, notamment au plan des salaires et du Snmg.
Source : L'Expression
Le gouvernement suisse a décidé vendredi 4 décembre de diviser par deux pour l'année prochaine les quotas de permis de séjour pour les travailleurs originaires de pays ne faisant pas partie de l'UE ou de l'AELE (réunissant outre la Suisse, l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège).
Le gouvernement helvétique a par ailleurs constaté "un net recul de l'immigration en provenance de l'UE" et a donc rejeté pour l'instant l'idée d'activer la "clause de sauvegarde" prévue par les accords conclus avec Bruxelles.
Pour les travailleurs venant de pays ne faisant partie ni de l'Union européenne, ni de l'Association européenne de libre-échange, "un maximum de 2.000 autorisations de séjour et 3.500 autorisations de séjour de courte durée pourront être délivrées (en 2010), moitié moins que pour l'année en cours", a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
Ces quotas pourront cependant être révisés en juin 2010, "en fonction de l'évolution de la situation".
En ce qui concerne les travailleurs en provenance de l'UE, les autorités helvétiques suivront "de très près l'évolution de l'emploi et de l'immigration" en provenance des pays européens et examineront "au printemps 2010 au plus tard l'opportunité d'invoquer la clause de sauvegarde spéciale au 1er juin 2010, prochaine échéance possible pour son activation éventuelle".
La ministre suisse de l'Economie Doris Leuthard avait indiqué, quelques jours avant d'être portée cette semaine à la présidence de la Confédération, envisager de faire jouer la clause de sauvegarde pour protéger le marché du travail helvétique de l'afflux de travailleurs de l'UE.
Dans des déclarations aux hebdomadaires dominicaux alémaniques SonntagsBlick et NZZ am Sonntag, Mme Leuthard avait estimé que le gouvernement suisse avait fait "une erreur" en décidant en mai dernier de ne pas actionner la clause dite de sauvegarde prévue par les accords de libre circulation avec l'UE, ce qui aurait permis de réintroduire des quotas de travailleurs européens.
De cette manière, "nous aurions pu tenir quelques milliers de personnes à distance du marché suisse du travail", avait jugé la ministre.
Selon les accords entre la Suisse et l'UE, les travailleurs peuvent venir travailler sur le territoire helvétique sans être soumis à un régime de quotas de permis de travail. Une clause permet cependant d'introduire des restrictions temporaires si l'immigration enregistre une hausse annuelle de plus de 10% par rapport à la moyenne des trois années antérieures.
Le chômage en Suisse a atteint en octobre son niveau le plus élevé depuis plus de quatre ans, passant à 4% pendant le mois sous revue contre 3,9% en septembre.
Source : AFP/Romandie news
L'ouvrage "We are all Moors" (Nous sommes tous des Maures), de l'universitaire marocain Anouar Majid, représente une relecture de l'histoire de l'expulsion des Morisques d'Espagne au 17ème siècle, tout en reliant cet évènement historique tragique et lourd de conséquences, au contexte actuel des minorités au sein des sociétés occidentales.
Dans ce livre, présenté jeudi soir à Washington en présence d'une pléiade d'intellectuels et d'universitaires arabes et américains ainsi que des ambassadeurs du Maroc et d'Espagne, l'auteur soutient que l'actuel débat acrimonieux sur l'immigration dans le monde occidental n'est en fait que la transposition du paradigme né du traitement auquel ont été assujettis les Maures et les Juifs après la chute de Grenade en 1492.
En 1609, le roi Philip III avait ordonné l'expulsion d'Espagne de tous les Morisques (Espagnols de descendance musulmane), dans une tentative de fonder un Etat-Nation "homogène" et éliminer les derniers vestiges de l'Islam de la péninsule ibérique.
"Il n'est pas possible de comprendre la question des minorités dans le monde contemporain, sans comprendre ce qui est arrivé aux Musulmans en Espagne durant cette période de l'histoire", explique dans un entretien à la MAP, Anouar Majid, dont la publication de son ouvrage coïncide avec la commémoration du quatrième centenaire de l'expulsion des Morisques de la péninsule ibérique.
Selon lui, ce n'est qu'en reconnaissant les liens entre les craintes actuelles relatives à l'immigration et à l'Islam et les croisades médiévales à l'encontre des Morisques, que l'on peut "rectifier des siècles de répression, tirer les leçons des drames du passé et trouver des attaches communes" en cette ère de mondialisation.
Car, ajoute-t-il, les Maures étaient devenus à cette époque un "élément de sacrifice" pour la création de l'Etat-Nation espagnol.
"Les Musulmans étaient au pouvoir durant une longue période en Espagne, mais avec la chute de Grenade en 1492, ils sont devenus minoritaires, et c'est cette stigmatisation en tant que minorité qui a permis l'émergence d'une identité espagnole moderne, fondée sur une communauté de religion, de langue et de race", relève encore Anouar Majid, par ailleurs fondateur et président du Center for Global Humanities à l'Université de la Nouvelle Angleterre, au Maine (Etats-Unis).
Cette situation, explique-t-il, est devenu "un paradigme pour l'émergence des Etats-Nations modernes, chacun avec ses propres minorités, sa propre langue et religion", relevant que les Maures sont devenus, de ce fait, "l'archétype des minorités dans le monde".
Abordant par ailleurs l'intitulé du livre "Nous sommes tous des Maures", Anouar Majid relève qu'il s'agit d'une manière de dire que "nous sommes tous des étrangers, tous différents", et que par conséquent il n'y a pas lieu de stigmatiser des minorités en raison de leurs différences culturelles, ethniques ou religieuses.
Le processus d'expulsion de près de 300.000 Maures d'Espagne, avait débuté en 1609, lorsque le roi Felipe III avait signé, le 9 avril de cette année à l'instigation du Duc de Lerma, le décret condamnant à l'exil les descendants des Musulmans d'Andalousie. Il avait pris fin en 1614 avec le départ des derniers Morisques du royaume de Castille. Mais le départ d'Espagne de la minorité Andalouse de confession musulmane avait commencé bien avant, après la chute de Grenade.
L'expulsion des Musulmans d'Andalousie deviendra systématique et sera ordonnée par la reine Isabelle La Catholique et le roi Ferdinand, avec la signature le 14 février 1502, d'un décret ordonnant l'expulsion des Musulmans de Grenade. Deux années plus tard, Isabelle allait promulguer un autre décret daté du 12 octobre 1504 et stipulant que la Guerre de Reconquête (Reconquista) n'avait pas pris fin avec l'occupation de Grenade et qu'elle se poursuivra par l'expulsion de tous les Musulmans.
Ce drame est considéré par les historiens comme l'un des pires "nettoyages ethniques" que l'Europe ait connu avant le 20ème siècle, conclut Anouar Majid.*
Source : MAP
Onze hommes ont été arrêtés et une policière légèrement blessée dans des échauffourées lors d'une manifestation contre l'islamisme organisée par un mouvement d'extrême droite samedi dans le centre de l'Angleterre, a annoncé la police locale.
Une policière de 29 ans a été transportée à l'hôpital après avoir été blessée au bras en tentant d'établir un cordon de sécurité autour de ce rassemblement de la Ligne de défense anglaise (EDL) dans la ville de Nottingham, selon la police de la ville, qui n'a déploré aucun autre blessé.
Près de 500 membres de l'EDL, un groupe marginal qui a organisé plusieurs manifestations contre l'islam radical ces derniers mois, s'étaient rassemblés dans le centre ville en chantant l'hymne national et des chants de supporters de football.
"Nous voulons récupérer notre pays", criaient notamment les manifestants, qui s'étaient pour beaucoup couverts le visage de foulards et de cagoules, en brandissant des pancartes barrées des slogans "Protégez les femmes, dites non à la charia" (loi islamique, ndlr) et "Résistance".
