jeudi 4 juillet 2024 06:23

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Migration: la Commission veut réformer la carte bleue européenne

Parmi les propositions faites par la Commission européenne pour l'immigration et l'asile, celle de la migration légale a le don d'énerver plus d'un chef d’État et de gouvernement parmi les 28. Aujourd'hui, expliquer que la migration peut aussi être une chance dans une Europe vieillissante, ça nourrit le populisme, déjà très en vogue en Europe. Mais pourtant, elle existe déjà cette migration légale en Europe.

Il existe déjà la fameuse carte bleue européenne. Elle a été lancée en 2009 sur la modèle de la célèbre green card américaine, tout en étant très différente.

Cette carte s'applique à tous les pays de l'Union, ou presque. Le Royaume Uni, l'Irlande et le Danemark ont choisi de s'abstenir.

L'idée, c'est de permettre à des travailleurs qualifiés de pays tiers de venir travailler en Europe pendant une période donnée en leur garantissant un salaire minimum annuel autour de 50 000 euros.

Les travailleurs qualifiés sont facilement employables sur le marché du travail et on ne peut pas les soupçonner de venir pour abuser du système des allocations sociales européennes comme le craignent certains.

Immigration et vieillissement de la population

Mais, à part en Allemagne, ça ne fonctionne pas vraiment. En 2013 par exemple, l'Europe a délivré une peu plus de 15 000 cartes bleues dont 93% rien que pour l'Allemagne. Pour la même année, la Belgique a délivré seulement cinq de ces cartes bleues.

Le fait que le débat sur le vieillissement de la population est clairement plus avancé en Allemagne qu'ailleurs peut peut-être expliquer cette énorme différence. La bonne santé de l'économie allemande attire aussi sans doute plus de candidats.

Mais il y a une autre explication. Elle tient dans le fait que ces cartes bleues sont en fait assez peu européennes. Un travailleur qualifié indien qui décroche sa carte bleue pour aller travailler en Allemagne par exemple, ne peut pas décider de trouver un autre employeur en Belgique. Il faudra qu'il refasse une demande et les conditions d'obtention ne sont pas forcément les mêmes d'un pays à l'autre.

Les principaux bénéficiaires sont Chinois et Indiens

Bref, les cartes bleues européennes ne sont pas si bleues que ça. Dans son plan sur la migration, elle s'engage à présenter toute une série de mesures sur la mobilité des travailleurs des pays tiers et va lancer une réflexion, une consultation publique, sur l'avenir de sa carte bleue.

Mais cela ne risque pas de faire baisser le nombre de boat people en Méditerranée. Les personnes qui risquent leur vie aujourd'hui dans des bateaux de fortune n'ont pas le profil de travailleurs qualifiés qui cherchent un avenir en Europe. Aujourd'hui, les principaux bénéficiaires de la carte bleue viennent de Chine ou d'Inde. Pas vraiment les pays d'origine de ces boat people.

Il serait hypocrite de la part des européens d'affirmer que les mesures qu'ils envisagent pour développer la migration légale vont faire baisser les flux migratoires en Méditerranée.

13 mai 2015 , Olivier Hanrion

Source : rtbf.be

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