dimanche 24 novembre 2024 00:50

A Caen, les étrangers font la queue la nuit devant la préfecture

Depuis l'été, les étrangers qui doivent renouveler leur titre de séjour à la préfecture de Caen sont obligés d'arriver la veille ou dans la nuit s'ils veulent pouvoir être reçus par l'administration, selon des témoignages concordants.

Lundi matin à 06H30, une quarantaine de personnes faisaient la queue en attendant l'ouverture du service "accueil des étrangers", a constaté un photographe de l'AFP. Les premiers ont expliqué être arrivés à 23H00 la veille, et avoir dormi dans leur voiture.

"Allez-y dépêchez vous", a lancé à 08H45, à l'ouverture du service, la fonctionnaire qui distribuait des tickets à l'entrée du bâtiment. "La liste ne sert à rien", a-t-elle répondu à un homme qui évoquait le classement organisé par tous ceux qui attendaient.

"Je suis arrivé à 05H30, pour le titre de séjour de ma femme, algérienne. Je n'ai pas pu entrer. Il n'y a que le lundi que je ne travaille pas", a enragé peu après Riad, un Français de 34 ans.

Parmi ceux qui ont été reçus, Pierre 59 ans et Brigitte 55 ans, Congolais, ont raconté avoir marché une heure de chez eux, en l'absence de bus la nuit, pour être devant la préfecture à 03H30 pour un renouvellement de titre de séjour. C'était la quatrième fois qu'ils venaient en quelques mois, ont-ils dit.

Selon Bénédicte Aïchoun, une déléguée syndicale FO de la préfecture, l'engorgement est constaté depuis août et il est dû à la fois à un afflux de demandes, à des effectifs insuffisants des services de l'Etat et à une "complexité accrue de la législation" sur les titres de séjours.

"Comme les demandes ne sont pas traitées dans les temps, les gens doivent revenir plus souvent", a-t-elle expliqué. De fait, associations et usagers regrettent d'avoir à se déplacer pour de simples demandes d'informations.

Contactée par téléphone, la préfecture a répondu par écrit que "le service n’est pas en capacité de recevoir tous les usagers qui se pressent devant les portes chaque matin, qui ont significativement augmenté depuis le début du mois de septembre".

L'Etat "travaille activement à l’amélioration de cette situation", a-t-on indiqué de même source.

"C'est intolérable. Ce ne sont pas des clandestins, ce sont pour la plupart des gens qui viennent renouveler leur titre de séjour. Des femmes font la queue la nuit dehors avec leur bébé", a critiqué Geneviève Mabboux, présidente de l'Asti 14 (association solidarité travailleurs immigrés), présente devant la préfecture.

14/11/2011

Source : Libération/ AFP

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