Une contre-manifestation à l'appel de l'Union contre le fascisme (Unite Against Fascism), a été lancée dans les environs, en dépit des appels de la police à quitter les lieux.
Les inquiétudes de la population britannique à propos des conséquences de l'immigration et de l'islamisme radical ont été soulignées cette année par le succès aux élections européennes du Parti national britannique (BNP), anti-immigration, qui compte pour la première fois deux élus au Parlement européen.
En septembre dernier, alors que le chômage au Royaume-Uni avait atteint un niveau jamais vu depuis 1996, la centrale syndicale britannique du Trades Union Congress (TUC) s'est alarmée d'une possible percée du BNP aux élections législatives attendues à la mi-2010.
Source : AFP
La Chambre de commerce de la ville canadienne de Sherbrooke vient de décider de mettre en place un nouveau comité basé sur l'économie interculturelle, dont la gestion a été confiée à une ressortissante marocaine en la personne de Mme Malika Bajjaje.
Ce nouveau comité, qui sera sous la responsabilité de la présidente du Festival des Traditions du Monde et membre du conseil d'administration à la Chambre de commerce de Sherbrooke, s'assigne comme objectif de mettre en contact des entrepreneurs afin d'aider à stimuler le développement économique entre la région de Sherbrooke et d'autres pays, dont le Maroc.
Dans une déclaration à la MAP, Mme Bajjaje a exprimé sa détermination à poursuivre sa mission. Son objectif premier, a-t-elle dit, est de mettre la lumière sur la communauté d'affaires immigrante et conséquemment de créer des activités pour faire découvrir aux entrepreneurs d'ici et d'ailleurs des opportunités d'affaires à Sherbrooke et dans des pays étrangers, dont le Maroc, et générer des liens économiques entre les cultures.
"La création d'activités innovatrices et entrepreneuriales dans la région canadienne et dans nos pays d'origine" est également l'objectif du comité de l'économie interculturelle, a ajouté la ressortissante marocaine.
Mme Bajjaje, qui était déjà impliquée dans l'action associative et communautaire au Maroc avant son arrivée au Canada en 1997, a rappelé sa volonté de poursuivre sa mission en arrivant à Sherbrooke et ce, en s'appliquant dans différentes activités interculturelles.
Nommée récemment administratrice à la Chambre de Commerce de Sherbrooke, elle préside aujourd'hui un nouveau comité interculturel favorisant l'implication de la communauté d'affaires immigrante.
Source : MAP
Dimanche dernier, les Suisses ont voté à une majorité de 57,5% l'interdiction des minarets. Cette votation a créé une grande émotion internationale, spécialement en France où la question vient percuter le débat sur l'identité nationale. Existe-t-il en Europe une recrudescence de la peur, voire de l'hostilité à l'égard de l'Islam? Cette votation est-elle le symptôme d'un malaise plus large? Les réponses de Gilles Képel, politologue français, spécialiste de l'Islam et du monde arabe, directeur de la chaire "Moyen-Orient Méditerranée" à l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris. Dernier ouvrage: Terreur et martyre (Flammarion).
"Un malaise suisse avant tout"
Faut-il interpréter la votation suisse hostile aux minarets comme un rejet des musulmans?
Je crois qu'il faut se garder de toute conclusion hâtive. Il me semble que ce référendum révèle une question qui tient davantage à la crise identitaire que traverse la Suisse qu'à un rejet des musulmans ou à l'expression d'un racisme particulier. La Suisse est bousculée à différents titres. Elle reste isolée dans ses montagnes. Autour d'elle le monde bouge. L'Europe est le théâtre d'un vaste processus d'intégration et d'élargissement. La Suisse n'y participe pas. Les habitants de ce tout petit pays assistent impuissants à ce mouvement. Ils ont le sentiment qu'un nouveau monde est en construction et qu'ils n'y participent pas. C'est très angoissant. Ce référendum est le signe d'un malaise suisse avant tout. Le parti populiste UDC a parfaitement exploité cette peur et le symbole du minaret. Il devient une menace car il supplanterait le traditionnel clocher... L'ennemi devient tangible. Le minaret est sa baïonnette. On se souvient de l'affiche de François Mitterrand en 1981 avec un clocher justement, incarnation de la force tranquille et de la France éternelle.
Est-ce vraiment un problème helvéto-suisse? Dans ce cas, comment expliquer que ce référendum ait eu des résonances dans toute l'Europe
En Italie, la Ligue du Nord, un parti populiste également, a tenté d'utiliser à des fins politiques ce résultat et d'importer le débat chez elle. Je ne vois pas de crise ouverte en Europe. Je ne crois pas que nous nous orientions vers une interdiction des minarets. La France est un pays laïc. Il n'est pas envisageable d'y interdire les lieux de culte d'une partie de la communauté nationale. Ce serait d'ailleurs totalement inconstitutionnel.
L'Europe n'éprouve aucune peur vis-à-vis de l'islam?
C'est une représentation de l'islam qui fait peur. Celle qui est véhiculée par des médias à la recherche de spectaculaire. De même que l'on met en scène des monstres en tout genre car cela fait plus d'audience, on préfère présenter des groupes extrémistes plutôt que des musulmans que nous fréquentons quotidiennement et qui s'intègrent parfaitement au mode de vie occidental.
«La France est un pays laïc. Il n'est pas envisageable d'y interdire les lieux de culte d'une partie de la communauté nationale»
C'est la faute aux médias?
En partie seulement. Je pense effectivement que les musulmans en Europe doivent trouver le moyen d'exprimer ce qu'ils sont réellement. Pour l'instant, ils laissent le champ médiatique à ceux qui veulent faire de l'islam une arme politique. Ceux qui sont dans des processus d'intégration devraient prendre la parole au nom de l'Islam. Or comme ils ne souhaitent pas être réduits à cette identité islamique, ils ne s'expriment jamais sur ce sujet. Ils laissent ainsi le terrain aux salafistes qui appellent à porter le niqab, le voile facial, ou la burqa, qui militent pour deux sociétés parallèles, étanches entre les musulmans et les infidèles, ou à des groupes encore plus radicaux qui prônent le djihad sur Internet.
N'est-ce pas le rôle du Conseil français du culte musulman (CFCM) en France?
Ce n'est pas le rôle qu'il joue. Il n'en a ni les moyens ni l'ambition. Il fédère des groupes minoritaires et rivaux.
Vous aviez participé à la commission Stasi qui a proposé l'interdiction du voile à l'école. Pensez-vous qu'il faille interdire la burqa?
Je ne le pense pas. Il faut déjà savoir de quoi l'on parle. Il y a très peu de burqas en France, c'est le vêtement des femmes afghanes avec un grillage devant le visage. Nous connaissons surtout le niqab. Je ne vois pas quels moyens juridiques peuvent interdire le port d'un vêtement. L'atteinte à la pudeur?
Que pensez-vous du débat sur l'identité nationale lancé par le gouvernement?
C'est une question très intéressante dans un pays comme le nôtre qui est une terre d'immigration. J'espère cependant qu'il ne correspond pas à des préoccupations électorales en vue des échéances régionales. Ce serait dommage et dangereux. On l'a vu en Suisse, les partis populistes sont prêts à exploiter toutes les peurs.
Source : Le Journal du Dimanche
Du 17 novembre au 18 avril, la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) à Paris présente «Générations : un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France». Une expo qui met l'accent sur la dimension artistique et intellectuelle de l'immigration, pour le plus grand plaisir des sens et de l'esprit.
