La Ligue des droits de l'homme (LDH) a dénoncé lundi la prétention du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, à vouloir, sous couvert de chasse aux "fraudeurs étrangers", croiser le fichier de gestion des dossiers des ressortissants étrangers en France (AGDREF) et celui de la Sécurité sociale.
"En effet, la loi interdit une telle opération. Elle stipule que la finalité et le but de la création d'un fichier doivent être respectés et qu'aucun croisement n'est autorisé", prévient la LDH, qui s'interroge s'il y aurait un tel détournement des allocations que le ministre soit obligé de prendre le risque personnel de "sombrer dans la délinquance informatique?".
Tout en affirmant que le ministre dit lui-même qu'il y a "un certain nombre" de fraudeurs mais reconnaît qu'il ne peut pas les "chiffrer", elle estime que M.Guéant "flirte" avec un double délit : utilisation illégale de fichiers et racisme par la désignation stigmatisante de l'ensemble d'une population.
"Il (le ministre) se trouve en situation de récidive puisqu'il avait, il y a quelques mois, proféré des commentaires stigmatisants contre la communauté comorienne de Marseille", rappelle la LDH qui dit attendre du gouvernement que, dans la logique de sa politique de fermeté face à la délinquance, il condamne fermement des propos et des méthodes qui "alimentent le mépris de la loi, portent atteintes à la citoyenneté et nourrissent la xénophobie ambiante".
"Toute autre attitude laisserait à entendre que Claude Guéant a agi de façon préméditée pour des intérêts n'ayant que de très lointains rapports avec la démocratie et la République", affirme-t-elle.
Après avoir annoncé, vendredi dernier, vouloir s'attaquer aux "faux" demandeurs d'asile, le ministre de l'intérieur a déclaré, dimanche, vouloir s'attaquer aux "fraudes sociales" imputables aux étrangers. Il avait publiquement dit son intention de "connecter", dès le 1er janvier 2012, "les fichiers des étrangers résidant en France et les fichiers de Sécurité sociale".
28/11/2011
Source : L’Agence algérienne APS