Le chef de la junte militaire thaïlandaise a suggéré jeudi que ses concitoyens favorables à l'accueil des boat people "émigrent en mer" à leur place, contrastant avec la main tendue par la Malaisie et l'Indonésie voisines.
"Si vous êtes favorables à cette idée, je vous en prie, contribuez à hauteur d'un baht par jour (0,03 euro) ou accueillez-les à votre domicile. Ou émigrez vous-mêmes en mer et faites-les vivre ici à votre place", a déclaré au Parlement, le général Prayut Chan-O-Cha, réputé pour ses déclarations à l'emporte-pièce.
Le même jour, la Malaisie a annoncé la mobilisation de la marine et des garde-côtes pour venir en aide aux migrants en perdition en mer d'Andaman.
La Thaïlande doit quant à elle accueillir le 29 mai un sommet régional sur le sujet.
"Les soldats thaïlandais coûtent 20 bahts (0,50 euro) par jour en frais de nourriture. Pour ces gens, c'est plus de 70 bahts (1,8 euro)", a ajouté le général Prayut, Premier ministre.
Il a ajouté que ces migrants causaient "beaucoup de soucis" dans les centres de détention thaïlandais, notamment du fait qu'ils devaient manger hallal.
La Thaïlande, l'Indonésie et la Malaisie ont accueilli environ 3.000 naufragés en quelques jours mais elles ont aussi refoulé plusieurs bateaux, s'attirant les foudres des Nations unies.
L'exode des boat people de Birmanie et du Bangladesh vers la Malaisie et l'Indonésie, via la Thaïlande, dure depuis des années. Mais le phénomène a pris une tournure dramatique depuis début mai et la désorganisation des filières clandestines à la suite de la nouvelle politique répressive de la Thaïlande.
Le général Prayut, qui a mené un coup d'Etat il y a tout juste un an, le 22 mai 2014, est un habitué des déclarations agressives, sous couvert d'humour.
Il avait suscité il y a quelques mois la consternation après des propos sur la sécurité des touristes en bikinis, après le meurtre d'une jeune Britannique sur une plage du royaume. "Peuvent-elles être en sécurité en bikini (...) à moins de ne pas être jolies?", avait-il plaisanté.
Début mars, il avait été jusqu'à confier vouloir frapper "en pleine face" un journaliste qui l'interrogeait sur les résultats de son gouvernement.
21 mai 2015
Source : AFP