Musique, littérature, cinéma, peinture et dynamisme intellectuel, social et politique. Voilà ce sur quoi insiste l'exposition originale «Générations» qui se tient actuellement à la CNHI. Pour la première fois, il s'agit de puiser au cœur même d'une histoire culturelle longue, complexe et souvent méconnue pour illustrer les émotions, l'imaginaire et le discours des Maghrébins en France. L'idée vient de l'association Génériques, créée en 1987 et spécialisée dans l'histoire et la mémoire de l'immigration, ainsi que dans la sauvegarde et l'inventaire des archives de l'immigration en France et en Europe par le biais d'activités aussi bien culturelles que scientifiques. Depuis 1992, Génériques a notamment réalisé l'Inventaire national des sources publiques et privées de l'histoire des étrangers en France de la Révolution française à nos jours, en partenariat avec le ministère de la Culture et avec l'appui de la Direction des Archives de France. L'objectif de l'exposition ? Retracer le processus d'enracinement de l'immigration depuis ses débuts - milieu du XIXe siècle - à nos jours, en mettant en avant le point de vue et les positionnements des populations concernées, de même que les itinéraires de personnalités et de personnages, sans oublier les dynamiques de conflit, de rencontre et de métissage.
Une scénographie originale. Pour ce faire, des sources étonnantes et variées ont été mobilisées : photos éblouissantes des Studios Harcourt, disques édités par la firme Pathé-Marconi, archives du ténor Mahieddine Bachtarzi, sons et images inédits de l'Ina, archives historiques de l'armée fournies. L'exposition se présente sous forme de ville-témoin, avec ses habitations et ses rues le long d'une sorte d'«avenue du temps», via des formes simples, sans exotisme, pour privilégier les contenus et mettre en valeur cette culture née de l'immigration maghrébine. Car pour le scénographe Pierre-Yves Chays, «le seul fait qu'elle soit là est déjà un événement». Une attention toute particulière est donc accordée aux supports culturels : morceaux de musiques et de chansons, extraits de discours, citations de poèmes et de récits de théâtre, affiches de films, documents audiovisuels. Sur le fond, l'exposition est structurée en six séquences suivant une progression chronologique : Fin XIXe siècle-1914 : La passion d'Abdelkader; 1914-1918 : La casquette et la chéchia; 1918-1945 : Les cheminements de la conscience, 1945-1962 : Idher-ed Waggur (Quand la lune paraît... Slimane Azem, 1955); 1962-1983 : L'exil blesse mon cœur, 1983 - .... : Cher pays de mon enfance. Selon Driss El Yazami, délégué général de Génériques, et Naïma Yahi, chargée de recherche à l'association, les points forts de l'exposition sont : «L'ancienneté de la présence maghrébine en France qui, contrairement à la perception commune, remonte au XIXe siècle», et surtout «la diversité des ressorts de l'immigration, réduite trop souvent à sa seule dimension économique. Celle-ci est évidemment centrale mais ne peut expliquer à elle seule l'ampleur des flux sur le siècle. Bien avant la sphère économique, l'institution militaire a joué un rôle déterminant dans l'enclenchement, le maintien et le renouvellement des vagues migratoires. Mais il y a eu aussi les arrivées des étudiants, des créateurs de toutes sortes, des exilés à la recherche de la liberté, etc... Il y a ensuite cette parole endogène des populations maghrébines de France qui court du tract au roman, de la pièce de théâtre à la chanson, du tableau de peinture à un film. Paroles belles et poignantes, plurielles, qui disent la révolte face à la colonisation et ses crimes, les affres de la séparation d'avec les siens, l'adhésion aux principes universels, la déception face aux promesses non tenues, la quête de la dignité et de l'égalité».1
L'historien Benjamin Stora insiste aussi sur le caractère novateur et les perspectives nouvelles qu'ouvre cette exposition : «Les études universitaires ou récits journalistiques sur l'immigration maghrébine en France ont jusqu'à présent trop souvent oscillé entre deux pôles : l'histoire sociale, avec les descriptions et analyses de l'exploitation sociale, et l'histoire politique, celle des organisations et des institutions [...]. Avec cette exposition, il est cette fois question d'une autre histoire, celle des intellectuels et artistes maghrébins vivant en France, du XIXe siècle à nos jours. [...] Le Maghrébin n'est pas simplement ce travailleur solitaire qui longeait les allées des cités ouvrières, il apporte aussi dans ses bagages des fragments de poésie ou des notes de musique du pays quitté qui, progressivement, viendront se diffuser dans la société d'accueil. [...] Dans toutes les résurgences du passé, les discours politiques servent à fabriquer des consensus lénifiants, avec une pratique mémorielle d'une trompeuse neutralité. L'exposition au contraire ouvre un champ d'investigation original dans la connaissance de l'histoire de l'immigration maghrébine [...]. Une histoire où tout affirme la nécessité d'un espace culturel et de création comme outil d'installation des familles immigrées dans la société française2».
Autour de l'expo. L'exposition offre par ailleurs un programme complémentaire très riche à travers une série de concerts (Kamel Hamadi, slam rock du groupe Harragas, hommages en musique à Ahmed Essyad et Lili Boniche), du théâtre («1962» de Mohamed Kacimi) et des événements littéraires (lecture de Kateb Yacine, festival Le Maghreb des films, table ronde sur «Les apports des auteurs maghrébins à la littérature française»).
Le cinéma n'est bien sûr pas en reste, avec la projection de plusieurs films : Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier, Pépé le Moko de Julien Duvivier, Peut-être la mer de Rachid Bouchareb, Le thé au harem d'Archimède de Mehdi Charef, Mektoub de Ali Ghalem, Inland de Tariq Teguia, Reinette l'Oranaise, le port des amours de Jacqueline Gozland et Harragas de Merzak Alouache, en avant-première à l'occasion de l'ouverture du festival Songes d'une nuit DV.
Des conférences sont prévues sur les thèmes «Migrations et chanson française», «L'immigration coloniale est-elle singulière ?» ou encore «Abdelmalek Sayad et la sociologie française de l'immigration», ainsi que des colloques : «Chanson kabyle en France et mémoire de l'immigration (1930-1974)», «Les juifs dans les migrations maghrébines à l'époque moderne et contemporaine : spécificités, échanges et recompositions identitaires.»
Ce dernier événement se tiendra à Essaouira les 18, 19 et 20 mars en présence d'El Yazami, également président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), du conseiller du roi André Azoulay et du président du Conseil consultatif des droits de l'homme Ahmed Herzenni. 3 Une belle initiative à inscrire aux agendas.
Source : Le Journal
Le camp ressemble au désert qui l'entoure. Entre les alignements sinistres de préfabriqués, empilés sur deux étages, aucune trace de vie hors celle des dromadaires qui longent les clôtures grillagées. Jusqu'à ce qu'apparaisse le gardien, indien. "C'est fini, lance-t-il. Le chantier a fermé il y a trois mois. Ils étaient 1 500 ici, d'Inde, du Bangladesh, du Pakistan ou de Turquie : ils sont tous rentrés dans leurs pays." Ils ont quitté Dubaï en ayant à peine aperçu les tours de la ville au loin. Premières victimes de la crise d'un monde dont ils étaient tenus à l'écart.
Dans ce désert, à plus de 50 kilomètres des extravagances de la cité, l'émirat s'imaginait un avenir de centre de la planète. Autour du futur aéroport international Jebel Ali, des zones d'entreprises et des quartiers résidentiels devaient former Dubaï World Central, nouvelle ville d'1 million d'habitants. Le camp de travailleurs avait été installé par le constructeur turc BayTur qui, en coentreprise avec la branche BTP du coréen Samsung, devait édifier ici un palais des expositions. De ce projet, soufflé par l'explosion de la bulle immobilière, il ne reste qu'une immense carcasse d'acier, à quelques centaines de mètres des baraquements désertés par les ouvriers de BayTur.
