jeudi 4 juillet 2024 06:23

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Le nouveau plan UE sur les migrations provoque un bras de fer entre Bruxelles

Le gouvernement du conservateur britannique David Cameron a déclaré la guerre mercredi au plan d'action pour l'immigration et l'asile présenté par la Commission européenne, avec l'objectif de fédérer les nombreuses critiques.

"Les migrants qui tentent de gagner l'Union européenne en traversant la Méditerranée devraient être renvoyés", a affirmé dans les médias britanniques la ministre de l'Intérieur, Theresa May, quelques heures avant la présentation de ce plan.

Les accueillir "ne peut qu'encourager plus de gens à risquer leur vie", a-t-elle soutenu.

"Le pire serait de ne rien faire, de maintenir le système actuel", lui a rétorqué le numéro deux de la Commission, Frans Timmermans, au cours de la conférence de presse organisée pour la présentation de ce plan.

La mesure phare du plan vise à forcer les États à être solidaires pour l'accueil des réfugiés, via la mise en place d'un mécanisme de quotas obligatoires prenant en compte population et PIB, ainsi que le taux de chômage et le nombre de réfugiés déjà accueillis.

Ce plan "suscite des critiques (...) mais c'est un tout". Le président de la Commission, "Jean-Claude Juncker prend des risques, même s'il n'est pas certain d'être soutenu par le conseil", qui représente les États, a souligné M. Timmermans.

De fait, la famille politique de M. Juncker, le Parti Populaire européen (PPE-droite) est déjà monté au créneau contre sa volonté de relancer l'immigration économique.

Et dans les capitales, "personne ne veut des quotas obligatoires", a déploré une source interne. "Ces réactions sont désespérantes", a confié à l'AFP un haut responsable de l'exécutif bruxellois sous couvert de l'anonymat.

L'occasion était trop belle pour David Cameron de faire entendre sa différence, après une campagne centrée sur la lutte contre l'immigration et la "réforme" des relations avec l'UE. Il s'est trouvé un premier allié en la personne de son homologue hongrois Viktor Orban, opposé aux quotas dénoncés comme une "idée folle".

 Un plan 'massacré' ?

Le plan prévoit aussi un renforcement de la lutte contre les passeurs pour éviter les embarquements.

"Une mission navale doit être lancée pour perturber les activités des passeurs", a expliqué la chef de la diplomatie Federica Mogherini, qui soumettra lundi cette mesure aux ministres des Affaires étrangère et de la Défense. "Mais il n'est pas question d'opérations militaires en Libye", a-t-elle réaffirmé.
Budgets et moyens doivent aussi être accrus pour renforcer la surveillance et le sauvetage en Méditerranée, une mission assignée aux opération Triton en Italie et Poséidon en Grèce.

En contrepartie, la Commission insiste sur l'accélération des renvois des migrants non autorisés à rester dans l'UE.

Plus de 360.000 demandes d'asile ont été traitées en 2014. La moitié seulement --185.000-- ont été acceptées et six pays ont assumé l'essentiel de l'effort: Allemagne, Suède, France, Italie, Royaume-Uni et Pays-Bas.

L'instauration de quotas doit permettre une distribution plus équitable. La mesure concerne les réfugiés protégés par le Haut Commissariat des Nations unies, qui a demandé à l'UE d'accueillir chaque année 20.000 Syriens.

La clef de répartition imposerait à la France de prendre en charge 2.375 réfugiés, soit trois fois plus que l'offre du président François Hollande lors du dernier sommet européen le 23 avril.

Le Royaume Uni devrait prendre en charge 2.309 réfugiés. Mais il bénéficie d'une option de retrait (opt-out), comme l'Irlande et le Danemark, et leurs quotas seraient alors reportés sur leurs 25 partenaires.
Ce mécanisme doit également permettre de soulager les pays de l'UE en cas d'afflux massifs d'arrivants. La France devrait alors augmenter le nombre de ses propres demandeurs d'asile d'un quotas de 14%. La part de l'Allemagne serait de 18%, celle de l'Italie de 11%.

Le plan sera discuté par les ministres de l'Intérieur le 15 juin à Luxembourg, puis soumis aux dirigeants lors du sommet de Bruxelles du 30 juin.

"Il est fort probable qu'il va être massacré, comme l'a été le dernier plan d'action présenté par la Commission européenne en décembre 2013 après un naufrage près de l'île italienne de Lampedusa", ont confié à l'AFP plusieurs responsables européens proches du dossier.

13 mai 2015, Christian SPILLMANN

Source : AFP

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