Cinq pays africains totalisent à eux seuls 82 pc du montant total des envois de fonds reçu par le continent durant les trois dernières années, selon la Banque Africaine de Développement (BAD).
Le Nigéria figure au premier rang, suivi par l'Egypte, elle-même talonnée par trois autres pays d'Afrique du Nord (Maroc, Algérie et Tunisie), précise la BAD dans son "Annuaire statistique pour l'Afrique 2015", publié en marge des assemblées annuelles de la BAD, organisées du 25 mai au 2 juin à Abidjan.
Les montants des envois officiels atteignent environ 1.631,4 dollars par an par migrant en moyenne sur la dernière décennie, estime la BAD.
Actuellement, le montant des envois de fonds vers l'Afrique dépasse le flux des investissements directs étrangers et équivaut à l'aide publique au développement dans certains pays, fait savoir la BAD.
Sur la période 2005-2013, le montant annuel moyen des remises extérieures vers l'Afrique atteint environ 3,5 pc du PIB, couvre environ 8,5 pc des importations en valeur courante, symbolise respectivement presque 12 pc et 11 pc de l'encours de la dette extérieure et des réserves internationales brutes.
Par ailleurs, le rapport note que le montant des transferts sortant des pays africains représente en moyenne 21 pc des flux annuels entrants (un peu plus de 14 milliards de dollars en 2014), soulignant que l'essentiel de ces flux bénéficie à d'autres pays africains, puisque l'Afrique conserve presque 84 pc des montants annuels sortants suivie par l'Europe (10,7 pc) et l'Asie (5 pc).
En excluant la Libye, qui était certes l'un des pays majeurs en termes de flux sortants avant 2010, mais qui a enregistré un départ massif des migrants compte tenu de la situation politique qu'il traverse depuis plus de quatre ans, les principaux pays africains en matière de flux d'envois de fonds sortants sur les dernières années sont respectivement l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire, l'Angola et l'Ouganda.
La BAD note le caractère saisonnier plus ou moins marqué des transferts dans certains pays, qui se traduit par un afflux massif des envois sur un mois ou un trimestre déterminé de l'année.
Ce genre de phénomène peut induire une contrainte sur le mouvement du taux de change au niveau macroéconomique et la stérilisation des flux important et soudains de devises, explique le rapport.
Ceci implique l'identification de mesures par les autorités publiques afin de "désaisonnaliser" ces flux pour les étaler de manière plus uniforme sur l'ensemble de l'année, recommande l'institution financière.
Cependant, la BAD note que la question de l'impact des transferts financiers sur le développement ne se résume pas au seul aspect économique. La transmission de savoir-faire, l'influence des idées en matière sociale et politique constituent autant de questions qui mériteraient à elles seules d'être analysées à part.
Ainsi, l'institution recommande aux autorités publiques l'amélioration de l'observation statistique sur les transferts et les phénomènes qui leurs sont associés, la favorisation de la réduction des coûts de transferts et l'accès aux circuits financiers et l'association et implication de la diaspora dans les stratégies de développement.
Placées sous le thème "L'Afrique et le nouveau paysage mondial", les Assemblées annuelles de la BAD se tiennent avec pour toile de fond l'approche qui sera adoptée par le continent africain dans le cadre de trois événements internationaux majeurs qui auront lieu cette année.
Ces événements sont la conférence internationale sur le financement du développement qui se déroulera en juillet 2015, à Addis Abeba en Ethiopie, la conférence des Nations Unies sur les objectifs de développement durable prévue pour septembre 2015, à New York et la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP21) qui aura lieu en décembre 2015, à Paris.
25 mai 2015,Malika MOJAHID
Source : MAP