Dans le camp d'à côté, qui appartient à Samsung, les trois quarts des effectifs ont aussi été renvoyés chez eux. "Les responsables leur ont dit qu'ils les feraient revenir dès que le chantier reprendra", affirme, sans trop y croire, un ouvrier bangladais. Ceux qui restent ont été réaffectés à un autre chantier délirant, celui de Palm Jebel Ali. Pour ce palmier de sable, tracé dans les eaux du Golfe, le groupe coréen a signé un contrat avec Nakheel, la société empêtrée dans sa surenchère de projets démesurés, à l'origine de la demande de moratoire sur la dette de sa maison mère, Dubaï World. Mais les ouvriers ne se font pas d'illusion : en bout de chaîne, ils paieront aussi les excès de cette compagnie. "Dans deux mois, au plus tard, le chantier sera aussi interrompu, dit l'un d'eux. On dit que cela fait neuf mois que Nakheel n'a pas payé Samsung."
Pour autant, ils ne se plaignent pas : leur employeur a continué à les payer, les repas ne sont pas déduits de leurs salaires. Certains espèrent, après l'ordre de départ, être recasés dans le dernier chantier local de Samsung, à Abou Dhabi. La plupart, toutefois, résignés à l'idée de devoir rentrer au pays, évoquent avec envie les ouvriers du chantier de l'aéroport qui, eux, continueraient à travailler.
Ceux-là ne se trouvent que quelques kilomètres plus au sud. Derrière une dune artificielle apparaît l'équivalent d'une petite ville, entièrement composée d'hommes, comme écrasée par la chaleur, la misère et l'ennui. Les alignements de "labor camps" y sont entrecoupés par des parkings de camions ou des dépôts de matériel, parfois des commerces d'alimentation ou des restaurants installés à la va-vite, et quelques mosquées en tôle. Des dizaines de milliers de petites mains de l'aéroport vivent là, toutes dans des "boîtes à loger" climatisées qui abritent chacune six personnes en trois lits superposés et une quinzaine de mètres carrés.
Les salaires varient selon les camps. Chez ETA Ascon, un groupe émirati, un électricien peut gagner 1 400 dirhams (255 euros) mensuels, un plombier 1 200, desquels il faut soustraire 160 dirhams pour la nourriture. Certaines revendications des grèves de 2007 semblent avoir été entendues : dans tous les camps visités, les ouvriers sont payés par virement sur leur compte et peuvent utiliser une carte. Mais partout, au mépris des consignes, les employeurs ont conservé l'habitude de retirer leur passeport aux travailleurs. Ceux-ci ne conservent que leur permis de travail.
Et, contrairement à ce que l'on croyait chez Samsung, la crise n'a pas épargné le peuple de l'aéroport. Le chantier s'est considérablement ralenti, ces derniers temps. Un quart des camps semble s'être vidé de ses occupants, dont l'un des plus importants, qui abritait, selon un gardien, 3 000 personnes avant que les contrats de travail soient brutalement interrompus, en février. Dans un autre, presque insalubre, les salaires ne sont plus versés depuis quatre mois. "On ne nous donne que des bons d'alimentation pour nous ravitailler", dit un ouvrier philippin qui attend la fin de son contrat dans l'espoir de trouver un meilleur employeur.
Plus loin, au bord de la route, un homme accroupi à l'ombre d'un bus, qui refuse de révéler sa nationalité et son employeur par peur d'être repéré, affirme que son choix est fait : "S'ils ferment le camp, je ferai tout pour ne pas rentrer. Je ne peux pas. Dans ma famille, ils attendent des cadeaux et de l'argent, et je n'ai presque rien gagné."
Il se dit prêt à rejoindre le nombre, sans cesse croissant depuis le début de la crise, de clandestins restés à Dubaï sans permis de travail. La plupart y ont été contraints parce qu'ils n'ont pu récupérer leurs papiers auprès de leurs employeurs. Beaucoup vivent de petits boulots chez des particuliers et, vulnérables, se retrouvent encore plus exploités que dans les camps.
Source : Le Monde
L'univers architectural italien avec des dimensions variées alternant éléments décoratifs divers a été savamment mis en scène dans l'exposition ''les architectes italiens au Maroc du début du Protectorat français à aujourd'hui'', dont le vernissage a eu lieu, jeudi soir aux anciens abattoirs de Casablanca.
Au premier contact avec l'exposition qui se poursuivra jusqu'au 10 décembre, les admirateurs de l'art acceptent spontanément de se laisser embarquer pour un voyage attrayant dans l'univers architectural italien, investi par des artistes de grande renommée, tels Aldo Manassi, qui avait construit les immeubles Tazi et Benaroche sur la Place du 16 novembre et l'immeuble du cinéma Empire, les frères Pediconi, concepteurs de l'école italienne de Roches noires, aujourd'hui transformée en centre de formation et Domenico Basciano qui avait participé avec Jean-François Zevaco à de grands projets tels l'aérogare de Tit Mellil. Ce dernier, âgé aujourd'hui de 98 ans, vit entre l'Italie et le Maroc.
Organisée dans le cadre du projet "Convergences méditerranéennes", par le Consulat général d'Italie à Casablanca, en partenariat avec l'association "Casamémoire'' et l'association "Dante Alighieri'' de Casablanca et l'Institut Italien de Culture de Rabat, l'exposition qui comprend une vingtaine de panneaux illustrés de cartes postales anciennes, d'anciens documents, de photos, de plans et de dessins, a pour objet la mise en valeur du patrimoine architectural de la capitale économique et de plusieurs autres ouvrages réalisés par des architectes italiens dans d'autres villes du Maroc, tels les stades de Marrakech et d'Agadir.
Elle vise également, selon le consul général d'Italie, M. Nicola Lener, à valoriser la contribution des ingénieurs, architectes et entrepreneurs italiens au développement du patrimoine architecturel de Casablanca au cours du XXème siècle. "Cette manifestation traduit la volonté du ministère des Affaires étrangères italien à valoriser le travail des architectes italiens, qui se sont adaptés au contexte architectural local en y apportant des touches et des modèles propres à leur terre natale'', a-t-il dit.
A rappeler que le nombre d'Italiens au Maroc avoisinait les 25.000 jusqu'au début des années 70. Aujourd'hui, ils ne représentent que 2.000 personnes, dont la moitié vit à Casablanca.
Le vernissage de cette exposition s'est déroulée en présence de l'Ambassadeur d'Italie à Rabat, M. Umberto Lucchesi Palli, du Consul Général d'Italie à Casablanca et de nombreuses personnalités du monde de l'art et de la culture.
Source : MAP
La crise économique mondiale n'a eu que peu de conséquences sur les opinions publiques des pays occidentaux envers l'immigration, révèle un sondage.
Selon un sondage réalisé aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas, la crise économique mondiale n'a eu que peu de conséquences sur les opinions publiques des pays occidentaux envers l'immigration. Dans ces huit pays, l'économie reste le sujet le plus préoccupant, mais l'immigration arrive en deuxième position en Grande-Bretagne et en Italie. (Reuters/Andrew Parsons)
L'enquête, publiée jeudi, a été réalisée aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas.
Dans ces huit pays, l'économie reste le sujet le plus préoccupant, mais l'immigration arrive en deuxième position en Grande-Bretagne et en Italie.
La moitié des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête supervisée par le German Marshall Fund, un groupe de réflexion américain, considèrent que l'immigration est plus un problème qu'une opportunité. Les sondés de cet avis étaient un peu moins nombreux l'an dernier.
"La crise économique n'a pas eu beaucoup d'effet sur le comportement moyen", observent les auteurs de l'étude. L'inquiétude au sujet de l'immigration n'a que légèrement progressé dans les pays dont la situation économique s'est dégradée l'an dernier.
