jeudi 4 juillet 2024 06:24

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Immigration et intégration en Europe : regards croisés franco-

Dans le cadre de l'édition 2011 du Forum de Genshagen intitulé "Flux migratoires et intégration : défis nationaux, enjeu européen", la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne ont commandé une enquête d'opinion réalisée parallèlement dans nos deux pays par Harris Interactive et le dimap afin de nourrir la réflexion sur ces questions et l'enrichir du point de vue des citoyens allemands et français.

SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE

L'afflux de migrants en provenance du Maghreb ou encore les prises de position concernant la réintroduction du contrôle aux frontières au sein de l'espace Schengen ont relancé le débat public sur l'immigration et les politiques d'intégration en France comme en Allemagne. Cette actualité a également souligné les difficultés et les contradictions des politiques nationale et communautaire en matière d'immigration et d'asile.

Que pensent les citoyens français et allemands des processus d'intégration des personnes immigrées à l'oeuvre dans leur pays ? Quels sont selon eux les principaux obstacles à une meilleure intégration de ces populations ? Se prononcent-ils pour davantage d'action à l'échelle européenne en matière de politique d'immigration ? Ces réponses reflètent-elles un mouvement de repli national ou appellent-elles à une plus grande harmonisation des politiques d'immigration en Europe ? L'enquête d'opinion commandée par la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne révèle des différences importantes entre nos deux pays, non seulement dans le regard que portent les Français et les Allemands sur les populations immigrées et les mécanismes nécessaires à leur accueil et à leur intégration, mais également dans l'approche de l'immigration et des politiques migratoires dans leur dimension européenne.

Dans l'ensemble, les Allemands sont plus satisfaits des résultats de l'intégration que les Français. 42 % des Allemands interrogés considèrent que l'intégration des personnes immigrées fonctionne plutôt bien en Allemagne, alors que seulement 19 % des Français interrogés sont de cet avis pour leur propre pays. Notons également que seuls 9% des Allemands considèrent que l'intégration des personnes immigrées fonctionne très mal en Allemagne contre 31 % des Français interrogés. En revanche, pour un Allemand sur deux "le manque de volonté des populations immigrées" est l'un des principaux obstacles freinant l'intégration des immigrés au sein de la société tandis que cette réponse n'a été retenue que par 39% des Français interrogés.

Sur quoi faut-il faire porter l'effort en priorité pour améliorer le processus d'intégration dans nos pays ? Une grande importance est donnée en Allemagne à l'apprentissage de la langue (60 %), tandis que les personnes interrogées en France privilégient la connaissance des lois et des traditions du pays d'accueil (44 %). Modèle allemand de la "culture dominante" (Leitkultur) d'un côté, modèle républicain de l'autre ? Dans les deux pays, plus le niveau d'études des personnes interrogées est élevé, plus la nécessité d'améliorer l'intégration scolaire des populations immigrées est mise en avant. Par ailleurs, un Allemand sur quatre et un Français sur trois sont convaincus que leur pays n'a pas besoin d'immigration. Cette opinion est surtout répandue chez les personnes plus âgées et à faible niveau d'études.

En revanche, pour une nette majorité des enquêtés, la France et l'Allemagne sont des pays d'immigration. Français et Allemands affirment de manière unanime que la diversité culturelle et la responsabilité humanitaire constituent les arguments les plus importants en faveur de l'immigration. Cependant, les enjeux propres aux contextes nationaux – par exemple le poids du vieillissement démographique en Allemagne ou encore les difficultés d'accès au marché du travail en France – se reflètent dans les résultats de l'enquête. Ainsi l'immigration est-elle davantage perçue par les personnes interrogées en Allemagne comme une réponse au manque de main d'oeuvre qualifiée et comme un facteur d'équilibre des systèmes sociaux.

En outre, quel échelon est le plus pertinent aux yeux des Français et des Allemands pour faire face aux enjeux de l'immigration ? 50 % des Allemands se prononcent en faveur de compétences communautaires renforcées en matière de politique d'immigration, contre 45 % des Français qui estiment que la politique d'immigration devrait plutôt être du ressort de l'Union européenne.

A cette occasion, la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne ont également interrogé des échantillons représentatifs des populations allemande et française au sujet de la relation franco-allemande.

La France et l'Allemagne sont citées par 75 % des Allemands et 80 % des Français comme étant les principaux partenaires l'un pour l'autre au sein de l'Union européenne. Les Français et les Allemands divergent cependant sur l'avenir de l'Union européenne. Alors que les Allemands sont très partagés sur la question de la répartition future des pouvoirs entre le niveau communautaire et celui des Etats membres au sein de l'Union, une majorité relative des Français (40 %) se prononcent en faveur du maintien du statu quo actuel. Dans les deux pays, ce sont surtout les jeunes dont le niveau d'études et le revenu mensuel sont élevés, ainsi que les générations de l'après-guerre, contemporaines des débuts de la construction européenne, qui souhaitent un approfondissement de l'intégration européenne.

23/11/2011, Fondation Genshagen et Institut Montaigne

Source : Le Monde

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