La Haute assemblée vient de saisir le Premier ministre d'une proposition de résolution visant à faire retirer la circulaire du 31 mai qui restreint l'accès des étudiants diplômés au marché du travail hexagonal.
La grogne des étudiants étrangers contre la circulaire du 31 mai signée du ministre de l'Intérieur Claude Guéant et qui restreint l'accès au travail des diplômés "immigrés" se poursuit. Une nouvelle manifestation, rassemblant 2000 personnes s'est, ainsi, tenue ce samedi à Paris à l'appel de syndicats étudiants et du Collectif du 31 mai qui regroupe plusieurs centaines de diplômés étrangers qui n'ont pu obtenir un statut de salarié afin de travailler en France. Ce mouvement pourrait se trouver renforcé par l'entrée du Sénat dans le débat. Dimanche après-midi, François Fillon a, en effet, été saisi d'une proposition de résolution issue du Palais du Luxembourg. Ce texte dont l'initiative revient à Bariza Khiari, Sénatrice de Paris et vice-présidente de la Haute assemblée, recommande la suppression de la circulaire Guéant. Et c'est donc, désormais, au Premier ministre de décider s'il saisit le parlement de cette résolution, ou non.
La circulaire du 31 mai avait pour objectif, selon Claude Guéant, de "donner la priorité à l'insertion professionnelle des demandeurs d'emploi aujourd'hui présents (sur le territoire), qu'ils soient de nationalité française ou étrangère et résidant régulièrement en France". "Il vous appartient donc de veiller à ce que les demandes d'autorisation de travail soient instruites avec rigueur" avait enjoint le locataire de la place Beauvau aux préfets. Mais ce n'est qu'à la rentrée, quand les étudiants étrangers diplômés se sont présentés dans les préfectures, que les premiers problèmes se sont posés. Certains d'entre-eux, bénéficiaires d'une promesse d'embauche après avoir passé leur diplôme de fin d'étude, se sont même retrouvés dans l'incapacité de signer leur contrat de travail. C'est par exemple le cas d'Othman, 26 ans, l'un des créateur du collectif du 31 mai. Issu d'une école de commerce, il vient de terminer une année de stage à mi-temps dans la banque qui, finalement, a décidé de l'embaucher. Une promesse d'emploi effective après une rude sélection parmi d'autres candidats. Mais quand il s'est présenté à la préfecture de Paris pour tenter d'obtenir son sésame pour l'emploi, Othman s'est vu opposer une fin de non-recevoir, les services préfectoraux invoquant des raisons administratives. Du coup son poste reste, pour l'heure, vacant.
"360 dossiers en cours d'examen"
Particulièrement actifs sur les réseaux sociaux les membres du collectif du 31 mai n'ont pas tardé à recueillir des dizaines de témoignages comparables. Mais ils ont, surtout, reçu le soutien de la Conférence des grandes écoles dont le Président, Pierre Tapie, patron de l'Essec a adressé un courrier à Claude Guéant afin d'exprimer ses inquiétudes ou, encore, de la Conférence des Présidents d'Université qui a jugé les conséquences de l'application de ce texte "très graves".
Du côte du ministère de l'Intérieur on s'emploie, désormais, à calmer le jeu. Les services de Claude Guéant font ainsi remarquer que 5700 autorisations de travail avec changement de statut ont été accordées pour les 9 premiers mois de 2011 contre 3700 pour la période équivalente en 2010. "360 dossiers sont en cours d'examen et plus de la moitié ont donné lieu à une décision positive" remarque un conseiller du ministre qui assure que les difficultés rencontrées sont, pour l'essentiel, liées à des lourdeurs administratives désormais dissipées.
14/11/2011, Laurent Chabrun
Source : L’Express.fr