Le Qatar a remporté l'organisation de la Coupe du monde 2022 parce qu'il avait le meilleur dossier et il est exclu qu'il en soit privé, a dit mercredi le ministre qatari des Affaires étrangères, qui met les critiques sur le compte du "racisme".
"Il est très difficile pour certains de digérer qu'un pays arabe islamique obtienne ce tournoi, comme si c'était injuste de le donner à un pays arabe", a déclaré Khaled al Attiyah dans une interview accordée à l'agence Reuters à Paris. "Je crois que c'est à cause de préjugés et de racisme que nous avons cette campagne de dénigrement contre le Qatar."
La victoire du Qatar a été contestée depuis l'attribution de la Coupe du monde, même si l'émirat a toujours affirmé avoir mené sa candidature dans le respect des critères d'intégrité.
"Il est hors de question que le Qatar en soit privé. Nous avons confiance dans les procédures et nous méritions de gagner parce que nous avons présenté le meilleur dossier", a insisté le ministre.
Sepp Blatter a annoncé mardi sa démission de la présidence de la Fifa, dont certains membres font l'objet d'une enquête pour corruption, ce qui a plongé l'organisation dans la plus grave crise de son histoire.
Aussitôt sa décision connue, le président de la Fédération anglaise de football, Greg Dyke, a soulevé la possibilité que le vote controversé par lequel le Qatar a obtenu en décembre 2010 l'organisation du Mondial 2022 puisse être recommencé.
L'émirat l'avait emporté sur l'Australie, le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud.
Les détracteurs de ce choix ont mis en avant l'absence de culture footballistique au Qatar et les conditions climatiques extrêmes qui y règnent en juin-juillet, les mois où se déroulent traditionnellement les Coupes du monde - et si la compétition devait se tenir à la fin de l'automne ou au début de l'hiver, le déroulement des principaux championnats nationaux s'en trouverait largement affecté.
Les conditions de travail des travailleurs immigrés employés sur les chantiers des stades ont également été plusieurs fois montrées du doigt par des organisations internationales de défense des droits de l'homme, s'attirant à chaque fois un démenti des autorités qataries.
EXASPERATION A DOHA
L'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, de même que celle de la compétition qui aura lieu quatre ans plus tôt en Russie, fait l'objet des enquêtes menées par la justice américaine et par la justice suisse. (voir )
Sans mentionner aucun pays ni aucune instance, Khaled al Attiyah a déclaré que le moment venu, Doha serait en mesure de dire qui est derrière ce qu'il qualifie de campagne contre le Qatar.
"Nous sommes honnêtes et nous sommes confiants dans le fait que nous n'avons commis aucun acte répréhensible", a insisté le chef de la diplomatie qatarie, dont les propos renvoient au sentiment d'exaspération observé ces derniers jours à Doha.
"Ce sont des racistes dans tous les sens du mot", a ainsi estimé l'éditeur du quotidien Estad al Doha, Majid Khulaifi, sur son fil Twitter. "L'Occident devrait savoir qu'en dénigrant le Qatar et son droit à organiser (la Coupe du monde), il dénigre tous les Etats arabes."
Le cheikh Hamad ben Khalifa ben Ahmed al-Thani, président de la Fédération qatarie de football et membre de la famille régnante, s'est appuyé pour sa part sur les conclusions de Michael Garcia, un ancien procureur américain chargé par la Fifa d'enquêter sur les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022.
Son rapport n'a jamais été publié, mais le résumé diffusé par la Fifa exonérait le Qatar et la Russie de toute malversation. Garcia a toutefois démissionné, estimant que le compte rendu présenté par la Fifa avait dénaturé son rapport.
03 juin 2015,John Irish
Source : Reuters