jeudi 4 juillet 2024 06:17

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Sommet interministériel sur «migration et développement» : L’Europe dicte ses volontés à ses partenaires

La 3ème conférence des ministres du processus euro-africain sur migration et développement, qui s’est tenue hier à Dakar n’était que formalité. Tout semblait être calé au préalable par l’Union européenne, avec à la clé, une stratégie migratoire 2012-2014. Les Etats africains devaient simplement approuver, aux frais du partenaire européen.

C’est depuis le 18 novembre dernier à Bruxelles que la Commission européenne a statué sur le renouvellement de sa stratégie migratoire, en mettant à l’épicentre des préoccupations le renforcement de la coopération et de la mobilité. Une stratégie taillée à la mesure des intérêts des pays européens et qui a été déclinée dans un communiqué sanctionnant la rencontre à la date précitée. A l’arrivée, c’est cette même position commune de l’Ue, en plus détaillée, qu’on retrouve dans la stratégie de Dakar pour 2012-2014, adoptée à la suite d’un approfondissement de la mise en œuvre du Programme de coopération triennal 2009-2011 de Paris en 2008. La même qui a été distribuée aux participants bien avant les débats et qui n’a connu aucun amendement.

L’Ue veut ainsi dynamiser ses relations avec les pays tiers pour mieux récolter les bénéfices mutuels que la migration peut apporter, indique-t-on. Dans la même source, Cecilia Malmström, commissaire chargée des Affaires intérieures de l’Ue, déclare : ’Nous définissons un cadre d’action stratégique clair et cohérent en matière de migration et de développement. C’est seulement en renforçant son dialogue et sa coopération avec les pays partenaires que l’Ue sera mieux armée pour encadrer le phénomène migratoire sur son territoire et dans le contexte international’. Mieux, ajoute-t-elle, ‘la nouvelle approche globale de la question des migrations et de la mobilité (Agmm) constitue le cadre stratégique ad hoc pour conférer une valeur ajoutée à l’action de l’Union et des Etats membres dans ce domaine’.

En face, rien n’a convaincu sur une concertation pré-sommet de Dakar entre Etats africains concernés pour peser sur la balance des négociations pour un partenariat aux bénéfices partagés. Aucune communication, aucune note informative là-dessus n’a circulé. En réalité, les Etats africains étaient intéressés par autre chose. Et peu importe ce que les sociétés civiles européennes et africaines peuvent déduire de la position préméditée par l’Ue avant de s’asseoir autour d’une table de discussion avec ses partenaires. L’essentiel, pour les Etats africains, ce sont les billets d’euros que l’Ue propose sous le nez pour une gestion ‘efficace et efficiente’ de la problématique migratoire entre les deux continents.

En attestent les propos d’ouverture, avec en arrière-fond, une mendicité ‘diplomatique’ du ministre d’Etat, Madické Niang, ministre des Affaires étrangères du Sénégal qui demande un appui financier pour étendre les expériences de la Goana, du plan Reva, du Faise, de la Plasepri, du projet Tokten, de l’Anej ou encore du Paids. Ceci, dans l’optique de réduire la migration ‘irrégulière’. Peu importe que l’Union européenne veuille, implicitement, fermer ses frontières aux cancres, - c’est ce qu’on entend par immigration choisie -, la finalité étant de retenir à l’intérieur des pays d’origine les migrants en échange des sommes d’argent considérables. Par exemple, ‘30 millions d’euros pour la Tunisie, presque 16 millions d’euros pour le Sénégal’, selon Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat Français, chargée de la Jeunesse et de la Vie associative. Un montant qui ne représente pas grand-chose comparé aux retombées économiques tirées de l’émigration pour le Sénégal. La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) évalue les volumes de transferts de fonds des migrants sénégalais à 617 milliards 2 millions de F Cfa, représentant plus de 15 % du produit intérieur brut (Pib).

Les trois piliers de la stratégie de Dakar

La stratégie de Dakar pour 2012-2014 est articulée autour de trois grands piliers dont l’organisation de la migration légale, grâce à la mise à disposition par l’Ue de 25 millions d’euros pour ‘faciliter la libre circulation et la gestion de la migration en Afrique de l’Ouest’ ; la lutte contre la migration irrégulière, aidée en cela par une amélioration de l’aide au retour et à la réinsertion par les accords de réadmission signés par les parties prenantes. Et enfin, le renforcement des synergies entre migration et développement.

A travers ces mesures cautionnées par les Etats africains, l’Ue veut faciliter les échanges entre les différents acteurs de la mobilité, donner aux institutions nationales et régionales les moyens et capacités pour mettre en œuvre des politiques de mobilité, garantir aux migrants et aux réfugiés le respect de leurs droits. De même, la stratégie de Dakar cherche à améliorer la gestion des frontières, l’efficacité des procédures de réadmission et les conditions de retour des migrants en situation irrégulière, renforcer la protection des groupes vulnérables, sécuriser et faciliter la gestion des registres d’état civil. L’adoption d’une approche inclusive des questions de migration et développement, l’amélioration de la mobilisation des transferts d’argent des migrants au bénéfice du développement des pays d’origine, la valorisation du potentiel de solidarité des migrants font aussi partie des objectifs à atteindre.

24/11/2011, Abdoulaye SIDY

Source : Walfadjri

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