jeudi 4 juillet 2024 22:21

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Immigration : les pays du sud de l'Europe tirent la sonnette d'alarme

Les ministres des affaires étrangères du « groupe Méditerranée », réunis mercredi 16 avril à Alicante, dans l'est de l'Espagne, ont tiré la sonnette d'alarme sur la crise migratoire qui frappe la rive sud de l'Europe depuis plusieurs mois et le manque de ressources à leur disposition pour y faire face.

Les chefs des diplomaties française, italienne, portugaise, grecque, chypriote, maltaise et espagnole ont signé une déclaration commune. Le texte, consensuel, rappelle la nécessité d'une coopération accrue du bloc communautaire avec les pays d'origine et de transit des migrants et le besoin de moyens techniques et financiers européens supplémentaires. Mais il accroît aussi d'un cran la pression politique sur les pays du nord du continent afin que ces derniers mettent la main à la poche.

Le document doit servir de base à une discussion des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit lors du Conseil européen des 26 et 27 juin. A la demande de l'Espagne, confrontée à une forte poussée migratoire dans les enclaves nord-africaines de Ceuta et Melilla, le « groupe Méditerranée » réclame la signature, avec les pays de transit, d'accords de rapatriement des migrants.

UNE PRATIQUE ILLÉGALE

Il s'agit d'une priorité pour Madrid, qui souhaite pouvoir reconduire « à chaud » (dès leur interpellation) vers le Maroc les centaines d'immigrés clandestins d'Afrique sub-saharienne qui parviennent à franchir la triple barrière de barbelés, haute de plusieurs mètres, qui marque la frontière entre le territoire espagnol et son voisin marocain.

Le gouvernement de Mariano Rajoy a été récemment épinglé par Bruxelles et le médiateur espagnol pour cette pratique, jugée illégale. Les autorités marocaines ne sont pas contre le principe. Mais Rabat réclame que le coût financier soit supporté par l'Espagne et l'Europe.

Des discussions bilatérales en ce sens ont été ouvertes en février sans, pour l'instant, déboucher sur des avancées concrètes. Madrid pousse également pour que l'Union européenne (UE) dans son ensemble signe sans délai un accord autorisant ces reconduites « à chaud » des migrants vers le Maroc. Pour faire avancer ces négociations, l'UE a ratifié en juin 2013 un « partenariat pour la mobilité » avec le pays afin de faciliter l'octroi de visas aux étudiants et hommes d'affaires marocains. Mais ce premier geste est resté, pour le moment, sans suite.

DISPOSITIF CONTRE-PRODUCTIF

Le gouvernement marocain fait pourtant montre de sa bonne volonté envers ses voisins européens. Il a lancé début janvier un plan de régularisation d'immigrés sans papiers et renforce les effectifs et les moyens des forces de sécurité chargées de surveiller la frontière nord du pays.

Rabat insiste aussi sur le fait que la pression accrue sur Ceuta et Melilla est le résultat de ses efforts pour fermer sa frontière maritime avec l'Europe, à la suite des vagues de migrants qui avaient rejoint les côtes des Canaries et de l'Andalousie au milieu des années 2000.

En Espagne, ces accords de reconduite à chaud sont loin de faire l'unanimité. Les associations qui travaillent auprès des clandestins les dénoncent, estimant qu'ils impliquent une moindre protection pour les migrants que celle offerte par la loi sur les étrangers. Celle-ci prévoit que les migrants aient le droit de recevoir l'assistance d'un avocat avant d'être rapatriés.

Le Maroc compte sur son sol quelque 30 000 migrants clandestins qui tentent d'entrer dans les enclaves de Ceuta et Melilla, par voie terrestre ou maritime, ou de rejoindre l'Espagne par le détroit de Gibraltar.

Les ONG jugent également que de tels dispositifs sont contre-productifs. Pour y échapper, les migrants préfèrent avoir recours à la violence à l'égard des forces de sécurité espagnoles dans le but d'être arrêtés et conduits dans un centre d'accueil temporaire. Ainsi, ils ont la garantie de rester sur le sol espagnol plutôt que d'être reconduits au Maroc, où ils accusent la police de les maltraiter.

Entre 25 000 et 40 000 jeunes d'Afrique subsaharienne seraient prêts à se lancer à l'assaut des frontières de Ceuta et Melilla dans les prochains mois, selon les chiffres non officiels que font circuler les autorités marocaines et espagnoles. Plus de 4 500 d'entre eux ont réussi dans leur entreprise en 2013.

17.04.2014

Source : LE MONDE

 

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