jeudi 4 juillet 2024 04:28

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La crise humanitaire des migrants implique une réflexion collective pour faire face aux dysfonctionnements actuels

Le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, Nacer Bourita, a affirmé, lundi à Rabat, que la crise humanitaire qui touche les migrants clandestins dans le bassin méditerranéen et dans d'autres régions en Afrique appelle à l'engagement d'une réflexion collective sur les moyens à même de faire face aux dysfonctionnements actuels, notamment ceux en relation avec la protection internationale.

Dans une allocution lue en son nom, lors de la réunion thématique du Dialogue euro-africain sur "l'asile et la protection internationale" (Processus de Rabat), qui se tient à Rabat les 15 et 16 juin, sous la coprésidence du Maroc et de l'Espagne, M. Bourita a souligné que ce processus, lancé depuis environ une dizaine d'années, confirme que la confrontation Nord-Sud, notamment en matière d'immigration, est vaine du moment que la majorité des pays sont en même temps exportateurs de migrants et terres de transit et d'accueil, ce qui implique, selon lui, une action commune pour parvenir à une gestion exemplaire de la problématique de l'immigration et de ses retombées humanitaires et en matière des droits de l'Homme.

Et de faire savoir que l'approche du phénomène de l'immigration passe également par une mobilisation plus grande et plus rapide de l'assistance internationale, notamment européenne, pour soutenir les pays qui accueillent des nombres importants de personnes nécessitant une protection internationale en plus d'un accord collectif de la part des pays de supporter collectivement les coûts de l'immigration et d'inclure les dispositions en relation avec l'asile et l'immigration dans leurs politiques publiques.

D'autre part, M. Bourita a estimé que la tenue de cette réunion thématique, dans la conjoncture actuelle, dénote de la forte volonté commune des pays euro-africains de respecter leurs engagements internationaux relatifs à l'immigration et à la protection internationale, plaidant pour la mise en place de systèmes efficaces de gestion de l'immigration et de recherches de solutions durables comme le retour volontaire, l'aide à la réinsertion, la complémentarité régionale et l'octroi d'une assistance juridique aux migrants et demandeurs d'asile.

Pour sa part, la Directrice générale de la Politique intérieure au ministère espagnol de l'Intérieur, Mme Maria Cristina Diaz Marquez, a appelé les pays africains et euro-méditerranéens à une coordination agissante et continue afin de trouver des solutions durables au phénomène de l'immigration, estimant que les réunions tenues dans le cadre du "Processus de Rabat" ont constitué une valeur ajoutée dans le cadre de la recherche de solutions à moyen et long termes à ce phénomène, dans un cadre respectant les droits fondamentaux des migrants et leur offrant la protection internationale nécessaire.

Le traitement de la problématique de l'immigration et de l'asile, notamment en Méditerranée, implique la mise en place de mécanismes juridiques et de développement pour la sensibilisation à la gravité du phénomène et la révision de plusieurs dispositions relatives à la situation des réfugiés, a-t-elle ajouté.

De son côté, le représentant de la délégation de l'Union Européenne a souligné que l'approche des défis et occasions en relation avec l'immigration se doit de se faire à travers des mécanismes, le dialogue et la coordination entre toutes les parties concernées par cette question, qu'ils soient des pays émetteurs, de transit ou d'accueil, faisant observer que l'UE demeure attachée et concernée par toutes les démarches visant un traitement exemplaire du phénomène de l'immigration.

Et de souligner que les développements catastrophiques touchant les immigrés, tout au long des derniers mois, confirment l'importance et l'actualité de cette réunion ainsi que le besoin urgent de davantage de réflexion ainsi qu'une adhésion agissante pour trouver des solutions efficaces à la migration dans un cadre garantissant les droits fondamentaux des migrants et leur offrant la protection internationale.

Intervenant par vidéo-conférence, le Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour la Migration internationale et le Développement, Peter Sutherland, a estimé que l'objectif de dépasser "la situation alarmante" de l'immigration implique la mise en place d'un système international plus efficace, affirmant que le fait que les pays se focalisent sur des solutions à portée frontalière et leurs réactions occasionnelles ont démontré leur efficacité limitée dans la réduction des retombés négatives du phénomène.

Il a également plaidé pour une reconsidération du phénomène migratoire tout en apportant une attention particulière aux moyens de subsistance au sein des pays émetteurs de migrants, affirmant que "l'immigration persistera tant qu'il y aura de la pauvreté".

A cet égard, il a plaidé pour le soutien au développement, le partage des charges de l'immigration, la lutte contre les réseaux de trafic et l'octroi aux migrants et réfugiés de toutes les garanties et de la protection internationale.

Le Représentant spécial a estimé également qu'il est illogique que seuls les pays méditerranéens, dont le Maroc, l'Espagne, l'Italie, la Grèce et Malte, supportent la charge de l'immigration, partant du principe que ces responsabilités se doivent d'être assurées de manière collective par tous les pays européens et africains, faisant observer dans ce sens que le Maroc a pris d'importantes dispositions pour faire face aux phénomènes de l'immigration et de l'asile.

Les autres intervenants, dont le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l'Organisation internationale pour les migrations, ont été unanime à affirmer qu'il était impossible de faire face aux défis en relation avec la migration clandestine en l'absence d'une action sérieuse axée sur ses causes et racines, notamment la pauvreté, l'insécurité, les conflits armés et les conditions climatiques.

Ils ont plaidé à cet égard pour la mise en place d'un régime international de protection des droits des migrants, de respect de leurs droits fondamentaux et de l'octroi d'une assistance juridique, tout en mettant l'accent sur l'importance d'une participation collective des pays aux charges de l'immigration.
Les travaux de cette réunion de deux jours se poursuivront avec la présentation d'exposés sur la conjoncture actuelle de l'immigration et de l'asile et les complications humanitaires des crises régionales, en plus des programmes, stratégies et politiques adoptés dans les régions d'asile et de protection internationale.

Le "Processus de Rabat", issu de la première conférence Euro-Africaine sur la Migration et le Développement, tenue à Rabat les 10 et 11 juillet 2006, a pour objectif de créer un cadre de dialogue et de consultation au sein duquel sont mises en œuvre des initiatives concrètes et opérationnelles. Il témoigne d'une nouvelle vision des questions migratoires caractérisée par une gestion concertée, globale et équilibrée et vise à mieux organiser la migration légale et à promouvoir le lien entre migration et développement.

15 juin 2015

Source : MAP

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