Le ministre de l'enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, a affirmé mercredi 2 novembre, à l'Assemblée nationale, que la "circulaire Guéant" "ne change rien" à la situation des étudiants étrangers, mais a jugé légitime de s'assurer qu'ils viennent en France pour y "faire véritablement des études". Il répondait au député PS Jean Glavany qui a réclamé, lors des questions au gouvernement, "l'abrogation" de cette circulaire du 31 mai, qui restreint la possibilité des étudiants étrangers de travailler en France après leur formation.
"La France est la troisième destination d'accueil des étudiants étrangers au monde et les chiffres sont même en augmentation", a rappelé M. Wauquiez. "Mais une politique d'attractivité, c'est aussi une politique d'attractivité qui est maîtrisée, qui est faite dans le cadre de partenariats avec des universités et pas en désordre", a-t-il ajouté.
"C'est une politique qui doit se concilier avec la nécessité de maîtriser l'immigration professionnelle et de prendre en compte la situation de notre marché du travail.", a poursuivi le ministre. C'est dans ce cadre que s'inscrit la "circulaire Guéant" "qui ne change rien à l'Etat du droit", a dit M. Wauquiez. "Il n'y a aucune volonté de fermer la porte aux étudiants étrangers", a-t-il assuré.
LA CIRCULAIRE SERA "CORRIGÉE", DISAIT M. WAUQUIEZ LE 6 OCTOBRE
Lundi, la Fédération des Français à l'étranger (FFE) du Parti socialiste avait qualifié d'"injustice honteuse" et d'"aberration politique" la circulaire. "Les cas de décision administrative de rejet accompagnée d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) par application de la circulaire du 31 mai se multiplient", s'était-elle émue dans un communiqué. Selon la fédération, "cette année, près de 6 000 jeunes diplômés de nos plus prestigieux établissements se voient ainsi interdire toute embauche sur le territoire national".
Pourtant, Laurent Wauquiez avait assuré le 6 octobre, dans un entretien au Monde, que la circulaire serait "corrigée". "Quand cette circulaire a été publiée, on n'avait pas forcément en tête ce que cela pouvait représenter pour l'université", avait affirmé le ministre de l'enseignement supérieur. "Mon travail a consisté à dire : on a des talents sur lesquels on a investi, ce n'est pas quand ils peuvent aussi rapporter à nos entreprises qu'il faut s'en priver."
Le gouvernement fait face à une série de protestations depuis plusieurs semaines sur ce sujet. Le 21 septembre, la conférence des présidents d'université (CPU) avait dénoncé, par la voix de son président Louis Vogel, une situation "très grave, car [la circulaire] peut avoir des conséquences importantes pour notre enseignement supérieur (...) et détruit nos conventions passées avec des universités étrangères".
Plusieurs centaines d'étudiants étrangers diplômés de HEC, de Centrale ou de Polytechnique, regroupés au sein du Collectif du 31-Mai, ont manifesté le 13 octobre devant l'université de la Sorbonne, à Paris, pour réclamer le retrait de la circulaire. "Nous voulons le retrait total de la circulaire, notamment pour rassurer les entreprises car certaines s'inquiètent et, avant l'entretien d'embauche, appellent l'étudiant pour s'assurer qu'il est Français", expliquait Fatma Chouaieb, porte-parole du collectif.
02.11.2011
Source : LE MONDE/AFP