Cette faible progression tient peut-être au fait que la crise a brutalement ralenti les flux migratoires, avance le groupe de réflexion. Elle est toutefois beaucoup plus importante parmi les sondés qui se disent proches du centre-droit.
COMPOSANTE "POTENTIELLEMENT BÉNÉFIQUE"
L'enquête montre de fortes disparités suivant les pays.
Français et Allemands souhaitent majoritairement laisser aux clandestins la possibilité de régulariser leur situation, alors que l'opinion contraire l'emporte en Grande-Bretagne et en Italie.
Les mêmes disparités apparaissent dans l'appréciation de l'action gouvernementale face à l'immigration. La plupart des Américains, des Espagnols et des Italiens la désapprouvent, tandis qu'une majorité d'Allemands, de Canadiens et de Néerlandais en sont satisfaits, tout comme 50% des Français.
L'Organisation internationale des migrations évalue à 214 millions le nombre d'immigrés dans le monde, ce qui représente 3% de la population totale.
"L'immigration est l'un des faits majeurs du XXIe siècle. Il s'agit désormais d'une composante essentielle, inéluctable et potentiellement bénéfique de la vie économique et sociale de chaque pays et de chaque région", lit-on sur son site internet.
L'Italie, qui a enregistré l'an dernier une hausse de 75% des arrivées par rapport à 2007, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, s'est lancée dans une opération de lutte contre l'immigration clandestine et la Grande-Bretagne a durci les contrôles dans les ports français, tout comme les Etats-Unis à la frontière mexicaine.
En France, en Espagne et en Italie, les trois pays méditerranéens concernés par l'enquête, une majorité juge les mesures d'aide au développement plus indiquées que le renforcement des contrôles aux frontières.
L'enquêté a été réalisée entre le 1er et le 17 septembre auprès d'un millier de personnes dans chacun des pays. La marge d'erreur est évaluée à 3%.
Source : L'Express.fr
Onze syndicats et associations appellent le gouvernement français à débloquer le dossier des 5.400 travailleurs sans papiers en grève depuis le 12 octobre dans une quarantaine d'entreprises.
Ils demandent notamment que le ministre du Travail Xavier Darcos, et non plus celui de l'Immigration Eric Besson, se saisisse d'un sujet qui a conduit le gouvernement à multiplier les annonces, sans vraiment bouger sur le fond.
"On a pas envie d'un débat idéologique. Ces travailleurs bossent ici, il faut qu'ils restent ici", a résumé Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT, lors d'une conférence de presse commune.
Annick Coupé, de l'union syndicale Solidaires, a renchéri : "Nous ne lâcherons pas", a-t-elle dit.
Eric Besson a récemment publié une circulaire visant à clarifier les critères de régularisation des travailleurs sans papiers, ce qui pourrait, selon lui, régler la situation d'un millier d'entre eux.
Mais les organisations ne se satisfont pas d'un document "vide et flou" qui comporte à leurs yeux un document annexe sans valeur juridique.
"Est-ce, de la part d'un ministre qui a parlé de mariages gris, un droit gris ?", a ironisé le président de la Ligue des droits de l'homme, Jean-Pierre Dubois.
La circulaire "laisse une très large marge d'interprétation aux préfectures, dont l'arbitraire avait précisément été à l'origine du conflit", soulignent les cinq syndicats (CGT, CFDT, FSU, Unsa, Solidaires) et les six associations (Ligue des Droits de l'Homme, Cimade, Autremonde, Femmes Egalité, RESF, Droits Devant!!).
DÉSACCORD ENTRE DARCOS ET PARISOT
Tous jugent inacceptable que la durée du séjour soit fixée arbitrairement à cinq ans et que les Algériens et les Tunisiens soient exclus du champ d'application du texte.
Plus largement, les associations considèrent qu'il ne s'agit pas d'un problème d'immigration mais d'un conflit du travail pour des travailleurs que leur situation prive d'une partie de leurs droits.
Jean-Pierre Dubois a souligné le décalage entre les sondages montrant qu'une majorité de Français soutenaient les travailleurs sans-papiers et les positions du gouvernement, qui dit refuser toute régularisation massive.
"Les travailleurs sans papiers ont déjà remporté une victoire qui est celle de l'opinion publique", a-t-il dit.
Le président de la LDH a vivement reproché à Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, d'avoir prôné, selon lui, l'expulsion de tous les travailleurs sans-papiers. "Il sait très bien que c'est infaisable. Les travailleurs ont des droits dans ce pays."
La CGT, qui presse le patronat de se pencher enfin sur le dossier, menace de son côté de publier la liste des entreprises employant des sans-papiers. "Nous souhaitons rencontrer les employeurs et le Medef", a insisté Francine Blanche.
Xavier Darcos, le ministre du Travail, avait menacé de fermer les entreprises qui emploient les sans-papiers avant de préciser qu'il évoquait uniquement celles qui sont organisées autour de la fraude.
Laurence Parisot, la présidente du Medef, a estimé que ce dossier ne concernait pas les entreprises, mais l'Etat, qui doit "assumer la responsabilité de justice et de police".
Source : L'Express.fr
C'était prévisible. La polémique initiée en Suisse il y a quelques mois sur les minarets musulmans et sanctionnée par une votation à l'issue alarmante s'est désormais invitée en France.
Bien que chacun se plaise à affirmer que la question ne se pose pas chez nous, le fait est qu'on en parle de façon assourdissante, dans un contexte saturé par le débat sur l'identité nationale. Ce dernier, au lieu d'évoluer vers une interrogation sur les fondements du vivre ensemble, a plutôt tendance à brouiller les esprits en mélangeant immigration et identité, et en faisant de la menace de l'altérité le cœur de la question.
En France, il est aujourd'hui évident pour tout le monde - et les faits divers érigés en causes nationales sont là pour le prouver- que l'islam et ses expressions sont devenus une préoccupation centrale. La pérennisation d'une religion toujours assimilée dans l'imaginaire collectif, au mieux à la religion des « pauvres immigrés », au pire à une présence exogène illégitime, semble interroger partout en Europe.
Que s'est-il donc passé en Suisse ? Peur véritable et irraisonnée de l'islam? Xénophobie intempestive dans une confédération de cantons dont chacun se montre très sourcilleux sur son identité fédérale helvétique? Il semble qu'il existe une volonté largement partagée de maintenir la Suisse dans une identité historique chrétienne sur-imaginée, en refusant l'installation trop visible d'une religion réputée « concurrente » et agressive.
En cela, la Suisse est semblable aux autres pays européens, qui souvenons-nous, s'étaient longuement interrogés, lors de la rédaction de la Constitution Européenne, sur la nécessité de rappeler en préambule les « racines judéo-chrétiennes » de l'Europe. Interdire les minarets suisses au moment même où dans certaines régions d'Italie a été rendu obligatoire la présence d'un crucifix dans les salles de classes est plus que révélateur d'un malaise véritable.
L'initiative de la votation populaire suisse est venue, on le sait, d'une formation populiste de droite, l'UDC. Tous les autres grands partis, le gouvernement, les Eglises comme la communauté juive, ont dit leur hostilité à la demande d'interdiction de la construction des minarets. Cependant, plus de 57 % des votants ont écouté davantage les sirènes xénophobes que les autorités gouvernementales et religieuses du pays, sans forcément se rendre compte qu'un pareil vote entrerait en contradiction totale avec la prétention de représenter un modèle de démocratie et d'ouverture que ce pays a eu depuis toujours. En votant ainsi, les citoyens suisses savaient néanmoins très bien que la démocratie qu'ils aiment est une démocratie « entre soi », et qui est justement par excellence l'attitude qui étouffe nos sociétés aujourd'hui et les rend sourdes à la curiosité que devrait éveiller la présence et surtout la conscience de nos concitoyens dans leur altérité la plus apparente.
