dimanche 24 novembre 2024 00:38

Nouvelle parution : Essai sur la visibilité des migrants relégués d’Abdelkrim Bouhout

L’immigration est un arrachement de sa terre d’origine, la relégation urbaine, une peine d’internement dans son pays d’accueil. Le migrant-relégué coalise ces deux expériences. Il cumule le sentiment d’incomplétude suspendu au déracinement et le regard dépréciatif qui résulte de sa mise au ban de la société. La construction identitaire des enfants d’immigrés se révèle alors complexe et combinatoire. L’identité est narration. Celle de l’immigré est vouée tôt ou tard à participer à la construction du roman national. A cette fin, le migrant-relégué use joyeusement de l’artifice. Ballotté entre deux frontières, représenté par les autres comme par lui-même, seul le masque peut modérer l’angoisse d’un sujet morcelé. Dans l’espace social un art de visibilité s’empare alors de l’espace public. L’exhibition ou la dissimulation du corps révèle ainsi le caractère d’opposition qui accommode le nouveau et l’ancien chez l’immigré à l’égal du dandy au dix-neuvième siècle. Tradition et modernité s’adonnent à l’ambivalence sur la scène publique bondée de signes ostentatoires. Faut-il interpréter ces phénomènes sous le prisme du repli communautaire ou bien y déceler la reconfiguration des modèles culturels migratoires ? Faut-il chercher des accommodements raisonnables ou abdiquer à la nostalgie identitaire ? Doit-on choisir entre le multiculturalisme anglo-saxon, l’assimilation républicaine ou la reconnaissance des minorités culturelles ? Une lecture systémique de ces phénomènes peut nous aider à cultiver la nuance.

Abdelkrim Bouhout est enfant d’immigré marocain et citoyen belge. Il dispose d’un C.A.P.A.E.S et d’une Agrégation en sciences sociales et politiques. Il assume actuellement les fonctions de coordinateur des projets de cohésion sociale de la Ville de Bruxelles et quelques heures de cours dans l'enseignement supérieur de promotion sociale.

Source : éditions-harmattan

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