jeudi 4 juillet 2024 06:21

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Bruxelles prône une répartition entre pays européens des demandeurs d’asile

La Commission européenne va proposer, mercredi 13 mai, sa « stratégie pour l’immigration », l’une des grandes priorités affichées, lors de son entrée en fonction, à l’automne 2014, par le président Jean-Claude Juncker. Les nombreux drames survenus récemment en Méditerranée ont amené la Commission à anticiper son projet.

Diverses sources affirment avoir consulté le document qui sera présenté mercredi mais, lundi midi, le porte-parole de l’exécutif bruxellois a invité à « la prudence » par rapport à ce qu’il a décrit comme « un festival de fuites ». « Je vous conseille de suivre tout cela avec distance », a indiqué Margaritis Schinas, affirmant que le travail n’était pas encore achevé.

Les grandes lignes du projet sont toutefois connues, d’autant qu’elles ont été ébauchées par M. Juncker devant le Parlement européen. Il entend conforter le rôle de l’agence de surveillance des frontières Frontex, amplifier la lutte contre les passeurs, renforcer le système de protection pour les réfugiés, accélérer le retour des illégaux et ouvrir le dossier de la migration économique. Quitte, sur ce dernier point, à prendre le contre-pied d’une partie des membres de la Commission mais aussi d’une bonne partie du Parti populaire européen, la formation conservatrice à laquelle il appartient. Le texte pourrait préciser, dès lors, que la migration légale serait possible pour des personnes dotées de compétences recherchées en Europe, afin de palier certaines pénuries de main d’oeuvre.

« Idée folle »

Un autre point très sensible concerne l’instauration de quotas de réfugiés qui seraient imposés à chaque pays membre de l’Union, afin d’alléger la pression sur les pays riverains de la Méditerranée, dont l’Italie. C’est « un casus belli », a expliqué une source anonyme à l’AFP, dimanche 10 mai. M. Juncker entend toutefois s’en tenir à son idée, laquelle avait été appuyée notamment par l’Allemagne lors du récent sommet européen consacré à la situation en Méditerranée, à la fin avril. De nombreuses capitales refusent toutefois le principe et un premier ministre, le Hongrois Victor Orban, évoque même « une idée folle ». Une douzaine de pays refuse en réalité, à l’heure actuelle, d’accueillir des réfugiés et rejette implicitement le principe de solidarité européenne. En avril, les Vingt-Huit n’avaient pu approuver qu’un « test » pour l’accueil de 5 000 personnes, sur une base volontaire. Les Nations unies demandent à l’UE 20 000 places annuellement.

Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillir

Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillir. M. Juncker espère leur forcer la main et les placer devant leurs responsabilités lors du prochain sommet, qui aura lieu à Bruxelles à la fin du mois de juin. Il lui reste à régler, d’ici à mercredi, plusieurs questions, comme la base juridique de son projet et d’éventuelles exemptions (ou « opt out ») pour certains pays.

L’opération de surveillance « Triton », dont les chefs d’Etat ont décidé de tripler les moyens attend encore, quant à elle, son véritable plan opérationnel. Et les Européens espèrent une décision rapide du Conseil de sécurité des Nations unies pour entériner un de leurs autres plans : des interventions, y compris armées, contre les trafiquants d’êtres humains qui opèrent à peu près impunément en Libye.

11.05.2015,  Jean-Pierre Stroobants

Source : lemonde.fr

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