jeudi 4 juillet 2024 04:27

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A Vintimille, les migrants attendent que la France baisse la garde (REPORTAGE)

Des migrants attendent par centaines à la frontière franco-italienne, bloqués par les autorités françaises dans leur progression vers le nord de l'Europe : le Soudanais Walid a dormi dans la gare italienne de Vintimille, tandis que le Somalien Mukhtar a préféré camper sur les rives de la Méditerranée, à quelques mètres de la France.

Lundi, la gare de Vintimille avait des allures de vaste dortoir, abri improvisé pour une centaine d'étrangers, essentiellement africains.

Walid, qui a fui la Libye avec son épouse Sara et ses trois jeunes enfants, a pu créer un semblant de cocon à l'intérieur, contre une baie vitrée. Basmala, trois ans, joue avec insouciance avec une petite voiture offerte par une passante italienne, pendant que ses frères se concentrent sur un puzzle.

Il y a trois jours, la petite famille a tenté de franchir la frontière française en train à partir de Vintimille, mais a été stoppée net à Menton, première gare côté français. Elle a été laissée à la frontière italienne et a marché pendant quatre heures au bord de la route pour regagner la gare de Vintimille.
Originaire du Soudan, Walid a vécu vingt-cinq ans en Libye où il tenait une boutique d'appareils électriques. "C'était devenu trop dur de vivre en Libye quand on est noir", glisse-t-il, montrant la balafre sur la joue de son aîné de neuf ans, Maisem, blessé à l'école. Il a vendu tous ses biens pour payer 1.000 euros par personne la traversée en bateau jusqu'en Italie. Objectif : trouver une école en Allemagne pour ses enfants et être en sécurité.

Plus loin, Sham, un Erythréen de 29 ans, attend aussi que la France relâche sa vigilance à la frontière. "J'essaierai de passer dans deux ou trois jours", indique le jeune homme qui rêve de rejoindre son père aux Pays-Bas.

Beaucoup d'hommes ont dormi dehors le long de la gare et ont bu en silence du café de la Croix rouge italienne, qui distribue des repas à heures fixes. Des toilettes ont été installées devant la gare. Une barrière a été transformée en vaste étendoir pour sécher les vêtements.

 'Ouvrez la voie'

Dans son bureau à Vintimille, le bras droit du maire, Mauro Grassano, précise que le gouvernement italien n'a aucun projet d'ouverture d'un centre d'hébergement. "Les migrants sont tranquilles, il n'y a pas de troubles à l'ordre public. En comparaison avec la situation dans les gares de Rome ou de Milan, ce n'est rien !", tempère-t-il.

En 2011, un centre d'hébergement provisoire de 200 places avait été créé dans une zone industrielle de Vintimille pour accueillir les migrants tunisiens arrivés en masse, rêvant pour la plupart d'une vie en France.

Les contrôles quasi systématiques des autorités françaises à la frontière remontent à jeudi. Ces derniers mois, les migrants interpellés à l'occasion de contrôles aléatoires retentaient leur chance dans la foulée. Un jeu du chat et de la souris qui se terminait souvent dans un TGV pour Paris et le nord de l'Europe.

A quelques mètres de la frontière avec la France, entre Menton et Vintimille, d'autres migrants bloqués côté italien affichent depuis vendredi une attitude revendicative inédite ici. "Nous ne rebrousserons pas chemin, ouvrez la voie", "urgence humanitaire, nous attendons une réponse politique de l'Europe", pouvait-on lire lundi après-midi sur des cartons.

Les autorités françaises ont répondu par une fin de non-recevoir. Les migrants "doivent être pris en charge par l'Italie", a affirmé lundi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, jugeant que les exilés qui cherchent une vie meilleure doivent être "reconduits à la frontière, en Afrique".

Une centaine de migrants ont élu domicile dans les rochers du bord de mer et sur les rares pelouses râpées parsemées de palmiers. Certains se savonnent à l'eau de mer, beaucoup dorment en s'abritant du soleil avec des cartons.

Mukhtar, un Somalien de 25 ans arrivé de Libye voici quinze jours, attend, "très frustré". "Je veux faire des études en Angleterre, même si je sais que c'est très difficile d'y aller à partir du nord de la France. Je veux juste vivre en sécurité", plaide-t-il.

15 juin 2015,Catherine MARCIANO

Source : AFP

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