L'Organisation internationale pour les migrants (OIM) a demandé vendredi une enquête internationale sur le naufrage du chalutier dans lequel près de 800 migrants avaient trouvé la mort dans la nuit du 18 au 19 avril en Méditerranée.
"Si, effectivement, il s'avérait que des centaines de migrants tentant de rejoindre l'Europe se trouvaient piégés dans la cale de ce bateau, ceci devrait être considéré comme un meurtre, justifiant une enquête internationale", a déclaré le directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, cité dans un communiqué.
L'OIM salue par ailleurs les efforts des autorités italiennes pour traduire en justice les auteurs de ce "crime" contre les migrants.
L'organisation basée à Genève estime que si les faits sont avérés "cela pourrait constituer le pire crime commis par des passeurs en Méditerranée".
Jeudi, la marine italienne a annoncé avoir repéré l'épave du chalutier.
Les premières images de l'épave, visionnées par des enquêteurs, ont permis de distinguer le cadavre d'un homme près du bateau ainsi que "de nombreux corps" sur le pont et à l'intérieur du bateau, a rapporté l'agence de presse Agi en citant le parquet de Catane (Sicile).
Le 18 avril, le chalutier parti de Libye avec près de 800 personnes à bord avait chaviré à l'arrivée d'un cargo portugais dérouté pour lui porter secours par les garde-côtes italiens, qui n'ont retrouvé que 28 survivants et 24 corps.
Le parquet de Catane a ouvert une enquête pour homicide involontaire, naufrage involontaire, incitation à l'immigration clandestine et séquestration de personnes visant deux des survivants, un Tunisien et un Syrien, soupçonnés d'avoir été respectivement le capitaine du bateau et son second.
Selon le récit des survivants, une partie des passagers - hommes, femmes et enfants qui avaient déjà subi des exactions en Libye avant le départ - étaient enfermés dans les cales et pratiquement condamnés à mort quand le bateau a coulé.
Le nombre de morts en Méditerranée a dramatiquement augmenté depuis le début de l'année par rapport à la même période l'année dernière.
Au cours des quatre premiers mois de 2014, l'OIM avait comptabilisé 96 morts, contre 1.770 en 2015.
La majorité des migrants arrivés depuis 2015 sont originaires d'Erythrée, de Somalie, du Nigeria, de Gambie et de Syrie.
9 mai 2015
Source : AFP