Alors certes, on dira qu'il ne s'agit pas de l'interdiction de la construction de mosquées, et qu'il peut y avoir des mosquées sans minaret. Mais le symbole du minaret est devenu un signe fort de reconnaissance chez les fidèles musulmans, et autoriser les mosquées en interdisant les minarets, c'est un peu comme autoriser les églises en interdisant les clochers, voire, les croix. Dans tous ces lieux de culte, l'on n'est guère « obligé » d'avoir autant d'ornements (croix, clochers, minarets, esplanades, piliers, et bien d'autres encore), mais les croyants ont besoin de cela, car il ne s'agit pas seulement de pratiquer sa religion, mais de « jouir » de cette pratique lorsque l'on se trouve dans un lieu de culte.
Les campagnes d'affichage qui ont été organisées ces derniers mois en Suisse en faveur de l'interdiction de construire des minarets n'ont pas fait dans la dentelle et n'ont pas craint de montrer un visage ouvertement raciste. On ne saurait oublier, par exemple, cette affiche représentant trois moutons blancs sur fond de drapeau suisse, dont l'un expulsait d'une ruade un mouton noir indésirable...
Passons sur les représentations caricaturales que l'on se fait parfois de l'islam et qui nourrissent des discours aux sonorités xénophobes, voire racistes. Revenons simplement à la question de la présence de l'islam en Europe, de son implantation, de sa patrimonialisation. Parce que finalement, les mosquées, les minarets ou les cimetières ne sont rien d'autre que le signe d'une inscription, d'un enracinement durable sur le sol européen.
La question que se pose l'Europe, c'est donc celle de l'adoption d'une altérité qui serait -qui est déjà- endogène et non plus exogène. Telle est la principale question. Elle est rendue d'autant plus polémique que l'on superpose aujourd'hui en France l'identité civique et politique d'une part, l'identité culturelle d'autre part. Il semble que l'on ne sait guère plus distinguer entre les deux, et ce n'est pas un hasard si le ministère de l'Immigration s'occupe du sujet de l'identité nationale.
L'identité nationale n'est pas un tabou, mais exige des précautions aujourd'hui largement ignorées. Le peuple suisse a le droit de se laisser bercer par les histoires légendaires qui racontent son passé. Mais la vérité de ce pays est autre chose que le geste héroïque de Guillaume Tell avec son arbalète. La Genève d'aujourd'hui n'est plus celle de Calvin. Comme les pays européens qui l'entourent et à la vie desquels elle participe de plus en plus, la Suisse est devenue une terre de mélange. L'islam fait désormais partie de sa réalité. Le nier, c'est refuser de s'accepter telle qu'elle est. C'est s'enfermer dans une identité rêvée, une identité sclérosée. Dans le monde qui est le nôtre, celui du « grand village planétaire », il est enfantin de croire que l'on peut exister en se définissant contre les autres, comme il est insensé de penser que l'on peut se réfugier dans des « cuirasses identitaires » pour mettre des frontières imperméables entre soi et les autres.
Les Français seraient tout aussi inconscients de croire que leur identité est un héritage du passé qu'il suffirait d'exhumer et de réaffirmer avec force de siècle en siècle. Car la France n'est plus ce que certains imaginent : en observant la société telle qu'elle est, on mesure en effet le décalage entre ce que la France est et ce qu'elle croit ou dit être. Une véritable distorsion apparaît entre l'existant (une France de plus en plus métissée), et la France telle que la rêvent certains français nostalgiques d'une société mono culturelle et mono confessionnelle. C'est de ce décalage que provient le trouble actuel qui met les citoyens dans une situation si inconfortable.
« Qui sommes-nous ? » Acculée par un agenda politique frénétique, toute la société se retrouve à devoir répondre ici et maintenant à une question très difficile, qui mériterait de prendre en compte toutes les nuances complexes qu'elle recouvre, et qui sont loin d'être à la portée de tous.
Plutôt que le « Qui sommes-nous » posé, il faudrait parler de « Que devenons-nous ? ». En effet, l'identité française, comme toute identité, a une dimension historique qui correspond à sa dimension narrative : notre histoire est celle que nous nous racontons.
Cette dimension narrative est essentielle, parce que de même que s'élargit nécessairement, au gré des mouvements humains, l'image que l'on a de soi, il faut élargir le récit que l'on fait de soi.
Certaines crispations identitaires n'existent que parce qu'ont été ignorés tous les récits dont nous ne voulons plus, que nous n'aimons plus. Aujourd'hui, le défi, l'urgence, la nécessité, est de les réhabiliter, mais en ne le faisant pas seulement dans une sorte de souci de reconnaissance. Il faut les réhabiliter dans le but de recréer le grand récit épique qui fonde tout destin national collectif. Il nous faut écrire un grand récit épique, de notre temps, prendre appui sur des moments capables de faire émerger un récit commun. Les récits inachevés doivent être repris autrement, et devenir ainsi des occasions pour nous de nous raconter autrement. C'est en ce sens que l'identité, en prenant appui sur un passé ouvert et pluriel, est porteuse de ponts jetés vers l'avenir.
Outre la dimension du récit, l'identité prend en compte la dimension de la mémoire. L'histoire de la France se raconte grâce à une polyphonie de mémoires qui l'ont traversée, et qu'il faut reconnaître comme parts d'une identité plurielle. Les Français ont passé à la trappe de l'oubli toutes les histoires venues se jeter comme des rivières dans le fleuve de cette histoire de France, pour parler aujourd'hui d'« héritage ». Il ne s'agit pas de dire que certains sont héritiers et d'autres non. L'identité suppose une éthique politique commune. Est héritier celui qui veut œuvrer en vue de prendre en charge ce passé commun.
Le défi aujourd'hui est de parvenir à élargir la mémoire française. C'est par cet élargissement de sa mémoire, dans laquelle la France ne peut que se reconnaître, qu'il sera possible de mettre en évidence son identité plurielle, et de l'accepter bien mieux qu'elle ne le fait aujourd'hui. Il serait urgent de redécouvrir ces cours d'eau venus se jeter dans ses méandres et qui peu ou prou participent de son importance et de sa grandeur. L'identité française n'est pas plus figée que l'identité des individus qui composent ce pays.
Enfin, c'est finalement aussi une question de promesse. L'identité nécessite de prendre appui sur le passé (mémoire, récits), mais elle doit être porteuse de promesses vers l'avenir. Alors, que se promet-on de bon et de juste à faire ensemble? Comment est-ce que nous allons nous projeter vers demain, ensemble? Pour autant, il est un fait que «ensemble » ne veut pas dire unanimement. Même si l'on n'est pas tous d'accord, ce dont chacun doit prendre conscience urgemment est qu'il est nécessaire cependant de construire ensemble, car nous n'avons pas d'autre choix. Ce qui importe, c'est seulement et surtout de travailler à la formulation de promesses valables pour tous et qui soient à hauteur des défis qui nous attendent. Et ils sont nombreux.
On ne le répétera jamais assez : est héritier celui qui a la volonté d'œuvrer en vue de prendre en charge ce passé commun, mais aussi ces promesses communes, et qui est disposé à élargir la surface de ce dont il va hériter un jour.
Source : Médiapart.fr
Claudine Attias-Donfut est sociologue, directrice de recherche à la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV). Elle vient de publier, avec François-Charles Wolff, Le Destin des enfants d'immigrés, un désenchaînement des générations (Stock). Cet ouvrage rend compte d'une enquête menée auprès de 6 200 immigrés de toutes nationalités, âgés de 45 à 70 ans, qui ont également été interrogés sur le destin de leurs enfants. Ce travail bat en brèche un certain nombre d'idées reçues sur les immigrés et l'intégration scolaire et professionnelle de leurs enfants.
Vous montrez, dans votre enquête, que les enfants d'immigrés sont, en grande majorité, sur la voie de la réussite...
