La crise des "boat people", ces migrants fuyant leurs pays pour des raisons politico-économiques à bord d'embarcations de fortune, devra dominer lundi les débats du Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU.
C'est l'Union européenne (UE) qui a demandé une séance spéciale du conseil sur cette question jugée "pressante", face à l'afflux spectaculaire via la Méditerranée de migrants et réfugiés avec leurs cortèges de morts et de désolation.
Rien que depuis le début de l'année, près de 1.800 personnes ont déjà péri en tentant la traversée vers l'Europe sur des bateaux souvent vétustes, alors que 103.000 autres y sont bien arrivées, d'après le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR).
Le CDH devrait "traiter des racines de la problématique et mettre en évidence sa dimension droits de l'Homme", a déclaré à la presse le président du Conseil, l'ambassadeur allemand Joachim Ruecker.
Si l'initiative des 28 membres de l'UE a été favorablement accueillie en pleine crise migratoire en Méditerranée et en Asie du sud-est, aucune décision ne devrait toutefois être adoptée à l'issue du débat.
La réunion du CDH intervient un mois après le sommet européen qui avait répondu au drame des migrants par le triplement du budget du "dispositif de protection" sur les côtes et la mise en place d'une nouvelle politique face au défi de l'immigration clandestine.
Il ne s'agit plus seulement maintenant de repousser les migrants, mais bien d'amener tout le monde à porter sa part du fardeau, selon le principe de solidarité qui, jusqu'ici, n'a pas été appliqué au problème de l'arrivée massive de boat people en Italie, à Malte et en Grèce.
Face à la Libye, l'opération Triton est gérée dans le cadre de l'opération Frontex avec la participation de 26 pays européens. Depuis le début de 2015, des navires de l'UE ont recueilli 28.500 migrants, 10.000 ont été sauvés par des bâtiments militaires et marchands et 14.500 par des navires marchands non européens.
Les membres de l'union s'étaient heurtés au droit international lorsqu'ils avaient au début envisagé de "capturer et détruire les embarcations avant qu'elles ne soient utilisées" par les passeurs en Libye. De fait, les conventions de l'ONU interdisent à la flotte européenne de se rendre dans les eaux territoriales libyennes ou d'arrêter un navire battant pavillon.
De source diplomatique à Genève, on indique que des pays occidentaux cherchent une formule de mandat plus limité qui permettrait d'arrêter, sans les détruire, les bâtiments impliqués dans ce trafic.
Au premier jour de sa 29e session, le conseil discutera en outre du suivi à donner aux constats accablants des commissions d'enquête en Syrie et en Erythrée où les experts de l'ONU font état de possibles crimes contre l'humanité.
Le très attendu rapport de la commission d'enquête sur les violations commises lors de l'offensive israélienne à Gaza dans l'été dernier, prévu initialement en mars, devrait être au menu de l'instance onusienne.
Les échanges porteront aussi sur la prévention de la violence domestique, le droit à l'éducation des filles, les mariages forcés, le respect des droits de l'Homme dans la lutte antiterroriste.
15 juin 2015
Source : MAP