Le Niger, l'un des pays de transit des migrants africains illégaux vers l'Europe, a voté une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 30 ans de prison ferme pour les trafiquants, a-t-on appris mardi de source officielle.
"Nous avons voté lundi une loi très sévère contre les organisateurs de trafics illégaux de migrants", a indiqué à l'AFP un parlementaire nigérien.
L'adoption de cette loi présentée par le gouvernement nigérien intervient alors qu'une série de naufrages dramatiques en Méditerranée (1.800 morts depuis le début de l'année) a relancé le débat sur le phénomène des migrants clandestins venus notamment d'Afrique.
Cette loi prescrit des peines "de un à 30 ans de prison", "des amendes de 3 millions à 30 millions FCFA (4.500 à 45.000 euros)", contre les trafiquants, ainsi que "la confiscation" des véhicules des convoyeurs, a indiqué lors d'un point presse Maïmouna Gojé, la responsable de l'Agence nationale contre la traite des personnes (ANLCTP, gouvernementale).
Ce texte permettra "la protection des migrants et la répression des trafiquants qui mettent en danger la vie de milliers d'Africains", a-t-elle ajouté, rappelant que le Niger ne disposait pas jusqu'ici de "loi adéquate" permettant de "poursuivre et maintenir en prison les trafiquants appréhendés".
"Il s'agit de protéger notre territoire et les vies humaines", a commenté devant les élus le ministre de la Justice, Marou Amadou.
"De nombreux passeurs de clandestins ont dû être relâchés faute de législation appropriée", a expliqué à l'AFP une source sécuritaire.
La région d'Agadez, dans le nord désertique du Niger, une région très difficile à surveiller, est un important point de transit pour de milliers de ressortissants ouest-africains candidats à l'émigration vers l'Europe, via l'Algérie ou la Libye.
Quelque 4.000 migrants clandestins ouest-africains entrent en Libye chaque mois en passant par Agadez, d'après les autorités de la région.
Quatre vingt douze migrants - essentiellement des femmes et des enfants - étaient morts de soif en octobre 2013 alors qu'ils traversaient le désert pour rejoindre l'Algérie. Seuls 21 d'entre eux avaient survécu.
Après ce drame, les autorités nigériennes ont tenté vainement de freiner le flux de migrants en fermant notamment les "ghettos", le nom donné aux camps de transit des clandestins d'Agadez.
12 mai 2015
Source : AFP