Effectivement. Les enfants d'immigrés réussissent bien à l'école, comparativement au reste de la population. Dans les catégories sociales les plus défavorisées, ils réussissent même mieux que ceux des autochtones. La migration joue un rôle d'aiguillon : le projet migratoire parental doit s'accomplir dans la réussite scolaire et l'intégration des enfants. Chez les immigrés, il y a un désir très fort de mobilité sociale, de s'élever au-dessus de sa condition.
Peut-on dire globalement que l'intégration des enfants d'immigrés est réussie ?
Si on prend le critère de la réussite scolaire, oui. Mais cela ne suffit pas, on le voit avec l'intégration professionnelle, où les résultats sont plus nuancés. Ainsi, parmi les diplômés, les enfants d'immigrés ont plus de risques de chômage. En revanche, il n'y a pas de différence entre les taux de chômage des enfants d'immigrés non diplômés et ceux du reste de la population dans la même situation.
Encore ne faut-il pas généraliser. Dans leur ensemble, les Portugais ont un taux de chômage inférieur à la population française. Notre enquête fait apparaître un taux de chômage un peu supérieur chez les Algériens et les Marocains, mais pas chez les Africains, les Tunisiens et les Turcs. Ce qui tend à montrer que le taux de chômage n'est pas nécessairement dû qu'à la discrimination : il peut aussi s'expliquer par d'autres facteurs, notamment par le choix de la filière suivie.
Quelle est la part des discriminations dans ces barrières à l'emploi ?
Le phénomène n'est pas aussi général qu'on le pense. Lorsque l'on demande aux personnes si elles ont eu le sentiment d'avoir été discriminées en fonction de leurs origines, une majorité répond "jamais". Ceux qui déclarent le plus souvent être discriminés, tout en restant minoritaires au sein de leur groupe, sont les Africains de l'Afrique subsaharienne, puis, dans des proportions équivalentes, les Maghrébins et les Asiatiques.
Le vécu de la discrimination n'est pas aussi répandu qu'on pourrait le croire, mais il est aussi parfois minimisé par les intéressés. Les jeunes, notamment, ne se vivent pas dans la victimisation. Il existe certes des cas de discrimination dure, pouvant aller jusqu'à des violences. Mais le vécu d'expériences positives, par le biais de rencontres avec des personnes tolérantes, contribue grandement à atténuer le sentiment global de discrimination.
Vous avez également enquêté sur le sentiment d'appartenance des immigrés de la première génération...
Le sentiment d'appartenance à la communauté française est important chez les immigrés de première génération même pour ceux qui n'ont pas acquis la nationalité française. Il n'est pas circonscrit à la citoyenneté, il est fondé sur la participation à la vie sociale, à la culture, à la langue.... La protection sociale est également un facteur important d'adhésion à la France, comme l'expriment les immigrés retraités : la reconnaissance d'une vie de travail par la perception d'une pension de retraite donne un sentiment d'appartenance à la société. Les valeurs de solidarité, de justice et d'égalité qui se jouent à travers la protection sociale sont de puissants facteurs d'intégration.
L'identité nationale ne se réduit donc pas au fait d'avoir la nationalité ?
Non, même si la carte d'identité renforce incontestablement le sentiment d'identité nationale. L'identité nationale n'est pas univoque, elle est polymorphe. Il y a plusieurs appartenances. Pour les immigrés de première génération, certains se sentent d'abord appartenir aux pays d'origine puis en second lieu à la France, pour d'autres, c'est l'inverse. D'autres encore, notamment parmi les Européens, se disent avant tout citoyens de l'Europe. Il est frappant de voir que l'adhésion à l'identité française est plus importante chez les immigrés non européens que chez les Européens. Ils aspirent fortement à participer à la communauté française.
Pour les enfants, en revanche, appartenir à la France va de soi. Etre intégré peut se jouer de différentes façons. Cela peut vouloir dire vouloir être reconnu au même type que n'importe quel autre Français. Ou être intégré sans être nié dans ce que je suis, dans ma culture d'origine.
Dans votre enquête, vous montrez que la grande majorité des immigrés ont le sentiment d'être sur le chemin de l'ascension sociale par le biais des générations qui leur succèdent. Deux catégories font pourtant exception, une partie des Algériens et des Noirs africains...
L'ascension sociale chez les Algériens est très nette. Ce n'est pas forcément le cas chez les Africains, du fait qu'une grande partie de l'immigration est issue des élites urbaines qui, une fois en France, ne retrouvent pas leur statut. Ce sont les seuls à avoir un taux d'ascension sociale plus faible que les autres immigrés. C'est en outre un problème pour l'Afrique, qui se vide de ses élites.
Algériens et Africains se rejoignent en revanche sur le sentiment de déclassement réel ou vécu comme tel, mais pour des raisons très différentes. Chez une partie des Algériens, c'est l'héritage de la guerre d'Algérie et des relations tourmentées entre la France et l'Algérie qui pose problème. Ce passé ne passe pas et suscite un ressentiment à l'égard de la France, le sentiment de ne pas être aimé.
Dans le cas de l'Afrique noire, les séquelles de la colonisation sont moins vives. Mais on observe un grand décalage dans les modes d'éducation et les structures familiales entre l'Occident et l'Afrique. L'éducation en Afrique est l'affaire de la famille élargie et du groupe : les parents n'ont pas le rôle exclusif de l'éducation. Le rapport entre enfants et adultes est très différent, soumis à une discipline stricte et un respect absolu des aînés. Les Africains sont scandalisés par la façon dont les jeunes sont éduqués en Occident. Pour les enfants, se retrouver entre ces deux modèles éducatifs peut être très perturbant.
Que vous inspire le débat sur l'identité nationale ?
Je doute de son opportunité. Lancer un tel débat implique que l'on vivrait une crise identitaire, ce qui, de mon point de vue, n'est pas le cas. Il existe certes des problèmes réels dans ce qu'on appelle les zones sensibles, et il est urgent de les résoudre. Mais on a tendance à les généraliser à tort à tous les immigrés et à leurs enfants, ce qui alimente les peurs. A trop insister sur les difficultés des immigrés, que ce soit pour les accabler ou pour les victimiser, on occulte la réalité de l'intégration, somme toute très banale, de la très grande majorité d'entre eux.
Il serait plus utile de débattre de notre modèle d'intégration. A mon sens, il faut tourner le dos à l'idée d'assimilation des étrangers, qui nie les différences et l'identité de chaque personne dans son appartenance. Il faut conserver l'esprit de l'intégration à la française en reconnaissant l'existence d'identités multiples. Améliorons l'enseignement de la langue française, préservons le creuset de l'école républicaine. Développons la participation à la société. Et en même temps, acceptons de reconnaître les autres religions, et la diversité de notre pays.
La France est un vieux pays d'immigration qui s'ignore. Elle est constituée de citoyens de toutes origines, qui en font sa richesse. Elle doit apprendre à le reconnaître, sans cécité sur ses origines, en acceptant la diversité de ces influences.
Source : Le Monde
Amnesty International a accusé jeudi Eric Besson de "détourner" hors d'Europe les demandeurs d'asile, alors que le ministre de l'Immigration affirme que les procédures de droit d'asile sont utilisées par des candidats à l'immigration.
M. Besson "est le champion de la défense de Frontex (l'agence européenne de surveillance des frontières); il cherche à détourner les demandeurs d'asile vers des procédures de renvoi en amont", a déclaré à l'AFP Patrick Delouvin, chargé des questions de l'immigration au sein sein de l'ONG.
"Il veut qu'il y ait des contrôles qui se fassent au plus près des pays de départ ou de passage (Libye, Maroc, Mauritanie) pour que les refoulements soient de plus en plus efficaces", a-t-il dénoncé.
