Les États membres de l'UE sont en pleins préparatifs pour lancer lundi une opération navale de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée, même si celle-ci sera limitée à une surveillance accrue des réseaux de passeurs en l'absence d'un feu vert des Nations unies.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, espère que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne lanceront formellement lundi à Luxembourg cette opération militaire sans précédent qui vise, selon ses services, à "rendre la vie impossible" aux trafiquants.
La décision nécessite un accord à l'unanimité des États membres de l'UE.
Les ambassadeurs des 28 se réunissent "mercredi, jeudi, puis à nouveau vendredi" à Bruxelles afin d'approuver le plan opérationnel de la mission, a indiqué une source diplomatique. "Le but est d'aboutir lundi", a-t-elle ajouté.
Jeudi, les autorités militaires feront pour leur part le point sur les contributions en termes de matériel et d'hommes de chacun des 28. "Il y a plein de moyens très diversifiés provenant de nombreux États membres", a affirmé une source européenne.
Mais l'opération, censée in fine permettre de détruire les embarcations utilisées par les trafiquants au plus près des côtes libyennes, et notamment les "bateaux mères" qui servent à tracter en haute mer des radeaux de fortune chargés de migrants, sera très limitée à ce stade.
"Il s'agira d'écouter, de voir, d'analyser" les activités des trafiquants grâce à l'utilisation de navires militaires, d'avions patrouilleurs maritimes, de drones et de sous-marins, selon la même source.
"Il faut analyser et mieux comprendre le problème, leur modus operandi. Ceci n'a jamais été fait", a expliqué une deuxième source diplomatique.
Par ailleurs, les 28 vont pouvoir partager du renseignement sur ces réseaux aujourd'hui détenu surtout par les pays en première ligne, Italie, Grèce et Malte.
"Il ne faut pas s'imaginer toute une armada qui débarque", a précisé la première source diplomatique, estimant qu'il s'agit de préparer le terrain en attendant une résolution de l'ONU afin de "monter en puissance".
Car la destruction des navires et autres avoirs des trafiquants "reste la raison d'être de cette mission, ce que les États membres visent", fait-il observer.
Mais le Conseil de sécurité des Nations unies ne peut donner son aval à l'usage de la force sans requête formelle du gouvernement libyen installé à Tobroux (est), qui ne contrôle pas tout le pays, livré à des factions rivales actuellement en pourparlers pour former un gouvernement d'unité nationale.
Aucun consentement n'a été donné par le gouvernement libyen à ce stade.
Ceci exclut donc les arraisonnements et destructions de navires suspects dans les eaux territoriales libyennes et en haute mer par les marines européennes.
16 juin 2015
Source : AFP