Ce film rend compte d'une expérience peu commune. Son réalisateur, Christian Zerbib, a proposé à dix femmes d'origine étrangère, réfugiées en France depuis plus ou moins longtemps, de confronter et mettre à la fois en commun leur expérience singulière sur la scène d'un théâtre dijonnais, dans un spectacle qui se nourrirait de leur parcours personnel et de leurs sentiments tant à l'égard de l'exil qu'à celui de leur nouvelle identité.
Venues d'Afghanistan, du Cambodge, du Sénégal ou du Maroc, prénommées Atefa, Diane, Oumou ou Aicha, elles se sont prêtées au jeu. Concomitamment à l'expérience théâtrale, Christian Zerbib a envisagé de réaliser un film qui en rende compte. Il sort aujourd'hui en salles et procure un sentiment mêlé.
Il y a, d'une part, l'émotion d'entendre des histoires souvent douloureuses, vécues et surmontées dans la dignité et le courage, et porteuses d'une dimension toujours édifiante pour qui voudrait mieux comprendre les obstacles et les bienfaits de l'intégration en France.
Mais il y aussi une mise en scène hésitante, qui se perd un peu dans les différentes strates de ce projet et manque de la puissance nécessaire à sa transfiguration cinématographique.
Entre les entretiens privés, les visites à la famille, les dix personnages qui cohabitent, les répétitions théâtrales et les extraits du spectacle final, le film, contraint par sa durée d'une heure trente, survole un peu les choses et semble chercher son sujet.
Hésitant entre le témoignage social et l'expérience artistique, il en est ainsi réduit à courir après la ligne de force esthétique et narrative qui lui permettrait d'emporter le morceau.
L'exemple d'une parfaite réussite en la matière pourrait être La moindre des choses (1997) de Nicolas Philibert, tourné à la clinique psychiatrique de Laborde au cours de la préparation d'un spectacle.
8/11/2011
Source : Le Monde