Issus de l'immigration, ils soulignent l'intérêt portés par l'émirat aux minorités françaises, et veulent l'encourager à faire appel à elles.
Dix élus issus de l'immigration s'envolent samedi pour le Qatar dans l'espoir de nouer des liens économiques entre le riche émirat et les quartiers populaires, où des entrepreneurs se disent victimes de discrimination et bloqués par un "plafond de verre".
"Vivre dans les quartiers, c'est pas facile, mais c'est une super expérience. (...) Au-delà de tout ça, il y a un plafond de verre, d'où l'importance d'aller à l'étranger pour se développer", lâche Kamel Hamza, conseiller UMP de La Courneuve. Ces mots, il les a adressés jeudi à des entrepreneurs, eux aussi issus de l'immigration et des quartiers populaires, à deux jours de son départ pour le Qatar.
«On va être vos porte-paroles» au Qatar
Dix élus de tous bords vont passer cinq jours dans l'émirat, pour une visite "surtout économique". Ce voyage n'est pas une première pour eux: ils étaient aux Etats-Unis en juillet, sur invitation de la French-american foundation, pour parler diversité.
Jeudi, ils avaient invité ces entrepreneurs à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), afin d'écouter leurs questions et besoins, et de les relayer dans le pays du Golfe.
"Le Qatar investit de plus en plus en France, en aucun cas ça doit se faire sans vous. On va être vos porte-paroles", dit Fouad Sari, conseiller municipal Europe écologie-Les Verts (EELV) de Vigneux-sur-Seine (Essonne).
Les entrepreneurs, agent immobilier, directeurs de PME , etc. se sont plaints "de barrières" dressées devant eux, d'être "stigmatisés". En banlieue, "il y a des gens bourrés d'énergie, auxquels les banques n'ouvrent pas les portes facilement", critique Hadj Cherif, expert-comptable.
«Un lien identitaire avec le Qatar»
Pourquoi le Qatar? "De plus en plus de gens venaient nous voir pour nous en parler, voir si on pouvait s'y installer", rapporte Kamel Hamza, également président de l'Association Nationale des Elus Locaux pour la Diversité (Aneld).
L'émirat, partenaire politique, économique, financier et militaire privilégié de la France, a gagné en popularité dans les quartiers grâce au foot. Il a obtenu d'organiser la coupe du monde en 2022, après avoir vu sa candidature soutenue par Zinedine Zidane. Et il a racheté en juin le Paris Saint-Germain, aujourd'hui leader du championnat de la Ligue 1 de football, par le biais de Qatar Sports Investments (QSI).
"C'est un pays ouvert sur le monde et fidèle à ses traditions. (...) Il y a un lien identitaire avec le Qatar, il suffit de regarder nos prénoms!", dit Kamel Hamza, avant d'expliquer que l'émirat a créé un prix "Richesse de la diversité", qui récompense principalement des personnes issues de l'immigration.
Traités «comme des députés»
Au Qatar, "ils sont sensibles à la question de la diversité"en France, selon M. Hamza. Le voyage et le séjour des élus est d'ailleurs pris en charge par l'émirat. "Ils nous ont dit: on va vous traiter comme des députés", s'étonne encore Fouad Sari. Contactée par l'AFP, l'ambassade du Qatar en France n'a pas souhaité s'exprimer sur cette visite.
Dans l'émirat, les élus émettront l'idée d'un fonds d'investissement pour aider les minorités à se lancer en France. Ils veulent "faire du réseau", "trouver des marchés", "sensibiliser sur les talents des quartiers", et inciter les Qataris investissant dans l'Hexagone à faire appel aux Français issus de l'immigration...
Des messages qui commencent peut-être à être entendus. Pour François Touazi, conseiller du groupe AXA pour le monde arabe et promoteur du cercle de réflexion Cap Mena (Middle east north Africa), contacté par l'AFP,"les entreprises françaises doivent faire appel aux personnes issues de la diversité pour conquérir dans le monde arabe des marchés réputés difficiles".
12/11/2011
Source : Source/AFP