jeudi 4 juillet 2024 06:22

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A Paris, les responsables musulmans craignent le retour des prières de rues

Deux mois après l'ouverture d'un nouveau lieu de culte musulman à Paris, avenue de la porte des Poissonniers (XVIIIe), l'incertitude plane. Ouverte aux musulmans qui prient, chaque vendredi, rue Myrha et rue Polonceau, l'ancienne caserne de pompiers devait permettre de mettre un terme aux prières de rues. Mission accomplie : désormais, chaque vendredi, 6000 musulmans se rendent dans l'immense hangar, sommairement redécoré. Mais le doute n'a jamais cessé de planer quant à l'avenir du lieu.

Au début du mois, la situation était même carrément explosive : les deux recteurs des mosquées Myrha et Polonceau s'affrontaient, bloquant la composition de l'association devant gérer le lieu de culte. «Il y avait un problème dans le choix des hommes», explique à demi-mot le cheikh Mohamed Hamza, recteur de la mosquée de la rue Myrha. «Maintenant, le problème est réglé. Nous allons tous dans la même direction», assure de son côté Moussa Niambelé, l'un des responsables de la mosquée Al Fath, rue Polonceau.

Le 16 novembre, l'association (six membres, trois de chaque communauté) a été formée. Mohamed Hamza assurera la présidence et le recteur de la mosquée Polonceau, la vice-présidence. Fin décembre, un imam, nommé par la Mosquée de Paris, assurera la prière du vendredi. Dans le même temps, les deux mosquées rue Myrha et rue Polonceau devraient rouvrir aux fidèles. Une réouverture que semble craindre Moussa Niambelé : «Nous ne voulons pas que ça déborde de nouveau». Il remarque que «si on construisait une grande mosquée, tout changerait. Il est temps que l'on construise de vraies mosquées à Paris. Beaucoup trop de musulmans continuent à prier dans des foyers ou dans de petites mosquées débordées».

«Pour tout cela, il faut de l'argent»

A la préfecture de police, on insiste : «La situation est provisoire». Le lieu de culte de l'avenue de la porte des Poissonniers est loué, pour 30 000 euros par an, par les fidèles jusqu'en 2013. Après cette date, l'Etat cèdera les lieux. Reste à savoir qui reprendra la salle de prière, et ce qu'elle deviendra. Sera-t-elle abandonnée ? Reprise par les fidèles ? Le cheikh Hamza se fait rêveur : «On pourrait racheter le terrain à l'Etat, engager un architecte et construire une vraie mosquée, comme celle de Strasbourg. Mais pour cela, il faudrait une somme d'argent dont nous ne disposons pas».

Pour l'heure, chaque vendredi, «on fait une collecte dans les deux communautés de fidèles» pour financer l'entretien de l'ancienne caserne, qui s'élève à quelque 180 000 euros. Une somme déjà conséquente pour les deux mosquées, qui avouent «ne pas avoir les moyens».

Michel Neyreneuf, adjoint à l'urbanisme et au logement de la mairie du XVIIIe, affirme que «nous n'avons pas pour vocation d'acheter des lieux de culte, cela serait contraire à la loi de 1905». Pas question donc de reprendre le lieu en 2013. «A moins de trouver un repreneur cultuel ou une solution alternative, l'Etat est propriétaire et il le restera probablement». Comme «solution alternative», l'adjoint évoque la mosquée de la rue de Tanger (XIXe), dont les travaux sont au point mort depuis trois ans, faute d'un financement suffisant de la part de l'association cultuelle à l'origine du projet. «C'est depuis la fermeture de cette mosquée, qui regroupait 4000 fidèles, qu'il y a des problèmes... Si les travaux reprenaient, il y en aurait beaucoup moins.»

A la mosquée Polonceau, Moussa Niambelé fonde ses espoirs sur un autre lieu : l'Institut des Cultures d'Islam (ICI), dans le quartier de la Goutte d'or. Deux salles de prière devraient y être construites fin 2012, par la mairie du XVIIIe. Elles accueilleront 1500 fidèles. Principalement ceux de la mosquée Polonceau, qui fermera ses portes et sera chargée, via l'Association des musulmans de l'ouverture (AMO), de financer la partie cultuelle de l'ICI. Coût estimé par un spécialiste du dossier : entre 6 et 7 millions d'euros. Encore une fois, problème d'argent : «les moyens, nous sommes en train de les chercher, c'est difficile, mais il faut juste taper à la bonne porte», reconnait, circonspect, Moussa Niambelé, à la recherche de «bienfaiteurs».

28/11/2011, FABIEN SOYEZ

Source : Libération

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