Le ministre a confié mercredi à l'AFP sa volonté de s'attaquer à ce qu'il a qualifié de "supermarché" de l'asile politique, "une catastrophe absolue pour la tradition d'asile et pour l'espace Schengen" de libre-circulation au sein de l'Union européenne.
"Il est de plus en plus difficile d'arriver à la procédure d'asile" parce que "des systèmes dissuasifs sont mis en place" aux frontières, a confirmé de son côté le directeur général de France Terre d'Asile (FTA), Pierre Henry.
"Plus vous bloquez le guichet de l'émigration régulière et économique, plus il y aura des stratégies de contournement; il en va ainsi", a-t-il ajouté en contestant une hausse du nombre de demandes d'asile en Europe, passé selon lui de 400.000 dans l'Europe à 15 à 230.000 dans l'Europe à 27.
Entre 1954 et 1974, a-t-il encore dit, le nombre de demandeurs d'asile était en moyenne de 5.O00 "alors qu'il y avait des dictatures en Europe: Espagne, Grèce, Portugal".
Les ressortissants de ces pays "ne prenaient pas le chemin du contournement" de la procédure "parce qu'il y avait l'émigration économique", a-t-il observé.
Source : AFP
A l'heure de la controverse sur l'identité nationale, beaucoup feignent d'oublier que la France, depuis près de 150 ans, est une terre d'immigration. Au XIXe siècle, alors que ses voisins envoyaient des millions d'émigrants vers l'Amérique, la France accueillait déjà des travailleurs venus de toute l'Europe et cette politique s'est poursuivie tout au long du XXe siècle. Ce brassage qui a transformé en profondeur le visage de la France a fait de l'Hexagone l'un des pays les plus multiculturels du monde. La France, résume l'historien Gérard Noiriel, est ainsi devenue "l'Amérique de l'Europe".
Cette longue histoire a diversifié en profondeur l'origine des Français : selon les démographes Catherine Borrel et Patrick Simon, un quart des enfants de moins de 18 ans qui vivent sur le territoire français ont au moins un grand-parent maternel né à l'étranger. "La France, à la différence de ses voisins, est un vieux pays d'immigration, explique le démographe François Héran dans Le Temps des immigrés (Seuil, 2007). A de rares interruptions près, comme la crise des années 1930 ou le choc de 1974, elle accueille des migrants depuis le milieu du XIXe siècle."
En 1891, la France comptait ainsi plus d'un million d'étrangers venus de Belgique, d'Italie, d'Allemagne, d'Espagne ou de Suisse. "Ils seront rejoints dans l'entre-deux-guerres par les Polonais, les Russes et les Arméniens, écrivent Catherine Borrel et Patrick Simon dans Histoires de familles, histoires familiales (INED, 2005). La reconstruction et le décollage économique des années 1950 et 1960 verront les flux d'émigration s'intensifier." La France des "trente glorieuses" accueille alors des Algériens, des Portugais, des Marocains et des Tunisiens.
Au début des années 1970, alors que la crise pétrolière se profile, l'immigration de travail qui avait nourri les flux migratoires de l'après-guerre est rigoureusement encadrée : suspension de l'immigration des salariés, instauration d'une politique de retours volontaires (le "million Stoleru"), expulsion de ceux que l'on n'appelle pas encore les sans-papiers.
Sous l'effet de ces restrictions, les flux migratoires se stabilisent : la France compte 4 millions d'étrangers en 1982, 4,1 millions en 1990, 4,3 millions en 1999, 5 millions en 2006, soit entre 7,4 % et 8 % de la population française. Un chiffre étonnamment stable : contrairement à ce que l'on croit souvent, la proportion d'immigrés ne varie guère depuis le début des années 1980. Associée à un taux de fécondité record - le plus élevé de l'Europe des Vingt-Sept -, cette stabilisation des flux migratoires fait aujourd'hui de la France une exception par rapport à ses voisins. Selon Eurostat, l'immigration contribue à hauteur de 20 % à la croissance de la population française, contre 60 % en Irlande, 70 % au Danemark, 75 % en Belgique et... 86 % en Espagne ! "Dans l'Europe des Vingt-Sept, la croissance démographique est principalement due à l'immigration, sauf en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne", constate Giampaolo Lanzieri dans une note d'Eurostat.
Si l'immigration s'est stabilisée, son visage, en revanche, s'est transformé. Aux jeunes célibataires venus du Maghreb pour travailler en usine dans les années 1970 se sont substitués peu à peu des femmes et des enfants accueillis dans le cadre du regroupement familial. "Au fil du temps, les raisons de migration ont changé et, depuis 1974, elles ont essentiellement trait à des motifs familiaux", soulignent Olivier Monso et François Gleizes, dans une étude publiée en novembre par l'Insee. Les pays d'origine, eux aussi, se modifient : les immigrés viennent de terres de plus en plus lointaines, comme l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est.
Cette longue histoire de l'immigration française a donné naissance à un phénomène que la plupart de ses voisins ignorent : l'émergence de deuxièmes, voire de troisièmes générations d'immigrés. "Le reste de l'Europe, à l'exception de la Suisse et, dans une moindre mesure, de l'Allemagne fédérale, ne connaît pas au même degré ce phénomène, écrit François Héran dans Le Temps des immigrés. L'Angleterre a longtemps pratiqué des échanges intenses avec les pays du Commonwealth peu propres à stabiliser les secondes générations. Au sud de l'Europe, l'immigration est trop récente pour que le problème se pose."
Au fil des décennies, ces deuxièmes, voire troisièmes générations ont façonné en profondeur le visage de l'Hexagone, laissant croire à beaucoup de Français que l'immigration ne cessait de croître. Selon les travaux de Catherine Borrel et Patrick Simon, la France comptait ainsi, en 1999, 4,5 millions de descendants d'immigrés : la deuxième génération représentait alors 7,7 % de la population totale, soit presque autant que la première génération (7,4 %). Au total, sur les 58 millions d'habitants que comptait la France en 1999, près de 9 millions étaient soit des immigrés, soit des descendants d'immigrés.
L'origine de cette deuxième génération reflète l'histoire des vagues migratoires françaises : la deuxième génération italienne est de loin la plus nombreuse (22,6 %), devant l'algérienne (14,1 %), l'espagnole (12,9 %), la portugaise (10,4 %) et la marocaine (9,1 %). "On voit tout juste apparaître les deuxièmes générations d'Afrique subsaharienne et turque, qui, dans les années à venir, occuperont une place plus importante", soulignent Catherine Borrel et Patrick Simon. En 1999, elles ne représentaient respectivement que 5,6 % et 3,4 % des deuxièmes générations.
La singularité de la France réside dans cette longue histoire, qui a fait du brassage l'une des constantes de notre politique démographique : au fil des décennies, elle a créé des deuxièmes, des troisièmes, voire des quatrièmes générations qui ont diversifié l'origine des Français. "Près d'un Français sur quatre a au moins un grand-parent immigré et l'on arriverait sans peine à un Français sur trois avec une génération de plus", estime ainsi François Héran. Selon l'ancien directeur de l'Institut national d'études démographiques (INED), l'immigration, sans être jamais massive comme elle l'est en Espagne depuis quelques années, a constitué une "infusion durable".
Source : Le Monde
26 Janvier 2010 à 19h, à la villa des arts de Rabat, présentation de Envie de Maroc, avec le concours du CCME.
Dans le cadre de sa collection réalisée en collaboration avec les éditions Le Fennec pour promouvoir les marocains du monde, le CCME (Conseil de la communauté marocaine à l'étranger) a le plaisir d'annoncer la publication de l'ouvrage de Jamal Belahrach Envie de Maroc aux éditions Le Fennec. Le livre est disponible à partir du 1er janvier 2010.
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