dimanche 24 novembre 2024 00:56

Canada: Nos politiques d'immigration doivent continuer de privilégier les travailleurs qualifiés

À mesure que se creuse l’écart entre les revenus des immigrants récents et des travailleurs nés au pays, certaines craintes s’expriment quant au rythme auquel les immigrants s’intègrent sur le marché du travail et quant à leur bien-être économique général. Mais pour s’attaquer au problème, il nous faut mieux comprendre les facteurs influant leur situation économique. Michael Abbott et Charles Beach ont donc examiné le revenu annuel des immigrants arrivés comme résidents permanents en 1982, en 1988 et en 1994 pendant leur première décennie au Canada et dans quatre catégories d’admission : travailleurs qualifiés (demandeurs principaux) admis dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés fédéral (immigrants économiques indépendants), autres immigrants économiques, regroupement familial et réfugiés. Cet examen a permis de comparer le revenu des immigrants qualifiés à celui des autres catégories, de même que l’incidence des cycles économiques sur leur revenu. Les auteurs ont ainsi obtenu un portrait plus complet de l’intégration économique des nouveaux arrivants que d’autres études sur la question réalisées à ce jour.

Trois conclusions principales se dégagent de leur analyse. Premièrement, le revenu annuel médian des immigrants économiques indépendants admis à titre de travailleurs qualifiés —qu’ils soient hommes ou femmes — était nettement et constamment le plus élevé des quatre catégories d’admission, et cela dans les trois cohortes successives. Quant au revenu médian le plus faible, on le trouvait chez les femmes de la catégorie du regroupement familial. Les hommes de cette même catégorie touchaient aussi le revenu le plus faible pour ce qui est de la cohorte de 1982, mais c’étaient les réfugiés des cohortes de 1988 et de 1994 qui avaient généralement le plus faible revenu. Deuxièmement, c’est chez les réfugiés des deux sexes des trois cohortes que le taux de croissance du revenu était le plus élevé pendant les 10 premières années au pays. Troisièmement, la récession du début des années 1990 semble avoir provoqué une baisse du taux de croissance du revenu des immigrants, particulièrement chez les hommes.

À la lumière de ces données, les auteurs font trois propositions relatives à la politique d’immigration canadienne. Compte tenu de la progression au fil du temps du revenu des immigrants économiques indépendants, le Canada doit d’abord continuer de privilégier l’arrivée de travailleurs qualifiés (demandeurs principaux) afin de rétablir la proportion de nouveaux immigrants admis à ce titre, qui est en baisse depuis 10 ans. Vu la croissance relativement rapide du revenu des réfugiés, il doit ensuite rétablir la proportion des immigrants de cette catégorie à son niveau des 30 dernières années, soit 10 à 15 p. 100 du total annuel des immigrants admis comme résidents permanents. Enfin, étant donné l’incidence négative de la récession de 1990-1991 sur le niveau et la croissance des revenus des immigrants arrivés peu avant cette période, Ottawa devrait réduire les admissions d’immigrants en période de chômage élevé et de ralentissement économique.

8/11/2011, Michael G. Abbott et Charles M. Beach

Source : Institut de recherche en politiques publiques

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